Lisbonne : une marée humaine contre la troïka

Des centaines de milliers de Portugais ont envahi samedi 2 mars les rues de Lisbonne pour une énième journée d’action contre les coupes claires faites dans les budgets de l’État. Des milliers de manifestants ont également crié leur colère dans quarante autres villes du Portugal devant les sacrifices toujours plus grands qu’impose la troïka. C’est un peu plus d’un dixième du pays, qui compte dix millions d’habitants, qui s’est ainsi retrouvé ce jour-là dans la rue.

La place Marquês de Pombal et l’avenue de la Liberté étaient à quatre heures de l’après-midi littéralement inondées de gens de tous les âges venus protester contre la politique du gouvernement de Pedro Passos Coelho. Tous les media du pays ont dû se rendre à l’évidence : cette journée de manifestations a été l’une des plus massives qu’a connues le Portugal ces dernières années.

Certains journalistes parmi les moins progressistes y voient même l’expression d’une colère sociale grandissante dans un pays qui a vu son activité économique chuter de 3,2 % en 2012 après une récession de 1,6 % en 2011. Le taux de chômage a atteint quant à lui 16,9 % de la population active. Et c’est au moment où le marché de l’emploi connaît les pires difficultés que le gouvernement multiplie les mesures d’austérité imposées par la troïka.

Ces manifestations sont un incontestable succès pour les organisateurs des manifestations, baptisées « Que se lixe a troïka ! » (dégage la troïka !), du nom du réseau social et populaire qui avait déjà envahi les rues de Lisbonne en septembre pour exprimer sa volonté d’en finir avec la dictature des marchés.

Les coordinations des Indignés, les associations contre les expulsions, les manifestants s’opposant aux coupes dans les budgets de la santé ou de l’éducation, les comités spontanés de sans-emplois... Tous ont défilé avec les syndicats et les partis progressistes. En premier lieu, le Parti communiste, le Parti communiste des travailleurs portugais et le Bloc de gauche. Aux différentes manifestations se sont jointes également des organisations étudiantes et féministes ainsi que des associations d’anciens militaires actifs lors de la Révolution des Å’illets. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le slogan qui a uni tous ceux qui battaient le pavé était « o povo é quem mais ordonna » (seul le peuple ordonne). Une parole tirée de la célèbre chanson Grândola, Vila Morena, qui servit de signal pour commencer la révolution qui renversa le régime salazariste après sa diffusion sur les ondes portugaises, le 25 avril 1974.

Cette marée humaine a réclamé la démission du Premier ministre fantoche Pedro Passos Coelho et la fin de l’ingérence de la troïka dans les affaires intérieures portugaises. Parmi les banderoles et les pancartes portées par les manifestants, on pouvait lire : « L’austérité tue » ou « Le pouvoir au peuple ! ».

Même le Parti socialiste s’est joint aux manifestants, bien qu’il n’ait jamais montré jusque-là la moindre opposition la politique économique du gouvernement, que ce soit en ce qui concerne les privatisations ou les mesures d’austérité. Il a simplement avancé que la droite avait exagéré, contribuant à l’appauvrissement du pays. Le secrétaire général de la SGTP-IN, Arméno Carlos, est en revanche beaucoup plus critique : « Passos Coelho n’a aucune légitimité politique, morale et éthique, de continuer à gouverner ».

Capitaine Martin

http://www.resistance-politique.fr/article-lisbonne-une-maree-humaine-contre-la-troika-115890498.html

COMMENTAIRES  

05/03/2013 14:58 par Dwaabala

« une énième journée d’action »
La liberté du peuple, c’est de pouvoir descendre en foule dans la rue ; celle de la finance, du patronat et de leurs gouvernants, de l’étrangler quand chacun rentre chez soi.
C’est le nouveau mode de vie de l’exploitation et de la protestation subséquente. C’est la liberté démocratique en bas, technocratique et capitaliste en haut.
Il n’y a pas un pays : Grèce, Portugal, Espagne, Italie, France, où le scénario ne se constate.
Une journée d’action dans 170 villes aujourd’hui en France, à l’appel de la CGT, de FO, de la FSU, de Solidaires.
Cependant, à ceux qui ironisent sur le vote F. Hollande au second tour, ou se félicitent de leur bulletin blanc ou de leur abstention en cette occasion, il est facile d’opposer qu’il vaut mieux avoir à affronter aujourd’hui cette pseudo gauche au pouvoir que l’auto-satisfaction cynique de la droite et de ses suppôts.
La suite à venir le montrera sans doute, autrement que par le succès de l’extrême-droite dont les social-libéraux se font les fourriers, ni plus ni moins d’ailleurs que ne l’eussent fait les UMP.

05/03/2013 18:02 par mandrin

y"a du monde, et la bulle gonfle...c’est le carnage qu’il nous organisent ?

05/03/2013 18:08 par Tom-Meursault

1,5 million de Portugais contre la gouvernement ! Voilà ce que les médias tairont. La plus grande manifestation depuis le 15 septembre dernier, qui déjà dépassait celles d’Avril 74. La situation est historique, et les partis de gauche doivent la saisir. Le PCP et le BE surtout devraient s’unir sur la base d’un programme socialiste, ce qu’aucun des deux ne défend véritablement aujourd’hui. Une telle force poltique deviendrait un raz-de-marée en cas d’élections anticipées (les sondages donnent minimu 20% aux deux partis).

1,5 million de manifestants mais Passos Coelho est toujours là . Il faut passer à l’étape suivante.Ranimons l’internationalisme de la classe ouvrière ! Ce qu’il faudrait c’est organiser une grève générale de 48 heures au Portugal et en Espagne, pour faire d’une pierre deux coups.

Sûrement ce n’est pas ce que voudront les directions réformistes des CCOO, d’IU, de BE, ... mais c’est ce que veut la base. A elle d’intervenir !

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