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La dernière frontière du colonialisme : l’accaparement des terres

Après la crise financière de 2007, les terres cultivables (et particulièrement celles situées dans les pays en voie de développement) sont devenues l’objet d’un frénétique accaparement dans lequel se sont engagées les pétromonarchies arabes, riches en liquidités mais pauvres en terres arables ou des multinationales de l’agro-business, intéressées par la création d’immenses plantations pour la production de biocarburants. On retrouve également un certain nombre d’entreprises financières convaincues que l’investissement dans la terre peut garantir des profits en toute sécurité. On voit apparaître au final une véritable forme de colonialisme qui risque de modifier l’équilibre international, comme le montrent les récentes révoltes en Afrique du nord liées à l’augmentation du prix des denrées alimentaires.

On a commencé récemment à considérer la crise alimentaire comme un phénomène structurel, dont le land grabbing (l’accaparement de vastes portions de terres dans les pays en voie de développement, NDLR) est un aspect particulièrement préoccupant. Les grands investisseurs, avec la bénédiction des gouvernements locaux corrompus et le coupable appui des organismes internationaux, ont lancé une ambitieuse campagne pour prendre le contrôle de la terre et de l’eau en les soustrayant au contrôle des paysans d’Afrique et d’Amérique du sud.

Ces derniers se plaignent des graves dommages sociaux et environnementaux produits par les grands propriétaires terriens, mettant l’accent sur les dangers qui pèsent sur eux lorsque le prix des denrées alimentaires fluctue un peu trop sur les marchés internationaux. La course pour le contrôle des terres et de l’eau a pour toile de fond une crise plus générale liée à la distribution et l’utilisation des ressources qui apparaissent de plus en plus limitées.

Derrière le land grabbing se cache un colonialisme cruel et pervers où les terres fertiles des pays pauvres se négocient pour trois fois rien. On enregistre depuis une dizaine d’années une hausse constante de la demande mondiale en denrées alimentaires et en biocarburants. Des pays riches n’ayant ni terres arables ni eau (comme l’Arabie saoudite) ou qui comptent une forte densité de population (comme le Japon) ont commencé depuis longtemps à acquérir ou à louer sur le long terme des terres à l’étranger. En 2009, Daewoo logistics avait d’ailleurs prévu de produire du maïs et de l’huile de palme sur 1.300.000 hectare de terres agricoles de Madagascar soit près de la moitié des terres arables du pays. Il n’y a dans la plupart des cas aucune difficulté à faire main basse sur les terres convoitées : les paysans qui la travaillent vivent dans la pauvreté et ne possèdent que trop rarement un titre de propriété.

Le phénomène de l’accaparement des terres touche tous les continents, à l’exception de l’Antarctique. 47 % des États touchés par le phénomène se trouvent en Afrique et 33 % en Asie. Enfin, 90 % des terres cédées sont concentrées dans vingt-quatre pays. Tout ce qui y est cultivé l’est grâce à l’eau : à partir du moment où cette ressource est exploitée, surtout dans les zones où on enregistre déjà une malnutrition diffuse, la situation s’aggrave. Les gouvernements locaux, qui cèdent à des prix dérisoires des régions entières (un hectare de terrain ne coûte parfois qu’un ou deux dollars par an dans certaines contrées) sont, avec les acheteurs, les principaux gagnants de ce business hors norme. Bien entendu, ces tarifs favorisent la venue d’investisseurs étrangers, y compris dans des zones vierges de toute infrastructure ou politiquement instables. Mais une fois cette terre vendue, le vendeur est indifférent à l’utilisation qui en est faite ; il n’existe aucune protection sociale et environnementale, et des régions entières peuvent être polluées ou vidées de toutes ses ressources sans qu’aucune autorité ne lève le petit doigt.

Les communautés locales sont de surcroît souvent chassées des terres qu’elles travaillent depuis des générations. Mais les indigènes les plus chanceux seront embauchés comme ouvriers dans la nouvelle entreprise pour des salaires de misère. José Graziano da Silva, directeur général de la FAO (organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), a récemment comparé l’accaparement des terres en Afrique à la conquête de l’Ouest sauvage. C’est dire s’il semble difficile de freiner ce phénomène barbare...

L’accaparement sauvage des terres émane principalement des industries produisant des biocarburants qui nécessitent de vastes étendues pour cultiver le palmier à huile, le maïs, le colza, le tournesol, la canne à sucre et d’autres espèces de plantes à partir desquels elles obtiennent les carburants alternatifs aux produits pétroliers.

Pour rendre attrayant ce type d’investissement, il convient de bien déterminer les termes des contrats qui vont être conclus. Deux-tiers des terres et des ressources naturelles « accaparés » au cours des dernières années sont en Afrique et plus particulièrement en Afrique sub-saharienne. Ceci est une donnée essentielle pour comprendre la portée et les conséquences de ce phénomène.

Il est évident que les terres rurales apporteraient beaucoup plus aux populations autochtones si ces dernières les cultivaient, les exploitaient et vendaient elles-mêmes leurs produits aux entreprises et aux États étrangers. Ce serait encore plus profitable si elles avaient les moyens de développer des industries locales de transformation de produits récoltés. Les dégâts provoqués par l’accaparement des terres sont encore plus importants quand on considère que de nombreuses familles, parfois des milliers, perdent leur foyer et leurs moyens de subsistance pour faire place nette aux nouveaux propriétaires des lieux.

Tout ceci se passe dans les pays en voie de développement où les ventres crient bien trop souvent famine. La sous-alimentation et la malnutrition sont encore très importantes, comme le montre le dernier rapport de la FAO sur l’insécurité alimentaire dans le monde. Pourtant, on y importe la nourriture à un prix élevé.

En ce qui concerne l’Afrique, les prévisions sont apocalyptiques. Rights and Ressources Initiatives, une confédération internationale d’ONG, a publié en février 2012 le résultat d’une enquête menée dans trente-cinq pays africains. Il ressort qu’au moment où ce continent connaît une croissance exponentielle de ses besoins alimentaires, les nouveaux investisseurs ont pris pour cible les terres des communautés rurales, qui contrôlent traditionnellement un milliard 400 millions d’hectares composés de forêts et de terres arables. Mais les systèmes juridiques en place dans la plupart des États africains ne leur reconnaissent que très rarement des droits de propriété. Partout, c’est l’État qui s’est emparé de ces terres ou de ces forêts. Et partout, c’est l’État qui distribue des droits d’exploitation à des grandes sociétés étrangères. Selon l’un des dirigeants de Rights and Ressources Initiatives, Jeffrey Hatcher, «  dans les trente-cinq pays africains étudiés, l’essentiel des terres agricoles a été confisqué par les États. Ce phénomène affecte 428 millions de paysans pauvres de l’Afrique sub-saharienne ».

L’Afrique est un continent frappé chaque année par les pénuries saisonnières et parfois par une pénurie de produits alimentaires de base. Pis, les terres fertiles sont destinées à la production de biocarburants dont on tire de l’énergie, et ce au détriment des cultures alimentaires. Lorsque la terre et l’eau sont des sources de profits comme une autre et qu’on « tire avantage de la hausse du prix des denrées alimentaires », on spécule avec la famine. C’est néanmoins une vision à très court terme car une situation qui voit des pans entiers de l’humanité vivre dans la misère porte nécessairement en elle les germes de la guerre.

Capitaine Martin

http://www.resistance-politique.fr/article-la-derniere-frontiere-du-colonialisme-l-accaparement-des-terres-122945301.html

COMMENTAIRES  

18/03/2014 14:26 par gérard

Là réside le véritable fascisme.
Passé sur LCP, dans l’excellente série « les dessous de la mondialisation : terres à prendre en Éthiopie »
http://www.dailymotion.com/video/xw3c5n_ethiopie-terre-a-prendre_news...

18/03/2014 16:59 par Dwaabala

Plutôt effrayant. C’est l’envers du décors. Et l’on en reste à des bribes de phrases décousues après avoir cherché à dire quelque chose.

18/03/2014 18:18 par Dominique

Les oligarques qui dirigent le monde lisent les rapports de la CIA, ils savent donc très bien que notre société court droit dans le mur en raison de l’épuisement des ressources non renouvelables et de la pollution généralisée. Leur obsession est de ne pas perdre le contrôle. Pour cela ils comptent sur tout un ensemble de "mesures" pour exterminer la majorité de la population mondiale, des mesures comme la guerre, la famine, les OGM qui rendent stériles, les médicament qui tuent plus que les accident de la route, la pollution qui tue plus que le tabac, les technologies qui déshumanisent l’être humain (ils parlent de l’augmenter, il s’agit en fait de le contrôler, les choses de l’internet des choses, c’est aussi nous à terme), et j’en oublie certainement.

Sur les bio-carburants, Jean Ziegler les avaient dénoncés il y a plusieurs années et il avait été un des premiers à réussir à se faire entendre dans les médias. Malheureusement, bien peu sont ceux qui avaient alors compris ou s’étaient souciés de la véritable portée de son appel. Cet accaparement des terres par certains pays et des multinationales est la preuve qu’il avait malheureusement vu juste : notre société préfère nourrir des voitures que ses citoyens. Les dernières estimations du PNUD parlaient de 35 millions de personnes qui meurent de faim par année ceci alors que la planète produit plus de nourriture qu’il n’est nécessaire pour nourrir tous et chacun.

Cela implique que la seule raison qui pousse ces gens vers la mort est la pauvreté, ils n’ont pas assez de fric pour se payer la nourriture existant en quantités plus que suffisante. Faites le calcul, 35 millions de morts par année, cela fait de la pauvreté l’arme de destruction massive la plus efficace de toutes. Et avec des prix de la nourriture qui augmentent et des paysans qui perdent leurs terres par milliers dans des dizaines de pays, ce constat ne peut qu’empirer. Il n’y a qu’une solution : le pouvoir populaire des conseils ouvriers et de quartiers. Soit l’inverse du nouvel ordre mondial.

19/03/2014 00:57 par Lionel

@Dominique, le raisonnement qui parle d’extension inflationniste de "l’Empire" me semble coller à la réalité ;
L’Empire s’auto-détruit s’il ne grossit pas et son obésité est une garantie de sa fin inéluctable...
L’Ukraine est aussi victime de l’accaparement de terres, elle présente tous les caractères des pays pauvres producteurs d’aliments ( dans ce cas surtout les céréales ) et l’enjeu de l’alimentation est maintenant plus sur dans le long terme que l’automobile !
Les pays riches ne s’auto-suffisent plus alimentairement, en France depuis longtemps les haricots verts nous arrivent du Sénégal et les tomates du Maroc, etc...
Il est facile de tenir un peuple par l’alimentation, pendant que les sociétés riches s’urbanisent, se bétonnent et s’asphaltent, l’esprit paysan s’éteint et les formations professionnelles du domaine agricole sont désormais "nobles", au minimum technicien conseil et de préférence chercheur, parfois bardé de diplôme on reprend l’usine de papa parce que les subventions tombent.
Tout le monde trouve par conséquent normale cette situation, elle fait partie de l’évolution du modernisme et de l’aspiration à bénéficier de l’ascenseur social, j’ai souvent entendu de vieux paysans qui étaient fiers de dire que leur fils est sauvé, il ne fera pas ce foutu métier, il est ingénieur chez Airbus.
Donc dans le fond tout le monde adhère plus ou moins à cette fatalité qui veut que comme "on" a décidé que les plus ploucs des français étaient définitivement les bretons donc on les a chargés de nourrir la France, de même les Noirs ont ça dans le sang, pour eux c’est une manne et comme ils sont de toutes façons déjà pauvres eh bien ça colle avec la marche du monde, les pauvres qui crèvent de faim de nourrir les riches !!!
Et la boucle est bouclée.
Alors les mauvais esprits feront l’amalgame entre une certaine montée du fascisme et du néo-nazisme, libre à eux, après tout l’idéologie néolibérale est totalement empuantie de néonazisme.
Pour en venir à Ziegler, il a toujours mis en avant le fait que les famines touchent en premier les peuples de paysans qui sont sensés produire de la nourriture, sauf que maintenant qu’ils ont été chassés et déracinés, déportés et victimes des guerres qui les ont laissés sans même une semence pour l’année à venir et bien sur sans terre à travailler puisqu’on les a condamnés en les mettant près des villes où ils sont les plus pauvres d’entre les pauvres.
Du coup les terres se libèrent et les États ont beau jeu de les vendre au plus offrant.
C’est parfaitement huilé et on est cuits et bons comme la romaine si on ne se bouge pas le cul fissa !
Les grandes familles dont tu parles dans un com qui "dirigent" le monde ne sont pas restées à regarder les mouches voler pendant ces dernières décennies, ils ont fait des petits qui ont été formés purs et durs, Harvard et autres, ils ont affiné la philosophie de leur monde, ont sophistiqué les moyens à mettre en œuvre, ont parfaitement étudié le comportementalisme et la sociologie et en ont fait naître la Communication" si redoutablement efficace pour un bon Dircom.
Ils ont mis à leur service de conquête des esprits des techniques thérapeutiques ( comme la PNL ).
Je suis loin semble-t-il de l’accaparement des terres et pourtant il me semble que tout est lié, par conséquent tous les combats exemplaires ( qui peuvent inspirer d’autres personnes ) sont à multiplier, la plus grande qualité et le plus gros défaut de l’Humain est son besoin irrépressible de rencontrer et fréquenter des gens qui nous dynamisent et de pratiquer l’acculturation, l’échange de sentiments, de pensées, d’intentions, de résistance.
Ça peut être le jardinier du coin comme n’importe quelle personne qui ose.
Quand on rencontre quelqu’un qui ose, soit on prend ses jambes à son cou, soit on est sous le charme.
Que faire d’autre ?

19/03/2014 08:27 par Bernard CONTE

Ce petit film sur le business de l’accaparement des terres - sous-titré en français - est édifiant :
http://youtu.be/5CbshD7rQUk

19/03/2014 09:27 par gérard

« Les pays riches ne s’auto-suffisent plus alimentairement, en France depuis longtemps les haricots verts nous arrivent du Sénégal et les tomates du Maroc, etc... »
C’est vrai d’une certaine manière dès que l’on veut des produits hors saison et/ou bon marché, mais en règle générale la France peut largement s’auto-suffire en produits alimentaires, tant il y a de terres en friches et/ou sous exploitées ; mais c’est mon seul petit point de divergence sur une nuance, qui n’enlève rien à mon accord profond avec les commentaires précédents...
« idéologie néolibérale est totalement empuantie de néonazisme » et pas qu’un peu !
Encore sur LCP , qui est une chaîne qui réconcilie, malgré ses quelques défauts (dont celui de Frédéric Aziza) avec la télé : Cameroun, Forêt en péril.
http://www.dailymotion.com/video/x1hr9at_cameroun-foret-en-peril-les-dessous-de-la-mondialisation_news
Tous les mêmes ingrédients du vol des terres y sont, et bien évidemment ceux des fonds de spéculation américains qui en l’occurrence se portent sur l’huile de palme...
De Ziegler, le visionnaire, il faut lire "Les Nouveaux Maîtres du Monde et Ceux qui leur Résistent", tout est résumé dans le titre...
Ceux qui amènent le « Pire » ce sont ces « Nouveaux Maîtres du Monde », mais pas du tout ces partis d’extrême-droite, néofascistes, populistes ou autre, qui ne sont que des leurres ou éventuellement leurs « outils » ponctuels comme actuellement en Ukraine...

19/03/2014 10:59 par gérard

Hubert Cochet : Achat et location de terres sur la planète.
Un état des lieux très intéressant :
http://www.youtube.com/watch?v=pKa-Ybt8GKw

19/03/2014 12:57 par Lionel

@Gérard, je suis convaincu comme le sont les différents rapporteurs de la FAO que l’agro-écologie est une garantie de nourrir la planète, la seule d’ailleurs.
Mais ce que je dis à propos des pays riches n’est pas que les terres sont absentes mais qu’il n’y a plus personne pour les travailler !
L’esprit paysan dont je parle est un héritage culturel et justement tout l’inverse d’un apprentissage universitaire.
Je dis universitaire parce que la moyenne des grandes entreprises agricoles sont menées par des Bac+4 avec des formations en gestion, les logiciels vous disent quoi faire et comment le faire, plus besoin de connaîre la terre.
Pour être paysan, s’il n’est pas nécessaire d’accéder aux études supérieures, il faut néanmoins avoir des bases solides sur des disciplines telles que la micro-biologie des sols, le cycle du Carbone, l’écologie, la dynamique des plantes et leurs interactions...
Tout ceci n’étant possible à mettre en œuvre qu’en mobilisant un sens de l’observation et un esprit synthétique et analytique.
Le paysan traditionnel parle de la terre comme de sa langue maternelle, c’est son milieu et personne mieux que lui ne peut le décrire, c’est un patrimoine irremplaçable, la majorité des paysans qui s’installent en France sont des citadins, ce qui sous entend des difficultés énormes et des échecs en masse puisque tout est récupéré par le système, y compris les formations en cultures "Bio", les CFPA enseignent parfois l’agroforesterie et l’agroécologie mais toujours dans un cadre productiviste, ce qui est incompatible.
Ce que sait ce paysan est au delà de la connaissance, ce sont d’authentiques savoirs perdus à tout jamais quand les peuples concernés disparaissent ou sont déplacés. Nous avons perdu cet esprit paysan et c’est la raison du désintérêt général sur les questions environnementales qui dépassent bien sur le simple cadre de santé publique.
Alors quoi ? Faudra-t-il en faire appel à l’Europe pour faire venir de Roumanie des paysans compétents ?
- (Dans la salle : "Ah non pas des roumains..." ).
Avouons que ce serait un comble, alors imaginons nous faire la promo à notre gamin pour l’aider à se faire un chemin dans ce merdier, allons-nous d’emblée lui vanter les mérites du retour à la terre ou bien plutôt lui conseiller les études ?
Et là ! Là nous somme mis en perspective de notre charge idéologique, l’immense majorité des parents va conseiller "raisonnablement" aux enfants d’aller "au moins jusqu’au Bac", on ne sait jamais !
Nous somme donc bien en présence de nous-mêmes contributeurs au bon fonctionnement du système que cependant nous réprouvons.
Voilà la vraie raison de l’accaparement des terres, nous sommes simplement globalement complices, tout au fond de nous ce quelque chose de social hérité de nos parents qui voulaient le meilleur pour nous et l’école comme courroie de transmission ( au sens littéral ) nous fait l’effet d’une contrainte à la tyrannie de la raison et ce qui correspond à la marche du monde ne soulève plus cette aversion salutaire qui conduit à la révolte.
Nous sommes soumis.

19/03/2014 23:46 par gérard

@ Lionel
L’agrobiologie est la seule et unique voie viable à long terme de l’agriculture, on est bien d’accord.
Mais « l’esprit paysan », son « héritage culturel » est mort et enterré en France depuis bien longtemps.
La faute en revient principalement aux guerres que la France a subi depuis Napoléon Bonaparte (et surtout la guerre de 14), qui en tuant tellement de paysans a tué les connaissances, et a pour ainsi dire brûlé leurs « bibliothèques »...
J’avais découvert le livre d’un agronome des années 1880, où il expliquait qu’il sillonnait les campagnes pour réapprendre simplement aux paysans à...cultiver leur potager tant leurs connaissances avait disparu !
La « tête dans le guidon » productiviste et chimique des trente glorieuses a été le coup de grâce porté sur les connaissances ancestrales...
Quand je suis arrivé dans les années 80, exilé de la Capitale, uniquement « riche » de ma décroissance avant la « mode », et plein de projets en agrobiologie, le sempiternel refrain que j’entendais était : « mais qu’est ce que tu t’embêtes, si tu ne mets pas d’engrais, t’auras rien ! »...Leur poudre de perlimpinpin était le 3 fois 15 (engrais chimique 15 azote, 15 potasse, 15 phosphate)...
« La micro-biologie des sols, le cycle du Carbone, l’écologie, la dynamique des plantes et leurs interactions... » tout ça qui était "instinctif " chez les Anciens a en grande partie disparu et doit à présent être enseigné puisque n’ayant pas été transmis en héritage...
J’ai subi un enseignement dans les années 90 en agriculture/élevage pour obtenir des aides à l’installation en agriculture, le constat était effrayant sur deux points :
- la chimie, encore la chimie et rien que la chimie.
- les héritiers d’une ferme, n’en avait rien à faire de ces cours, de toute façon la Ferme, eux, ils l’avaient déjà en héritage, et les examens de fin de stage leur ont donné raison : ils ont été ridiculement faciles, les diplômes ont été pratiquement donnés, ce n’était en définitive qu’une simple formalité.
L’agrobiologie (ou la VRAIE agriculture traditionnelle) demande bien plus d’investissement personnel en observations par exemple du sol que la « chimique », où pour cette dernière il suffit de savoir lire sur le paquet d’engrais la dose à l’hectare ; dans le passé, la sélection se faisait tout simplement à cause de l’absence de produits chimiques : celui qui ne faisait pas un certain effort pour s’investir dans la Connaissance se mettait de fait hors jeu question de survie, tout simplement par le peu de production de sa ferme.
Dans le lien que j’ai passé :http://www.youtube.com/watch?v=pKa-Ybt8GKw Hubert Cochet exprime l’idée que l’agrobiologie est plus rentable que l’agriculture chimique...Mais c’est absolument certain, et sa démonstration je la connaissais depuis longtemps !
Dans le passé, les compagnons charpentiers, menuisiers, bâtisseurs etc...avaient le niveau des ingénieurs de maintenant, il faudrait qu’il en soit de même pour les "compagnons" agriculteurs...C’est donc avant tout une question d’orientation Politique exclusive vers l’agriculture biologique avant qu’il ne soit trop tard et d’y être contraint par toutes les pollutions. Il faudrait dès à présent définir une très haute qualité d’Enseignement . Le niveau Bac et au-delà n’est pas exagéré...
C’est toute la structure de la Société qu’il faudrait aussi remettre en question, les mégapoles entre autre...
Mais il y a tellement de choses à dire....

20/03/2014 00:52 par legrandsoir

Hubert Cochet exprime l’idée que l’agrobiologie est plus rentable que l’agriculture chimique...

Ce n’est plus une idée, c’est un fait. Cuba l’a démontré. Seul pays au monde à être passé en quasi-totalité de l’agriculture chimique à l’agriculture bio (plus par contrainte que par conviction au début, de leur propre aveu), avec pour résultat, une AUGMENTATION des rendements (sans parler de la qualité). Aujourd’hui, "pour rien au monde on ne reviendrait en arrière". Résultat : l’utilisation de pesticides et engrais chimiques est désormais interdit. Les écolos devraient s’intéresser un peu plus à ce qui s’y passe, ils perdraient moins de temps en conjectures. Voir le documentaire (qui commence à dater, mais quand même) http://www.youtube.com/watch?v=KEF19NV_3SE

20/03/2014 10:12 par gérard

@ legrandsoir
Je suis au courant pour Cuba, et grâce à vous d’ailleurs, mais face à un interlocuteur hexagonal et compte tenu des années de bourrage de crâne contre Cuba, il ne faut pas, oserai-je dire, aller plus vite que la musique...
C’est infiniment regrettable je vous l’accorde, mais l’avis d’un "technicien-classique-bien-de-chez nous" aura bien plus d’impact sur les esprits très conservateurs du monde agricole...
Leur "conservatisme" sur leur agriculture "traditionnelle", celle de leurs "ancêtres", celle qu’ils ont "toujours" connu, la chimique, c’est du "béton" ! Et cela fait plus de 50 ans que la mutation a été enclenchée et à un rythme effréné...
Il faut se poser une question sur Cuba : est-ce que paradoxalement ce ne fut pas le blocus qui a été un facteur de progrès ? Vers l’agrobiologie d’un côté mais aussi en médecine...
Il me semble aussi que les agriculteurs Polonais de par leur retard en agro-chimie et la persistance de petites exploitations, seraient maintenant à la pointe du progrès eux aussi en agrobio...
La mutation la plus dévastatrice fut et elle continue toujours, la désertification des campagnes, mécanisation à outrance, manque de bras et donc d’entraides (dans quel ordre "la poule et l’œuf ?) ; c’est ce que n’a pas connu Cuba et apparemment aussi la Pologne...
L’engouement des occidentaux pour les produits bio aurait été la bouée de sauvetage de ces exploitations agricoles polonaises encore à échelle humaine, mais je n’en sais pas plus.
Pour en revenir au sujet de l’article, ce qui se produit en Afrique (et en Amérique du sud Argentine & Brésil par exemple) est doublement et même triplement catastrophique...
Purement écologique et exode des populations rurales comme ici, mais en plus leurs terres ne servent plus ou presque, pour nourrir les populations locales mais pour engraisser soit les spéculateurs ou/et pour compenser d’autres agricultures défaillantes ou inexistantes comme celles des pays du Golf.
Vaste sujet sur lequel nous consommateurs "moyens" avons une part de responsabilité non négligeable :
http://www.legrandsoir.info/le-fabuleux-destin-du-poulet-classe-a.html
Vient de repasser ce matin sur LCP, toujours dans le cadre « des dessous de la mondialisation »[excellente série que je dédie à tous ceux qui sur LGS se vantent d’avoir cassé ou de n’avoir plus de télé]
Roumanie : exploitants à terre
http://www.dailymotion.com/video/xy4kqq_roumanie-exploitants-a-terre_news
Et quand on achète surtout des produits bon marché, il y aurait des questions à se poser :
http://television.telerama.fr/television/justin-bridou-aoste-cochonou-tout-n-est-pas-bon-dans-leurs-cochons,94476.php

20/03/2014 11:51 par legrandsoir

Je suis au courant pour Cuba, et grâce à vous d’ailleurs, mais face à un interlocuteur hexagonal et compte tenu des années de bourrage de crâne contre Cuba, il ne faut pas, oserai-je dire, aller plus vite que la musique...
C’est infiniment regrettable je vous l’accorde, mais l’avis d’un "technicien-classique-bien-de-chez nous" aura bien plus d’impact sur les esprits très conservateurs du monde agricole...

D’expérience, faux. Certes les idéologues gauchos, eux, n’entendront rien, ne comprendront rien. Mais ils sont un peu là pour ça. Les autres, les gens normaux, lorsqu’on leur dit "ce n’est plus de la théorie, nous avons un cas concret, réel, à l’échelle d’un pays", ça les intéresse. Et lorsqu’ils apprennent que ça existe depuis longtemps et qu’on ne leur en a pas parlé, ça peut même fâcher. Et c’est vrai que le blocus US a été le facteur déclencheur et déterminant. Mais, et j’insiste, même si le blocus était levé demain matin, Cuba ne reviendrait pas en arrière parce qu’il n’y a aucune raison pour eux de le faire. Meilleure qualité, meilleur rendement, et même "pour moins de travail" - l’affaire est pliée et gravée dans la loi. Fin du débat, en somme. Entre un "interlocuteur hexagonal" qui en est encore à théoriser, et un paysan cubain qui montre ses belles rangées de salades nourries aux excréments de vers mélangés à des crottes de chèvre, le tout protégé des parasites par des plantations "leurres", les a priori disparaissent en un clin d’oeil. Un ami qui organise des voyages d’information et emmène chaque année des groupes de paysans à Cuba n’a aucun retour négatif. Deux paysans qui se rencontrent se comprennent, et le théoricien de service continue de radoter tout seul dans son coin.

Ce n’est pas pour rien que les Cubains disent qu’un intello français, c’est quelqu’un qui dit "d’accord, en pratique ça marche, mais en théorie ça donne quoi ?"

20/03/2014 12:33 par Lionel

Quand on parle de conservatisme chez les paysans il faut être prudent...
Le monde paysan est victime de tous les affres de la civilisation moderniste, gardiens des pratiques et transmissions culturelles, ils sont particulièrement visés par le capital.
Pris entre la "nécessité" de modernisme que le monde économique leur impose, l’effraction violente que représentent les conseillers agricoles, ils assistent impuissants à l’éradication de leurs modes de vie, au départ inexorable des enfants qui accompagne l’abandon des exploitations et l’éclatement de la cellule familiale et de la société toute entière avec disparition de la langue.
Leurs pratiques sont donc dévaluées en totalité et les grands-parents conseillent aux aventureux de leur descendance qui désirent poursuivre, d’abandonner et d’oublier les techniques qui les ont menés vers une telle misère.
La grande force des enfants de paysans devenus agriculteurs est de croire au progrès, ils n’ont pas le choix, surtout pas au niveau psychologique ; revenir en arrière signifie se couper des confrères et être condamnés à l’isolement, ça signifie également refuser de croire aux manipulations des émissaires de l’agro-industrie ( les conseillers agricoles sont à l’image de leurs homologues délégués médicaux, des sangsues ! ) qui donnent caution auprès des banques...
Ça signifie admettre un siècle de tromperies et de destructions criminelles du productivisme.
C’est aussi se mettre à dos le reste de la famille quand il en reste qui a sont mot à dire puisque propriétaire des terres familiales.
Une fois n’est pas coutume, l’INRA a publié une enquête de grande envergure en 2009 intitulée "Agriculture et biodiversité" dans la quelle ils recherchent les causes déterminant la "conversion" des agriculteurs vers le ’Bio". Il se trouve que les épouses sont le facteur déterminant majoritaire, ce sont elles qui poussent leurs maris à abandonner les pesticides.
Super bonne nouvelle mais qui nous laisse sur notre faim à propos de l’agro-écologie qui est un peu plus que le "Bio" et qui ressemble tellement à ce que faisaient les arrière grands-parents que le retour en arrière ( ce qui y ressemble ) est d’une grande violence, on a fait table rase uniquement afin de détruire ce qui constitue le cœur d’une Nation, sa Culture ( ses Cultures ), seul moyen de résistance au capitalisme.
Alors parler des paysans comme des gens "conservateurs" est à la fois une vérité et faux, n’oublions pas que la plupart des migrants qui sont venus améliorer nos lendemains économiques sont ou étaient des paysans !
Ils ont donc montré une grande faculté d’adaptation et de survie mais quand ils en ont des souvenirs, le seul intérêt qu’ils portent au travail des anciens consiste à connaître le prix de vente du terrain à l’autre bout de la France ou de la Kabylie.

20/03/2014 15:02 par Emilio

Tout a fait d accord avec LGS. Et je suis tres implique dans ce sujet la , l agroecologie.
L ecologie EST politique et d abord un choix politique. Une remise en cause totalement revolutionnaire des modes de productions capitalistes destructeurs et des rapports sociaux qui vont avec.

Cuba est sans doute rejete par une “gauche” franco française mais ne l a jamais ete par les gauches d amerique nord et sud. Un exemple mondial remarquable pour l agriculture urbaine sans chimie de synthese. Cette idée la n est pas nouvelle, les techniques oui .. issues des traditions indiennes d Inde ancienne et nouvelle (comme les associations de plantes qui se completent pour vivre mieux ) et aussi des dernieres avancees dans les techniques , vermiculture , compostage “chaud” aerobique etc… et permaculture.
Ces idees la existent depuis longtemps mais parsemees dans le monde. Le travail des universitaires surtout nord americains, des universites de Berkeley, d Ohio et de l univeriste de Laval au Quebec ont ete de chercher partout dans le monde, les techniques millenaires. Tout ça est ne et s est developpe dans les annees 80-90 et est actuellement en plein developpement .

Oui il y a eu une synchronicite entre ces reemergences et Cuba dependant de l empire sovietique qui disparaissait et qui a du lutter durement pour sa survie. Cuba est donc devenu un laboratoire ideal pour ceux qui avaient les theories et qui pouvaient les mettre en pratique a l echelle d un pays. Cuba a accepte , par non choix (fin de l Urss) et par choix de visionnaires politiques avertis.. Cuba a beaucoup d amis dans l amerique du nord.. Et des gens formes, universitaires et a l esprit tres pratique , ce n est pas incompatible et c est d ailleurs imperatif si le but est de voir fleurir les resultats positifs pour les peuples.

Comprendre le vivant est aussi empirique que scientifique. Pourquoi oppose l un a l autre ¿ les 2 sont complementaires . Et il se fait (en tout cas pour l Amerique ) sur un pied d egalite , d echanges et d ecoutes respectives. Puisque je suis de cette partie la , je dois avouer que mes enseignements infos se font en anglais via les universites US citees et en espagnol . En français , helas pas grand chose et parfois trop souvent des erreurs grossieres. Quand meme des types comme Bourguignon tres competents mais isoles . L energie derriere l agroecologie en amerique est populaire.. la suite logique des jardins ouvriers des temps passes.. revitalises par des techniques de partout dans le monde .. grace a la disponibilite immediate de l information.

L agriculture urbaine eco est une chose , un eveil de ce qui est possible de faire . Reste que d
autres defis sont en route. Developper une agriculture agroecologique productiviste. Parce que le but est de lutter contre la pauvrete massive ,pour la souverainete alimentaire et dans un monde “vivable” pour tous , c est a dire sain , socialement et pour la sante de tous. La conscientisation politique que oui c est possible et necessaire , absolument necessaire. Cuba est comme toute les autres societes, certains camarades du peuple par et pour le peuple ont aussi des doutes, parce que la tradition decennale est que le chimique est efficace. Ce n est pas les theories qui pourront convaincre ces camarades , mais la pratique qui marche … et a l echelle de nourrir un pays. Cuba importe 70% des ses aliments , surtout la viande , oui loin de la souverainete alimentaire .. mais c est justement la dessus que nous devons tous travailler , tous ceux impliques dans cette revolution . Et cette revolution avance et vite .. d autant plus que le temps presse.

Cuba offre des formations internationales de qualite sur les dernieres techniques d agro ecologie. Il faut passer a une autre etape dans ce domaine , de l eveil et de l agriculture urbaine a une agriculture paysanne cette fois et productiviste et qui respecte les vies , humaines animales et vegetales. Mes recherches actuelles vont dans la production massive industrielle de fertilisant organique , decontaminant les sols , qui les regenerent , bien superieurs en resultats au classique NPK des Monsanto et autres. Et beaucoup moins cher a produire.. a base de te de lombrics . Et comme ce sont des vers rouges , californiens parait il .. ceux la ont de l avenir plus que les gusanos de Miami qui sont eux de vrais et puissants parasites.

Bah , les intellos français brain washes a leurs medias totalitaires a son de cloche unique , oui ils deçoivent , genre Bove qui, invite a Cuba, crachent sur ses hotes. Mais bon , la revolution rouge verte avance .. sans eux. La politique de palais ou celle de la rue , il faut choisir , son petit soi opportuniste ou le grand soir des peuples en lutte de liberation. Et Cuba est un des ces peuples la . Et les amis de Cuba ce sont ceux qui n ont pas peur de reconnaitre les erreurs mais qui participent aussi a les corrigees. Et Viktor la tres bien compris en France , on est de la meme bande de reveurs actifs qui croient, et surtout agissent, pour un autre monde solidaire et ou l interet de quelques nantis doit s effacer devant l interet collectif .. parce que nous n existons que par le groupe et que nos forces unies decideront de l avenir de tous .
Ne voir que le doigt du sage qui montre la lune est trop une attitude mentale d intellos français , helas. Mais Cuba et ses genereux medecins du peuple peuvent les soigner .. encore faut il que ces intellos la reconnaissent leur maladie , engendree par l esprit capitaliste du meilleure systeme libre qui soit de tous les temps . Vivre libre , c est vivre en harmonie sur une haute frequence vibratoire d amour universel . Sur ce, je retourne a mes experiences pratiques quotidiennes .. La lucha sigue ))) Y muchas gracias a Viktor , por su trabajo permanente de amor a Cuba , saludos compañero , venceremos

21/03/2014 10:10 par gérard

D’accord avec Lionel :
« Alors parler des paysans comme des gens "conservateurs" est à la fois une vérité et faux, »
...et de tout ce que tu as dit avant « du siècle de tromperies et de destructions criminelles du productivisme. »
Quand aux rôle de tout le Système Agricole, je n’en parlerai pas, ce serait trop long tant il y a à dire !
Il est bien évident qu’ils sont en tout premier victimes du productivisme ; comme quoi il ne faut rien omettre de dire dans un commentaire du Grand Soir...
Depuis environ trente ans j’observe sur le terrain ce qui se passe dans le milieu agricole : il ne faut tout de même pas abuser du statut de "victime", c’est trop facile comme position ! Il y a des conneries inacceptables, comme celle toute récente dont je fus témoin, de passer du désherbant sur tout un champ avant de labourer...Il prend alors une jolie teinte marron, et la vie organique du sol en prend alors pour le moins...plein la gueule !
Je connais des viticulteurs qui se reconvertissent en Bio, et je peux affirmer que... "ce n’est pas de la tarte !".
Mais ils le font et n’ont pas pour autant une vocation de Martyre...
Il y a maintenant, qu’on le veuille ou non, co-responsabilité de pas mal d’agriculteurs et de professionnels de l’agro-alimentaire dans le désastre agricole actuel...car c’est véritablement un désastre !
Depuis combien de temps la Confédération Paysanne existe-t-elle ?http://www.confederationpaysanne.fr/, alors..., il faudrait tout de même faire un "petit" effort, non ?
De par mon expérience en cultures légumières, je suis à fond dans le concret, le maraîchage étant pour ainsi dire le creuset où se retrouve tout ce qui concerne l’ensemble des problèmes et des solutions, de toutes les productions agricoles. La lombriculture, je connais, l’association de cultures en protection des parasites entre les plantes, je connais etc, etc, et "classiquement", il n’y a rien de bien nouveau sous le soleil.
Pour en revenir à Cuba, je dirai qu’il y a une base commune à toutes les cultures en Agrobiologie, celle de nourrir le sol et d’y préserver la vie, afin que celui-ci nourrice les plantes cultivées dans les meilleures conditions possibles (ce n’est qu’une définition mais on peut rajouter plein d’autres éléments).
Prenons pour exemple nos terres : sur 5 ha il y a disons 3 variantes de sol, mais en gros c’est une terre limoneuse, acide peu profonde et assez pauvre en humus. A vol d’oiseau (maximum) 1 km, on a pour ainsi dire un voisin, sa terre à lui est argilo-calcaire, plus riche en humus et profonde, soit totalement opposée à la notre. La démarche en agriobio sera de fait extrêmement différente mais quand même avec une base commune, je vous l’accorde.
Je ne connais ni la structure ni la texture des terres de Cuba, mais il est certain déjà que le climat y étant totalement différent, les solutions le seront donc tout autant. Je ne dis pas pour autant que l’exemple de Cuba est à négliger, bien au contraire, mais je crois plus à la persuasion par des exemples et des actions locales.
Le lombric et le crottin de chèvre ça ne résout pas les conneries accumulées chez nous depuis, depuis...des « lustres » par des monocultures céréalières simplement monstrueuses...
Et pour revenir à l’article, la dénonciation de ce qui se passe en Afrique (et en Amérique du Sud, Argentine, Brésil...) est des plus urgentes, car c’est extrêmement grave ce qui s’y produit...mais j’en ai assez dit précédemment.

22/03/2014 06:35 par Emilio

Le lombric et le crottin de chèvre ça ne résout pas les conneries accumulées chez nous depuis, depuis...des « lustres » par des monocultures céréalières simplement monstrueuses...

Le vers rouge dit californien ,eiseinia foetidia , son humus , son percolat et encore plus le procede d oxygenation de cet humus (the ) est decontaminant pour les sols contamines aux pesticides et metaux lourds .

Le lombric dit ver de terre ne l est pas mais a un pouvoir aerobique des sols , d oxygenation ,et de penetration des nutriments dans les sols et permettre aux systemes racinaires de se developper en consequence. La presence nombreuse de vers de terre est un signe de terre vivante.
Le ver de terre , ce sont bien les recherches scientifiques de labo, donc theorique, qui lui ont redonne ses lettres de noblesses terriennes.. l experience empirique paysanne pour la France en tout cas , c etait de le classer en nuisible avec les taupes .

Le crotin de chevre est theoriquement utilisable puisque herbivore et diminue de beaucoup les risques d e-coli et salmonelle des excrements de carnivores. En pratique , tout depend de l elevage de chevres , cet elevage sollicite beaucoup d antibiotiques dans les elevages “modernes”…

Bruler la terre avec des desherbants puissants , ce n est ni recent ni un cas particulier , c est la norme d enseignement de l industrie agricole de chimie de synthese. Apres 1 semaine environ , le “paysan”semera ces graines certifiees et protegees par un fongicide. Ensuite , faute d elements nutritifs suffisants des sols brules au "tue tout ce qui bouge ", il faudra ajouter des engrais NPK autour des pieds par economie, et par manque de systeme racinaire suffisant , traiter aux pesticides insecticides parce que cette plante est faible et le sol quasi mort . La vie bacterienne et microbienne y est tres pauvre. Hors les bacteries et microbes non pathogenes c est de cela qu a besoin la vie pour prosperer.

Les systeme de jachere est un systeme moyen-ageux , de repos de la terre pour se renutritionner , en nitrogen (azote) surtout avec les “mauvaise herbes”. L idee moyen ageuse a ete pervertie parce qu il faut –pour la politique de l industrie agricole dominante , reconquerir en eliminant , en les brulant avec du chimique de synthese, les "bonnes"plantes seront resemees apres cette jachere economique .

Dans les systemes de productions agro ecologique, c est la rotation des cultures qui est recommandee pour eviter l epuisement et aussi l alternance de renutrition avec des plantes a tres fortes concentrations en azote , comme trefle luzerne etc.. C est en combinant les techniques qu un sol peut etre regenere et la , intelligemment cette fois on peut meme cultiver intensif sans deterioration des sols.

Le percolat de lombriz , c est la 2cv , le the d humus oxygene c est la lamborghini .

Parce que le risque anaerobique du percolat est facteur possible de pathogene , e-coli et salmonellose en tete .
Le bio a aussi ses risques sanitaires du a des pratiques qui peuvent etre dangereuse pour la sante .
L hygiene des fermes d autrefois …

Je n utilise pas d excrements d animaux parce que je suis vegan et je pense que l accaparemment des terres est surtout un probleme de colonisation des terres par l elevage .. qui ne sait plus quoi faire de cet everest de merde et dechets difficilement recompostable . Mais la contamination des sols et encore bien plus des eaux , c est du en priorite a l elevage industriel (et meme sur une petite ferme ) . Productiviste , intensif (mais pas de monoculture gigantesque non plus) peut rimer avec harmonie entre les biosystemes mais impossible si l elevage est industriel. La il y a forcement destruction. Le socialisme en alternative ne peut pas eviter ce constat. Les habitudes alimentaires doivent changer aussi.

Cuba a aussi eu sa monoculture de canne a sucre , sa zifra destructrice avec des milliers de tonnes de fertilisants de synthese, la norme partagee venait de l Urss . On apprend de ses erreurs ou pas .. Cuba a quand meme retenu l enseignement .. combien de pays ont fait ce virage ¿ La prise de conscience , c est bien et c est la premiere chose a faire –le declic- mais s il n y a pas d actions concretes qui suivent .. c est du vent. Et technifier , ça veut dire comprendre etudier les processus du vivant , leur chimie. C est universel et chaque plante a ses propres besoins .

Quand le theorie n est pas asujettie au profit commercial d interets, elle permet a la pratique de devenir meilleure, plus performante dans un esprit de respect et la sante de la biodiversite , c est evident. Les theories valables sont fondees sur l experience sur l analyse , les determinismes, sur le devenir . La luttes des classes entre humains et le specisme inter especes animales . Dominants domines, exploiteurs exploites.. et la morale du maitre et de l esclave tres nietscheenne.. le maitre depend de l esclave a terme . Et scier sa branche sur laquelle toute une civilisation est assise est ephemere … Il faut cultiver son jardin comme disait un jardinier de Voltaire , l un est dans la lumiere et l autre dans la penombre . Briller dans les salons ou ecoles republicaines ne fait pas pousser les tomates non plus…mais l intello regarde t- il aussi ce qu il y a dans son assiette , ou ecoute t-il son propre discours en echo ¿
Comme disait ma mere ..mange et tais toi )))) toute bique qui bele perd la goulee …le nez dans le ruisseau, la faute a Rousseau )))

22/03/2014 12:09 par Anne Wolff

Juste par esprit de contradiction ? Je crois que c’est dans l’Utopie ou la mort publié dans les années 70, que René Dumont raconte dans un passage, comment il a été engueulé Fidel Castro, sur le mode « Ta révolution c’est bien joli, mais avec les techniques agricoles que tu utilises, t’iras pas très loin ».
A la même époque un chercheur français en agrobiologie, Claude Aubert, va faire des recherches approfondies dans ce domaine, et il publiera un ouvrage sur les potagers bio devenu une sorte de Bible, notamment pour les jeunes agriculteurs, qui prennent la relève mais veulent passer en bio.
Il a notamment mené – dès cette époque - des études scientifiques sur les effets de l’ortie, tant comme élément nutritif, assainissement des composts et mode de traitement et prévention de certaines maladies qui invalident totalement l’actuel argumentation de la loi interdisant l’usage et la diffusion de la recette de ce purin « Il n’y a pas de preuves scientifiques »….
En Belgique, 43 fermes disparaissent chaque semaine, en France un agriculteur se suicide tous les deux jours… et le jeunes qui veulent s’installer en bio n’ont pas accès à la terre. Beaucoup d’entre eux avaient des grands-parents paysans, après une génération de ville, avec vacances chez les pépés, ils ont fait leur choix… oui mais , les parents ont vendu les terres, la spéculation est passée par là. J’ai rencontré de jeunes agriculteurs bio en France, alors que je travaillais avec des producteurs de plantes médicinales, si les uns rencontrent des problèmes pharamineux d’accès aux terres prises dans le cycle de la spéculation, d’autres travaillent sans compter les heures mais doivent certains mois demander un RMI à l’époque complémentaire pour faire vivre leur petite famille, qu’il ne suffit pas de nourrir, qu’il faut aussi habiller, etc… Dans ma commune un jeune agriculteur bio lutte pour survivre, comme beaucoup, il fait deux métiers, paysan et mécanicien travaillant double pour pouvoir continuer à pratiquer ce métier, par amour, par passion, par conscience pour l’avenir de ses enfants... il y en a beaucoup comme lui.
Emilio parle de vers capables de décontaminer des terres, certaines bactéries sont à présent aussi utilisée à cet effet, et des chercheurs se penchent sur la capacité qu’on certains champignons dedécontaminer des terres radioactives, alors que d’autres se nourrissent de plastique. Les vautours ont la capacité de métaboliser certaines substances chimiques et pesticides toxiques... un immense de travail de recherche à mener sur les conséquences qui se révèlent souvent néfastes - pour des raisons intrinsèques trop longues à expliquer ici - de l’introduction d’une nouvelle espèce dans les cycles d’un écosystème donné.
Attention un grand danger guette l’agriculture paysanne, c’est la mainmise que projette et pratique les corporations sur ce secteur prometteur.
Unilever prend la parole à la Conférence Européenne sur l’Agriculture Paysanne (Alerte ! U.E les corporations veulent s’emparer de l’agriculture paysanne !!!), sans la vigilance d’un membre de la CLOC – Via Campesina du Paraguay, je n’en aurais rien su…
Ce projet d’Unilever, qui semblait admis par les « représentants de l’UE » comme le leur, décrit ce processus d’incorporations des paysans dans leurs chaînes de profit.
Le mouvement Grain – qui vient d’apporter une énorme contribution au Chili pour le rejet provisoire de la Loi des Semences (traduction en cours) - a fait un énorme travail de recensement de l’accaparement et de la concentration de la propriété terrienne dans le monde. Plus complet en espagnol, le site offre aussi des documents en français.
Et oui, il existe une avant-garde dans le monde, proposant le seul changement de paradigme viable, et elle est paysanne, plus de 200 millions d’entre eux se retrouve comme membres effectifs de la Via Campesina… et combien de sympathisants, producteurs ou mangeurs ? Un courant qui est de plus en plus significatif. Ce modèle est fondé dans l’articulation de la Souveraineté Alimentaire avec la Souveraineté Populaire et ses principes économiques fondateurs sont le Juste Prix (qui était la règle en Europe avant que que l’église ne décide de s’accorder le droit d’enrichissement et d’usure, ce qui marque la fin du moyen-âge, et les prémisses du capitalisme), et le principe de complémentarité y permet de mettre fin aux gaspillages contre-productifs de la concurrence
Et oui,, il y a du boulot à ne plus savoir qu’en faire pour les nettoyeurs-restaurateurs, jardiniers de planète et autres artisans d’un avenir plus joyeux. C’est aussi une question de survie

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