Israël : le loup qui veut se faire passer pour un agneau

Le "Rebranding" est un mot qui a actuellement la cote en Israël. Conscient de son image plus que discutable, Israël investit dans les champs culturel, touristique et sportif pour redorer son blason terni par des années d’oppression et de colonisation de la Palestine ainsi que par les incessantes manœuvres de déstabilisation contre ses voisins arabes. Une stratégie promotionnelle de marketing a été mise en place, à coup de millions de dollars, pour développer un complexe d’évocations positives autour de la marque Israël.

Le rebranding ou « changement d’image », désigne le processus de refonte d’une image de marque dans le but de la rendre plus attractive. A partir de 2006, le gouvernement israélien a élaboré, de concert avec des agences de relations publiques, un nouveau plan visant à repositionner l’image du pays à l’étranger pour contrer la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanction) qui venait de voir le jour. Le but affiché étant de gagner la bataille de la communication à travers un chapelet d’initiatives à caractère international : organisation d’événements sportifs, scientifiques, artistiques, etc...

Il s’agit de créer une perception déconnectée du conflit israélo-arabe en mettant en avant des valeurs positives tels que le « life style Tel Aviv », l’« innovation technologique » ou la « réussite économique » . Sous le gouvernement Tzipi Livni, le projet « Brand Israel » a bénéficié en complément du budget de propagande habituel, d’un financement de 4 millions de dollars rien que pour les deux premières années.

Le boycott culturel prôné par le camp palestinien vise à mettre en échec l’effort institutionnel de l’état juif dont le but explicite est de détourner l’attention des crimes de guerre commis dans la région. De bon ou de mauvais gré, tous les artistes qui se produisent sur place se trouvent embrigadés dans la campagne de remodelage de l’image du pays. Durant l’apartheid, l’archevêque Desmond Tutu jugeait inapproprié pour les artistes internationaux de se produire en Afrique du Sud dans une société fondée sur les lois discriminatoires et l’exclusivité raciale. Pourquoi n’en irait-il-pas de même pour Israël qui viole de façon éhontée le droit international et impose d’infâmes conditions de vie au peuple palestinien ?

Israël organise de façon récurrente une panoplie de conférences internationales au nom de valeurs à charge positive comme le développement, la lutte contre la crise, l’investissement pour l’éducation, la promotion de la démocratie,… Facing Tomorrow est un colloque organisé sous l’auspice du président israélien auquel participe des célébrités de tout horizons (Sharon Stone, Shakira, Pep Guardiola, …) qui se prêtent bien volontiers au jeu. A l’occasion de son 90ème anniversaire, un concert de louanges a été adressé par un aréopage de personnalités à Shimon Peres, le prix Nobel des va-t-en-guerre. La stratégie sioniste ne varie pas d’un iota : elle consiste à discréditer l’autre parti et à blâmer inlassablement les Palestiniens de l’échec du processus de paix.

Le développement du tourisme poursuit les mêmes fins politiques. Les intervenants du secteur veulent occulter l’essence militariste d’Israël en présentant un pays sûr, avec un peuple tolérant et affable. Pour conquérir les cœurs et les esprits, un message parfaitement calibré est destiné aux publics cibles. Des programmes d’éducation à l’endroit des agents de voyage ont été mis en place afin de propager le mythème sioniste d’une nation en quête de paix dans un milieu hostile.

Israël qui a instauré depuis des lustres une politique de ségrégation et de colonisation unique au monde n’est pas un pays comme les autres. Le pays, construit sur un mandat de droit divin et fondé par oukase impérialiste, est une véritable aberration historique.

Par la force des choses, culture et politique sont indissociables. En tout cas il n’y a pas de doutes dans l’esprit des dirigeants sionistes qui se sont engagés dans une guerre de communication tout azimut.

Israël devrait, en lieu et place de ce « cache-misère » nommé rebranding, faire un examen de conscience et changer ce qui le discrédite aux yeux du monde. Au contraire, sa campagne de relations publiques institutionnelle prouve que ce pays qui se veut à part n’a pas l’intention de devenir normal.

Emrah Kaynak

COMMENTAIRES  

10/09/2013 15:18 par Daniel Vanhove

Très bon article, qui dans le bruit des révolutions arabes et du conflit en Syrie, a le mérite de rappeler la réalité quotidienne des Palestiniens. Pour avoir été contraint d’y passer à plusieurs reprises en me rendant en Palestine, je confirme que la société israélienne est tout à l’opposé de ce que ses promoteurs tentent de faire accroire. C’est une société profondément divisée, peu accueillante, où les tensions internes sont exacerbées entre communautés & individus, et où traîne une agressivité à fleur de peau. Le réalisateur israélien Avi Mograbi en a fait un excellent film en 2002 qui s’intitule : "Août" et dans lequel il explique d’emblée qu’en août, il ne se passe en principe, jamais rien en Israël... sauf que, en baladant sa caméra dans les rues, il doit bien constater que ses concitoyens vivent dans une agressivité permanente, et deviennent au fil du temps, de profonds paranos...

10/09/2013 18:41 par triaire

Il n’y a qu’à voir les réactions Sionistes à la moindre critique de leur sale politique d’apartheid pour comprendre que cette société tourne à l’envers et qu’elle ne durera pas in vitam aeternan dans cet état .

11/09/2013 14:07 par Dominique

« Israël qui a instauré depuis des lustres une politique de ségrégation et de colonisation unique au monde n’est pas un pays comme les autres. Le pays, construit sur un mandat de droit divin et fondé par oukase impérialiste, est une véritable aberration historique. »

Et revoilà le mythe de l’exceptionalité juive. Il faudra que l’on m’explique en qui la colonisation juive de la Palestine serait différente de la colonisation chrétienne du reste du monde. Dans les deux cas, il s’est toujours agit de réduire l’autre à un moins que rien en le dénigrant et tous les moyens ont toujours été bon, de l’obligation de lui apporté la civilisation aux dissertations sur l’âme des noirs, la constante du suprématisme colonial a toujours été de renier l’appellation de peuple aux peuples colonisés. Ils ont toujours été réduits à des tribus, des ethnies ou des populations.

Rien de nouveau donc avec le mythe fondateur d’Israël : une terre sans peuple pour un peuple sans terre. Il ne s’agit là que de la plus pure expression du racisme colonial tel qu’il a toujours été.

Quand aux moyens, ce n’est pas Hitler qui a inventé les camps de concentration, mais les chrétiens dans leurs colonies. Certaines sources disent que ce sont les anglais, d’autres les espagnols... mais dans tous les cas c’étaient des colonisateurs. Donc là aussi rien de nouveau avec Gaza.

La seule nouveauté avec Israël est que ce pays ne tue pas le peuple palestinien en le faisant travailler jusqu’à ce que mort s’en suive comme c’était le cas habituellement dans les colonies, mais en l’entassant dans une réserve apprelée Gaza, réserve à laquelle il nie le droit à la nourriture, à l’eau, aux médicaments, et dans laquelle il se réserve d’intervenir pour massacre des civils et détruire infrastructures et habitations.

Nouveau, pas si sur. Le sort réservé aux palestiniens de Gaza n’est pas s’en rappeler celui réservé aux indiens dans les réserves indiennes aux USA, lesquelles n’étaient que des camps de concentration où la majorité des survivants qui avaient échappé au massacre de 90% des peuples d’Amérique du nord crevaient littéralement de faim et de maladie. A noter que les massacres des indiens d’Amérique du nord furent aussi perpétrés au nom de dieu.

Pas étonnant dés lors que le principal soutient à la politique criminelle d’Israël soient aujourd’hui les chrétiens évangélistes, c’est-à-dire les descendants spirituels de ceux qui ont été à l’avant-garde de toutes les colonisations et du massacre des indiens d’Amérique du nord. Et dans nos pays, ces gens-là sont bien plus nombreux que les juifs, ces derniers n’étant pas tous sionistes.

En faut, le sionisme juif n’est rien d’autre que l’idéologie de la caste dominante chez les juifs, mais est très loin de faire l’unanimité dans les couches populaires. Chez nous, c’est vrai aussi pour les pays anglo-saxons, dans les autres, c’est plus mitigés. A relever la fascination d’une certaine gauche pour les kibboutz qui, si elle est prompte à dénigrer Staline et les mouvements de libération, n’émettra jamais la moindre critique envers les kibboutz anarcho-communistes qui, dés 1909, servirent d’avant-garde à la colonisation juive de la Palestine, et qui toujours aujourd’hui fournissent une partie importante des gradés de Tsahal, l’armée la plus lâche du monde qui ne trouve rien d’autre à faire que de s’en prendre à des civils. Ce qui permet de répondre à la signification du S dans PS, et de façon plus générale à la négation du sens de l’internationalisme d’une partie de la gauche occidentale, laquelle brandit des dogmes gravés dans la pierre dés qu’elle entend parler de peuple ou de lutte de libération, pour ensuite passez aux insultes comme tout argument.

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