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France Inter mégaphone du capitalisme financier

Ce 17 septembre 2015, j’ai écouté France Inter et j’ai été frappé par la présence, à
quelques minutes d’intervalle, de deux invités :

1. De 8 h 20 à 8 h 50 (avec une interruption de 7 ou 8 minutes pour la revue de presse), l’invité était Jean Tirole, "prix Nobel d’économie" en 2014.

2. De 10 h 04 à 10 h 50, dans l’émission "Un jour en France", le sujet était "Rigueur sur la ville" et traitait de la baisse des dotations de l’Etat aux collectivités locales. Il y avait deux maires, l’un UDI, l’autre communiste, et Agnès Verdier-Molinié, présidente de l’iFRAP (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques).

Quel est le problème ? Il est que ces deux invités tiennent le même discours et que France Inter fait comme s’il s’agissait d’experts quelconques (je veux dire situés de façon aléatoire sur l’éventail des opinions) invités à donner leur avis sur un sujet. Alors que ce n’est précisément pas le cas.

 Jean Tirole, professeur d’économie à Toulouse, titulaire de multiples distinctions, membre d’institutions prestigieuses, est pour la simplification des licenciements, la fin du CDI. Il estime que le chef d’entreprise s’y connaît mieux que le juge en matière d’emplois, et que la France a le plus fort taux de prélèvements (fiscaux et parafiscaux) de toute l’Europe. Il a, récemment, bloqué la création, dans l’université, d’une section économique professant des idées opposées aux siennes. Autant dire qu’il est encensé par la presse prêchant la pensée unique économique (c’est-à-dire pratiquement toute la presse).

 Agnès Verdier-Molinié est la vice-présidente d’une officine, l’iFRAP, obsédée par la dépense publique (elle parle des impôts comme s’il s’agissait d’une indemnité de guerre versée à un pays ennemi, dont les habitants s’appelleraient fonctionnaires). Elle plaide pour la suppression de l’impôt sur le revenu, sur les sociétés, sur les successions (évidemment aussi, pour la suppression de l’ISF), pour le licenciement de la majorité des fonctionnaires, pour l’augmentation du temps de travail, pour la suppression du SMIC, de toutes les allocations à caractère social, pour la "réforme" (entendre la démolition) du Code du travail, pour la privatisation, etc.

 Autrement dit, selon elle, pour guérir le corps social français (intoxiqué à l’étatisme, au socialisme, à la règlementation, à l’égalitarisme, au fiscalisme) il faut lui administrer l’ultralibéralisme en potion, en injection, en purge et en lavement...

 Il y a un deuxième point commun : c’est que ces deux invités usurpent des titres. Le journaliste a présenté Jean Tirole comme le titulaire du "prix Nobel d’économie"... lequel prix Nobel n’existe justement pas ! Il n’y a, en effet, qu’un « prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel », dont le nom a été très rapidement - et très frauduleusement - simplifié en "prix Nobel d’économie", ce qui permet à ses titulaires de se parer du prestige de la distinction réservée aux disciplines "dures" que sont la physique, la chimie et la médecine.

 Et d’intimider l’opinion avec des équations et des courbes, qui, aux esprits contemporains (formatés à la révérence des sciences), sont ce qu’étaient, aux esprits de jadis, les formules latines ou les citations de l’Ecriture et des docteurs de l’Eglise...

 Agnès Verdier-Molinié est invitée, par tous les médias, à se prononcer comme un oracle sur l’économie alors que ses seules compétences universitaires en la matière se résument... à une maîtrise d’histoire ! [Tout comme François Lenglet, "spécialiste" d’économie au journal de France 2, est titulaire... d’une maîtrise de lettres modernes et d’une maîtrise de philosophie]. Mais aucun des journalistes des chaînes de radio ou de télévision ne pointe les biais idéologiques de l’intéressée, non plus, d’ailleurs, que ses bourdes, ses confusions ou ses manipulations de chiffres. Et ne relève qu’elle-même, qui tempête contre les subventions publiques aux associations, ne voit néanmoins pas d’inconvénient... à être financée par des dons défiscalisés !

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"Au Salvador, les escadrons de la mort ne tuent pas simplement les gens. On les décapite, on place leurs têtes sur des piques et on garnit ainsi le paysage. La police salvadorienne ne tuait pas seulement les hommes, elle coupait leurs parties génitales et les fourrait dans leurs bouches. Non seulement la Garde nationale violait les femmes salvadoriennes, mais elle arrachait leur utérus et leur en recouvrait le visage. Il ne suffisait pas d’assassiner leurs enfants, on les accrochait à des barbelés jusqu’à ce que la chair se sépare des os, et les parents étaient forcés de garder."

Daniel Santiago,prêtre salvadorien
cité dans "What Uncle Sam Really Wants", Noam Chomsky, 1993

Commandos supervisés par Steve Casteel, ancien fonctionnaire de la DEA qui fut ensuite envoyé en Irak pour recommencer le travail.

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