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Durban ou la revanche des indigènes.

photo : Pierre Capoue

Alors que la plupart des commentateurs se focalisent sur les rodomontades du président iranien, un aspect fondamental de la conférence d’examen de Durban est volontairement passé sous silence. Durban c’est : l’affirmation croissante des peuples des anciennes colonies et la perte d’influence de l’hyperpuissance américaine.

Une Universalité de compromis

A la fondation de l’ONU le 26 juin 1945 il n’y avait que 51 pays représentés. Les vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale et l’Europe dans son ensemble bénéficiaient encore d’une grande aura dans le monde. Le Vietnam s’appelait l’Indochine. L’Algérie était française. La République démocratique du Congo n’avait pas encore connu Mobutu et s’appelait toujours le Congo-Belge. L’Angola et le Mozambique étaient sous domination portugaise. Le Kenya tout comme le Nigeria, entre autres, étaient des joyaux de la Couronne britannique... (sur les empires coloniaux, voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Empires_coloniaux)

Les pays signataires de la Charte des Nations Unies en 1945
Europe et pays industrialisé assimilé à l’occident
1.Australie (a),
2.Biélorussie,
3.Belgique,
4.Canada,
5.Danemark,
6.États-Unis d’Amérique,
7.France,
8.Grèce,
9.Luxembourg,
10.Norvège,
11.Nouvelle-Zélande,
12.Pays-Bas,
13.Pologne,
14.Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord,
15.Tchécoslovaquie,
16.Turquie (b),
17.Ukraine,
18.Union des Républiques Socialistes Soviétiques,
19.Yougoslavie,
Afrique et Pays arabes
20.Afrique du Sud (c),
21.Arabie saoudite,
22.Égypte,
23.Éthiopie,
24.Iran,
25.Iraq,
26.Liban,
27.Libéria,
28.République arabe syrienne,
Asie et Pacifique
29.Chine,
30.Inde,
31.Philippines, Amérique Latine et Caraïbe
32.Argentine,
33.Bolivie,
34.Brésil,
35.Chili,
36.Colombie,
37.Costa Rica,
38.Cuba,
39.El Salvador,
40.Équateur,
41.Guatemala,
42.Haïti,
43.Honduras,
44.Mexique,
45.Nicaragua,
46.Panama,
47.Paraguay,
48.Pérou,
49.République dominicaine,
50.Uruguay,
51.Venezuela,
Toute classification est partiale, le groupe des pays européens et occidentaux est aussi appelé parfois groupe des pays du Nord.
(a) L’Australie a longtemps été considérée comme un pays du Nord à cause de son niveau économique et de son attachement à la Grande-Bretagne.
(b) La Turquie oscille entre l’Europe et l’Asie Mineure, mais son adhésion à l’OTAN la place résolument dans les pays occidentaux.
(c) L’Afrique du Sud peut être assimilée à un pays occidental à cause de ses liens privilégiés avec la Grande-Bretagne et les États-Unis pendant toute sa longue période d’apartheid. Chronologie de toutes les adhésions à l’ONU : http://www.un.org/french/aboutun/annees.shtml

Aujourd’hui, l’ONU compte 192 pays. La renommée et la puissance des pays du Nord industrialisé se sont émoussées permettant à de nouveaux acteurs, anciennement colonisés, de prendre de plus en plus la juste place qu’ils méritent sur la scène internationale. Mais, il est loin d’être facile pour d’anciens puissants États européens, comme la France ou l’Angleterre, d’oublier qu’ils ont imposé pendant près de deux siècles leur arrogante domination économique, militaire et culturelle sur leur monde...

Christian de Brie, citant Aimé Césaire, à propos de la première conférence de Durban : « "Ce que le très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle (...) ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, ce n’est pas l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique." Tant il est vrai que, tandis qu’officiaient, à Nuremberg, les juges américain, soviétique, britannique et français, la ségrégation raciale restait légalisée aux États-Unis, le goulag tournait à plein régime en URSS, Grande-Bretagne et France traitaient à la bombe et au napalm la volonté d’émancipation des peuples colonisés qu’ils venaient de mettre durement à contribution pour leur propre libération. » Christian de Brie L’avenir du passé - octobre 2001 monde diplomatique http://www.monde-diplomatique.fr/2001/10/DE_BRIE/15673

Il n’y a pas de relativisme à reconnaître que l’universalité de l’ONU est toujours le résultat d’un compromis . En 1945 les Droits de l’Homme deviennent une notion universelle, car les États qui en étaient les promoteurs ont su imposer leur vision des choses à l’ensemble des États signataires de la Charte des Nations-Unies. Comme le disait N. Sarkozy à DAKAR : « Le défi de l’Afrique, c’est d’entrer davantage dans l’histoire. ». Depuis la conférence sur le racisme et les discriminations de Durban en août 2001, les pays du Sud sont venus rappeler qu’eux aussi avaient des particularités culturelles attachées à leur histoire économique et politique.

« Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. » Sarkozy - Dakar, Sénégal, le 26 juillet 2007 : http://www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais/interventions/2007/juillet/allocution_a_l_universite_de_dakar.79184.html

En effet, loin d’être l’expression de lois divines, l’accession et la reconnaissance des droits sociaux et humains sont le résultat de processus historique et de l’évolution des rapports de force dans une population donnée. S’il est de notre devoir d’aider les peuples dans leurs processus de libération, jamais une prétendue élite ne pourra imposer à un peuple des principes pour lesquels il ne combat pas. Ainsi, la Déclaration des droits de l’homme de 1789 en France est intrinsèquement liée à la mobilisation populaire qui a renversé la monarchie française. Il faudra pourtant encore attendre plus de cent ans pour que les mouvements libéraux et socialistes imposent à la bourgeoisie réactionnaire la séparation de l’Église et de l’État en 1905. En ce qui concerne l’homosexualité, elle ne sera retirée de la liste des maladies mentales qu’au début des années quatre-vingt en même temps que la France abolissait la peine de mort. Par comparaison, en Belgique il faudra attendre 1996 pour la peine de mort soit définitivement retirée du code de procédure pénale (voir : http://www.abolition.fr/ecpm/french/pays.php?&topic=54). Et, Pour voir la fin de l’oeuvre civilisatrice des puissances coloniales dans le tiers monde, il faudra attendre les luttes d’indépendances qui mèneront à la décolonisation.

Le colonialisme c’est dans le tête, et le Nord est très atteint.

La colonisation est terminée, mais nous autres, européens, ne pouvons nous empêcher d’intervenir dans les pays du Sud. On nous vend constamment la soupe humanitaire en prenant soin d’occulter les enjeux économiques. Mais lorsqu’on prend le temps de regarder plus attentivement quels sont les projets de coopération qui sont réellement financés par les États du Nord, on retrouve une carte des sphères d’influence qui coïncide avec les captations des marchés et des ressources naturelles. Les pays du sud qui n’ont pas de ressources naturelles ou qui sont trop pauvres pour acheter quoi que ce soit n’intéressent tous simplement pas les bons samaritains financiers de la coopération au développement.

D’autre part, les guerres contemporaines qui ravagent le tiers monde sont toutes liées à des intérêts occidentaux. Qui d’autres y vend des armes que les puissances occidentales ? Qui intervient directement dans les conflits quand ces intérêts sont menacés ?

Dans tout les pays où sont déployées des armées occidentales les luttes et les revendications populaires sont réduites à néant. Il n’est en effet pas possible de faire avancer les causes des minorités ethniques, religieuses ou sexuelles dans un pays contrôlé par une armée étrangère. Même si celle-ci, sous l’égide de l’ONU, prétend être là pour protéger les populations, elle est avant tout ressentie comme une puissance occupante .

Toutefois, il faut reconnaître aussi qu’une des limites importantes que rencontrent les pays du Sud en matière de droits de l’Homme provient certes, de l’extrême pauvreté dans laquelle survit leur population, mais aussi, de l’absence d’une structure publique cohérente et autonome. Cette situation d’ « infantilisation » de leurs appareils d’état les rends complètement dépendant des décisions prises ailleurs, par des décideurs occidentaux.

Les États-Unis et leurs alliés ont refusé de s’asseoir aux côtés des pays du Sud mais d’autres non.

Allemagne - Australie - Canada - États-Unis d’Amérique - Israël - Italie - Nouvelle-Zélande - Pays-Bas - Pologne - République tchèque (au dernier moment).

Si l’Allemagne est un cas particulier à cause de son histoire et de son rapport au nazisme, tous les autres pays sont des champions des droits de l’homme caractérisé par leur attitude pro américaine.
Celle-ci s’illustre d’abord par un soutien à la guerre de G.W. Bush contre le peuple irakien. La Pologne, la République tchèque, l’Italie, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande ont envoyé en Irak des troupes pour soutenir l’effort de guerre US. De plus, les Tchèques et les Polonais sont prêts à accueillir sur leur territoire des radars et des missiles-antimissiles pour le projet de bouclier américain.

Cependant, certains en Europe et dans le monde ont su comprendre l’importance de « Durban ».

En janvier 2009, lors de la préparation de la conférence de révision de « Durban I » en commission sénatoriale des relations extérieur (Belgique), Radouane Bouhlal, le président du MRAX (Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie) indiquait que la déclaration de « Durban I » permettait déjà un renforcement des cadres légaux en Belgique pour mieux protéger les victimes de discriminations. De plus, cette déclaration permet aussi d’envisager des actions positives concernant le marché du travail ou la formation de la police. Toujours pour R. Bouhlal : avec la démission des USA, l’Europe pourrait prendre une position prépondérante dans les débats à Genève, à condition bien sûr d’être présente. Enfin concluant son intervention sur le risque de trouble similaire à ceux de liés à « Durban I », R. Bouhlal attire l’attention sur la question des méthodes de travail mal définies et sur les relations entre la conférence officielle et le forum des ONG. Mais, R. Bouhlal insiste aussi sur les importantes différences culturelles liées à la grande diversité des intervenants et à leurs traditions respectives.

A Durban comme à Genève aujourd’hui, ce qui est semble difficile à avaler pour les États-Unis et leurs alliés, c’est que se sont les pays du Sud dans leur ensemble qui ont porté les travaux de la conférence contre le racisme dans le monde. Le constat qui s’impose, c’est que le racisme s’exprime moins dans les excès de certains leaders du tiers monde que dans l’attitude de ces pays riches qui ont refusé de s’asseoir aux côtés des pauvres de la planète pour discuter d’égal à égal.

La conférence dite de « Durban II » qui se termine ce vendredi 24 avril 2009 est donc un succès incontestable dans l’avancée de la lutte contre toutes les formes de racisme. Elle illustre la tolérance et l’écoute dont tous ses acteurs ont su faire preuves malgré leur extrême diversité. Seuls les pays qui ont décidé de boycotter la conférence sont les perdants de ce grand dialogue des nations. La qualité du document final de la conférence dont la signature a été obtenue malgré un climat détestable et une désinformation constante est une grande victoire des pays du Sud, pour tous les peuples du Sud.

Pierre Capoue et A. de V.

Retrouvé aussi Vlad & Ernest dur KoKomaG :
La Bite à Durban : http://kokomag.wordpress.com/2009/04/23/la-bite-a-durban/

***********************
Document final de la Conférence d’examen de Durban
http://www.un.org/french/durbanreview2009/pdf/final_outcome_doc.pdf

Durban II, délire et désinformation
http://blog.mondediplo.net/2009-04-22-Durban-II-delire-et-desinformation

La Charte des nations unies, 26 juin 1945
http://www.aidh.org/Biblio/Onu/Txt_fondat.htm

Obama justifie le boycott de "Durban II" mais affirme sa confiance en l’ONU
http://www.ladepeche.fr/article/2009/04/20/594658-Obama-justifie-le-boycott-de-Durban-II-mais-affirme-sa-confiance-en-l-ONU.html

« Le boycott de Durban II profite aux mouvements racistes »
http://www.swissinfo.org/fre/politique_suisse/politique_interieure/se_boycott_de_Durban_II_profite_aux_mouvements_racistes.html?siteSect=1511&sid=10595368&cKey=1240318922000&ty=st

Conférence d’examen de Durban : l’incontournable contribution des migrants
http://www.unmultimedia.org/radio/french/detail/92974.html

Conférence d’examen de Durban : appel au consensus de Navi Pillay
http://www.unmultimedia.org/radio/french/detail/92937.html

Genève 20-24 avril 2009 : Durban II - Relancer la mobilisation contre le racisme
http://www.solidarites.ch/geneve/index.php/immigration-racisme/immigration—racisme/157-geneve-20-24-avril-2009-durban-ii-relancer-la-mobilisation-contre-le-racisme

Conférence d’examen de Durban sur le racisme : adoption par consensus de la Déclaration finale
http://www.admin.ch/aktuell/00089/?lang=fr&msg-id=26505

Conférence de l’ONU : déclaration finale adoptée
http://info.rsr.ch/fr/news/Conference_de_l_ONU_declaration_finale_adoptee.html?siteSect=2010&sid=10596271&cKey=1240344701000

Radouane Bouhlal : "Durban II est nécessaire !"
http://www.mrax.be/article.php3?id_article=770

COMMENTAIRES  

29/04/2009 12:26 par emcee

Oui, je suis d’accord : presque tous les pays occidentaux ont brillé par leur bassesse. Allant jusqu’à orchestrer des pitreries indignes de chefs d’Etat censés représenter les peuples du monde entier.

Oui aussi, les pays africains et d’autres continents ont montré une maturité et un sang-froid remarquables face aux rodomontades et à la désinformation que leur ont imposées les chefs d’Etat et médias occidentaux.

Cependant, je suis pessimiste quant aux résolutions de l’ONU qui sont allègrement bafouées depuis des décennies par ceux-là même qui les ont signées. Ou qui refusent de les signer systématiquement parce que cela va à l’encontre de leurs noirs desseins.

D’autre part, si une conférence sur le racisme part d’un bon sentiment, c’est, pour moi, plutôt une approche réductrice et une sorte de voeu pieux. Comme si le racisme était seul à la base de tous les maux et que ceux-là seraient, de fait, éradiqués si le racisme l’était.

Alors qu’en réalité, ce n’est qu’un des moyens utilisés pour mener à bien la politique de confiscation programmée par une poignée de dirigeants et de groupes militaro-financiers tout-puissants et insatiables.

Il me semble donc qu’il est plus que nécessaire (et urgent) de lancer une réflexion globale sur tout ce qui mène actuellement à la destruction de l’humanité toute entière (famine, dépossession des terres et des ressources nationales, guerres, invasions, réchauffement climatique, etc.) pour le profit d’une caste de moins en moins nombreuse et de plus en plus armée.

Alors, oui, le racisme est un fléau, mais tant qu’il n’y a pas de détermination de changer radicalement de politique au niveau mondial, le racisme existera toujours, parce que c’est de cela que se nourrissent les élites pour maintenir leur suprématie sur la planète entière.

Et donc, si la conférence n’était certes pas inutile (le sabotage organisé montre bien qu’elle en a dérangé quelques-uns), elle n’est que la face visible de l’iceberg.

29/04/2009 18:35 par Antar

On tourne en rond et on revient à Marx...

Suis d’accord avec emcee. L’erreur de Durban I et II et de tous ces fora internationaux où il est question de racisme est de le traiter comme un épiphénomène appréhendé indépendamment du contexte qui l’englobe et qui le structure. On ne peut comprendre le racisme (et par ricochet le combattre efficacement) en l’isolant de sa dimension systémique et en faisant abstraction de sa fonction à la fois justificatrice et structurante des rapports de domination (économique, culturelle, technologique …) qui existent aussi bien entre les nations qu’en leur sein.

Ainsi, il n’est aucunement étonnant que le discours sous-jacent à cette vision simpliste ne dérange point les dominants. Un discours angélique et agaçant à la longue (comme celui de SOS-Racisme) articulé autour de notions creuses comme intégration, altérité, respect mutuel… Et il n’est pas étonnant non plus que les résolutions qui émanent d’une telle conférence demeurent, comme l’affirme emcee, un voeu pieux.

Le discours d’Ahmadinejad à Genève, quoique réducteur dans la mesure où il ne retient que le clivage principal entre les puissances dominantes et le tiers-monde, a eu le mérite de replacer le débat dans son juste contexte. Et c’est justement pour cette raison qu’il a tant offusqué les représentants de l’Occident conquérant et non pas à cause de ses présumées allégations antisémites et négationnistes qui n’existent d’ailleurs pas dans son allocution.

Le racisme n’est qu’un aspect de la domination que les puissants exercent sur les peuples désarmés. Les dominants d’un échelon plus bas, peu importent la couleur de leur peau et leur appartenance ethnique, quoiqu’ils en sont les victimes objectives s’en accommodent très bien dès qu’il s’agit de préserver leurs intérêts de classes. Sinon comment expliquer l’alliance de la nouvelle bourgeoisie noire sud-africaine avec le capital international et avec des blancs nationaux naguère farouches partisans de l’apartheid. Comment expliquer également le comportement de la bourgeoisie palestinienne corrompue qui s’accommode assez bien du discours raciste du sionisme. C’est la preuve que le racisme comme phénomène ne peut faire abstraction de la lutte des classes à l’échelle planétaire et dans les sociétés dans lesquelles il évolue… D’où le sens de la première phase de mon commentaire.

29/04/2009 20:07 par Pierre Capoue

Emcee camarade,

Je suis tout à fait d’accord avec toi. Les résolution de l’ONU n’engage que ceux qui le veulent et elles ne sont en rien contraignante.

Mais, comme le dit Radouane, les textes et les travaux de Durban sont des outils dont les victimes du racisme peuvent se servir pour les aider à faire reconnaître leur situation, que se soit sur un plan nationale ou internationale. C’est vrai que les travaux de la conférence de Durban tout comme le texte de la déclaration universelle des droits de l’homme ne sont pas des boucliers impénétrables que l’on peut lever face aux injures, aux coups, aux machettes ou aux balles d’un oppresseur.

D’autre part, ce qui devrait apparaître en filigrane dans cette article, c’est que le plus important dans les conférences de Durban I et II, c’est l’affirmation, qui est nouvelle, des peuples du Sud sur la scène mondiale.

Quand à savoir ce qui mène le monde à sa perte, je pense que K Marx à très bien cerner le problème. C’est du coté de l’organisation du système capitaliste qu’il faut en chercher la cause. Car le capitalisme ou le libéralisme économique sont des système ayant pour vocation, presque ontologique, l’exploitation. Exploitation du travail de l’homme, exploitation des ressources naturelles, pour le capitalisme il n’y a pas de différence, il s’agit toujours d’extraire de la richesse.

Autre chose, lorsque les travailleurs ont conscience qu’ils font tous parti d’une même classe sociale il n’y plus lieux d’avoir du racisme entre eux. La racisme alors peut aussi être compris comme un outils servant à maintenir les peuples diviser entre eux et comme un moyen de lutter comme les solidarité spontanées qui pourrait y avoir entre les prolétaires de tous les pays..
Je sais c’est très utopique... mais nous somme à la veille du premier mai après tout. :-)

P.C.

29/04/2009 20:58 par emcee

Bonsoir, Antar et Pierre,

Nous sommes bien d’accord, donc. Je n’ajouterai pas grand chose (tout a été dit, et fort bien), si ce n’est qu’en effet, c’est peut-être le début d’une prise de conscience ou d’une révolte de la part des pays africains contre le joug que leur ont imposé et leur imposent toujours les occidentaux - tout en les faisant passer aux yeux du monde pour de grands naïfs incapables de se prendre en main (cf. le discours de Dakar qu’a osé prononcer celui qui prétend nous représenter).

Il y a déjà un gros frémissement en Amérique Latine. Les changements, s’il y en a, ne surviendront sans doute pas de l’Occident (encore trop repu), mais de là -bas et du continent africain.

30/04/2009 00:56 par Théroigne

rodomontades ?

30/04/2009 20:35 par emcee

eh oui, cher (e) ami (e) étranger (e),

Le français est riche de mots qui permettent d’affiner la pensée et je comprends que vous n’en possédiez pas encore toutes les subtilités.

Mais ne vous découragez pas : continuez à lire le Grand Soir et vous vous améliorerez indéniablement très vite.

salud y fraternidad

01/05/2009 00:25 par legrandsoir

Il me semble que c’est plus le choix du mot "rodomontades" que sa définition qui était questionné... D’ailleurs, moi-même...

01/05/2009 01:03 par emcee

Cher Grand Soir,

(Rhâ ! faut tout faire ici !)

rodomontade : de ’rodomont"

rodomont (Littré)

Terme familier. Fanfaron qui vante sa bravoure, pour se faire valoir et se faire craindre.

C’est un rodomont. "Le cavalier qui faisait tant le rodomont se nommait don Luc de Ribera". [Lesage, Guzman d’Alfarache] "En partant pour la guerre, Un rodomont fait peur". [Pannard, Oeuv. t. III, p. 341]

Celui qui parle, agit avec hauteur comme s’il était au-dessus des autres.

"J’ose dire qu’il n’y a guère de gens à qui il convienne moins qu’à Tertullien de faire le rodomont". Analyse de Bayle, t. I, p. 249]

C’est exactement ce que je voulais dire.

Maintenant si les chefs d’état occidentaux (ou leur délégués aux ordres) ne correspondent pas à cette définition, on en discute.

Il est possible aussi que ma phrase ne soit pas claire.

01/05/2009 11:55 par legrandsoir

...sauf que le terme est appliqué au président Iranien (expression commode pour ne pas écorcher son nom)...

01/05/2009 20:41 par emcee

Je constate à l’instant que j’ai utilisé sans le vouloir le même terme que l’auteur du billet. Alors, c’est peut-être de là que vient la confusion ... J’ai cru qu’on parlait de ce que j’avais écrit.

Au temps pour moi ... Désolée pour ce remue-ménage pour rien.

Et, en effet, les "rodomontades" d’Ahmadinejad, cela ne correspond pas au texte de son discours (que j’ai lu en français et en anglais), ni même à son attitude pendant qu’il le lisait (alors que tout s’agitait autour de lui, avec les pitres de l’association des étudiants juifs ... et les délégués qui se sont levés à cause d’une phrase ... qu’il n’a pas prononcée).

Alors, il s’agit, dans ce cas, une fois de plus, de le diaboliser systématiquement, sans prendre en compte les éléments objectifs qu’on a à disposition, comme on le fait pour les Castro ou Chavez.

Dans un billet que j’ai lu sur le GS, il y avait un reportage où on montrait Chavez et Obama au sommet des Amériques.

La voix off disait : "Hugo Chavez s’est encore fait remarquer en offrant un livre à Barack Obama" ( ???)

J’attends le jour où les médias français diront : "Nicolas Sarkozy s’est encore fait remarquer en demandant à garder le stylo qu’on lui avait prêté". Ce qui, en plus, serait plus approprié. Il y a évidemment pléthore d’autres exemples.

Pour info : il y a dans Politis de cette semaine (p.30) un article très intéressant de Michèle Sibony sur la conférence de Genève. Je ne sais s’il est en ligne, Politis ne publiant pas en général ses articles sur le web.

02/05/2009 21:34 par A de V

sur les rodomontades de mammoud

Pierre et moi on a justement écrit ce billet pour recentrer le débat sur ce qui nous paraissait essentiel et denoncer l’attitude de certains pays "occidentaux" mais il y a tout de même une critique nécessaire à faire du president iranien.

Si le discours prononcé n’est certes pas un discours antisémite comme cela a été un peu trop vite et souvent présenté (ou alors je ne sais plus ce qu’est un discours antisémite, chose que j’étudie pourtant depuis des années) je pense qu’il dessert tout de même la cause défendue.
On peut certes mentionner le racisme présent dans le conflit israelo/palestinien (appelé naguère israelo/arabe c’est tout dire) mais en faire un abces de fixation et de crispation des positions exprimées, cela nuit au travail de la conférence...d’où le terme de rodomontades.

bien à vous

A de V

04/05/2009 10:21 par emcee

@ A de V

Vous dites :
"On peut certes mentionner le racisme présent dans le conflit israelo/palestinien mais en faire un abces de fixation et de crispation des positions exprimées, cela nuit au travail de la conférence", en attribuant cela, curieusement, au président iranien.

1) Son intervention a été surmédiatisée volontairement pour servir à la désinformation et montrer les occidentaux dans le rôle de la vertu outragée. Le reste des débats, eux, ont été complètement occultés par les médias. Cela ne servait sans doute pas la propagande officielle.

Or, l’intervention d’Amadinejad n’a pas duré plus de 3/4 d’h - sur combien de temps de conférence ? Sans compter que son discours lui-même a été interrompu grossièrement par deux fois.

Alors, "recentrer le débat", il l’a forcément été à la conférence après son intervention. Voir le rapport qui a été publié.

2) Il me semble qu’avoir posé comme impératif de ne pas du tout mentionner Israël et la Palestine, d’avoir boycotté la conférence ou de l’avoir quittée avec un coup d’éclat particulièrement ridicule (je rappelle que le chef de file de la bronca est le représentant de la France dont je fais partie et que j’aimerais autant qu’il ne parle pas en mon nom et en celui de bien d’autres) c’est cela qui devrait nous scandaliser.

3) A partir du moment où les pays occidentaux, chantres de la démocratie des droits de l’homme quand cela sert leurs intérêts, cautionnent les exactions d’un état raciste, quel exemple sont-ils pour les autres états pour lesquels ils n’ont que mépris, dénonçant les crimes commis dans les uns et pas dans les autres ?

Et de quel droit ? De celui qui a la plus grosse artillerie ?

4) Alors, qui dessert la "cause défendue" ?
Et quelle est cette cause défendue ? Le racisme ? l’intolérance ?

Je rappelle que les pays occidentaux ne sont pas en reste là -dessus (il n’y a qu’à voir de quelle couleur sont les détenus, par ex, en partic. aux US) et qu’ils feraient bien de s’asseoir à la même table que ceux qui ont montré de la bonne volonté sur le sujet, et servir véritablement d’exemples, puisqu’ils prétendent à ce titre.

Comptent-ils mener une réflexion sur le sujet ?
Ce n’est certainement pas dans leur agenda, puisque, au contraire, ils défendent bec et ongles un pays d’apartheid qui s’acharne sur un peuple sans défense, traqué et emprisonné.

Alors, certes, le racisme existe partout ailleurs, mais ce n’est pas Aminejad qui détourne l’attention sur le sujet.

Au contraire : il a tenu à défendre un peuple entier opprimé sur lequel on voulait faire l’impasse au niveau mondial.

Bonne journée

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