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De l’aliénation jusqu’à la fin de vie

L’aliénation, selon la traduction de l’allemand Entfremdung, est la situation de l’individu qui, par suite des conditions extérieures (économiques, politiques, religieuses, sociétales, « environnementales » …), cesse de s’appartenir, est traité comme une chose, jusqu’à devenir esclave des choses et des « conquêtes » de l’humanité qui se retournent contre lui.

Voici ce qu’écrivit Diogène de Sinope (1), qui fut un temps esclave, il y a plus de deux millénaires :

« -Tu oublies, ce me semble, Diogène, que si les autres font quelque chose pour moi, ce sont, ou des esclaves que je nourris pour cela, ou des hommes libres, qui reçoivent de moi le salaire de leurs travaux.

-  Il s’en faut encore beaucoup, mon cher Philomedon, que cela te mette hors d’embarras... Qui t’a donné le droit de considérer comme ton bien, des hommes, que la nature a faits tes égaux ?... Les lois, diras-tu... Ce n’est certainement pas la loi naturelle ; mais des lois, qui ne doivent leur force obligatoire qu’à ce même contrat sur lequel repose tout l’édifice de la société. Car, sans cela, qui pourrait astreindre tes esclaves à une obéissance, qu’ils méconnaîtront bientôt, s’ils n’étaient retenus par une puissance aussi redoutable ? ... et parmi tant d’hommes nés libres, qui travaillent pour toi afin d’obtenir un salaire, penses-tu qu’il y ait un seul qui ne s’en dispensât pas volontiers, si l’impérieuse loi de la nécessité ou le désir de s’enrichir, ne le rendait pas ton esclave volontaire ? »

En 1839, Félicité de Lamennais publia L’esclave moderne :

« Qu’était l’esclave à l’égard du maître ? Un intérêt de travail, une partie, et la plus précieuse, de sa propriété. Le droit reçu attachait radicalement à l’esclave ce caractère de chose possédée, et la contrainte physique le forçait à l’obéissance. Des chaînes et des verges étaient la sanction de ce droit monstrueux de l’homme sur l’homme.

Qu’est aujourd’hui le prolétaire à l’égard du capitaliste ? Un instrument de travail. Affranchi par le droit actuel, légalement libre de sa personne, il n’est point, il est vrai, la propriété vendable, achetable de celui qui l’emploie. Mais cette liberté n’est que fictive. Le corps n’est point esclave, mais la volonté l’est. Les chaînes et les verges de l’esclave moderne, c’est la faim. [...]

La nécessité de vivre rend donc le prolétaire dépendant du capitaliste, le lui soumet irrésistiblement, car dans la bourse de celui-ci est la vie de celui-là. [...] Le prolétaire dépend, en second lieu, du capitaliste, quant à la quotité du salaire. Ce n’est pas qu’il ne puisse le débattre ; mais le capitaliste pouvant toujours attendre, tandis que le travailleur ne le peut pas, et dès lors, maître des conditions du contrat réciproque, fixe seul, en réalité, sauf la concurrence entre les capitalistes eux-mêmes, le salaire ou le prix du travail. »

Cinq ans plus tard, Marx, dans Les Manuscrits de 1844, s’intéressa à l’aliénation du travail :

« Le travail produit des merveilles pour les riches, mais il produit le dénuement pour l’ouvrier. Il produit des palais, mais des tanières pour l’ouvrier. Il produit la beauté, mais l’étiolement pour l’ouvrier. Il remplace le travail par des machines, mais il rejette une partie des ouvriers dans un travail barbare et fait de l’autre partie des machines. [...]
Son travail n’est donc pas volontaire, mais contraint, c’est du travail forcé. Il n’est donc pas la satisfaction d’un besoin, mais seulement un moyen de satisfaire des besoins en dehors du travail. Le caractère étranger du travail apparaît nettement dans le fait que, dès qu’il n’existe pas de contrainte physique ou autre, le travail est fui comme la peste. [...] Le caractère extérieur à l’ouvrier du travail apparaît dans le fait qu’il n’est pas son bien propre, mais celui d’un autre, qu’il ne lui appartient pas ; que dans le travail l’ouvrier ne s’appartient pas lui-même, mais appartient à un autre. »

Et alors en 2017 ? Ben tout va pour le mieux, avec l’apport manifeste de la « révolution numérique », les dividendes sont plantureux...

Quand un doigt effleure l’écran tactile, à l’autre bout de la chaîne, un salarié, un « là-pour-ça », se plie déjà aux désirs du client... Le meilleur coursier, c’est l’auto-entrepeneur : payé à la tâche, c’est l’idéal !

Il paraît que tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit.

La formule, bien que belle, ne saurait faire oublier une réalité moins avantageuse.
Déjà le lieu de naissance, le milieu social des parents conditionnent l’avenir.
Pour la plupart, à partir de la naissance, de la délivrance, l’aliénation commence.
L’être humain croit s’appartenir : il n’en est rien !

Cette dépendance ne concerne pas que le travail durant lequel le prolétaire est aliéné par le capital.

Qu’il ne compte pas sur la compassion de ses semblables. Comme il y avait dans l’antiquité des esclaves d’esclaves, le prolétaire est soumis au bon vouloir du client, qui peut être lui-même assujetti.

À qui appartient-on si on ne s’appartient pas ?

Il fut un temps où le premier de la descendance était pour l’armée, le deuxième pour l’Église. Pendant le travail, vous appartenez donc au capital. Pendant vos loisirs, vos achats, aussi car il connaît déjà tout de vous. Il sait anticiper vos désirs : normal, c’est une question de réflexes pavloviens. Vous souhaitez une information accessible : pas de problème, il y pourvoit. Un bon tiers d’insignifiance, un tiers de simplification, un tiers de manipulation, un tiers d’innovation « technologique ».

C’est chouette l’innovation « technologique » : elle a toujours une partie émergée bien flatteuse, et une partie cachée prometteuse.

Certes, avec tout cela, vous aurez grand peine à exercer votre libre arbitre : à quoi bon s’intéresser à un mot désuet, à une veille lubie ? De toute façon, on parle de libertés. Au pluriel pour mieux signifier toutes les restrictions !

Maintenant, à part au capital, on appartient aussi à l’État.

Avant ses deux ans, le futur citoyen aura droit à onze vaccins obligatoires. En dehors de cela, le nouvel être devra être immunisé contre toutes les pollutions... car l’État s’intéresse plus au droit des affaires qu’au droit à la santé !

Vous vous croyez électeurs, citoyens avec un rôle décisionnel : on ne fait que solliciter votre consentement. Si votre avis est demandé, rassurez-vous, en cas de désaccord, il sera jeté aux oubliettes. On vous demande de choisir des élus, mais jamais de définir ce que vous entendez par République.

Au tréfonds de chacun, il y a plus qu’un patrimoine génétique : c’est votre essence. Mais celui-ci ne vous appartient déjà plus. En effet, les prélèvements ADN viennent alimenter des bases de données toujours plus volumineuses. Pour un oui, et surtout pour un non, hop ! prélèvement. Vous refusez d’accorder votre « consentement obligatoire » : hop ! poursuites judiciaires.

Le Meilleur des Mondes est en bonne voie : d’ici peu, chaque nouveau-né aura droit à son petit prélèvement. Une petite goutte de bébé, mais un grand pas pour l’Humanité.

Durant toute votre vie vous ne serez qu’un sujet, au mieux, une chose, au pire.

Le monde capitaliste exalte l’individualisme, pourtant la dignité humaine est la grande absente.

Vivre pleinement, librement, c’est satisfaire ses besoins essentiels. C’est apprécier, partager les choses qui n’ont pas de prix. C’est connaître la sérénité.

Celui qui se sait condamné par une maladie invalidante, incurable, mortelle à brève échéance, qui voit sa clepsydre se vider, sa flamme vaciller, connaîtra-t-il une relative quiétude, une totale liberté quant à sa destinée, quant à sa fin de vie ?

Non ! Il aura droit seulement à un mort indigne sous sédatif !

Vos données, votre correspondance, votre vie, votre fin de vie ne vous appartiennent plus.

Vous appartenez à l’État, il vous interdit l’euthanasie. Vous ne serez pas libre, ni du lieu, ni de la date. Si vous voulez connaître cette liberté, il vous faudra connaître l’exil : facile « à un moment où vous êtes émotionnellement fragiles. [... En plus,] l’équipe d’En Marche a répondu que les questions éthiques et sociétales n’étaient pas une priorité » (2).

Ave Jupiter, morituri te salutant [ceux qui vont mourir te saluent].

Le droit à l’euthanasie n’est pas un hymne à la mort, mais bien au contraire une ode à la vie : « le devoir de penser sa propre mort » pour mieux penser « le goût de vivre » (2)...

« Il est incertain où la mort nous attende : attendons-la partout. La préméditation [ = méditation anticipée] de la mort est la préméditation de la liberté : qui a appris à mourir, il a désappris à servir ; le savoir mourir nous affranchit de toute sujétion et contrainte. » (3)

De la conservation de traditions arriérées en glissement progressif, de renoncements en révolutions « passives », la Démocrature, le « délicieux despotisme » s’installent dangereusement, pendant que les étals regorgent de tant de choses dispensables...

Si c’est ici le monde libre, que sont donc les autres ?

Le maquillage est le linceul du talent, comme la communication celui de la Liberté.

Vous commencerez à vous appartenir dès l’instant où vous direz, à toutes ces prétendues révolutions, « non ! »

« Personne »
plus du côté « des fainéants, des cyniques, des extrêmes », que « des rentiers, des outrecuidants, des exploiteurs » (4).

26 fructidor an 225

(1) Socrate en délire, ou dialogue de Diogène de Sinope, chap. 27

(2) Propos d’Anne BERT, auteur de Le tout dernier été (à paraître en octobre)

(3) Essais de Montaigne, livre I, chap. XX

(4) Sens premier de cynique : qui appartient à l’école philosophique d’Antisthène et de Diogène (mépris des richesses, des conventions sociales, de l’opinion publique, des apparences, des réputations, de la réussite sociale, des conformismes, exaltation de la volonté, recherche du bonheur simple,...).

Au sujet de l’oisiveté et de l’extrémisme (« doctrine poussée à ses conséquences extrêmes »), les rentiers et les capitalistes sont des maîtres...

COMMENTAIRES  

13/09/2017 21:39 par irae

Effectivement le cynisme n’avait aucune connotation négative dans la Grèce antique. Il s’agissait d’un courant de pensée dont les tenants versaient plutôt dans valorisation du dépouillement et le rejet des biens terrestres (Diogène et son tonneau). Cyniques car ils visaient à vivre dans le même état de dénuement qu’un chien. Bref aux anti podes (à contre pieds) des libéraux et à des années lumière des enthoven ferry bhl aussi philosophes qu’une herse (que les herses me pardonnent).

13/09/2017 22:31 par pierreauguste

C’est bon de lire" personne".Il est doux,juste et subtil.Il nous parle de la vie....Et on peut aussi se faire exploser chez les "outrecuidants",les fabricants du monde libre....................
"Vous avez cru jusqu’à ce jour qu’il y a des tyrans ? Et bien ,vous vous êtes trompés,il n’y a que des esclaves:Là ou nul n’obéit,personne ne commande". Anselme Bellegarigue.
Sommes nous aujourd’hui 14 septembre 2014 des chrétiens...le 26 fructidor an 225 ?

14/09/2017 07:45 par alain harrison

Ce texte m’ amène au phénomène de l’exploitation de l’homme par l’homme dans le contexte de l’adaptation pour la survie.

La droite fasciste n’arrive pas à s’adapter au changement inéluctable qui naît à travers l’Amérique latine.
Il y a deux façons de s’adapter : par la coopération ou la compétition. Il s’agit bien sûr, pour ceux-là, soit de réaliser et de se solidariser au changement, ou bien, pour ceux-là de tenter de détruire les éléments du changement, et cela, selon la conjoncture historique (le niveau de la prise de conscience) se retourne contre ceux-là.

Le Peuple Vénézuélien s’adapte.

La Vérité sur les événements au Vénézuéla commence à se mettre en place.
Venezuela : Le peuple demande que ceux qui ont encouragé l’ingérence dans le pays soient jugés
Publié le 12 Septembre 2017 par Bolivar Infos
Résumé du document remis au Ministère Public pour demander une enquête sur ceux qui ont encouragé des actions d’ingérence dans le pays :
 
« « « Le peuple demande justice contre les traîtres envers la Patrie, le peuple vénézuélien, dans l’exercice de sa souveraineté nationale, un droit consacré dans l’article 5 de la Constitution de la République Bolivarienne du Venezuela, vient devant le Ministère Public, l’organe auquel revient l’action pénale, établi dans l’article 285 de notre Constitution pour demander qu’on engage une enquête pénale et qu’elle ait lieu pour violation présumée des règles que notre ordre juridique fixe expressément dans notre Grande Charte dans le code pénal vénézuélien et dans d’autres lois pénales en vigueur dans la République. » » »
Bolivar Infos

La Constituante Citoyenne est mise en marche, et seul une intervention militaire criminelle (Trump-Obama compagnie inc. ) pourra la retarder.
Je crois qu’à la Fête de l’humanité, il y aura une déclaration officielle à faire ?!
Quant à nous, les prochaines années démontreront à quel point il faudra s’adapter ou mourir ?
Voyons un cas dans la nature.
En Afrique, les éléphants deviennent noctambules pour échapper aux braconniers
« « Cette étude montre la capacité de l’éléphant, le plus grand mammifère terrestre, à adapter son comportement pour sa sécurité », souligne le fondateur de Save The Elephants Ian Douglas-Hamilton, co-auteur de l’étude. Mais selon lui, ces changements sont susceptibles « d’avoir des conséquences sur sa stratégie pour se nourrir, se reproduire et survivre qu’on ne connaît pas pour le moment », ajoute-t-il.
« Pour les éléphanteaux, le risque d’être attrapés par des lions ou des hyènes la nuit pourrait être plus grand », indique Festus Ihwagi, membre de Save The Elephants et doctorant à l’Université de Twente. « Et pour les éléphants adultes, cela implique une altération de leur vie sociale » et cela peut avoir un impact sur leur activité sexuelle, ajoute-t-il. ……Environ 30 000 éléphants sont tués chaque année……. » »
http://www.msn.com/fr-ca/actualites/monde/en-afrique-les-%c3%a9l%c3%a9phants-deviennent-noctambules-pour-%c3%a9chapper-aux-braconniers/ar-AArTe6k?li=AAgh0dy&ocid=mailsignout
De même les Grecques devront s’adapter ou mourir au sein de l’UE social.zzzzzzzzz

14/09/2017 19:24 par pat

Attention, vous faites comme Raimu : 4 tiers ça fait trop.
Les humains sont dans cet état parce que l’individualisme, si cher aux anglo-saxons rois des capitalistes est passé dans les têtes.
Le vivre ensemble avec respect mutuel réel,est une faiblesse, respecter la nature n’est pas important. L’accumulation pour soi est la nature de l’espèce humaine et une reconnaissance sociale de réussite, partout, même si vous gagnez au loto.
Vous en avez trop, il faut toujours en faire plus pour avoir moins quand on est en bas de l’échelle mais au milieu aussi, c’est la crise. La dette nous regarde et nous punit dès que l’on veut être plus libres et intelligents. Les traités sont au dessus de la démocratie. Devenez milliardaires.
Ces sornettes, répétées en rafales quotidiennes, abrutissent les égoïstes craintifs, qui ne sont pas heureux pour autant.
Nous en sommes les seuls responsables. Résistance.

14/09/2017 23:08 par Georges SPORRI

" Vivre ensemble + vrai respect mutuel "... ça me fait penser à " toussent ensembles ! toussent ensembles ! niais ! niais ! "... pas forcément d’actualité... Attention avec le concept d’aliénation qui ne trouverait son sens que si on pouvait citer en exemple un milieu social ou des individus pas " aliénés "... Dans mon système de valeur "idiosyncrasique" Vivre Ensembles = Cauchemar ! Ma théorie ? Les codes sociaux ne sont que des codes de co-existence, pas de co-habitation ni même de convivialité... Et c’est tant mieux ! J’aime les portes closes et les volets opaques, n’y être pour rien ni personne, me soustraire à la sinistre obligation de m’adapter et de me dérober poliment aux désirs des autres // sans illusions (la voie de la désaliénation est aussi celle du désenchantement).

15/09/2017 08:08 par Ch DELARUE

Devoir se mettre chaque jour, tous les jours, sous hypertextile de 7 à 77 ans et plus, c’est une aliénation ! Une aliénation entretenue de l’extérieur par une religion hyperpatriarcale !

15/09/2017 09:45 par Assimbonanga

Georges Sporri dit " J’aime les portes closes et les volets opaques, n’y être pour rien ni personne, me soustraire à la sinistre obligation de m’adapter et de me dérober poliment aux désirs des autres "
Merci. Ça va mieux en le disant. Donc, partons de là.
Georges, cela ne semble pas vous empêcher de venir titiller les autres ? Et cette rigidité est peut-être la cause de votre fuite en arrière au sujet des mutations écologiques ?
Psychanalytiquement vôtre,
Assim

15/09/2017 17:31 par UVB76

La servitude volontaire - Ricardo Flores Magon - 1911

" Juan lança un regard méprisant à l’orateur, cracha par terre avec colère et rentra dans son taudis où l’atten-
daient, affligés, affamés et frigorifiés, ceux qu’il aimait. L’idée que le travail et l’épargne faisaient la richesse
de l’homme vertueux ne pouvait s’éteindre en lui. Même devant le malheur immérité des siens, l’âme de ce
misérable élevé pour être esclave ne pouvait se révolter. "

Source : https://fr.theanarchistlibrary.org/library/ricardo-flores-magon-la-servitude-volontaire.pdf

15/09/2017 20:46 par Georges SPORRI

@assim... / Je crois que je me suis mal fait comprendre / Je pense que la société doit nous donner le droit à une "vie privée" sans intrusion illégitime... Alors le slogan-concept "vivre ensemble" devient suspect, non ? Et puis il y a le vieux problème : société holiste ou individualiste ? A mon avis = choix entre 2 formes d’aliénation aussi critiquable l’une que l’autre... Je te laisse continuer à faire le jeu des politiciens répugnants qui utilisent la religion new-age millénariste et réac pour se loger gratis dans les palais de la république et soutenir pravij sektor en Ukraine !!!

16/09/2017 08:45 par François

Il serait tellement utile d’expliquer le processus d’aliénation aux enfants. Mais seul un adulte éclairé peut le faire, et la grande majorité de la société somnole devant le film pré-mâché de leur vie.
En prendre conscience est un sacré pas en avant. Ca permet aux enfants de réfléchir dès le plus jeune âge à comment vivre de la façon la moins alienante possible. Ça leur permet de se rendre compte que c’est le pouvoir central d’une vie. Si on s’en rend compte à 40 ans, c’est souvent mission impossible de faire machine arrière, sauf si nous sommes du côté des esclavagistes.
Mais ceci n’est qu’un exemple de conditionnement anthropique. Nous reproduisons un nombre incalculable de vieille tradition et de modèles sociaux sans même chercher à savoir s’il nous correspondent ou non en tant qu’individu.
Se libérer, c’est s’affranchir de tout ce conditionnement.

16/09/2017 13:36 par Assimbonanga

@Georges, excuse-moi, mais je trouve que ce que tu dis là est un raccourci : "Je te laisse continuer à faire le jeu des politiciens répugnants qui.." . Les grandes imprécations ont put-être le mérite de se soulager, mais ça ne fait guère avancer le schmilblick. Ne vaudrait-il pas mieux t’en tenir à des exemples concrets et précis ? (Et je tache de ne pas me sentir insultée par ton accusation vacharde et tellement floue que je ne comprends même pas à quoi tu fais allusion : quel jeu ? Quels politiciens ? Bof. )
Toute façon, y a un stade, où, quelque part, au niveau du vécu, personne n’est (vraiment) libre. Nous sommes façonnés par nos origines et malgré de grands efforts un prolo aura bien du mal à obtenir la morgue et l’élégante désinvolture d’un grand bourgeois...

16/09/2017 18:45 par alain harrison

Bonjour.

L’aliénation sera toujours une composante de nos vies, même nous-même y participons par inadvertance, nous voyons les idées, les symboles, les beaux discours, etc., parfois nous y sommes attentifs, mais souvent dans nos idées arrêtés. C’est tout un art que pratique le psychologue devant son patient, conscient de lui-même tout à la foi à son patient.
L’important c’est d’y être dans les moments qui comptent.
Et en ce moment, un Peuple qui est où il est rendu, doit prendre les décisions les moins aliénantes qui soient. Vous aurez compris que je parle du Peuple Vénézuélien. Il doit être à l’affut dans la Constituante pour les changements qui doivent être au rendez-vous et ne pas démanteler ce qui lui est avantageux et libérant.
L’économie, le type d’économie, le système économique actuel qui gère les rapports humains, ici le Vénézuéla est au premier plan, est l’élément sur lequel une très grande attention doit être porté, par le fait qu’il module nos rapports, en partie, de bien des choix dans nos existences. Aussi, le peuple Vénézuélien devra porter cette question à la lumière de la vision d’ensemble qu’ils seront en mesure de se donner.
L’économie, est le fantasme par excellence, l’instrument prépondérant de l’aliénation actuelle, et cela partout (le su et le non su, Korzybski), et le Vénézuéla n’y échappera pas tant et aussi longtemps qu’il ne démystifiera pas le mode économique, qu’il n’en verra pas la nature purement arbitraire d’un montage d’intérêt ( formule des intérêts composés orienté selon des intérêts, la question d’objectivité versus subjectivité).
En définitive la théorie économique n’est qu’un système complexe de formules de calcule, mais dans un encadrement juridique et légal (état de droit) qui eux-mêmes sont des montages arbitraires. L’histoire, avec un nouveau regard détaché des croyances....... À ne pas confondre avec les lois protégeant nos vies, aussi imparfaite qu’elles soient, elles sont à traiter en partie à travers le nouveau pacte social en marge de la Constituante. Pourquoi en marge ?
Parce que c’est l’aspect qui touche directement nos vies au quotidien, nos rapports sociaux-psycho-émotionnels, le plus difficile à aborder. En marge, pour en voir une sorte de globalité. Un premier pas.

Par contre l’économie, il y a des expertises valables pour s’appuyer.

Au demeurant, la Constituante est le catalyseur du changement, mettre en place les conditions pour le changement.
Et le pacte social est incontournable. Une entente de départ sur les grands enjeux, les grandes questions........ qui seront mieux saisi dans la mesure que plus de personnes en verront les tenants et aboutissants.
Il y a là toute une prise de conscience à faire. Mais à porter maintenant. D’où l’empressement du libéralisme sauvage.
Krishanmurti, pour vous est-ce une idée ou un fait ?
Une réflexion.

16/09/2017 20:04 par Geb.

@ Ch. Delarue.
Devoir se mettre chaque jour, tous les jours, sous hypertextile de 7 à 77 ans et plus, c’est une aliénation ! Une aliénation entretenue de l’extérieur par une religion hyperpatriarcale !

Désolé mon cher mais si je "me met tous les jours sous hypertextile" comme vous dites, c’est bien plus par crainte du froid ou de me coincer les c..es dans ma chaise longue qu’à cause d’une quelconque religion.

Ayant pratiqué le poilisme comme la plupart de mes congénères soixant’huitards, j’ai certes pris grand plaisir à me baigner à poil en Méditerranée au large ou à me faire bronzer intégral. Mais en dehors de ça, ni pour le semi-marathon que je pratiquais alors couramment, (Ou les testicules ou les seins qui ballottent sont un calvaire), ni pour mes obligations professionnelles ou souvent le port du casque, des gants, et des chaussures de sécurité étaient souvent de mise, sans compter de la plongée autonome au dessous de 20 m ou la température de l’eau dépasse rarement 10° toute l’année, ou la navigation à la voile ou le risque de se les coincer dans un winch vous lève radicalement l’envie de les laisser à l’air, je n’estime pas comme une contrainte de porter un textile quelconque quand ça n’est pas carrément une armure dans ces cas là.

En fait j’ai compris le ridicule de l’intégrisme naturiste, (De celui là comme des autres - J’avais alors 20 ans), le jour ou au Camp de Naturistes de Montalivet dans les Landes, (Remarquez comme ça sonne bien la Liberté ces mots, "le camp"), j’ai pu voir un pote à moi débarquer à 6 heures du mat’ la bite à l’air* et partant pour une partie de pêche couvert d’un pull marin, d’une veste de quart avec harnais, et affublé de bottes Aigle.

Le tout avec une température de 8 degrés centigrades et 95% d’humidité. Il ne lui manquait que le gilet de sauvetage.

Ce jour là j’ai compris qu’il valait mieux vivre sa vie comme on l’aimait, même HABILLE, que bosser comme un esclave pour un exploiteur à POIL, ou de s’imposer des contraintes inconfortables ou se mettre en danger simplement pour se prouver à soi-même qu’on était "libre" alors que le Monde entier autour de nous s’en tamponne allègrement le coquillard...

Mais bon, je dis ça parce que je dois être vieux et qu’il ne me manque que quelques années pour atteindre les 77 ans cités par vous ! ((- :

* J’y ai pensé plus tard mais il aurait pu au moins mettre un préservatif un peu épais... ((- :

17/09/2017 10:04 par Assimbonanga

Geb président ! J’adore. Écrivez vos mémoires (ou collectionnez vos commentaires en un recueil). Le seul truc qui fait ch..., c’est que les jeunes soient devenus vieux. ;-))

17/09/2017 20:02 par François

Georges spori, il existe quantité de personnes non aliénés. Ceux qui arrivent a vivre de leur passion, un pilote moto professionnel par exemple ne se sent pas esclave du travail.

19/09/2017 09:58 par gaillard

Votre article oublie un décret récent de quelques mois, donnant tous pouvoir aux médecins hospitaliers, d’interrompre votre vie, sans vous demander votre avis, ni à votre éventuel référent, ni à votre famille..... La seule obligation étant celui d’informer de la décision. Donc du début de la vie à la fin, vous n’êtes plus maître de vous, nous sommes bien dans l’esclavage total.

19/09/2017 14:22 par UVB76

Exemple Concret de " fin d’Aliénation au travail " = SCOP-TI en Autogestion ...
Lien : http://www.1336.fr/

19/09/2017 21:16 par alain harrison

Bonjour UVB6.
1336
« « Deux ans plus tard, en ce 1er août 2016, la Coopérative vient d’intégrer dans son effectif un nouveau salarié coopérateur portant le nombre à quarante-deux. L’objectif est atteint et la promesse réalisée ! » »

Oui, belle réalisation d’un combat citoyenne travailleur qu’il faut reconduire, expliquer et promouvoir.
Seront-ils de la Fête de l’humanité avec un KIOSKE ?
IL faut passer du débat des idées au débat des solutions, de l’action multidimensionnelle, occuper, résister, produire.
Le documentaire la PRISE.
Pour Jean Jaurès....... le Devoir de Philos.

20/09/2017 20:12 par UVB76

@ alain harrison

1936 : la Révolution espagnole sous le signe du communisme libertaire - Jérémie Berthuin

« J’ai vu partout des hommes au travail dans les champs, des femmes et des enfants dans les villages,
des ouvriers et des ouvrières allant au labeur joyeux, fiers de travailler enfin pour eux-mêmes. La
joie était peinte sur leurs visages sérieux et graves sans doute, mais sans traces d’inquiétudes. Ils
savaient que quelque chose était changé et qu’ils allaient vers un avenir meilleur. [...] Une grande
expérience est en train d’éclore. »

Lien : https://fr.theanarchistlibrary.org/library/jeremie-berthuin-1936-la-revolution-espagnole-sous-le-signe-du-communisme-libertaire.pdf

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