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Les trois configurations démocratiques : libérale, sociale, socialiste.

Les trois configurations démocratiques : libérale, sociale, socialiste ou les cercles de l’émancipation par la démocratisation C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article690
jeudi 14 mai 2009

Au delà des douze thèses d’ATTAC sur la démocratie.

Contribution au débat CNCL des 16 et 17 mai 2009 à partir du texte de base présenté pour la réflexion d’ATTAC.

Une série de débats a permis d’améliorer ce texte qui est passé de 11 à 12 thèses. Pour autant, l’accord conclu ne signifie pas que tous les signataires soient d’accord sur sa portée. Son niveau d’abstration permet des interprétations. Au vu de quelques interventions il est possible d’aller plus loin. La fin du texte montre qu’il s’agit d’un texte de base qui permet des perspectives complémentaires.

Pour ma part je complèterais volontiers les 12 thèses d’ATTAC par mes 11 thèses sur la souveraineté du peuple-classe en terme de perspective de la démocratisation la plus généralisée.

Démocratie et transformation sociale : Douze thèses pour la réflexion d’Attac
Sur le site ATTAC France rubrique démocratie

11 THESES SUR LA SOUVERAINETE DU PEUPLE-CLASSE

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article647

La vocation des peuples-classe du monde à la souveraineté. C Delarue

* * Pour que la démocratisation soit très poussée au point d’être bénéficiaire au(x) peuple(s)-classe il faut plusieurs conditions dont la volonté elle même du dit peuple-classe face aux bourgeoisies. Cela implique que des luttes accompagnent la démocratisation.

Retour au texte d’ATTAC avec trois questions : D’abord démocratisation de quoi ? ensuite démocratisation dans quel cercle (quid du champ du Politique), enfin la démocratisation englobante et généralisée ne nous fait-elle pas passer dans un autre paradigme démocratique ?

I - Le fait démocratique : la démocratie principielle et la démocratisation.

Avec Régis Roquetanière il faut voir la démocratie à la racine de sa signification à savoir comme la possibilité de remettre la décision au peuple, même et y compris s’il se trompe. C’est pour cela que le débat démocratique est nécessaire ainsi d’ailleurs que les organisations qui explicitent les enjeux mais qui sont aussi des appareils d’influence tout comme comme les médias. La démocratie suppose un pluralisme de l’information et une disponibilité des citoyens à l’égard de la chose citoyenne. Mais au départ comme le souligne Régis ce n’est pas une affaire de raison, encore moins de savoir. C’est rendre possible l’expression des différents points de vue et confier la décision au peuple après que chacun ait pu exposer ses arguments.

La démocratie n’est pas un résultat mais un processus à construire au présent dit Patrick Braibant . La démocratie c’est aussi alors la démocratisation dans la société du fait démocratique. On passe de la démocratie principe de base à sa généralisation, à la démocratisation. Autant garder alors ce terme. Avec elle, il s’agit bien d’élargir toujours plus "la possibilité de remettre la décision au peuple". On sait que nombre d’intellectuels, comme D Wolton par exemple, ne considèrent pas qu’il soit bon d’élargir qualitativement et quantitativement ce processus à l’infini. C’est un autre problème qui détermine des idéologies démocratiques et des types de représentation des configurations démocratiques. Du coup, tous n’approuveront pas la fin de la thèse III qui parle d’ " ouvrir à tous les membres de la société la possibilité concrète de discuter et de décider les règles de l’organisation sociale, imposer la confrontation permanente entre ce qui est et ce qui pourrait ou devrait être". Et je ne pense même pas ici aux défenseurs du contrat et du marché tel Hayek.

Le geste démocratique qu’il porte sur le choix d’un individu ou sur une réforme est toujours lié à un contenu concret plus ou moins complexe. Mais le contenu d’un vote ou de quelques votes n’indique pas un type de démocratie, par contre il peut déterminer des enjeux de pouvoir (plus favorable au peuple-classe ou aux dominants) ou des enjeux de civilisation dans la société (prise en compte des sans-papiers ou des générations futures). Il peut y avoir par exemple absence de préoccupation écologique ou absence de projet de socialisation.

II - Les champ du Politique : de la démocratie rabougrie à l’alterdémocratie englobante.

Ces propos sont inspirés de l’échange entre Pierre Ruscassie et Patrick Braibant sur la conception du politique. Les 12 thèses signalent le sens donné par Yves Salesse (qui rapproche socialisation et politique) mais il faut admette que la lecture courante, via "le sens commun", se réfère à un sens étroit qui n’est pas celui des 12 thèses. Du coup, comme à chaque fois qu’un mot signifie plusieurs choses il est bon de spécifier sans reprendre le débat sur les droits.

La caractérisation d’une démocratie spécifique dépend des éléments de forme (l’intervention de base et la démocratisation), des éléments de contenus (ce qui peut être décidé ) mais surtout de champs offerts à l’intervention citoyenne. Il y a plusieurs champs comme il y a plusieurs sens du mot politique.Le champ peut être très restreint, élargie et englobant tous les secteurs d’intervention possible allant du politique stricto sensu à la totalité de l’économique et du social en passant par l’écologie.

Les trois configurations démocratiques :

Voici les trois cercles de la démocratie de la plus restreinte à la plus englobante.

* 1 - Pour les libéraux, le champ du politique se résume à la sphère étatique ou du para-étatique (Union européenne). Le citoyen de la démocratie libérale vote pour nommer des représentants aux différentes instances de gouvernement d’un Etat ou d’une fédération d’Etat.

* 2 - Pour le modèle social-démocrate qui valorise la République sociale, le champ du politique s’élargira à des structures de la société civile comme la Sécurité sociale à ses débuts . La République sociale intègre la démocratie libérale mais elle en élargie le champ de la démocratisation, de l’intervention citoyenne. Elle opère un élargissement par l’appropriation sociale.

* 3 - La République socialiste monte d’un cran quantitatif et qualitatif dans l’élargissement de l’intervention citoyenne puisque les travailleurs peuvent voter et décider au sein des entreprises et les citoyens peuvent intervenir non seulement pour nommer des individus-représentants mais pour faire des choix de production dans le cadre de la planification socialiste en vu d’un alterdéveloppement.

On le voit, la conception du champ offert à l’intervention citoyenne préfigure le type de démocratie poursuivie. Tous les chats ne sont pas gris sous couvert d’abstraction terminologique, de démocratie ou de politique.

III - Les paliers de la démocratisation sont ceux de l’émancipation.

La thèse VI pose la thèse de la "démocratisation révolutionnaire" . Elle ressemble plus à la description de ce que je nomme alterdémocratie qu’à une démocratisation anodine de la configuration libérale voire sociale .

 Cette thèse VI dit : "Démocratiser c’est tout autant imposer l’intrusion de la visée démocratique là où elle est à peu près totalement exclue : la sphère économique et ses institutions. Bien que signataire de ce texte j’estime qu’ici la visée démocratique implique un changement de paradigme . On ne démocratise plus dans le cadre démocratique libéral classique . Si l’intrusion se stabilise on change de cadre démocratique puisqu’on change de champ. Selon le type d’intrusion cela peut déboucher sur la démocratie socialiste.

 La thèse VII dit la visée de démocratisation ne saurait ni attendre la conquête du pouvoir d’Etat ni tout attendre d’elle". Certes, il est acquis aujourd’hui qu’il faille opérer des transformations dans la société civile le plus possible et qu’il faille continuer de le faire après la conquête du pouvoir d’Etat. On retient ici la leçon de Gramsci. Néanmoins sans cette conquête du pouvoir d’Etat aux fins d’appropriation publique un type de redistribution égalitaire fera défaut pour passer à l’éco-socialisme. L’enjeu est de faire reculer le marché avec une logique de sercice public développant de la valeur d’usage contre de la valeur d’échange.

Christian Delarue

Membre du CA d’ATTAC France.

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