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A bas les icônes et vive l’iconoclastie !

illustration : Alfredo Rostgaard

L’aliénation est, de la meilleure définition, l’altération grave du sens dans une conscience perdue à elle-même et à la vérité. Dans nos sociétés du mensonge, elle est érigée en mode d’être par une économie transformée en tour matérialisée du faux et de l’asservissement.

Nous vivons aujourd’hui, le temps des icônes dans le champ dit de la laïcité. Icône politique, icône du spectacle, icône de la fortune… La société, comme un temple païen, exhibe les icônes de ses dieux dans des médias qui ressemblent à une véritable galerie aux idoles. L’on saisit immédiatement que la substance de nos dites laïcités républicaines, ne doit nullement être considérée profane quoique non religieuse stricto sensu, vu la sacralisation dans nos sociétés sécularisées des figures imposées par les structures propagandistes mass-médiatiques plus que jamais en vogue. Dans un monde où la veste pailletée d’un quidam de l’animation, le string exsudant d’une putain de Hollywood, brandis à la télé ou sur internet, sont produits et accueillis comme reliques par l’indolence primaire des masses spectatrices et voyeuses, il est vraiment prétentieux de la part de la majorité de nos contemporains de se croire supérieur à l’homme des cavernes soi-disant superstitieux parce qu’adorateurs des forces de la nature.

Dans le parcours spirituel de l’humanité, le judéo-christianisme a marqué un moment charnière par le désaveu de l’idolâtrie. En effet, en sanctionnant durement les idolâtres pour leur crime abominable contre Dieu, la loi juive imposait le sens spirituel de la vérité divine qui ne souffre pas d’être galvaudé par les tares des représentations humaines matérialisantes, dénaturantes. Les trois premiers commandements du Décalogue, cette triade de lois spirituelles consacrées spécifiquement aux relations entre le croyant et Yahvé sont, on ne peut plus claires à ce sujet. Plus tard, parachevant cette lutte sans merci à l’abomination idolâtre, Jésus-Christ enseigna aux hommes de rejeter toute forme d’idolâtrie et d’iconolâtrie mentale en plus des formes matérielles généralement adorées en paganisme et déjà prohibées parmi les juifs. Lui qui enseigna aux disciples d’adorer Dieu strictement en Esprit et en Vérité, loin des somptuosités ostentatoires des temples et de l’hiératisme qui propulse les prêtres au rang d’idoles pour les fidèles.

L’icône et sa manie dans les civilisations, l’iconomanie, est strictement de la sphère du sacré, peu importe la religiosité ou la laïcité de l’image. Car en fait, il s’agit de notre transposition émerveillée d’un monde idéal dans les contours de la représentation la plus méliorative des mirages, la plus laudative des rêveries, des illusions humaines.
L’icône outrepasse donc de loin le strict champ de la graphie et par ses multiplicités protéiformes, étant tout aussi bien physique incarnée dans des personnages réels, institutionnelle corsée dans des structures de référence, car c’est avant tout une question de perception mentale, de romance collective, d’affect socioculturel et de manifestation du transcendant naturellement inaccessible au commun et donc auquel les masses adhèrent par manière de participation symbolique... Les icônes de la société sont en fait des symboles. Ah ! Les symboles ! J’ai personnellement toujours été fasciné par l’étude de ces indices-repères que sont les signes et les symboles qui renvoient ou sont censés renvoyer à une substance autre qu’eux et auxquels j’ai déjà consacré bien des pages d’études inédites. Je tiens ici, pour faire court, à signaler que signes et symboles se définissent et se distinguent par leur contenance respectivement pleine et vide. Le signe, parce qu’il émane du réel, est une présentation du substratum de l’être qu’il manifeste ; tandis que le symbole est une représentation, un artifice imprimé par des définisseurs à une présence qu’ils prétendent exister. Naturalité du signe versus l’artificialité du symbole… Dialectique du vide sémiotique et du plein symbolique qui en dit long sur la nature manipulée-manipulante du symbole et de ses prétendus renvois ! Graphiques ou vivants, l’icône est un symbole représentatif des voeux de son façonneur. Et parce qu’elle est symbole, l’icône, toute icône est message façonné pour exprimer la vision et asseoir les intérêts de son producteur. Car sauf en matière mystique où l’ubiquité divine transmet vie au symbole, celui-ci n’est jamais que l’essence vide, la présence absente de ce qu’il représente, la vacuité même de l’être symbolisé.

Et, dans le rapport ludique des communications de masse avec les émotions populacières, les médias sont tous iconofères c’est-à -dire porteurs d’icônes sans en avoir l’air.

Qui nous sauvera de la létalité du culte corrompu des icônes de toutes sortes qui défilent au rythme des coryphées ploutocrates qui gouvernent la marche funèbre socio-économiquement orchestrée par quelques voyous qui font travailler tous et profitent de tous ? Qui fera tomber les manipulateurs des émotions de masse, véritables agents pathogènes macroscopiques des médias ?

Nous vivons, hélas, l’heure de la société des icônes où les breloques de la consommation et du loisir bête et facile constituent une véritable chape de plomb sur l’esprit. Dans ce contexte culturel où l’attraction des clichés et des images fige dans leur pesanteur jusqu’à l’essence de l’humanité, le changement ne peut venir que du relèvement de la culture pour résorber cette horizontalité grivoise qui ne connaît que la posture des esclaves idolâtrant les reflets de la société du mensonge. En droguant le peuple par le narcotique des icônes où il croit vivre la vie de ses idoles, le règne du mensonge risque d’avoir très, très longue vie. Car désormais, l’ordre du monde va selon les diktats de la société abominable qui fait du travail, non seulement un moyen d’embringuer les esprits pour les priver de vie propre, de culture et de recul par rapport au fonctionnement social, mais encore, par la dictature du marché de l’emploi, les crapules qui nous dirigent peuvent parler de « bon métier » pour évoquer l’utilitarisme social et la récupération idéologique de toute profession sinon sa marginalisation.

Dans leur manie de produire des icônes, les maîtres de la société ont fait du monde, une véritable ligne d’iconolâtres tels des ombres hagardes enchaînées les unes aux autres par la chaîne de l’idéologie marchande consumériste, faisant génuflexion devant leurs icônes-idoles, prêtant à leur propre détriment, une crédibilité factice aux illusions d’humanité de nos sociétés inhumaines, sans autre valeur que l’argent et ses excès.

L’icône peut être aussi bien un leader-modèle archétype des « valeurs sociales », un poste administratif, une fonction sociale, qu’une institution. L’académie française, la présidence de la publique, Harvard ou la Sorbonne sont des icônes au même titre qu’un chanteur de rock, ou un top modèle adulé… Bref, l’icône est en soi une effigie, un référent d’identité pour les iconolâtres que sont les majorités des membres de la société. L’icône est toujours intervention de l’institution sociale pour asservir, désidentifier et rendre dépendants les individus ; c’est le masque, la substance fausse du non être des valeurs sociales, qu’elle cache en les postulant artificiellement par des surenchères de toutes sortes. L’icône est le voile de l’abîme axiologique d’une société qui par elle, accoutre ses vides et se ment à elle-même comme elle ment à ses membres. L’icône constitue l’instrument moulage des consciences qu’elle prédispose, prépare pour le réflexe attendu de lui.

Les icônes de la société sont la tour incarnée des manques d’être du système social de mensonge et de paraître. Tour, toutefois bien réelle, où résident les hommes-reflets, choses anthropomorphes vivant par délégation d’existence dans une société qui dissimule, derrière ses icônes, ses vides béants, dévorants, son cruel abîme goulu d’inhumanité.

Jusqu’à une époque encore récente, seuls les autocrates de droite ou de gauche exhibaient leur icône personnelle dans un geste de narcissisme dirigeant. Leur manière était claire, la portée de l’image se limitait puérilement à la personne du dictateur et à son régime… Cette icône ne survivait pas généralement au dit chef et à son règne. Mais aujourd’hui, l’icône est devenue une sorte d’instance de motivation à la consommation compulsive. Et elle vient de n’importe quel individu propulsé par les médias. Ainsi, Paris Hilton qui n’a aucun talent même ordinaire comme plusieurs stars nullardes qui polluent la société par les médias, a été métamorphosée en icône pour une génération de voyeurs. Et, le quidam d’à côté ayant participé à de la téléréalité, peut, s’il convient aux critères des prêtres du marché, entrer au panthéon vivant des icônes auxquelles les gens offrent leur culte primitif.

Le monde est un abysse flottant du paraître où l’imbrication ludique des éléments de l’illusionnisme social n’en finit pas de convaincre ses figurants pantois, ses marionnettes, qu’ils sont maître du jeu. Et l’individu, dans l’abyssale illusion qui l’emporte, collabore à ses dépens pour orchestrer la mascarade où le système social n’en finit pas de dénaturer l’homme sur la scène des pantins, la montagne invisible de l’effacement.

Et sur ce constat si triste et si vrai, mon voeu qui est celui de tous les sublimes voyous ayant rejeté l’abominable décence des maîtres et des esclavagistes, voeu à la fois altièrement subversif et fièrement sain :

Que se lèvent les iconoclastes du chambardement et que par eux, vienne le pur, le sain désordre véridique et implosif qu’ils jetteront dans le désordre mou et menteur de l’ordre social malsain, grivoisement mangeur d’homme !

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE


EN COMPLEMENT

Adresse amicale d’un païen à Camille Loty MALEBRANCHE
"La séduction est païenne, l’amour est chrétien"
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article785 de Christian Delarue

COMMENTAIRES  

28/07/2009 15:45 par David

Je dois dire cher Camille que vous avez le don pour pointer du doigt les travers de nos sociétés modernes. Je ne me lasse pas de vous lire et, si je me laissais aller à suivre le conditionnement avalé pendant toute ma jeunesse je vous élèverais au rang d’icône !

28/07/2009 19:08 par Camille Loty MALEBRANCHE

Salut et merci du propos, cher David .

29/07/2009 08:27 par Vladimir

Le tam tam africain semble repondre : l’éducation occidentale est un pêché....

Les affrontements au Nigeria ont fait au moins 150 morts

Les affrontements dans le nord du Nigeria entre forces de l’ordre et islamistes radicaux ont fait au moins 150 morts. Cette situation a poussé le président Yar’Adua a décréter l’"alerte totale" des forces de sécurité.

Le bilan officiel fait état de 55 morts dans les Etats de Bauchi et Yobe. Des journalistes locaux ont indiqué avoir vu la veille une centaine de cadavres entreposés dans un poste de police à Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno.

"D’après ce que nous avons vu, il y aurait plus de 100 corps amenés dans la cour du commissariat", a affirmé l’un d’eux, Ibrahim Bala, travaillant pour une radio locale. Un témoignage corroboré par une autre journaliste ayant requis l’anonymat.

Les violences dans le nord du Nigeria ont éclaté dimanche matin, quand des islamistes radicaux de la secte "Taliban", appelée en langue haoussa "boko haram" ("l’éducation occidentale est un pêché") ont tenté d’attaquer un poste de police dans l’Etat de Bauchi, selon la police.

Elles se sont ensuite propagées dans la région, touchant en tout quatre Etats : Bauchi, Borno, Kano et Yobe. En réponse, le président Umaru Yar’adua, lui-même originaire du nord du pays, a ordonné lundi soir aux services de sécurité de se se mettre en "alerte totale".

Le nord du Nigeria est très majoritairement musulman, et douze Etats de la région ont instauré depuis l’an 2000 la charia, la loi islamique.

ats / 28 juillet 2009 13:34

http://www.romandie.com/infos/ats/display2.asp?page=20090728133419380172019048000_brf027.xml

29/07/2009 13:53 par Fethi GHARBI

Brillant article, cher Camille.

Je suis d’ailleurs en train d’écrire un article sur l’icône la plus idolâtrée de notre époque.

Il y a toutefois un point qui mérite d’être souligné :

Tu dis :

"...Dans le parcours spirituel de l’humanité, le judéo-christianisme a marqué un moment charnière par le désaveu de l’idolâtrie... Plus tard, parachevant cette lutte sans merci à l’abomination idolâtre, Jésus-Christ enseigna aux hommes de rejeter toute forme d’idolâtrie et d’iconolâtrie..."

Je te fais remarquer d’abord que l’église catholique n’a pas vraiment suivi cet enseignement du Christ. Par ailleurs, le parcours spirituel de l’humanité ne se réduit pas au judaïsme et au christianisme, loin de là !

Le plus frappant est que tu oublies de citer la religion la plus iconoclaste et l’exemple qui illustre le mieux ta démarche.

Serait-ce une innocente omission ou la peur d’affronter une islamophobie ambiante, ô combien castratrice !

Amicalement

29/07/2009 19:34 par Fethi

@ Vladimir

"...Le tam tam africain semble repondre : l’éducation occidentale est un pêché...."

T’as quelque chose contre le tam tam africain !

Je te signale que la musique occidentale ne fait que le singer depuis des années en le vidant de toute sa substance !

Par ailleurs que viennent faire ici les évènements qui ont lieu au Nigéria ?

Quel rapport a ton commentaire avec le contenu de l’article ????

Il faut apprendre à mijoter sa sauce avant de débiter du n’importe quoi pour soutenir son point de vue.

29/07/2009 23:14 par Camille Loty MALEBRANCHE

Cher Fethi,

Je dois te dire au sujet de ce que tu nommes l’"oubli" de l’islam dans mon texte lorsque j’évoque le parcours spirituel de l’humanité, que je ce n’est pas du tout un oubli mais un choix méthodologique à deux aspects.

1) Je suis moi-même mystique chrétien anticlérical. Cela signifie que pour moi, le catholicisme n’est pas forcément du christianisme en tant que tel mais une religion impériale d’où le nom de "catholique" qui veut dire "universel" sur la trace de l’empire romain qui se voulait universel. l’église romaine est certainement de la chrétienté mais pas du christianisme authentique. Et, de plus, Jésus est le seul à libérer l’homme du poids de l’institution religieuse par ce propos qu’il a dit à la femme samaritaine dans l’Évangile de Jean : "Ce n’est ni dans le Temple, ni sur la Montagne que les vrais adorateurs adoreront Dieu, mais en Esprit et en Vérité". Jésus a aussi insisté sur le fait que l’homme est un esprit qui vit dans un Temple, le Temple vivant de son corps (le corps humain) où s’il croit et le désire, Dieu est son Hôte. Je crois que les establishments religieux quels qu’ils soient, sont des manipulateurs, des chefferies en mal de pouvoir qui gouvernent hiératiquement les cionsciences de leurs fidèles en leur faisant croire que c’est Dieu qui les dirige.

C’est même la pire des dictatures possibles, la dictature religieuse, car l’homme s’y flagelle et s’y autopunit en tout par peur de l’ubiquité divine à laquelle il croit obéir...

2) Mon texte n’est pas une étude sur les religions mais sur les icônes. Alors, j’ai choisi de prendre le cas chrétien à cause de sa pertinence d’une part mais aussi à cause de mes connaissances à ce sujet qui dépasse de loin tout ce que je peux savoir de l’islam. En méthodologie, il est essentiel que l’on n’écrit que de ce qu’on maîtrise, tout en privilégiant les pertinences.

J’espère que je t’ai répondu et que tout est clair. Sinon, n’hésite pas à me revenir là -dessus.

Amitiés.

30/07/2009 00:26 par Camille Loty MALEBRANCHE

lisez le pluriel du verbe

connaissances à ce sujet qui dépassent

30/07/2009 00:59 par Fethi GHARBI

@ Camille

"...Mon texte n’est pas une étude sur les religions mais sur les icônes..."

C’est justement pour cette raison que je me sis permis de souligner le fait que l’islam est la religion la plus iconoclaste.

amitiés

30/07/2009 08:02 par only truth

merci cher fethi !!!

j’ai aussi eté trés choqué et comme d’habitude par ce talent de depasser une religion qui combat l’idolaterie jusqu’au fond de l’âme humaine, je ne sais pas quoi penser de plus,
je dois dire que la reponse à ta question légétime n’a même pas pu me donner satisfaction, en effet vouloir donner un sens à ce méprit est encore plus stupéfiant...

30/07/2009 09:08 par Camille Loty MALEBRANCHE

A Fethi,
l’icône n’est pas juste l’image comme je l’ai dit dans mon texte. En religion, l’icône existe dès que l’institution officielle occupe une place mentale importante et que Dieu doive passer nécessairement par des prêtres ou une instance administrative pour aboutir aux hommes.

La seule religion sans icône, indépendamment de la confession, est donc intérieure et pratiquée selon la conscience du croyant, donc en Esprit et en Vérité sans aucune sorte de Vatican ni de curie.

Amitiés.

30/07/2009 09:09 par Camille Loty MALEBRANCHE

à only truth,

Où est le mépris ? Évitons de dire n’importe quoi par excès de susceptibilité.

30/07/2009 16:21 par Fethi GHARBI

Cher Camille

Tu dis :

"...l’icône existe dès que l’institution officielle occupe une place mentale importante et que Dieu doive passer nécessairement par des prêtres ou une instance administrative pour aboutir aux hommes..."

Justement, en islam le rapport à Dieu s’établit sans intermédiaires.Il n’existe pas d’église en Islam. Les Chiites qui ne sont qu’une minorité possèdent une sorte de clergé mais qui n’a rien à voir avec l’organisation de l’église catholique par exemple.C’est le poids politique de l’Iran qui a mis en avant cette tendance religieuse.

30/07/2009 17:56 par Camille Loty MALEBRANCHE

Cher Fethi, d’accord. Mais pour rester dans l’esprit du texte, vaut mieux considérer l’au-delà du religieux qui concerne mon article, c’est-à -dire l’aspect social et civilisationnel. Car la religion est juste une illustration de ce que je veux démontrer du social.

L’État, la Nation, l’École, le Mariage s’érigent comme des icônes mentales, des mégaréférences représentationnelles qui transforment quasiment tous en iconolâtres et tuent l’autonomie individuelle par le surcontrôle institutionnel. C’est pourquoi il est si facile de manipuler les individus et de les empêcher de s’assumer comme citoyens effectifs et agents dans la société où ils sont relégués au stade de patients par les tenants de ces institutions-icônes.

30/07/2009 23:35 par eric faget

Bonjour, excusez-moi de m’immiscer dans ce dialogue mais comme d’hab je mets les pieds dans le plat. En premier, Camille la définition de l’aliénation que tu donnes me semble plus être celle de la démence. En second Fethi, en tant qu’"artiste" je te renvoie à l’ensemble des arts de l’islam qui n’ont pas grand chose à envier aux arts occidentaux. Si l’art occidental, Constantinople comprise, a développé et mis en exergue la représentation du divin elle le fait contre la loi mosaïque et donc contre le fondement même du messianisme qui par la suite est devenu christianisme, le christ grec étant l’avatar du messie juif. Il est clair qu’être iconoclaste dans cette société d’iconodoules revient au même que d’être Galilée aux temps de l’inquisition. C’est être dans la vérité tout en sachant chaque jour que la mort sociale vous guette. Etre iconoclaste, c’est en effet rejeter toutes les formes d’images sensitives sociales ou intellectuelles pour mieux vivre la réalité crue et cruelle. L’aliénation des masses entrainera forcement leurs démence que ce soit en terre occidentale ou orientale, mais la production de cette aliénation est aussi source de dividendes alors jusqu’ici tout va bien. La question de la représentation du divin est la cause du premier shiisme crétin, c’est déjà le combat des iconoclastes et des iconodules, les catholiques contre les orthodoxes, l’universel contre la voie droite… Les terminologies sont importantes car on sent déjà se dessiner les deux blocs occidentaux Est/Ouest. La prédominance de Rome sur Byzance, la perte d’influence de cette dernière au profit de la seconde, la chute tardive de Constantinople, le Saint-Empire romain germanique, …que l’histoire est limpide quand on veut bien s’attacher à en tirer les fils les plus gros. De l’ecclésiaste, on passe a l’eklesia et de celle là on entre dans l’église et ses vitraux ses chemins de croix et son public ébahi devant tant de beautés qui laisse crever sur ses marches les pauvres et les miséreux ou en expulse les sans abri…Et tout cela a cause de l’image et la représentation : représentation que l’on a de soi en premier, puis représentation que l’on serait, de ce que l’on voudrait être, cet autre, tenant du pouvoir cling cling ou star à la camomille qui braie au lieu de chanter et qui annone au lieu de causer…. Putride monde de l’image qui façonne non l’être mais son néant comme un glaucome anéantie la vision en relief. Que serait la terre sans l’image aujourd’hui ? Plus de publicité, plus de pornographie, plus de monnaie ( là faut pas rêver), plus d’internet (en tout cas pas sous cette forme), plus de cinéma, plus de Clèreu Sazal, de Nacoli Sirkoza, pas de Rubens de Rembrandt de Canaletto, de Derain de Ernst de Dix de … Certainement davantage d’arbres, moins de guerres, plus de rencontres, moins de célébrités ineptes, de vendeurs de voitures de lécheurs de bottes…Bien que le début de ton texte m’ai un peu retenu, la suite ne fait qu’asseoir un peu plus ce que je découvre et pense depuis des années. L’aliénation des masses se fait par l’image, même les pires ennemis de la société, Mesrine Che Guevara Yehoshua, sont récupérés par une société qui n’est plus que mauvais spectacle… A quand la démence ?

Eric Faget clown à camisole (pleureur)

31/07/2009 04:00 par Camille Loty MALEBRANCHE

Eric,

Ce que tu dis, n’est pas vide de sens. La différence entre la démence et l’aliénation est juste que la démence est déclarée proprement pathologique par l’institution sociale alors que l’aliénation est considérée normale, tissée et maintenue qu’elle est chez le peuple par les dirigeants de l’ordre socioéconomique qui en profitent. Tous ces gens qui acceptent de bosser durement chaque jour pour une oligarchie sans jamais se révolter, afin de pouvoir renouveler des objets de consommation, qui leur confèreront une identité et les feront rivaliser "de prestige" avec leurs voisins - au point de ne plus avoir du temps pour eux-mêmes, tout en s’endettant à vie par le crédit - ne sont-ils pas aussi déments que le psychotique qui s’imaginerait être De Gaule en pleine rue de Paris ?

02/08/2009 10:40 par Ernesto

L’aliénation des masses se fait par l’image, même les pires ennemis de la société, Mesrine Che Guevara Yehoshua, sont récupérés par une société qui n’est plus que mauvais spectacle…

C’est le jeu de "Cherchez l’intrus" ?

02/08/2009 16:48 par eric faget

pardon j’ aurai du ecrire ce qu’’on nous depient comme les pires ennemis de la société et ceux qui l’ont plus rejetée
eric faget clown erroriste

03/08/2009 09:57 par only truth

Vous me demandez cher Camille ou est le mépris ? je vous repond que quand on ose parler du "parcour spirituel de l’humanité" et de plus rajouter "desaveu de l’idolaterie" et ne pas citer la seule religion qui se dit adorer DIEU seul et ne lui associer aucun allié ni parmi les hommes, ni parmi les anges, ni parmi la creation entiére,
et venir expliquer dériére que ceci n’etait pas un "oubli", je ne trouve pas d’autre mot pour resumer ce que vous faites.
Comment peut-on etre objectif on faisant ce que vous faites.
L’islam n’est pas un detail qu’on peu éviter ainsi quand on parle de spiritualité.
De plus je dois vous avouer que votre reponse à fethi ne mérité pas d’etre cité car vous vous défendez en citant deux raisons grotesques, la premiére est que vous etes vous même chretienne, je repond à cela et alors ?!, cela ne vous empéche pas de rester objective.
c’est comme ci je parle des fleuves en ile de france et que je cite la marne et je ne cite pas la seine parce que l’une passe à coté de chez moi et l’autre pas, vous pensez que c’est faisable ?
Et la deuxiéme et que vous etes pas entrain de faire une etude sur les religions !!franchement a-t-on besoin de faire une etude sur les religions pour pouvoir citer des cas concrets sur l’acharnement islamique contre l’utilisation des icones et l’utilisation d’intermédiaire entre DIEU et l’homme. je voudrais aussi rajouter dériére quelque chose...
Un verset du coran :
110. Dis : "Je suis en fait un être humain comme vous. Ils m’a été révélé que votre Dieu est un Dieu unique !
Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur, qu’il fasse de bonnes actions et qu’il n’associe dans son
adoration aucun à son Seigneur" .

03/08/2009 14:49 par Christian Delarue

A propos du « string exsudant d’une putain de Hollywood » de CLM.

Les fétiches ne concernent pas que les figures sacralisées de la religion. D’autres demi-dieux s’imposent aux humains notamment à ceux moins bien « positionnés » dans les divers rapports sociaux qui clivent les sociétés capitalistes. Les fétiches, ce sont aussi les entitées englobantes fétichisées comme la Nation, l’Entreprise, la Famille. Mais l’individu en perte de sens pris dans le tourbillon de la marchandisation du monde peut s’ériger lui même en icône. On connait la critique sévère d’Eric Fromm puis celle de Christopher Lasch sur le narcissisme de notre époque. On ne saurait cependant aller trop loin dans la vindicte. La stigmatisation doit porter sur les processus d’en-haut non sur les individus eux-mêmes tout comme la critique de la religion est libre mais le respect du aux croyants de droit (sauf à incriminer des pratiques bien particulières).

CLM pointe à raison d’autres icônes, survalorisées par définition : l’icône politique, l’icône du spectacle, icône de la fortune… Sa liste n’est pas limitative. Son tord me semble d’y incriminer la laïcité et la sécularisation au lieu de la marchandisation du monde. Contre « la société comme un temple païen » il rêve à bas bruit de rétablir un judéo-christianisme historique "marqué par le désaveu de l’idolâtrie".

Ce faisant, il en vient à incriminer l’objet de rejet de tous les intégristes du monde, à savoir le string. L’un des artifices les plus excitants portés surtout par les femmes mais inventés par les hommes pour les hommes. Mais ce n’est pas sur le mode féministe que la critique est portée. D’autant que les féministes peuvent en porter ainsi d’ailleurs que les altermondialistes masculins. En fait, ici, une fois de plus, le string est rapportée à la putain comme ailleurs le voile islamique à la bonne musulmane et le dévoilement à l’occidentale dépravée. Toujours la même rengaine pudibonde. Au lieu de s’en prendre à la publicité sexiste on attaque les personnes saines qui aiment la séduction sans apprécier les insultes. Faut-il répéter qu’une péripatéticienne, une prostituée, une putain donne son corps pour de l’argent à des hommes. Que la prostitution n’est pas un métier comme les autres. Que le proxénète est un exploiteur odieux et que le client porte une grosse responsabilité dans la reproduction du système. Par ailleurs les grandes religions se sont toutes accommodées peu ou prou de la prostitution. Critiquer le système iconomaniaque doit porter sur ses outrances mais s’accompagner du respect des adeptes des porteurs d’icônes. Comme la critique de la religion doit s’accompagner du respect des croyants à l’exception de certaines pratiques.

Christian Delarue

qui a écrit dans le même temps : "Mécréant contre les fétiches : qui sème le sacré récolte le blasphème".

03/08/2009 15:08 par Camille Loty MALEBRANCHE

Salut et merci cher Christian de votre pertinente problématisation du texte.

1) Je dois vous dire que je ne pointe pas du doigt le string en soi que j’aime bien voir sur ma bien-aimée, mais sa production en relique par le multimédia qui finit par en faire un instrument de réification du corps féminin.

2) Je ne rêve pas non plus d’instaurer un judéochristianisme bien que chrétien sans église ni curie. Je crois néanmoins qu’un Christianisme authentique, désoccidentalisé, décléricalisé peut aider à une revalorisation d’un monde perdu et métaphysiquement aliéné. Je suis totalement d’accord avec vous sur la marchandisation, et quoique je n’aie point utiliser le terme, en évoquant la consommation dans l’article, je crois l’avoir quand même pleinement abordé...

Votre intervention intelligente prouve encore une fois que l’on peut débattre avec civilité et brillamment sur des sujets traités afin d’aller jusqu’au substratum des choses étudiées.

03/08/2009 15:15 par Camille Loty MALEBRANCHE

Cher Only thruth,

Je n’ai pas de mépris pour votre religion. Les seules religions que j’abhorre, sont les cultes animistes et satanistes qui pratiquent de la démonolâtrie et du sortilège. Toutefois, vous devez me reconnaître le droit de choisir les références que je crois les plus appropriées à ce que je veux démontrer quand j’écris sur un sujet. D’autant plus que le texte n’est pas une étude sur la religion mais sur la face sociale de ce que j’appelle l’iconomanie contemporaine.

Bien à vous très cher.
Je voudrais vraiment que ce malentendu soit dissipé une bonne fois pour toutes.

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