Auteur Pierre LEVY

Transferts

Pierre LEVY
Le premier ministre a annoncé une « remise à plat » du système fiscal. Jean-Marc Ayrault a bien pris soin de rappeler que cette perspective s’inscrivait dans l’obligation de réduire les dépenses publiques : pour chacune des quatre prochaines années, de 15 milliards d’euros – « au moins ». Un montant qu’aucun gouvernement n’avait jamais osé programmer. L’impôt est toujours un instrument au service d’objectifs politiques, notamment dans deux domaines : le financement d’investissements et de (…)

Naufrage des pauvres, nomadisme des puissants

Pierre LEVY
« Le traité (de Maëstricht) se traduira par plus de croissance, plus d’emplois, plus de solidarité », assurait Michel Sapin – avec tant d’autres – quelques jours avant le référendum de 1992. Deux décennies plus tard, l’homme, qui siège à nouveau au gouvernement, peut être fier de l’œuvre européenne. La prospérité et le progrès sont là. Ou presque. Ainsi, le 10 octobre, la Croix-Rouge internationale publiait un rapport sur la dégradation de la situation sociale en Europe. 43 millions (…)

La Fessée

Pierre LEVY
Comment expliquer l’effroyable activisme guerrier que déploie le maître de l’Elysée, flanqué du patron du Quai d’Orsay ? Le caniche de Bush. Tel fut le charmant sobriquet dont hérita l’ancien premier ministre britannique Anthony Blair du fait de sa servilité sans faille lors de l’invasion de l’Irak, en 2003. A l’époque, le chancelier Schröder et le président Chirac avaient refusé d’enfiler les treillis. Aujourd’hui, Angela Merkel poursuit une politique de prudence diplomatico-militaire – (…)

Citizen Barack

Pierre LEVY
Une « victoire française ». Ainsi nous a-t-on décrit le dénouement des discussions entre les Vingt-sept conclues au finish le 14 juin. Il s’agissait de fixer le « mandat » confié à la Commission européenne pour mener les négociations entre UE et USA en vue de sceller un « partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement » (TTIP) entre les deux rives de l’Atlantique. Conformément à la volonté affichée par François Hollande, l’« exception culturelle » a été « sauvée ». Les (…)

Syrie : Le mirage pour tous

Pierre LEVY
Ils sont passés en force. Quitte à faire voler en éclat l’« unité européenne », Londres et Paris ont imposé, de fait, la levée de l’embargo sur les livraisons d’armes aux rebelles syriens, puisque l’unanimité était nécessaire pour prolonger l’interdit. Les sanctions économiques contre Damas, elles, restent en place. Certes, les chefs des diplomaties anglaise et française se sont engagés à ne pas expédier d’armes de guerre d’ici le 1er août (en réalité, l’aide discrète est déjà bien réelle (…)

Insoluble dilemme

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Un tournant ? Quelques phrases tirées d’un discours prononcé le 22 avril par le président de la Commission européenne ne sont pas passées inaperçues dans le landerneau bruxellois. José Manuel Barroso a bien sûr rappelé que les politiques d’austérité conduites jusqu’à présent étaient « justes », mais il a estimé qu’elles trouvaient désormais « leurs limites ». Il ne faut certes pas imaginer que ces propos annoncent un changement de cap. La pression visant à réduire les dépenses publiques (…)

Traditions impériales

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Il faut « répondre aux armes par les armes ». En martelant cette mâle sentence en marge du sommet européen, celui qui fut le lointain successeur de Jaurès à la tête du Parti socialiste, et qui préside désormais la République française, a peut-être accru ses chances de décrocher le prochain Prix Nobel de la paix. A moins qu’il ne lui faille le partager avec les combattants qui ont juré la perte du président syrien, dont l’un des derniers faits d’armes est un attentat dans une mosquée de Damas (…)

L’angoisse et l’aveu

Pierre LEVY
Ahurissant. Surréaliste. Édifiant. Comment qualifier autrement le discours qu’a tenu François Hollande le 5 février à Strasbourg ? A Strasbourg, car où, ailleurs que dans la bulle autiste que constitue l’hémicycle européen, de tels propos seraient-ils encore recevables ? Imagine-t-on le président français aller à la rencontre des salariés de Mittal, de Renault, de PSA en leur déclarant : « l’Europe est une formidable idée, une immense aventure, une construction politique exceptionnelle » ? (…)

Entre Européens ?

Pierre LEVY
Etrange paradoxe - au moins en apparence. Le président français a ordonné une intervention militaire au Mali afin, officiellement, de rétablir l’intégrité territoriale de ce pays à l’appel du président en place ; et de conforter la stabilité de toute la région sahélienne en « éliminant » les terroristes qui y prospèrent. Au même moment, les dirigeants français sont en pointe dans une guerre larvée qui vise ouvertement à faire tomber le président syrien, quitte à déstabiliser le Moyen-Orient (…)

Les Indignés de la République

Pierre LEVY
Fascinante hypocrisie. A peine Gérard Depardieu avait-il fait savoir qu’il franchissait la frontière et installait sa fortune en Belgique que des torrents d’indignation ont déferlé, en particulier du côté de l’actuelle majorité et de ses idéologues attitrés. Ceux-là même qui ne cessent de professer que les Etats sont trop petits, et les frontières de dangereux stigmates du passé, ont rappelé l’acteur à ses devoirs… « patriotiques ». On croit rêver. Chacun pense ce qu’il veut de l’artiste, (…)

Les pigeons et le boomerang

Pierre LEVY
La stratégie du choc. C’est ainsi que la journaliste canadienne Naomi Klein avait caractérisé la manière dont les classes dominantes s’y prennent depuis trois décennies pour imposer des régressions aux peuples : la brutalité même des politiques mises en oeuvre provoque un effet de sidération censé paralyser les résistances. Plus récemment, le Medef n’a pas craint de reprendre le terme à son compte, en exigeant un « choc de compétitivité » - compétitivité signifiant classiquement « reculs (…)
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Contre la banalisation et la normalisation de l’ingérence

Pierre LEVY
En avril dernier, Ignacio Ramonet proposait dans (les colonnes de Mémoire des Luttes) un texte intitulé « Libye, le juste et l’injuste ». La guerre avait été lancée quelques semaines plus tôt, inaugurée par des appareils français qui, les premiers, eurent l’honneur de déverser leurs bombes sur Tripoli. Ce 19 mars, « une onde de fierté parcourt l’Elysée » rapportait alors Le Monde [1]. A ce moment, les experts et commentateurs n’en doutaient pas : en quelques jours, quelques semaines au (…)