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Auteur : Rorik DUPUIS VALDER

Ce que la mode du tatouage dit du malaise social

Rorik DUPUIS VALDER
Difficile de voir la mode actuelle du tatouage de la même façon qu’une mode vestimentaire, dans la mesure où celle-ci n’a résolument rien d’anodin ni d’éphémère comme peut l’être le port d’un pantalon ou une coupe de cheveux, mais implique, par le marquage de la peau, l’idée de permanence. L’on peut raisonnablement se demander ce qui pousse de jeunes gens d’à peine vingt ans – les femmes étant aussi concernées que les hommes – à se noircir l’épiderme d’encre indélébile, au-delà d’un inquiétant mimétisme encouragé par des artistes et sportifs surmédiatisés. Pourquoi un tel besoin de marquage ? Cet acte « définitif », qui chez beaucoup ressemble plus à de l’automutilation signifiante ou à de l’étiquetage marchand qu’à un quelconque ornement pictural, en dit long sur le malaise d’une société de consommation en fin de vie, où même l’idée de transgression est vouée à la norme et la commercialisation. Faire du tatouage un produit de personnalisation et du corps une surface rentable, c’est là le drame qu’inspire une telle (...) Lire la suite »
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Comment le néopuritanisme a dépolitisé la jeunesse arabe

Rorik DUPUIS VALDER
Il y a une image que j’aime particulièrement pour désigner la culture arabe, c’est celle de la porte dérobée : une certaine idée de l’espace privé, qui souvent échappe à l’Occidental, habitué depuis plusieurs décennies à ce que les affaires de mœurs fassent l’objet de quelque bruyant militantisme, en un spectacle politico-médiatique à mon sens aussi inutile qu’embarrassant pour la collectivité. Un mode de communication subtil et pudique, basé sur la suggestion et l’émission de signes, à la différence de l’échange direct qu’on connaît chez nous, plus franc et pragmatique. Et les spécificités culturelles et langagières de ces sociétés du non-dit ne peuvent être négligées si l’on entend aborder sereinement l’idée d’un progrès arabe en faveur des libertés individuelles à l’ère de la globalisation. Si le monde arabe permettait il y a cinquante ans un véritable dialogue intellectuel sur la scène publique — autant qu’au sein des foyers —, par la voix de ses écrivains, chercheurs, historiens, hommes et femmes de convictions, (...) Lire la suite »
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Peur du vide et besoin d’autorité : les ravages du conformisme

Rorik DUPUIS VALDER
Il s’en remet à la divinité. À son patron. À la machine. Aux médias et politiques. À tous ceux qui a priori le dépassent, en pouvoir et en connaissance. À tout ce qui le domine socialement, techniquement, intellectuellement, spirituellement. L’homme s’abandonne. Par manque de discipline personnelle il s’en remet, puis s’abandonne, aux systèmes de discipline collective. Jusqu’au totalitarisme. Jusqu’à tolérer et défendre l’idée d’une discipline criminelle. Devoir respecter l’autorité : c’est peut-être là le drame insoluble de l’humanité en quête d’autonomie. Une tendance anthropologique à la docilité devant l’inconnu, qui aura permis guerres, génocides, esclavage, dictatures et violences ordinaires en une malheureuse histoire commune où le pouvoir, trahissant sa sacralité, finit immanquablement par être corrompu. Il me semble que cette corruption systématique s’explique par la conjonction de deux facteurs invariants : le caractère fondamentalement inégalitaire du pouvoir, et l’attirance qu’ont pour ce même pouvoir (...) Lire la suite »
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Afrique et développement

Rorik DUPUIS VALDER
Ceux qui ne perçoivent le monde qu’à travers le prisme du sacro-saint « développement économique », passent sans doute à côté des richesses spirituelles et des réalités humaines de l’Afrique. Ce travail de « dissociation culturelle » – sorte de gymnastique intellectuelle faite d’empathie profonde et de métaphysique – demande, il est vrai, une certaine humilité et un goût de l’effort (ou du sacrifice, c’est selon) particulier, lorsqu’on a été élevé dans les normes de la domination matérielle et les restes d’un racialisme historique. Ceux-là, par une malheureuse rigidité bureaucratique et les certitudes mesquines héritées de l’eurocentrisme colonial, n’ont manifestement pas compris grand-chose de la place déterminante qu’occupe la mystique sur le continent. Je ne parle pas ici de religion définie ni de mystique au sens dogmatique du terme, mais d’une certaine vision globale de la place de l’homme sur Terre, d’un certain rapport qu’on peut avoir au destin et aux évènements du monde, assez éloignés du pragmatisme (...) Lire la suite »

Ingérence en Afrique : d’un impérialisme l’autre ?

Rorik DUPUIS VALDER
Il est toujours assez gênant – pour ne pas dire exaspérant – de voir certains analystes et commentateurs de l’opposition se réjouir que les puissances russe et chinoise « étendent leur influence en Afrique » au détriment du méchant colon français qui, hormis ses contributions sociales, éducatives, technologiques et administratives sur le continent ces dernières décennies, ne serait bon qu’à commettre pillages et exactions en tous genres auprès de populations vulnérables... Voilà sans doute la vision de celui qui, ne connaissant en réalité de l’Afrique que le Club Med de Djerba ou les meilleurs resorts du Kenya, conçoit le monde comme un vaste tournoi de football idéologique où il s’agirait de choisir et soutenir sans conditions son club, trahi par un malheureux besoin de domination. La vision de celui qui pense avec l’arrogance eurocentrique, abreuvé des récits les plus spectaculaires ou les plus misérabilistes, entretenant malgré lui la croyance tenace selon laquelle les peuples d’Afrique seraient (...) Lire la suite »
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Sous la dictature des images

Rorik DUPUIS VALDER
Si quelques voix de professionnels — enseignants et médecins notamment — s’élèvent contre la surexposition des enfants aux écrans, le grand public ne semble pas bien mesurer l’ampleur et le caractère délétère du phénomène. Troubles de l’attention et du comportement, manque d’autonomie, angoisse, apathie, perte de la dextérité et du goût pour les travaux manuels, la liste des dommages collatéraux s’allonge à mesure que grandissent la permissivité des parents et la faillite d’un système éducatif soumis à l’idéologie globaliste, où le numérique occupe une place toujours plus importante. Un système où l’enfant n’est plus « instruit » mais « accompagné » – c’est-à-dire assisté pour les uns et abandonné pour les autres, suivant la bonne foi et les compétences de l’enseignant... Tout n’est pas à jeter dans les nouvelles pédagogies en vigueur qui entendent faire de l’élève « l’acteur de ses apprentissages », mais à minimiser le rôle de transmission de l’enseignant, en faveur d’une présumée dynamique collaborative des enfants – qui (...) Lire la suite »

Démilitariser le monde

Rorik DUPUIS VALDER

Certaines croyances, avec la marche en avant de l’humanité, disparaissent d’elles-mêmes, dépassées par la volonté d’émancipation des peuples.

Démocratie et diplomatie, voilà politiquement deux concepts révolutionnaires desquels l’autorité, dans la crainte maladive de sa perte de pouvoir, tend toujours plus à nous éloigner. À provoquer ou mettre en scène des menaces d’ennemis extérieurs, pouvant compter sur des médias complices autant que sur la crédulité des gens pour justifier des mesures d’abord ultrasécuritaires puis totalitaires, le dirigeant illégitime se pose alors en défenseur de la nation et d’une cause commune : il ne s’agit pas ici de « diviser pour mieux régner », mais de « fédérer pour mieux abuser ». Étonnamment, en 2024 encore, il est une croyance absurde et mortifère qui perdure, annulant dans le même temps les efforts de civilisation menés par tous les pacifistes engagés ici et là depuis que l’humanité sait communiquer au moyen du langage : la croyance en la résolution des tensions par le conflit, en la nécessité des armes à feu pour protéger les intérêts d’une collectivité. La guerre étant, comme la société de consommation, un (...) Lire la suite »

Peur, croyance et besoin d’appartenance

Rorik DUPUIS VALDER
L’homme conscient a naturellement peur. Peur de la mort, de la maladie, de l’exclusion, de la trahison, etc. Afin de juguler ces peurs, plus ou moins prégnantes, il est amené à adhérer aux diverses croyances d’usage qu’impose sa communauté, ou du moins qu’induit son environnement — familial, social, culturel. C’est ce que l’on pourrait appeler, de façon générale, le prêt-à-penser. Qu’on l’estime indispensable ou non, au fond peu importe, car les bienfaits et les méfaits n’en seront jamais réellement quantifiables — ceux-ci relevant avant tout de l’intimité. On ne peut reprocher aux gens leurs croyances dès lors qu’ils y trouvent des réponses à leurs peurs, et qu’on en admet les fonctions protectrices pour la collectivité, notamment pour les plus vulnérables. On ne peut reprocher aux gens leurs habitudes, leurs rituels, aussi absurdes soient-ils d’un point de vue rationnel, dès lors qu’ils y trouvent des moyens de se rassurer dans le vertige de la vie, devant les injustices et incompréhensions de l’arbitraire. En (...) Lire la suite »

Aux origines du malaise enseignant

Rorik DUPUIS VALDER
Ce n’est un secret pour personne, la vocation de prof est aujourd’hui en péril. Les académies peinent à recruter, le niveau scolaire n’a jamais été aussi bas, les troubles du comportement et de l’apprentissage se généralisent chez nos élèves, bref le tableau n’est pas des plus enthousiasmants. On entend souvent dire qu’il y a en France une crise de l’autorité, sans jamais pour autant en désigner les raisons profondes. Les néofascistes vous diront qu’il est temps de remettre tout le monde au pas, les dévots qu’il faut retrouver le chemin de la foi, et les escrocs que c’est là l’évolution normale de nos sociétés modernes. Pour avoir exercé ces treize dernières années auprès de publics divers, des gamins des bidonvilles du Caire aux rejetons de la haute bourgeoisie parisienne, je dirais en substance que la mauvaise éducation — comme la bonne — n’a ni classe ni frontières : elle est universelle. Par « mauvaise éducation » j’entends cette tendance manifeste à l’irrespect, y compris de la parole adulte et de la (...) Lire la suite »
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Aux jeunes Picaros du métro parisien

Rorik DUPUIS VALDER
Ceux qui ont connu personnellement les honneurs du fichage policier pour « apologie du terrorisme », et qui doivent leur distinction à cette glorieuse vertu française qu’est la délation citoyenne, savent concrètement de quoi est faite la sacro-sainte « liberté d’expression » dans un pays sous occupation. Il est tout à fait compréhensible qu’on s’indigne d’entendre dans l'espace public une bande de petits hooligans chanter « Nique la France, nique les juifs ». Mais après l’indignation, l’adulte normalement constitué est censé passer à l’étape supérieure qui est la réflexion. Car c’est ainsi qu’on règle les problèmes quand on est une personne responsable : en en identifiant les causes. Alors quelles sont, contextuellement, les raisons profondes qui poussent ces jeunes gens à s’adonner ainsi à la versification et à en faire généreusement profiter leur voisinage ? Faut-il y voir la manifestation d’un intérêt nouveau pour le chant responsorial, où chœur et soliste dialoguent harmonieusement en des ritournelles (...) Lire la suite »
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