Tout dernièrement, l’institut médico-légal israélien a tacitement admis avoir extrait les organes essentiels de trois enfants palestiniens âgés de 14 et 15 ans, tués sans raison par l’armée israélienne, à Gaza et en Cisjordanie, en décembre 2008. Le ministre de la Santé, Nessim Dahhan, a déclaré, en réponse à une question posée par un membre de la Knesset, Ahmed Teibi, le mardi 28 juillet 2009, qu’il ne pouvait pas refuser des organes provenant de corps de jeunes palestiniens tués par les forces israéliennes et voués à des greffes ou à la recherche scientifique. Les corps de ces adolescents avaient été remis à leurs proches en vue de leur enterrement, le 6 janvier 2009, délestés de leurs coeurs, leurs reins et leurs foies.
Mais ne nous y méprenons pas ! La mort de ces trois pauvres enfants n’a nullement été un gachis puisqu’elle a servi à sauver au moins une dizaine de vies humaines ! Oui, en tuant trois et en ressuscitant dix, Tsahal sème plutôt la vie... C’est certainement la première armée de l’histoire à générer du vivant !
Le décès de ces trois gosses serait de l’ordre de l’anecdote que les médias auraient vite fait d’enterrer. Mais c’est compter sans la détermination du journal suédois "Aftonbladet" qui ose soutenir que le trafic d’organes est une pratique systématique bien incrustée chez la soldatesque israélienne, laissant entendre que cette dernière tue des Palestiniens pour faire commerce de leurs organes. L’affolement du gouvernement israélien face à l’article publié par "Aftonbladet" et ses protestations grossières ont été rejeté avec dédain par les responsables suédois.
Avigdor Lieberman trouve qu’ "il est honteux que le ministère suédois des Affaires étrangères refuse d’intervenir contre un cas d’appel au meurtre visant des juifs" !!! (sic)
L’auteur de l’article, Donald Bostrom, fréquentant les territoires occupés depuis la première Intifadha, l’a rédigé sur la base de témoignages de Palestiniens de Cisjordanie et de la Bande de Gaza. Le journaliste déplore qu’on s’attache à dénigrer sa personne plutôt que d’étudier la validité des témoignages rapportés, précisant qu’il n’accuse pas lui-même l’armée israélienne de telles exactions mais qu’il se contente de tirer des conclusions à partir d’une vingtaine de témoignages récoltés et recoupés. Surtout, il en appelle à la Cour internationale de Justice pour qu’elle puisse mener une investigation exhaustive sur la réalité de ces actes, constitutifs de « crimes de guerre » s’ils étaient pleinement avérés. Depuis la parution de l’article et son écho international, le reporter indique avoir reçu des menaces de mort, au point d’en être sérieusement inquiété. Donald Boström a déposé plainte auprès de la police.
Déjà , depuis le début des années 1990, du personnel de l’ONU travaillant dans les territoires soupçonnait que des organes étaient collectées à partir de cadavres de palestiniens.
"Des personnes disparaissent et on les ramène après qu’ une autopsie ait été pratiquée sur eux. Nous pensons qu’ils volent leurs organes" confiait-on à Bostrom.
En 1992, sur 133 Palestiniens tués, 53 avaient été autopsiés selon Bostrom. Les corps avaient été autopsiés à l’Institut medico légal d’Abu Kabir d’Israël et plus tard rendu à leurs familles. Bostrom a choisi 20 des 53 cas de corps autopsiés et rencontré les familles des victimes qui ont toutes dit que des organes de leurs enfants avaient été volées. Le journaliste a obtenu des familles qu’elles exhument les corps des 20 individus. Il a amené avec lui une équipe de TV et une équipe médicale, mais la nuit précédent l’exhumation des cadavres, Israël a imposé un bouclage de la Cisjordanie et de Gaza qui a duré 6 mois.
De nombreuses questions restent sans réponse.
Pourquoi l’armée s’empresse-t-elle d’enlever les corps des jeunes qu’elle vient d’assassiner ?
Pourquoi les garde-t-on quelques jours avant de les rendre à leurs familles ?
pourquoi sont-ils autopsiés quand la cause de la mort est plus qu’ évidente ? (peut-être dans l’espoir de trouver des grenades enfouies dans leurs entrailles, qui sait ?)
pourquoi les corps sont-ils rendus la nuit sous bonne escorte ?
pourquoi les zones sont-elles bouclées pendant les funérailles et que l’électricité est coupée ?
Tout ce que réclame Bostrom c’est l’ouverture d’une enquête internationale. Mais la réaction hystérique des responsables sionistes, tissée d’insultes et de vulgarités en dit long sur leur incapacité à récuser des faits aussi flagrants.
Pendant la première Intifadha, nous nous insurgions contre cette lutte inégale qui met face à face une armée suréquipée et des enfants armés de pierres. Notre entendement ne parvenait pas à admettre que des bambins soient tirés comme des pigeons, tués gratuitement : cela frôlait l’absurde, le monstrueux !
Aujourd’hui, j’ai comme un sentiment de soulagement car ces actes barbares ont perdu leur gratuité monstrueuse et ont pris du sens. Du coup tout devient clair. Non la Tsahal ne tue pas pour tuer mais pour permettre à des êtres désespérés de reprendre goût à la vie quitte à ce que les soldats se fassent un peu d’argent en passant... mais c’est tout à fait humain et c’est surtout compréhensible !
Il n y a que l’absurde qui soit insupportable !
La situation est devenue d’un coup d’une limpidité insoutenable. Parmi les pays de la communauté européenne, Israël est celui où le taux de don d’organes est le plus bas pour des raisons religieuses. Le paradoxe est que ce même pays est devenu la plaque tournante du trafic d’organes et le premier pourvoyeur en reins des États Unis ! Le rabbin Levy Izhak Rosenbaum collecte depuis plus de dix ans des organes humains parmi les victimes palestiniennes, les immigrants asiatiques et la population pauvre. Ce triste rabbin, spécialisé dans le trafic des reins offre dix mille dollars pour l’achat d’un rein qu’il revend ensuite à cent soixante milles dollars pièce aux USA. Plus de 80 000 Américains sont sur la liste d’attente ...
Si les bantoustans sud-africains servaient à isoler et à affamer les noirs pour mieux exploiter leur force de travail, les bantoustans israéliens offrent en plus l’avantage de tenir à bout de fusil un vivier d’autochtones palestiniens transformés en banque d’organes ambulante et gratuite.
Aujourd’hui, partout se dressent des murs, isolant des viviers de sous-hommes que ce soit à l’intérieur des métropoles ou aux frontières du monde civilisé...
On n’a qu’à tendre la main pour y puiser de la main d’oeuvre presque gratuite quitte à la jeter à la mer après usage. On peut aussi se refaire une santé en se fournissant en pièces de rechange biologiques pour quelques misérables dollars. On peut par ailleurs s’y fournir à bon marché en minerais, en fruits exotiques, on peut même y enfouir ses déchets les plus toxiques et y essayer ses armes de destruction massive...
De temps à autre une petite campagne de dératisation pour calmer les esprits qui s’échauffent, mais alors sans risque car des avions-robots sauront mater aisément ces masses barbares...
Toujours en avance sur son temps, Israël constitue la maquette de ce futur radieux !
Fethi GHARBI