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washington réduit à être un simple spectateur de la politique à cuba

Voilà un texte qui fera grincer bien des dents, en particulier au sein de notre classe médiatique investie d’un profond devoir de liberté d’expression et d’information : il confirme que Cuba, qui le fut déjà au XXème siècle, sera le David des peuples du XXIème.

A faire suivre sans réserve ni complexe. Merci.

Version espagnole :

http://www.jornada.unam.mx/2008/02/21/index.php?section=mundo&arti...

traduction : R. Muller

Washington réduit à être un simple spectateur de la politique à Cuba - David Brooks . La Jornada - 21-02-2008

Constater qu’un des pays les plus petits du monde oblige les leaders politiques, ceux des entrepreneurs, des médias et des académiciens du pays le plus puissant de la planète à se prononcer sur ses décisions de faire ou de ne pas faire, de changer ou non, ou simplement de tout laisser dans le mystère, ne cesse d’être stupéfiant.

Au cours des dernières 24 heures le président George W. Bush, les hauts fonctionnaires de son département d’Etat, son Conseil de Sécurité National, les législateurs fédéraux, les pré candidats présidentiels et d’autres figures de premier rang, des analystes politiques et les principaux centres de politique extérieure, tous les principaux médias imprimés et électroniques, les organisations des droits humains, et bien d’autres, ont répondu à la décision de Fidel Castro de ne pas postuler pour une autre période.

Tandis qu’à Cuba on procède à une transition politique, ici personne n’attend le moindre changement au cours des quelques mois qui restent de la présidence de George W. Bush, le dixième président étasunien qui a promis d’imposer des changements dans l’île, simplement pour terminer sa période avec un Fidel Castro qui poursuit la définition de la politique de son propre pays tout en défiant le superpouvoir.

Et une fois encore, Washington et tous les experts en furent réduits à être de simples spectateurs et durent reconnaître que la transition est celle déterminée par Cuba, et non pas le résultat de la politique que Washington a promue pendant un demi-siècle.

Cependant, cette situation engendre en vérité une critique rénovée de la politique étasunienne envers l’île et le consensus entre les principaux centres d’analyses et les grands médias révèle que Washington, à cause de sa politique, se retrouve marginalisé dans cette transition.

"Fidel Castro conduit sa propre succession"

Julia Sweig, une experte de la relation bilatérale et directrice du programme de l’Amérique latine pour le Council on Foreign Relations, a souligné que le fait est que Fidel Castro est "en train de conduire sa propre succession", et "qu’il le fait pacifiquement", en négociant les expectatives et en précisant les bases pour la prochaine étape de la vie politique de l’île. Elle a insisté sur le fait que c’est une opportunité, et que l’on aurait du, il y a longtemps déjà , lever l’embargo et les autres restrictions qui n’ont fait que limiter la politique extérieure étasunienne précisément dans ce type de conjoncture.

L’ex-colonel Lawrence Wilkerson - bras droit du général Colin Powell et maintenant co-président de l’Initiative de politique EU-Cuba de la New America Foundation-, a considéré une fois encore que cette conjoncture offre une opportunité pour changer la posture étasunienne, bien qu’il ait admis que "notre politique envers Cuba est un échec" et qu’il n’y aura aucun changement sous cette présidence. Cependant il a souligné que les pré candidats et d’autres devraient commencer une évaluation de cette politique, en tenant compte de choses évidentes comme celle de lever l’interdiction de voyager et certains aspects de l’embargo pour que le prochain locataire de la Maison Blanche puisse mettre en place certains changements.

"Nous sommes en train de permettre que Raúl Castro, Fidel Castro et le gouvernement cubain dictent notre politique extérieure envers Cuba", se lamente l’ex-ambassadrice Vicki Huddleston, à la Brookings Institution actuellement. L’ex-diplomate - cheffe de la section des intérêts des Etats-Unis à Cuba pendant un temps - se joint au choeur de ceux qui affirment que la réduction des contacts et des échanges avec Cuba a annulé la possibilité d’une plus grande présence étasunienne dans la transition. "Nous sommes en dehors de cette équation", dit-elle, "et tandis que nous nous maintiendrons en dehors - pour ne pas avoir ce contact, pour permettre l’embargo sur les communications - nous aurons moins d’influence à Cuba.

Le New York Times se fait l’écho de ces perspectives dans son éditorial d’aujourd’hui en indiquant que le gouvernement Bush a tout fait "pour assurer de n’avoir pas l’occasion d’influencer les événements" à Cuba. "Pour avoir accru encore l’embargo raté, il a rendu beaucoup plus difficile de voyager à Cuba aux académiciens, aux artistes et aux religieux pour diffuser la bonne parole sur la démocratie", et en plus il a sous-estimé la transition actuelle en la qualifiant de peu significative. Le Time propose de mettre de coté les intérêts de Miami, même si c’est particulièrement difficile au cours d’une année électorale pour ouvrir une communication directe avec Cuba et "les successeurs de Monsieur Castro".

Les pré candidats

Avec l’annonce de Castro depuis La Havane, la dynamique politique aux Etats-Unis peut aussi changer. Les trois principaux pré candidats se sont prononcé sur le sujet hier, le républicain John MacCain et le démocrate Hillary Clinton répétant la rhétorique de toujours, que Cuba doit faire des changements avant que Washington prenne en considération un changement de sa politique.

Le démocrate Barack Obama - qui en 2003 en tant que candidat au Sénat avait plaidé pour lever l’embargo - a conditionné sa position maintenant, mais c’est le seul qui a favorisé l’adoucissement des restrictions à voyager et l’envoi de fonds à Cuba, et hier il a dit que s’il y a des signes d’un changement vers la démocratie dans l’île, "les Etats-Unis doivent être préparés pour avancer vers la normalisation des relations et adoucir l’embargo".

En même temps, tout ceci pourrait aussi renforcer la position de plusieurs législateurs fédéraux qui ont stimulé l’atténuation de l’embargo. « Nous avons eu une mauvaise politique pendant 50 ans, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec Cuba" a déclaré le représentant fédéral Charles Rangel, président d’un des comités les plus influents du Congrès, a reporté le Wall Street Journal. Plusieurs autres législateurs perçoivent ce moment comme une ouverture possible pour promouvoir des changements dans la politique bilatérale.

Les changements politiques et démographiques à Miami - où s’est toujours définie la politique extérieure envers Cuba - pourraient aussi influencer ici dans cette conjoncture électorale. Ce que de nombreux experts ont détecté pendant des années, un changement générationnel à Miami, se manifeste maintenant dans des enquêtes comme celle de l’année dernière de l’Université Internationale de la Floride qui précise que le 65 pour cent des cubano étasuniens dit soutenir un dialogue avec le régime cubain, une augmentation de presque 10 points depuis 2004.

En même temps, il y a un défi réel au monopole du pouvoir politique à Miami entre les cubano étasuniens. Joe Garcà­a, un démocrate, est en train de postuler contre Marà­a Diaz Balart et pourrait être une des premiers à rompre le contrôle que le trio des frères Balart et Ileana Ros-Lehtinen ont exercé pour déterminer la ligne dure de la politique envers Cuba.

Et finalement, le secteur des entreprises, qui depuis des années a manifesté son opposition à l’embargo, pourrait aussi voir ceci comme une opportunité pour redoubler d’efforts pour changer la politique étasunienne avec l’appui de législateurs et de gouverneurs des deux partis qui voient le marché cubain comme quelque chose plus attrayant que de maintenir une position idéologique alignée sur un président et un gouvernement toujours plus discrédités à Washington.

La transition à Cuba, semble t’il, pourrait provoquer une transition au sein des Etats-Unis. Mais peut-être Washington et Miami sont plus réticents au changement que La Havane.

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