Durant le mois de mars 2015 s’est tenu à Bogotá, la Rencontre Nationale et Internationale pour la Liberté des Prisonniers Politiques colombiens : « Larga Vida a las Mariposas ». Cette très importante Rencontre a réuni plus de 70 organisations, ainsi que des ex prisonniers politiques colombiens et d’autres pays. Les prisonniers politiques ont aussi participé, en envoyant des messages depuis les prisons. C’est pourquoi nous recommandons vivement la lecture et diffusion des déclarations politiques qui sont issues de cette Rencontre (1).
Les participants ont réclamé la liberté des plus de 9’500 prisonnières et prisonniers politiques colombiens ; ont réclamé contre la torture et contre l’extradition, et demandé l’ouverture d’un ample débat sur le thème de la prison politique, entre autres thèmes.
« Nous réitérons aux Dialogues de la Havane, la nécessité de reconnaître la condition de Victimes des prisonniers et prisonnières politiques. Ceux-ci subissent, de plus, des tortures, des traitements cruels et dégradants dans les prisons de l´État colombien. (…)
Nous refusons le qualificatif de ‘crise’ pour se référer à la grave situation de vulnération des Droits Humains dans les prisons du pays, et nous dénonçons l’existence d’une politique d’État qui va à l’encontre des Droits Humains. »
L’existence de plus de 9500 prisonniers politiques témoigne de l’absolu manque de libertés politiques en Colombie. L’État colombien nie les conditions de participation politique sans être passible d’incarcération, disparition forcée, ou exil forcé. L’intolérance étatique contre toute revendication sociale est la garantie d’une situation de saccage contre les majorités au bénéfice du grand capital. Parmi les prisonniers politiques se trouvent tant des civils emprisonnés à cause de leur pensée et activité politique (prisonniers politiques), que des intégrants des guérillas (prisonniers politiques de guerre). Des milliers de syndicalistes, étudiants, défenseurs de l’environnement, enseignants, dirigeants paysans… sont derrière les barreaux de l’État colombien.
La torture que pratique l’État colombien contre les prisonnières et prisonniers politiques les pousse à la mort par les coups, la nourriture empoisonnée ou contenant des bris de verre, ou encore la négation de l’assistance médicale. La torture psychologique est aussi constante : les prisonniers politiques sont éloignés des milliers de kilomètres de leurs familles ; ils sont placés en danger de mort, car l’État inclut des paramilitaires dans les enceintes où ils se trouvent ; leurs familles et visites sont soumises à des traitements dénigrants, etc. Les prisonnières politiques subissent aussi un chantage où il est question de leurs enfants. Il a même des cas de familiers de prisonniers politiques assassinés par l’État colombien, afin de torturer les prisonniers à l’extrême.
De plus les prisonniers politiques colombiens sont incarcérés dans des conditions d’entassement, fréquemment sans accès à l’eau, en dangereuse insalubrité.
L’agression permanente de l’État colombien se traduit en extermination politique : c’est dans ces conditions que se maintient le capitalisme en Colombie. La Paix véritable que clame le peuple colombien est un paix avec Justice Sociale et sans Terrorisme d’État. Une paix où la liberté des prisonniers politiques est une question fondamentale.
Cecilia Zamudio
(1) www.traspasalosmuros.net/node/1789