Traduction « Hugo, t’es trop bon, tu finiras assassiné » par CSP
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Zmag, 12 avril 2006.
Lorsque les despotes haïs de nations comme l’Arabie Saoudite ou le Kazakhstan pillent les richesses de leurs pays, transfèrent les richesses tirées du pétrole sur des comptes privés en Suisse et utilisent le reste pour financer (comme c’est le cas des dirigeants saoudiens) le terrorisme extrémiste, les hommes politiques américains chantent leurs louanges et les présentent comme des amis et des alliés. Mais lorsqu’un président démocratiquement élu consacre les profits tirés du pétrole vénézuelien à sortir les pauvres de leur état de misère, on l’accuse de populisme.
Tandis que les Etats-Unis et l’Europe poursuivent le dérive vers un modèle Darwinomique où les multinationales rapaces engrangent des profits de plus en plus gros et où les travailleurs deviennent de plus en plus pauvres, le modèle économique socialiste suivi par le Président Hugo Chavez est devenu très populaire dans une Amérique latine lassée de voir des dirigeants corrompus de droite s’enrichir à leurs dépens. Des gouvernement de centre-gauche ont récemment accédé au pouvoir en Argentine, Brésil, Colombie, Equateur, Paraguay, Pérou et Uruguay. Chavez transforme ses propos inflexibles en actes. Mais ce qui rend le gouvernement américain et les maîtres des multinationales réellement fous est qu’il a les moyens de le faire.
Dans leur frénésie désespérée de se débarrasser de Chavez, les média sous contrôle se livrent aux argumentaires les plus transparents et hilarants jamais vus. Dans l’édition du 4 avril du New York Times, Juan Forero a répété la rengaine selon laquelle l’utilisation des revenus du pétrole par Chavez est injuste - et même d’une certaine façon qu’il triche : « alors que les revenus pétroliers du Venezuela ont augmenté de 32 pour cent l’année dernière, » s’est exclamé le journal, « M. Chavez a financé des défilés de Samba au Brésil, des opérations chirurgicales oculaires pour les pauvres du Mexique et même du combustible de chauffage pour les pauvres du Maine au Bronx en passant par Philadelphie. Selon certaines estimations, les dépenses dépassent à présent les quelques 2 milliards de dollars alloués par Washington dans ses programmes de développement et sa guerre contre la drogue dans l’ouest de l’Amérique du Sud. »
Chavez, disait l’article, est bien parti pour devenir « le prochain Fidel Castro, un héros des masses qui est déterminé à contrer chaque mouvement des Etats-Unis, mais qui possède un avantage important. »
Grands Cieux ! A pays riche qui utilise sa richesse pour étendre son influence à l’étranger ! Pourquoi est-ce que Dieu permet-Il de telles abominations ? Remarquez que les Etats-Unis, eux, financent des « programmes de développement ». Sans oublier la « guerre contre la drogue » qui n’est pas une campagne de bombardement contre des insurgés de gauche qui s’opposent aux quelques régimes de droite pro-américains qui subsistent en Amérique du sud.
Cité par le Times - qui a publié des articles louangeurs sur les oligarques d’extrême droite qui ont tenté de renverser Chavez lors du coup d’état en 2002 - on trouve le « critique » John Negroponte, qui par hasard est employé par Bush comme Directeur de l’Intelligence Nationale.
Negroponte s’est plaint que Chavez « est en train de dépenser des sommes considérables à s’immiscer dans la vie politique et économique d’autres pays en Amérique latine et ailleurs, et ce malgré les réels besoins en matière de développement économique et social dont son pays a besoin. »
Et puisque l’hôpital se moque de la charité, n’oubliez pas de mentionner les 1 milliards de dollars dépensés chaque jour en Irak pendant que les systèmes de santé et d’éducation ici aux Etats-Unis partent en lambeaux. Peut-être bien que Chavez aurait pu trouver un meilleur usage pour l’argent dépensé dans un défilé de carnaval à Rio. D’un autre côté, au moins l’argent n’a pas servi à fabriquer des bombes et des camps de torture.
Le télévangéliste Pat Robertson a appelé à l’assassinat de Chavez en 2005 et fut mollement critiqué par les grands média, principalement parce que l’assassinat d’un chef d’état est une violation de la loi étasunienne. La secrétaire d’Etat Condoleezza Rice accuse Chavez « d’un populisme typiquement Latin qui a déjà entraîné des pays à leur perte ». Lesquels ? Certainement pas le Venezuela, où la croissance connaît un taux à deux chiffres et qui se place en tête des pays de la région, et où de nouvelles constructions et écoles (10 milliards de dollars sont consacrés chaque année à des programmes de lutte contre la misère) poussent comme des champignons.
Lorsqu’ils parlent du président vénézuélien, la presse emploie un langage qui serait indigne même pour un journal lycéen. « Chavez insiste pour dire que son gouvernement est démocratique et accuse Washington de conspirer contre lui, » a écrit le San Jose Mercury daté du 3 avril. Pourquoi « insiste » ? Aucun observateur international ne doute que le Venezuela, vous savez, le pays où le type qui remporte les élections devient président, est au moins aussi démocratique que les Etats-Unis. Les auteurs du coup d’état de 2002 s’étaient au préalable réunis à la Maison Blanche. Le journal San Jose Mercury pouvait certainement considérer l’accusation de Chavez comme un « fait ». Le journal poursuivit : « Il affirme que les Etats-Unis étaient derrière le coup d’état éphémère de 2002, une accusation rejetée par les officiels US. » Il se trouve que Chavez a raison, même si ce n’est pas évident en lisant la phrase.
82 pour cent des Vénézuéliens trouvent que Chavez fait un bon travail. Ca fait deux fois plus que les américains pour Bush. Il a remporté haut la main un référendum organisé pour le destituer. Alors pourquoi est-ce que Washington se permet-elle de donner des leçons à Caracas ?
« le (gouvernement) vénézuélien engrange des milliards de dollars (de sa compagnie pétrolière d’état) et les dépense en habitat, éducation, santé, » souligne CNN. Et - mon Dieu - la vie des gens s’améliore.
Qui se passerait-il si les autres s’en apercevaient ? Pas étonnant que Chavez doive partir.
Ted Rall
– Source : www.zmag.org
– Traduction :Viktor Dedaj pour Cuba Solidarity Project.
http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr/html/index.html
Démocratie et contrôle des changes : L’exemple vénézuélien, par Benoît Borrits.
Le Venezuela dans la ligne de mire de Washington, par Salim Lamrani.
Menace séparatiste au Venezuela : Zulia, un autre pari de Washington, par Juana Carrasco Martin.
Venezuela - Voisinage dangereux, par Noam Chomsky.
Amérique Latine : Aujourd’hui celui qui est isolé c’est Bush, par Eduardo Cornejo Deacosta.
Médias US Anti-Chavez : la Fabrication du Mensonge, par Justin Delacour.