« Je remercie Dieu d’avoir l’opportunité de participer, en ce jour, à cette manifestation…
Nous devons examiner les origines véritables du problème palestinien : s’agit-il d’un conflit entre d’un côté des juifs et de l’autre les musulmans et les non-juifs ? S’agit-il d’un conflit entre le judaïsme et d’autres religions ? Est-ce le combat d’un pays contre un autre pays ? Est-ce le combat d’un pays contre le monde arabe ? Est-ce une lutte uniquement pour la terre de Palestine ? J’imagine que la réponse à toutes ces questions est : "non".
L’installation du régime d’occupation de Qods [1] a représenté une offensive majeure de l’oppresseur du monde [2] contre le monde musulman. La situation a fluctué, au cours de cet affrontement historique. Parfois, les musulmans ont vaincu, sont allés de l’avant, et l’oppresseur a dû reculer.
Malheureusement, depuis trois siècles, le monde musulman ne cesse de reculer. Je ne veux pas examiner ici les raisons de cet état de fait, mais simplement passer en revue l’histoire. Le monde musulman a perdu ses dernières défenses, au cours du siècle écoulé, et l’oppresseur du monde [2] a installé le régime d’occupation. Par conséquent, la lutte, aujourd’hui en Palestine, est le principal front de l’affrontement du monde musulman avec l’oppresseur mondial, et le sort de cette bataille décidera du destin d’un combat qui se poursuit depuis sept siècles.
La nation palestinienne représente la nation musulmane contre un système d’oppression et, grâce à Dieu, la nation palestinienne a adopté la foi musulmane, dans un environnement musulman, dans son combat, et ainsi, nous avons assisté à son progrès et à ses succès.
Je tiens à vous remercier pour le choix judicieux du titre de cette conférence.
Beaucoup de personnes, perdus dans l’affrontement entre le monde musulman et les infidèles ont essayé d’élargir le blâme et les responsabilités. Ces gens disent qu’un monde sans les États-Unis et le sionisme est inenvisageable. Mais vous savez que c’est là un but, et donc une devise possible !
Prenons un peu de recul. Nous avions un régime hostile, dans ce pays [3], un régime anti-démocratique, armé jusqu’aux dents, qui surveillait tous les citoyens, au moyen de son appareil sécuritaire, la Savak [4]. Chez nous, régnait un environnement de terreur. Quand notre cher Imam [5] a dit que ce régime devait être balayé, beaucoup de personnes qui se prétendaient politiquement bien informées dirent que c’était impossible. Tous les gouvernements corrompus soutenaient le régime [6], quand l’Imam Khomeini initia son mouvement. Tous les pays, tant occidentaux qu’orientaux, soutenaient le régime, et ils ont même continué à le faire après le massacre du 7 septembre [7], et ils continuaient à dire que le régime était indéboulonnable. Mais notre peuple a résisté, et cela fait aujourd’hui vingt-sept ans que nous survivons, sans régime inféodé aux États-Unis. La tyrannie de l’Est et de l’Ouest sur le monde doit prendre fin, mais les gens faibles qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez ne peuvent y croire.
Qui pouvait imaginer qu’un jour nous assisterions à l’effondrement de l’Empire oriental ? Mais nous avons assisté à sa chute, de notre vivant, et il s’est effondré à tel point qu’il faut aller faire des recherches en bibliothèque [à son sujet], parce qu’il n’en reste absolument rien. L’Imam [5] disait que Saddam [Hussein] devait débarrasser le plancher, il disait qu’il serait affaibli à un point que personne ne pouvait imaginer. Aujourd’hui, vous le voyez, cet homme qui parlait avec une telle arrogance, il y a à peine dix ans de cela, qu’on aurait pu croire qu’il était immortel : il est jugé dans son propre pays, il est pieds et poings liés, par ceux dont il pensait qu’il le soutenaient, et aussi ceux avec le soutien desquels il a perpétré ses crimes…
L’Imam [5] disait que le régime d’occupation de Qods [1] devait disparaître des pages du temps [8], et c’était là un propos très sage. Nous ne pouvons faire de compromis sur la question de la Palestine. Il est possible de créer un nouveau front, à l’intérieur d’un ancien front. Mais ce serait une défaite et quiconque reconnaît la légitimité de ce régime a, de fait, signé la reddition du monde musulman. Notre cher Imam [5] visait le coeur de l’oppresseur du monde [2] dans son combat, c’est-à -dire le régime occupant. Je ne doute pas un seul instant que la nouvelle vague qui s’est soulevée en Palestine, et dont nous sommes les témoins dans le monde islamique, aussi, éliminera cette tache disgracieuse [sur le visage] du monde musulman. Mais nous devons être en éveil, et nous méfier des traquenards.
Depuis plus de cinquante ans, l’oppresseur du monde [2] essaie de donner une légitimité au régime occupant, et il a pris des mesures en ce sens, afin de le stabiliser. Voici vingt-sept ou vingt-huit ans, ils ont franchi un palier majeur. Mais, malheureusement, un des pays les plus importants a commis une grave erreur, et nous espérons que cette erreur, ce pays va la réparer [9].
Récemment, ils [10] ont essayé un nouveau tour. Ils veulent faire passer l’évacuation de la bande de Gaza, qui leur a été imposée par les Palestiniens, pour la victoire… des Palestiniens. Une victoire finale, des Palestiniens, qui mettrait un terme au problème de la Palestine au motif que serait créé un État palestinien à côté d’eux. Aujourd’hui, ils veulent emberlificoter les Palestiniens dans leurs viles manoeuvres et les amener à se battre entre eux autour de positions politiques, qui les distrairaient de leur cause : la cause palestinienne. Ils veulent convaincre certains des pays islamiques que, étant donné qu’ils ont évacué la bande de Gaza et apporté la preuve de leurs bonnes intentions, la légitimité de leur régime corrompu devrait être reconnue. J’espère que les formations et le peuple palestiniens sont bien conscients de cette manoeuvre.
La question de Palestine n’est absolument pas réglée. Viendra le jour où un gouvernement palestinien, représentant vraiment le peuple palestinien, viendra au pouvoir ; viendra le jour où tous les réfugiés rentreront chez eux ; viendra le jour où un gouvernement démocratique, élu par le peuple, accèdera au pouvoir. Bien entendu, ceux qui sont venus de loin à seule fin de piller cette terre n’ont aucun droit à décider du destin de cette nation.
J’espère que le peuple palestinien restera en alerte, et conscient, comme ils l’ont toujours été, en poursuivant leur lutte, tout au long de la décennie écoulée.
Si nous dépassons cette brève période avec succès, la voie vers l’élimination du régime occupant sera aisée, et ce sera une pente descendante.
J’avertis tous les dirigeants du monde musulman du danger de cette manoeuvre. Quiconque reconnaît ce régime, à cause des pression des puissances dominantes, ou encore par naïveté ou par égoïsme, sera damné à jamais et brûlera dans la fureur des pays islamiques.
Les gens qui sont assis dans les cabinets calfeutrés ne sauraient décider au nom de la nation islamique, ni permettre à cet ennemi historique de continuer à exister au coeur du monde islamique. »
Mahmoud Ahmadinejad - Président de la République Islamique d’Iran
25 octobre 2005, Conférence « Un monde débarassé du Sionisme » de l’Association des Sociétés d’étudiants islamiques
Hall de conférences du Ministère de l’intérieur à Téhéran - République islamique d’Iran
[1] Jérusalem
[2] les Etats-Unis
[3] ici en Iran
[4] la police politique du régime du Shah
[5] l’Ayatollah Ruhollah Khomeini, fondateur de la Révolution iranienne
[6] le régime du Shah
[7] le 7 septembre 1978
[9] allusion au traité de paix conclu avec l’Égypte
[10] les Sionistes
[8] Note de traduction :
Ce passage : « l’Imam disait que le régime d’occupation de Qods devait disparaître des pages du temps, » a donné lieu à des traductions volontairement erronées, reprises ad nauseam dans le cadre d’une campagne de propagande diffamatoire iranophobe.
La transcription en farsi de ce passage est la suivante :
"Imam ghoft een rezhim-e ishghalgar-e qods bayad az safheh-ye ruzgar mahv shavad."
Ce qui signifie littéralement et mot pour mot :
Imam (l’Imam) ghoft (disait) een (ce) rezhim-e (régime) ishghalgar-e (occupant) qods (Qods) bayad (devait) az safheh-ye ruzgar (des pages du temps) mahv shavad (disparaître de).
Ainsi , nous avons été amenés à croire que le Président de l’Iran aurait menacé de « rayer Israël de la carte », en dépit du fait qu’il n’ait jamais prononcé les mots « carte », « effacer » ou même « Israël » !