RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
Il y a 60 ans, la France reconnaissait la Chine.

Un excellent millésime Chine-France

Nous avons reçu cet article remarquable « que nous donnons à lire », même si Macron y apparaît sous un jour bien aimable alors que tous les députés LREM ont voté, le 20 janvier 2022, une résolution de condamnation de la Chine à cause du faux problème des Ouïghours.

Mais la référence essentielle ici est celle de la France de De Gaulle qui, en adéquation avec « les quatre-vingts textes et deux cents lettres de Voltaire » et des ouvrages des philosophes et économistes français du 17e siècle, a reconnu, il y a 60 ans, la Chine, « un Etat plus ancien que l’Histoire ».

LGS

Le Jardin d’Acclimatation s’illumine pour accueillir le Festival Dragons et Lanternes qui débarque pour la première fois à Paris. La Cathédrale Notre-Dame de Paris en glace est dévoilée à Harbin, avec à son côté le Temple du Ciel, tous deux joliment éclairés. L’Année du tourisme culturel est ainsi lancée pour inaugurer le soixantième anniversaire des relations diplomatiques sino-françaises.

Une fois de plus, l’enthousiasme s’accroît. Les Chinois et les Français sont prêts à partir à la découverte de l’autre extrémité du continent eurasiatique. Les bons thés ou les grands vins, la Cité interdite ou la Tour Eiffel, les pandas géants ou les beaux musées. Mille raisons pour inspirer une curiosité et surtout une admiration réciproques. Soixante ans après la décision visionnaire prise par le Président Mao Zedong et le Général de Gaulle, il est temps de pénétrer le sens profond du lien d’amitié qui relie la Chine et la France.

Enrichissement mutuel entre deux anciennes civilisations

Les échanges entre les deux nations sont anciens et profonds. Déjà au 17e siècle, Joachim Bouvet et Jean-François Gerbillon, premiers émissaires de Louis XIV, ont rendu service à l’empereur Kangxi. La frégate Amphitrite appareillait pour la Chine en 1698, premier navire français à rejoindre cette destination. On pense aussi au père Armand David, qui a découvert dans l’Empire du Milieu l’« ours blanc et noir » il y a près de 150 ans. Côté chinois, nombreux sont les futurs fondateurs de la Chine nouvelle qui ont étudié en France, comme Zhou Enlai et Deng Xiaoping, pour n’en citer que les noms les plus illustres.

« Engouement et enrichissement », ces mots du Président Xi Jinping sont en parfait accord avec ceux d’Emmanuel Macron :« attraction et fascination ». Dès le début, les deux civilisations s’écoutent, se parlent, s’admirent et s’inspirent mutuellement. Le père Bouvet enseignait à Kangxi l’astronomie et les mathématiques, et l’empereur le chargeait d’aller chercher en France de nouveaux savants pour sa cour. Tout comme dans les quatre-vingts textes et deux cents lettres de Voltaire, la Chine est si souvent apparue dans les ouvrages des philosophes et économistes français du 17e siècle, preuves de l’admiration qu’elle a provoquée. Plus récemment, les boulangers chinois ont surpris le monde en remportant le 9e Mondial du pain, alors que l’équipe de France est devenue championne du monde de mah-jong en 2019. Si les deux nations partagent depuis toujours cette séduction l’une pour l’autre, c’est au fond parce que les Chinois et les Français ont toujours fait montre de respect, de compréhension et d’égalité face à deux civilisations aussi lointaines que mystérieuses.

Esprit pionnier de deux grandes indépendances

Les deux pays ont toujours eu un lien particulier qui s’est confirmé pendant des années, une histoire qui a irrigué le présent et surtout des choix politiques. La poignée de main historique et courageuse entre la Chine et la France en janvier 1964 – « une rencontre de deux indépendances » en pleine guerre froide – a marqué l’histoire des relations internationales. Dès lors, cet esprit pionnier les a conduites à être précurseurs à plus d’un titre : partenariat global puis partenariat global stratégique, dialogue stratégique, ligne aérienne directe, projet nucléaire civil, centres culturels et années croisées... La liste des « premières » est loin d’être exhaustive et continue de s’allonger. Avec cette dynamique, ce partenariat se trouve toujours à l’avant-garde des échanges entre les grands pays dans le monde.

Cet esprit si précieux s’explique par la clairvoyance de nos dirigeants et de nos traditions politiques. De l’esprit gaulliste à l’autonomie stratégique, la France veut toujours assumer un chemin qui est le sien. La détermination chinoise à poursuivre sa politique extérieure d’indépendance et de paix n’a jamais manqué. Les traits communs des deux puissances stratégiques ont fait naître la convergence des visions et les affinités entre peuples. Acteurs de poids sur la scène internationale, elles refusent d’être suivistes, font des choix perspicaces et jouent un rôle indispensable dans le monde d’aujourd’hui en pleine transformation.

Vision mondiale de deux acteurs majeurs

« La Chine et la France assument des responsabilités particulières et importantes en matière de maintien de la paix dans le monde. » Comme l’a affirmé le Président Xi Jinping, la portée des relations sino-françaises dépasse largement le cadre bilatéral. Le Président Macron a également partagé des réflexions similaires : « Il y a une chose qui nous unit, c’est que nos deux pays, parce que ce sont deux civilisations, ne se sont toujours pensés eux-mêmes que dans ce rapport au monde. » Toutes deux fondateurs des Nations Unies et membres permanents du Conseil de Sécurité, la Chine et la France agissent toujours à la hauteur de leur grandeur. De la COP21 sur le climat à Paris à la COP15 sur la biodiversité à Kunming, en passant par le financement pour le développement et la sécurité alimentaire, elles s’engagent à laisser à nos générations futures un monde meilleur.

Forts de leur sagesse civilisationnelle, engagement courageux et action concertée, les deux pays pourront et devront continuer d’accomplir de grandes choses. Par la coordination sur les enjeux globaux et le soutien mutuel sur leurs initiatives respectives, ensemble, ils portent le véritable multilatéralisme. Pour un monde multipolaire ordonné et fondé sur l’égalité. Pour une mondialisation économique inclusive et bénéfique pour tous. Bref, pour un avenir commun, prometteur et radieux de toutes et de tous. En cette année anniversaire, l’heure est de faire le bilan et de tracer les perspectives. Sur le nouveau point de départ historique, les deux anciennes civilisations, grandes nations et acteurs majeurs apporteront une nouvelle contribution sino-française au monde pour un nouveau cycle sexagésimal et au-delà.

YI DA

(spécialiste des relations internationales basé à Beijing).

URL de cet article 39297
   
Même Thème
Les trajectoires chinoises de modernisation, Jean-Claude Delaunay
La Chine est entrée dans les temps modernes, au xixe siècle, avec un mode de production inapte à assurer sa modernisation. La dynastie Qing en a fait l’expérience. Le républicain Sun Yatsen n’a pas réussi à le dépasser. Seule la révolution communiste a débarrassé ce pays de ses structures anciennes. Depuis lors, son économie a suivi de nouvelles trajectoires. La première partie du livre décrit les trajectoires réelles contemporaines de la Chine (démographiques, agricoles, industrielles, (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

On ne mesure pas la puissance d’une idéologie aux seules réponses qu’elle est capable de donner, mais aussi aux questions qu’elle parvient à étouffer.

Günter Anders
L’Obsolescence de l’homme (1956)

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.