par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran
Consécutivement aux massacres perpétrés dans la bande de Gaza par l’armée israélienne, le président de l’Autorité palestinienne avait, en guise de protestation, décidé de geler le dialogue direct engagé entre lui et le Premier ministre d’Israël, Ehud Olmert, en application des recommandations de la conférence d’Annapolis. La rupture n’aura pas été de longue durée toutefois, puisque les deux hommes ont renoué hier à Jérusalem leur dialogue au sommet.
Pourtant, Mahmoud Abbas n’a rien obtenu entre-temps de Tel-Aviv qui justifierait aux yeux du peuple palestinien qu’il reprenne si vite le chemin des bureaux et du domicile du Premier ministre israélien. Rien en tout cas concernant les deux exigences cruciales qu’il a posées en préalable de la reprise de son dialogue avec Olmert, à savoir la levée du blocus inhumain imposé à la bande de Gaza et l’arrêt de l’extension de la colonisation juive à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. Au contraire, les autorités de Tel-Aviv ont raidi leur position dans les deux affaires. Le blocus de Gaza s’est fait encore plus étanche et le feu vert a été donné à d’autres implantations de colons juifs en territoires palestiniens. L’Etat hébreu a tout au plus, à la demande « amicalement formulée » par la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice, lors de sa récente visite à Tel-Aviv, consenti la levée d’une cinquantaine de barrages militaires sur les plus de 500 qui corsètent les voies de communication en Palestine.
C’est la même Condoleezza Rice qui a convaincu le président palestinien à retourner à la table de négociation.Dans quel but et pour quelle raison ? Là est toute la question. Certainement pas pour hâter la conclusion d’une paix israélo-palestinienne avant la fin de 2008, comme l’on feint de le croire à Washington.
Mahmoud Abbas a été plus vraisemblablement instruit à reprendre le dialogue avec Olmert pour que s’instaure une apparence de situation moins tendue en Palestine, porteuse d’un semblant de volonté de faire aboutir le processus de paix.
La reprise du dialogue engagée hier entre le président palestinien et Olmert est en fait l’écran de fumée destiné à masquer les préparatifs d’agression qui sont en cours en Israël, encouragés par George W. Bush et son entourage. C’est en effet un secret de Polichinelle que ces préparatifs qui se camouflent sous le label de manoeuvres d’entraînement et de mise à niveau de l’armée israélienne. Tel-Aviv et Washington sont, à n’en pas douter, déterminés à provoquer une autre explosion au Moyen-Orient avant la fin du mandat de George Bush et son départ de la Maison-Blanche.
Mahmoud Abbas ne serait pas fondamentalement contre cette perspective, si elle lui offre la possibilité d’en finir avec le Hamas honni, qui a ruiné son autorité sur le peuple palestinien. Aléatoires calculs dont la seule conséquence prévisible est un embrasement généralisé du Moyen-Orient et son cortège de souffrances pour les peuples de la région.