Le Plan Solaire Tunisien, concocté par l’Ancien Régime, semble trouver les faveurs du Nouveaux, à tel enseigne que ses objectifs ont été maintenus à la lettre : Ce Plan vise, en matière de production d’électricité, une part de 20% d’origine renouvelable vers 2020 et de 30 % en 2030 !
A titre d’exemple, et pour ces mêmes échéances, l’Allemagne - recevant le tiers de nôtres rayonnements solaires, en plus des autres sources renouvelables- vise respectivement 80% et 100 % !
En outre le solde de notre balance énergétique continue de creuser un déficit abyssal (1,6 M tep en 2012) par le fait même que notre production d’électricité se base presque exclusivement sur le gaz naturel qui lui, est à 90% importé !
Devant cette situation alarmante, l’Etat, déjà en sommeil profond, se trouve enseveli sous une autre couche qui consacre la démarche anachronique d’antan !
A-Une richesse inestimable foulée sous nos pieds
La technique du solaire Photovoltaïque (PV) a pourtant fait ses preuves et ses performances ne cessent de s’accroitre pour atteindre les 20% de rendement, quant ‘au coût d’investissement pour un kW de capacité, il n’a cessé de chuter de manière vertigineuse pour atteindre en cette année les deux milles dinars environ !
Le prix de rachat par les distributeurs d’énergie électrique PV en Europe est devenu très compétitif par rapport aux autres sources nucléaires ou fossiles. A titre indicatif, son niveau actuel, aux environs de 10 centimes d’Euro le KWh, risquerait de devenir dissuasif pour tout nouvel investissement en Allemagne, pionnière en la matière !
La récolte d’énergie solaire ramassée sur un mètre carré de nos terres couvrirait les besoins en énergie électrique consommée par chaque concitoyen !
S’il y a un domaine où la théorie de l’avantage comparatif, tant prêchée par les ténors de l’économie classique, joue à l’avantage des pays de la ceinture solaire, se serait bien celui de l’énergie verte solaire. Il serait temps que la Tunisie valorise sont avantage dormant depuis des siècles et se spécialise dans ce secteur d’avenir pour se gaver en électricité à bon compte et devenir exportatrice d’électricité aux requérants proches de la rive nord méditerranée.
Aux conditions de ce jour, on estime qu’un hectare de nos terres, non agricole, équipé en PV, réaliserait, un Chiffre d’Affaire de 600 milles TND. Aucune spéculation agricole ne peut être concurrente à une telle exploitation !
Voyez quelle abondance autour de nous ! Et il est beau de regarder du sein de la profusion vers des lendemains qui chantent !
Compte tenu de ce qui précède il ne s’agit pas d’être expert hors paire pour revisiter le PST dont-il s’agit, en lui faisant subir une teinte ‘révolutionnaire’ s’il en faut d’autant plus que notre carte solaire des sites les plus fournis, couvre les régions dites marginalisées, ce qui nous offre une opportunité pour les mettre à contribution à bon escient, et y booster le développement régional tant réclamé par notre vaillante jeunesse révolutionnaire et ses ‘bataillons’ de diplômés chômeurs…
Et comment voudrions-nous supporter la réalisation des objectifs de la Révolution de la Dignité sans cet espoir, nous qui accédons à la connaissance ! De naissance nous n’avons pu être situés ni dans l’inconcevable, ni dans le déraisonnable. Montrons-nous, pour une fois, capable !
B- Les données (+/-20 %) déterminantes du programme réalisable à fin 2015
a) Production nationale d’électricité pour 2015 = 15 G kWh, dont consommation diurne 10 G kWh environ
b) Plus de 50 000 km² de nos terres centre/sud reçoivent 2000 kwh/m²/an de rayonnement Global Horizontal Indirect GHI, source mobilisable pour l’électricité Photovoltaïque ; et autant de rayonnement direct DNI, mobilisable par la technique de concentration solaire CSP.
c) Avec un rendement PV de 20% il nous faut équiper 2 500 ha, soit le quart du terrain alloué au Mégaprojet prévu à Régime Mâtoug, comptant pomper/exporter notre énergie solaire vers la rive nord Méditerranée.
d) Une trame de 2 500 PME employant 10 personnes par hectare non agricole recevant le rayonnement dont-il s’agit constituerait un réseau de producteurs contractuels avec l’opérateur national, dépoussiéré de la routine administrative, selon un cahier des charges idoine ….
e) La rémunération des producteurs garantira les crédits finançant les installations …
f) Pour bénéficier de prix compétitifs pour l’équipement PV et accessoires, l’Opérateur National –actuel STEG ou Organisme dédié, à créer pour cette grandiose mission- assurera le pilotage et la centralisation du programme PV dans les délais impartis….
C -L’économie du programme :
a) Emplois : 25 000 postes d’emplois directs dans le secteur des énergies renouvelables
b) Balance des payements : évitement de combustion/importation des 2/3 des 3,6 M tep de gaz naturel soit 2,4 M tep à 805 $/t d’où une économie de l’ordre de 2 milliards de $/an environ, équivalente aux recettes annuelles en devise du secteur touristique !
c) Réduction de nos émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) dues au secteur des Industries Energétiques …
Nos 2 500 ha de terre, non agricole, sont en mesure de nous produire-en valeur- le double de ce que produit le secteur céréalier avec ses 1,5 millions d’hectares ! On comprend mieux ainsi la hâte qui anime les promoteurs du Mégaprojet prévu à Kébily, qui va s’implanter sur 10 000 ha ; soit un gisement potentiel, de GHI et DNI, à ciel ouvert, de 400 G KWh par an, de l’ordre de 25 fois notre consommation annuelle !
Ainsi il est d’une nécessité cruciale et impérieuse pour notre économie, exsangue, de trouver un peu d’oxygène, par ledit programme, qui lui assurera le saut qualitatif environnemental et durable dans les meilleurs délais.
Aussi il y a lieu d’engager la mise en œuvre de la valorisation de notre avantage comparatif solaire, afin d’en extraire le surplus économique qui nous faisait défaut et lever ainsi la damnation du déficit structurel de notre balance commerciale persistant et allant crescendo de 30 M en 1960 à 8 600 M de TND en 2011 !
Cheikhalifa Mohamed
macro économiste