Nous apprenons le 17 juillet par la presse électronique que Chedly Ayari succèdera à Mustapha Kamel Nabli à la tête de la Banque centrale de Tunisie (BCT). La proposition serait soumise demain en séance plénière à l’Assemblée nationale constituante (ANC).
Avec tous mes respects à Monsieur Chedly Ayari, je ne vois pas en lui un successeur sérieux à Monsieur Mustapha Kamel Nabli et ceci pour 4 raisons :
(1) L’âge avancé de cet homme constitue un handicap de taille : ce n’est pas à 79 ans qu’on peut maitriser une institution aussi capitale que la BCT, (2) Son réseau international n’est pas suffisamment étoffé pour établir des relations fortes avec le FMI et les autres institutions internationales en la matière, (3) Son cv ne reflète nullement une compétence en matière financière. Ses courts passages aux ministères du plan puis à l’économie dans les années 70 ne suggèrent pas qu’il était un vrai patron autonome. En effet, il a exécuté, loyalement les instructions de son premier ministre. (4)Changer tout le directoire de la BCT au même moment, cela se traduira rapidement par un désordre total dans l’institution. Chadly Ayari n’est pas connu pour sa rigueur pour rétablir une situation chaotique. Pour toutes ces raisons, je ne vois pas que CA serait une alternative à MKN. Changer le dispositif de direction de la BCT, à trois mois de 23 octobre, serait une erreur fatale et irréparable. Arrêtons cette course vers l’abime.
Comment explique-t-on au monde entier ce changement inutile sachant que tous les observateurs tunisiens et étrangers déclarent que MKN a géré avec brio les affaires financières du pays durant la transition.
Comment peut-on expliquer cet acharnement contre MKN, homme compétent et intègre de l’avis de tous les observateurs ? Est-ce vraiment la divergence en matière de vision sur la relance de l’économie du pays qui est à l’origine de ce divorce ? Est-que Chadly Ayari constitue une alternative crédible en matière de politique monétaire ? Je ne le crois pas vraiment ! CA comme MKN ont été formés dans l’Ecole de Hédi Nouira, premier Gouverneur de la BCT. Cet homme a marqué cette institution par sa méthode et sa rigueur. Personne ne pourra changer cette ligne fondamentale de la BCT car les hauts fonctionnaires sont aussi des héritiers de Hédi Nouira.
Aucun gouverneur de la Banque Central n’accepterait de mettre en place une politique monétaire expansionniste et inflationniste comme le souhaite l’exécutif. Cette démarche n’aura qu’un résultat fâcheux, la concomitance du chômage et de l’inflation, communément appelée stagflation.
Le pouvoir actuel, au lieu de changer de gouverneur de la BCT, a intérêt d’éviter le désordre politique et le recours effréné au financement monétaire du déficit public. Ceci induit forcément de fortes inflations, ne produit nullement de la croissance, et au contraire, contribue souvent à la détérioration de la situation de la production et de l’emploi.
La mise en scène de ramener Chedly Ayari, c’est l’arbre qui cache la forêt ! Cette personne est facile de déloger, dans un mois ou deux, pour des raisons de santé par exemple. Le futur titulaire sera connu à ce moment là . Chadly Ayari ne serait qu’une parenthèse ou une courte digression.
Pour la suite du scénario tragique, lisez l’article suivant : « Le Limogeage du gouverneur de la BCT annonce-t-il la fin du dinar ? ». Cet article explique le pourquoi de cette manoeuvre hautement stratégique pour réduire l’indépendance de la BCT.
Il n’y a pas mieux pour terminer cet article que de mentionner ce qui a été écrit sur cette affaire de CHadly Ayari. En effet, un commentateur averti mais anonyme a écrit ceci : « Le ridicule est désormais tunisien. C’est comme si on faisait appel à Attouga pour être le gardien de l’équipe nationale. M. Ayari fut un grand économiste et un grand enseignant mais il a décroché il y a plus de vingt ans. Depuis le monde de la finance a complètement changé et ses connaissances sont celles d’un médecin qui n’exerce plus depuis vingt ans, c-à -d proche d’un guérisseur dans une tribu africain. D’ailleurs M. Chedly Ayari est avant tout un économiste et non un financier et ses connaissances et son expérience en politique monétaire sont celles d’un peintre en bâtiment (dahan) qui veut peindre des toiles artistiques. » Un commentaire pertinent résume bien le personnage ! Espérons que CA ne sera le dindon de la farce !
D’autres diront que cet homme a servi le régime ZABA puisqu’il était un sénateur à la dernière chambre des conseillers sous Ben Ali et probablement faisant parti de la longue liste des « Mounachidenn ».
Iyed Dahmani, jeune et dynamique Constituant de l’opposition républicaine n’a-t-il pas rappelé lors de la fameuse et houleuse séance de la Contituante du 17/07/2012 que les procédures d’acheminement du courrier de Marzouki à l’ANC n’ont pas été respectées précisant que ce genre de manoeuvre est « digne d’une république bananière ».
Espérons que notre appel soit entendu !
Mustapha STAMBOULI