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Tunisie : analyse critique du Gouvernement dit d’union nationale

© Stringer, AFP | Youssef Chahed (en bas à dr.) et des membres de son gouvernement au Parlement, le 26 août.

Dans un appel urgent, ayant pour titre « Le G.U.N : UN GOUVERNEMENT DE GESTION, ET NON DE SOLUTION DE LA CRISE », reproduit intégralement ci-dessous, un collectif de 22 militant(e)s de la gauche tunisienne a rendu publique son analyse critique du Gouvernement dit d’union nationale (G.U.N) intronisé par le parlement le 26 Août 2016.

Le G.U.N : UN GOUVERNEMENT DE GESTION, ET NON DE SOLUTION DE LA CRISE

Le Gouvernement dit d’union nationale, constitué le 26 Août 2016, jour de son intronisation par L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) avec une majorité numériquement très confortable, n’a pas soulevé l’enthousiasme des citoyens et citoyennes, c’est le moins que l’on puisse dire !

Les conditions dans lesquelles ce gouvernement a été constitué – avec les tractations, les manœuvres et les calculs qui ont accompagné le processus laborieux de sa constitution – ajoutées aux alliances contre nature, avec la présence parmi ses membres d’un homme appartenant à la gauche, compromettent sa crédibilité et font de lui plutôt un simple « remake » du gouvernement Habib Essid, remercié par l’ARP avec les applaudissements, Assemblée qui ne craint plus le ridicule !

Les circonstances qui ont accompagné, des semaines durant, le processus laborieux de la constitution de ce gouvernement prétendument d’union nationale, confirment, s’il en était besoin, à quel point notre pays vit, non plus seulement une crise économique et sociale profonde et qui s’aggrave d’année en année depuis 6 ans, mais, aussi, et de plus en plus, une crise politique qui se confirme et s’approfondit de jour en jour.

Le système politique qui s’est construit et imposé depuis le 14 Janvier 2011 n’a pas réussi à initier et développer une vie politique démocratique et pluraliste qui permette au peuple tunisien, à ses élites et à ses électrices et électeurs de participer à la construction d’une deuxième République qui rompe de façon effective avec le despotisme, ses valeurs et ses pratiques répressives et anti-démocratiques, sans ouvrir grandes les portes à un despotisme d’essence théocratique, obscurantiste et encore plus rétrograde et réactionnaire que celui dont la Tunisie s’est débarrassée le 14 janvier 2011.

Dans la démocratie dont la Tunisie d’après le 14 janvier 2011 a besoin, l’action politique se doit de se mettre exclusivement au service de la chose publique et de se fonder sur des principes et des valeurs qui ne laissent aucune place à l’hypocrisie et au double langage, aux calculs sordides, aux alliances contre-nature, à l’argent politique, aux groupes de pression et aux pratiques mafiosiques.

Le prétendu gouvernement d’union nationale que l’on vient de nous offrir à l’occasion du 3ème anniversaire du « Sit-in du Départ »* est le pur produit de cette crise politique profonde.

Avec plusieurs de ses membres appartenant à Ennahdha, et d’autres à un Nidaa Tounès profondément divisé, avec un ministère important attribué à un laudateur enthousiaste de Ben Ali à quelques semaines de sa chute, avec un membre venu de la gauche mais qui n’ajoutera rien à la crédibilité de ce gouvernement, le gouvernement présidé par Youssef Chahed – mais qui est et sera en réalité celui du duo ESSEBSI / GHANNOUCHI – n’ira pas très loin.

Entré en fonction il y a bientôt un mois, AUCUNE DÉCISION D’ENVERGURE N’A ÉTÉ ANNONCÉE, alors que sur plusieurs questions clés, il y a EXTRÊME URGENCE : Le Chômage, le développement régional, la chute vertigineuse du dinar, la hausse des prix, le dossier des Caisses de Sécurité Sociale, celui de nos hôpitaux et du secteur de la Santé de manière générale, pour ne parler que de celles-là !

Il est clair que ce n’est pas d’un gouvernement constitué dans le cadre de calculs sordides, de compromissions, d’alliances contre-nature, et tout cela dans le cadre d’une soumission aux diktats du FMI, de la Banque mondiale et des instances financières internationales, qu’il faut s’attendre à ce que la Tunisie sorte enfin de la crise économique, sociale et maintenant politique dans laquelle elle s’est enfoncée.

Un groupe de militant(e)s de gauche :

Amira Aleya Seghayer - Wassim Jday - Nabil Azzouz - Samira Ben Kaddour Belkadhi - Hamadi Ben Yahia- Rafika Gharbi - Salah Zeghidi - Salah Horchani - Alamine Charni- Samira Trabelsi - Melika Hentati - Leila Chebbi - Nozha Skik - Aymen Hacen - Mehdi Abdeljaouad - Salem Ounaiès - Mohamed Salah Fliss - Houcine Ghali - Besma Triki - Imen Bechraoui - Moncef Ghanmi - Farhat Raddaoui.

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* Voir au sujet du Sit-in du Départ, par exemple, mon billet intitulé « Prix Nobel de la Paix 2015 : une petite pensée pour le "Sit-in du Départ" ! » paru ici.

»» https://blogs.mediapart.fr/salah-ho...
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