RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Tuer avec un joystick (*), à 12.000 kilomètres de distance

« L’aviation étasunienne effectue chaque mois, en moyenne, plus de 2.000 « missions d’appui aérien rapproché aux troupes Isaf en Afghanistan ». L’information est donnée par les communiqués de l’Us Air force elle-même. Elle n’est cependant pas assortie des chiffres tels que les morts et les blessés provoqués dans la population par les bombardements, officiellement dirigés contre les « talibans » ou cibles qualifiées sans trop de détail d’« ennemis » ou d’« insurgés ».

Participent aux raids, en plus des chasseurs bombardiers F-15E Strike Eagles, les F/A-18 Super Hornets du porte-avion Abraham Lincoln, déplacé du Golfe persique au Golfe d’Oman pour mieux atteindre ses objectifs. On emploie aussi en Afghanistan des B-1B Lancer, des bombardiers stratégiques pour l’attaque nucléaire, utilisés avec des bombes non-nucléaires. Un B-1B peut larguer en une seule mission 24 Gbu-31 Jdam dirigé par Gps de 2.000 livres, (presque une tonne), 84 Mk-82 de 500 livres, 30 bombes à fragmentation de divers types et des dizaines d’autres munitions. Les bombes Jdam peuvent être lancées simultanément sur plusieurs objectifs, à plus de 60 Kms de distance.

Autre avion utilisé en Afghanistan, le A-10 Thunderbolt, spécialisé dans l’appui aérien rapproché aux forces terrestres. Il peut transporter plus de 7 tonnes de bombes et missiles. Mais son arme létale est le canon Gau-8 Avenger de 30 mm, qui tire 3.900 coups à la minute en utilisant un mélange de projectiles incendiaires hautement explosifs et de projectiles pénétrants à l’uranium appauvri. Ces avions peuvent opérer à basse altitude - car leurs habitacle et appareils sont protégés par une cuirasse de titane - et en pleine obscurité grâce au viseur nocturne du pilote.

Ceux qui courent encore moins de risques sont les pilotes qui bombardent l’Afghanistan avec les MQ-9 Reaper. Il s’agit de la dernière génération des UAV (véhicules aériens sans équipage), commandés à distance. Le Reaper (« moissonneur », de vies humaines évidemment), est en mesure de voler pendant 30 heures jusqu’à 15 mille mètres d’altitude, il transporte une charge de plus d’une tonne et demi, quatre fois supérieure à celle de son prédécesseur, le Predator (« prédateur »), (pour ceux qui ne connaissent vraiment pas l’anglais…NdT) : il est composé de missiles Hellfire (« feu d’enfer »…) Agm-114, des bombes guidées par laser Gbu-12 Paveway II et Jdam Gbu-38.

Les Reaper décollent d’une base en Afghanistan, où se trouve le personnel spécialisé pour la manutention, mais ces avions sont conduits par un pilote et un spécialiste des capteurs, qui eux sont commodément assis à une console de commande à 12 mille kilomètres de distance, dans la base de Creech, au Nevada. L’avion possède des capteurs infrarouges et vidéo caméras qui, par le réseau satellitaire, permettent aux opérateurs d’identifier les objectifs. Ces derniers sont souvent signalés par des « contrôleurs aériens tactiques » qui, en Afghanistan, indiquent aux pilotes les cibles à toucher.

Tuer en manipulant un avion au moyen d’un joystick, à 12 mille kilomètres de distance est la dernière frontière des technologies guerrières. «  Voir ces mauvais sujets sur l’écran, et comment on les envoie dans l’autre monde, et descendre ensuite au fast food pour le déjeuner, est une expérience surréelle », déclare à CNN le capitaine Matt Dean, un des pilotes Reaper de la base de Creech.

Qui sait s’ils étaient au courant de tout ça, les membres de la Commission de Défense de la Chambre des députés italienne qui, en février dernier (pendant le gouvernement Prodi), ont approuvé l’acquisition de 4 Reaper, qu’on ajoutera aux 5 Predator de l’aéronautique militaire : tout cela étant fondé sur l’assurance qu’ils allaient être utilisés sans armes à leur bord (ce qui revient à acheter un char d’assaut, en garantissant qu’on va s’en servir comme camion). En réalité, la puissance destructrice du Reaper est ensuite accrue.

Un porte parole du ministère de la Défense britannique a déclaré que les Reaper de la RAF, eux aussi pilotés depuis la base de Creech, seront armés du nouveau missile Hellfire Agm-114N. C’est une arme thermobarique, déjà utilisée par les hélicoptères britanniques en Afghanistan qui, lancée contre des édifices ou des cavernes, fait le vide d’air et tue quiconque se trouve là . Voilà comment l’ISAF/OTAN contribue à « apporter en Afghanistan sécurité et stabilité », en aidant le gouvernement à « désarmer les groupes illégalement armés ».

Publié pendant l’été 2008 par il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

(*) Joystick, ou manette de jeu vidéo, voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Joystick_(jeu_vid%C3%A9o)

URL de cet article 7240
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Frédéric Rousseau. L’Enfant juif de Varsovie. Histoire d’une photographie.
Bernard GENSANE
Paris, Le Seuil, 2009 Nous connaissons tous la photo de ce jeune garçon juif, les mains en l’air, terrorisé parce qu’un soldat allemand pointe sur lui un fusil-mitrailleur. En compagnie de sa mère, qui se retourne par crainte de recevoir une salve de balles dans le dos, et d’un groupe d’enfants et d’adultes, il sort d’un immeuble du ghetto de Varsovie. A noter que ce que l’enfant voit devant lui est peut-être plus terrorisant que ce qui le menace derrière lui. Au fil d’un travail très rigoureux, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« A toute époque, les idées de la classe dominante sont les idées dominantes : autrement dit, la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est en même temps la puissance spirituelle dominante. La classe qui dispose des moyens de la production matérielle dispose en même temps, de ce fait, des moyens de la production intellectuelle, si bien qu’en général, elle exerce son pouvoir sur les idées de ceux à qui ces moyens font défaut. Les pensées dominantes ne sont rien d’autre que l’expression en idées des conditions matérielles dominantes, ce sont ces conditions conçues comme idées, donc l’expression des rapports sociaux qui font justement d’une seule classe la classe dominante, donc les idées de sa suprématie. »

Karl Marx

Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.