Le texte est bien documenté. Merci.
Mais ce constat n’est pas nouveau, hélas, ce n’est qu’une nouvelle étape dans les attaques contre les travailleurs et il est évident que le but final recherché est la précarisation et la flexibilité de tous les travailleurs dans tous les secteurs de l’économie. Et ils y arrivent peu à peu.
Cela fait des années qu’ils s’acharnent. Cela fait des années qu’on nous dit qu’après tout, le dimanche n’est plus ce que c’était, cette journée figée consacrée à la famille, et que les gens veulent pouvoir aller faire les courses ce jour-là pour ne pas avoir à les faire le reste de la semaine. Blablabla.
Sarkozy avait déjà largement planté les jalons. Mais il n’avait pas pu mener à bien cette entreprise parce qu’il avait le lobby catho sur le dos (Tiens, que sont-ils devenus, cette fois-ci ? Auraient-ils laissé tomber leurs sermons sur la famille et le repos dominical ? Pourtant, c’était un point fort de leur doctrine. Tout fout le camp).
En ce qui concerne les grandes surfaces, les vautours ne sont jamais rassasiés : les employés sont déjà embauchés essentiellement à temps partiel, avec une énorme amplitude quant aux horaires de travail, et des salaires de misère. De plus, les grands supermarchés étant implantés dans des zones commerciales, les employés sont souvent contraints d’avoir un véhicule pour se déplacer.
Les patrons des grandes surfaces veulent désormais répartir la semaine de travail sur 7 jours et augmenter encore le nombre de déplacements des employés en les faisant travailler essentiellement dans les créneaux horaires où les supermarchés sont le plus fréquentés.
Il est clair, en effet, que ce n’est ni pour des raisons économiques (les budgets des familles étant de moins en moins extensibles), ni pour permettre d’embaucher du personnel - ils sont en train de former les consommateurs à payer leurs achats tout seuls aux caisses automatiques (qui pense bien à boycotter ces machines ?).
Toutes ces mesures ne sont destinées qu’à provoquer un nouvel orgasme au Medef, qui aura encore gagné une nouvelle victoire contre le code du travail, mais qui déclarera que c’est une avancée encourageante, certes, mais que cela ne va pas encore assez loin.
Et elles servent à encore plus humilier et assujettir la population, à l’isoler, à la priver de contacts conviviaux, de visites culturelles en famille ou/et entre amis et bien d’autres activités qui ne pourront sans doute plus se faire sans qu’au moins un des membres soit indisponible.
Nous sommes gouvernés par des monstres.
Pour autant, je regrette que l’auteur se laisse aller à dénoncer ces « quelques-uns » qui se sont déclarés favorables à l’ouverture du dimanche en leur faisant porter la responsabilité de "servir les intérêts du capital et fabriquer eux mêmes les chaines qui les asservissent".
S’est-on demandé qui ils étaient, avant de porter un jugement aussi lapidaire ?
Certes, il doit bien y avoir parmi eux des égoïstes forcenés qui se disent "Moi d’abord, et après moi, le déluge".
Mais, même s’ils existent, il ne faudrait pas perdre de vue que les coupables, ce ne sont pas ceux qui ont besoin de travailler coûte que coûte, mais ceux qui les manipulent pour arriver à leurs fins et profitent d’eux pour s’en prendre à l’ensemble des salariés.
Les plus nombreux parmi les volontaires seraient, donc, les plus de 58 ans et les moins de 25.
Il me semble évident que les plus âgés, dont les enfants sont sans doute autonomes, qui ont vraisemblablement perdu irrémédiablement leur emploi et ne peuvent sans doute pas se faire embaucher ailleurs, n’ont pas beaucoup d’autres solutions que d’accepter ces conditions.
Car, de toute façon, s’ils ne le font pas, la place ira à d’autres. Donc, ils n’ont peut-être pas envie de jouer les martyrs inconnus ? (d’ailleurs, a-t-on les chiffres de ceux qui ont refusé un emploi inespéré par éthique ou solidarité avec ceux qui n’en ont pas ?).
Quant aux moins de 25 ans, qui ont abandonné les études ou qui ont un diplôme insuffisant, souvent issus de milieux modestes, quelles autres possibilités ont-ils de trouver un travail qui leur permette une certaine autonomie financière ?
Ceux qui ne sont pas chargés de famille peuvent préférer des horaires plus souples. Mais c’est la même chose que pour les précédents : s’ils n’acceptent pas, la place ira à d’autres. Les actions doivent se faire collectivement, pas individuellement.
Parmi cette seconde catégorie, il y a aussi de nombreux étudiants, également issus de milieux peu fortunés, à qui les hypermarchés proposent des "contrats étudiants" fort rentables pour les premiers et arrangeants pour les jeunes.
Ces contrats, aux horaires entre 8 et 25 heures par semaine leur permettent, ainsi, de gérer les heures de cours et de travail. Ainsi, ils peuvent travailler moins en période d’examens et plus pendant les vacances scolaires ou lors des fêtes de Noël.
Ce qui expliquerait qu’ils préfèreraient travailler le dimanche plutôt qu’en semaine, où ils doivent suivre les cours.
Qui peut jeter la pierre à ces étudiants qui ont, ainsi, la possibilité d’avoir de l’argent de poche pour acheter ce dont ils ont besoin, pour louer un logement à proximité de la fac ou acheter un véhicule pour se déplacer, sans être à la charge de leurs parents ?
Qui faut-il blâmer, eux ou le système capitaliste qui ne permet pas aux jeunes gens dont les parents ne peuvent pas assumer les études de leurs enfants de poursuivre les études sans se soucier des problèmes matériels ?
Et encore, nous n’en sommes pas au point des US, où les étudiants contractent des prêts auprès d’organismes privés ou semi-privés pour financer des études exorbitantes, et qui sortent de l’université avec une somme énorme à rembourser avant même d’être entrés dans le monde du travail.