"( ) Naître dans l’environnement des cités est certainement un malheur, un coup du sort. ( )"
Mais pourquoi ? Ils (les blocs) sont confortables, luxueux même au regard des africains ou des pauvres diables immigrès des 4 coins de la planète ! On y manque de rien, il y a les commerces, les administrations, les transports collectifs, les vieux avec leurs chats, les enfants, le gars Robert avec ses rollers et son vélo stéréophonique suivi d’une nuée de "petits gars" dont l’un est "son frère". "-Tu sais qu’il vole ? m’a dit Jérome, un peu comme Max est libre -Robert, c’est un grand voleur ! C’est vrai, il est allé en prison. Il y était allé auparavant, il avait volé Carrefour, il en ressortait. Mais un jour on ne l’a pas revu. Bien sur, il n’a jamais su que je le comprennais.
La sanction judiciaire, les contraintes extérieures certes, mais les roues tournaient encore et d’autres auraient pu "tracer" à sa place sur les parkings.
Oui, pourquoi un malheur ? Pas à cause du voisinage plutôt convivial avant qu’on ne le "traite" par la réponse matérielle de grandes grilles, de portes et de vitres blindées.
Nous nous parlions bien entre tous dans ces blocs que je n’aimais pas parce qu’ils étaient loins de la campagne, écrasés dans leur cadre de vie par cela que la modernité pense avoir de meilleur : les automobiles, les plages d’asphalte, l’usine de traitement des ordures qui empeste le poisson pourri 2 fois par mois, les cadenas qui ferment les parcs aux heures fixes... J’aurais tendance à dire qu’importe car dans les villes on ne regarde plus ni le ciel, ni la terre...
Mais une question me tracasse : comment peut on se soucier de ce qui pousse dehors autour de soi, savoir si c’est un ghetto ou l’esplanade d’un jardin, en fortifier ce qu’il y a de meilleur et apaiser le pire, si l’on est absorbé chez soi, proprement aliéné par le trou noir d’une lucarne, le médium TV, oû s’engoufre toute la réalité quotidienne qui est la notre, lorsque celui ci prétend nous donner à vivre à la place une réalité de substitution dans laquelle bascule, faisant de nous un homme nouveau, toutes les valeurs, le langage, les émotions et le savoir qui nous sont propres ?
En fait dans la rue, dans le quartier se révèle le symptôme suivant : le medium télévisuel n’ayant pu faire que ce qu’il montre devienne totalement la réalité quotidienne (sinon le spectateur serait dématérialisé "derriere l’écran")* il fait en sorte que cette réalité quotidienne devienne ce qu’il montre.
*et de plus, ma petite conception est une approche de l’objet médiatique dans la tendance qu’il à d’être ce qu’il est, à travers disons une forme (de même ordre que le langage publicitaire) assumée consciemment ou non par certains de ses acteurs. Forme "conquérante" qui se manifeste dans le professionalisme technologique comme un déni de la finitude et relativité de l’entité médiatique. Et c’est bien là tout le problème : cette tentative de se présenter comme une pure rationalité, or celle-ci est truffée de postulats et d’a-priori.
M Andissac