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Thomas Huchon : le nouveau préposé en charge du catéchisme d’Etat

L’année 2015 a marqué un tournant significatif dans la lutte contre les « Théories du complot » en France. Le gouvernement a lancé une campagne « anti-complotisme » spécifique sur internet, qui a connu son paroxysme parisien le 9 février 2016 au Muséum national d’Histoire naturelle, en présence de Madame la Ministre de l’Education Nationale, Najat Vallaud-Belkacem. Un site gouvernemental sous l’autorité du Premier Ministre appelé « On te manipule » est même censé décrypter de façon humoristique les discours « complotistes ».

Dans ce contexte, l’Education Nationale fait appel à Thomas Huchon, journaliste pour le nouveau site « Spicee », lancé en juin 2015, de reportages payants pour lequel il a réalisé une vidéo baptisée « Conspi Hunter » (« chasseur de conspis »). Elle raconte l’histoire d’un faux-documentaire amateur « Cuba-Sida, la Vérité sous blocus » mis en ligne sur YouTube le 22 octobre 2015, qui avait pour but de piéger la dite “complosphère”. “J’en suis à ma 19ème intervention, ma 26ème en classe” a déclaré Thomas Huchon au lycée Jules Verne à Château-Thierry le 3 octobre 2016.

Trois semaines à peine après le lancement de ce canular, Thomas Huchon, visiblement sûr de lui, déclara dans beaucoup de médias « Nous avons piégé les complotistes ». Ainsi, dans un entretien accordé à Thomas Huchon, le journal Les Inrocks titrait sa chronique du jour « Un journaliste raconte comment il a piégé des complotistes ». Si cette annonce semble plutôt prometteuse, nous découvrons en lisant ce billet que la baudruche se dégonfle ligne après ligne. Dès l’introduction de l’article, Marie Turan pour Les Inrocks parle des avantages et des limites du projet. Thomas Huchon reconnaît même ensuite que pour « Arrêt sur images« , un autre journal en ligne, « 5000 vues sur YouTube en 2 semaines, ce n’est rien« . L’opération ne comptabilise finalement que 9 300 vues. A cela, Thomas Huchon rétorque sommairement « On ne voulait pas laisser ce truc sur Internet trop longtemps« . A la remarque « On peut regretter que vous n’alliez pas plus loin au sein de ceux qui composent la complosphère… » Thomas Huchon, forcé de relativiser sa performance, répond : « Notre objectif, ce n’étaient pas les têtes de gondole« . Au bout du compte, nous relevons que le résultat est plutôt pauvre, en conséquence de quoi Thomas Huchon aurait été bien inspiré de dire et d’écrire « Nous avons piégé quelques naïfs ».

Quoi qu’il en soit, cet article contenait un indice beaucoup plus intéressant : Thomas Huchon envisage deux mondes distincts. Premièrement celui des sites Internet qu’il qualifie de « complotistes », et il sous-entend que l’ensemble de cette « complosphère », pour reprendre ses mots, fonctionne en réseau étroitement lié. Et deuxièmement l’autre monde, celui des journalistes, qui est le sien et le bon.

En fait, le problème pour Thomas Huchon est que cette dichotomie (les bons journalistes et les mauvais blogueurs) ne résiste pas à un examen approfondi. Il n’y a pas d’un côté la « Cour des miracles » et ses méchants blogueurs, et de l’autre le monde des gens bien éduqués auquel il appartiendrait. N’en déplaise à M. Huchon, il y autant de divergences de points de vue entre les blogueurs de sites Internet, qu’il y en a entre les journalistes. C’est même un lieu commun de devoir le rappeler. Ainsi, un très grand nombre de journalistes ne sont pas sur la ligne éditoriale de Spicee, qui lui a pour programme de « ramener les jeunes brebis égarées dans le troupeau ». Plus bas nous verrons d’ailleurs en quoi les personnages-clé de Spicee sont plus proches du pouvoir et de l’argent que du journalisme.

Ces nombreux autres journalistes que nous évoquons n’ont pas peur de remettre en cause la politique du bloc occidental des pays OTAN, notamment au Moyen-Orient. Parmi eux nous retrouvons John PilgerNaomi Klein, Robert Fisk, Robert Parry, Seymour Hersh, Glenn Greenwald, Nafeez Mossaddeq AhmedDenis Robert, Alain Gresh, Fabrice Arfi, tous avec des parcours et des opinions extrêmement diversifiés mais aux compétences qui ne sont plus à démontrer… Et il ne s’agit ici que d’un petit échantillon. Rappelons également que sur une chaîne YouTube, des journalistes-star de la télévision tels que Elise Lucet et Paul Moreira n’ont pas hésité à approuver l’interaction entre internautes et professionnels de la presse. Ainsi donc, il est possible de vivre en bonne intelligence, journalistes compétents et blogueurs consciencieux sont complémentaires, nous signifient Elise Lucet et Paul Moreira.

Allende pour alibi

Le site Ballast, en préambule d’un entretien accordé à Thomas Huchon, nous explique qu’il « a passé plus de dix ans de sa vie à travailler sur un vrai complot : celui de la CIA contre le gouvernement chilien socialiste de Salvador Allende. Sur le terrain, il a recueilli des témoignages et s’est informé sans passer par la case de l’hypothèse, comme doit le faire tout journaliste d’investigation  ». Et Thomas Huchon d’ajouter «  J’estime donc, à tort peut-être, avoir une petite légitimité à dénoncer aujourd’hui les faux complots ».

Effectivement en 2013 la maison d’édition Eyrolles publie « Allende, c’est une idée qu’on assassine« , de Thomas Huchon, qui aurait donc passé dix ans de sa vie à travailler sur un vrai complot selon ses dires. Plus mesuré, l’éditeur nous dit « 3 ans d’enquête de terrain« . Ce qui somme toute, semble beaucoup plus logique quand on sait qu’il s’agit uniquement d’entretiens et que ce livre compte seulement 223 pages. Si nous enlevons les rubriques consacrées aux costumes d’Allende, au whisky d’Allende et à sa passion pour les femmes, nous pouvons ramener le tout à environ 180 pages.

Et contrairement à ce qu’il laisse supposer, Thomas Huchon ne nous apprend rien sur la CIA au Chili. De plus il n’évoque que très peu le rôle joué par les Etats-Unis dans le coup d’État du 11 septembre 1973. Enfin, quelques temps avant sa période « Conspi Hunter », il confie sur d’autres médias avoir été plus intéressé par Salvador, l’homme dans son intimité, que par Allende l’homme politique. En conclusion de son recueil, le journaliste écrit « Richard Nixon a donné l’ordre à Henry Kissinger et celui-là passa le flambeau à ses complices chiliens« . Se contentant du service minimum, Thomas Huchon le décrypteur des vrais et des faux complots n’est pas très loquace sur les méthodes du pouvoir américain. Pourtant, il apparaît indéniable que sans le cynisme américain qu’il eût été bienvenu d’approfondir ici, Pinochet serait resté dans l’anonymat, et le Chili aurait véritablement expérimenté le socialisme. Le journaliste William Blum a travaillé comme journaliste au Chili, où il a suivi l’« expérience socialiste » du gouvernement Allende. Dans son livre « Killing Hope – U.S. Military and CIA Interventions Since World War II » traduit en 2004 sous le titre « Les guerres scélérates – interventions de l’armée US et de la CIA depuis 1945« , Blum revient sur plus d’une cinquantaine d’interventions américaines de 1945 à nos jours. Ces « guerres scélérates » qui ont fait des millions de victimes démontrent à quel point il est difficile et dangereux de s’affranchir politiquement et économiquement de Washington.

Rudy Reichstadt, l’homme qui murmure à l’oreille de Thomas Huchon

Toujours dans le préambule de l’entretien accordé à Ballast, Thomas Huchon confie avoir rencontré Rudy Reichstadt et il précise « on a commencé à travailler ensemble, au même moment, Spicee va être créé« . Rappel succinct : Rudy Reichstadt est l’administrateur du site Conspiracy Watch. Bien qu’il ne l’assume pas, c’est un néoconservateur, par opportunisme certes, mais néoconservateur quand même. Pour s’en convaincre il suffit d’apprécier trois points. Premièrement ses sources, où nous retrouvons très souvent l’officine islamophobe MEMRI. Deuxièmement son discours, toujours assujetti aux intérêts américains. Troisièmement son réseau relationnel, composé de personnes telles que Bernard-Henri Lévy, Pierre-André Taguieff, Caroline Fourest ou encore Mohamed Sifaoui. Toutes ces personnalités régulièrement sollicitées par les médias français ont pour point commun de promouvoir la propagande de l’OTAN.

A ces trois points s’ajoute la méthode. L‘une des spécialités de Rudy Reichstadt est le raisonnement par amalgames. Si l’article d’un activiste ou d’un journaliste opposé à l’impérialisme des pays OTAN arrive sur un forum réprouvé, à tort ou à raison, par la sphère « néocon », il n’a pas le moindre scrupule pour associer l’activiste ou le journaliste au site où il se retrouve, souvent d’ailleurs à son propre corps défendant. Ainsi dernièrement, le chroniqueur économique Olivier Berruyer, dérangeant car iconoclaste, s’est vu repris sur quelques forums condamnés par la nébuleuse néocon. Il n’en a pas fallu davantage à Rudy Reichstadt, pour affirmer que ce chroniqueur était du même bois ou presque, que les responsables des forums sur lesquels ses articles étaient publiés.

Mais comme nous dit l’adage, il faut d’abord « balayer devant sa porte ». Monsieur Reichstadt pratique sur son forum une modération a priori, dès lors aucun commentaire n’échappe à son contrôle. Du mercredi 15 décembre 2010 au vendredi 28 Octobre 2011, donc sur une période de presque 1 an, nous trouvons les commentaires de « Nina ». Qui est « Nina » ? Elle fut auteur chez drzz.info, devenu Dreuz.info. Ce site est avant tout une tribune permanente pour la théorie d’Eurabia, un néologisme forgé en 2006 par l’essayiste et contributrice de dreuz.info, Bat Ye’Or. Le concept Eurabia est souvent repris par des mouvements d’extrême droite parlant d’une Europe islamisée. Faisant référence à la « théorie du complot juif des Protocoles des Sages de Sion », le journaliste et écrivain Johann Hari qualifie les deux d’« étonnamment similaires ». « Nina » est également contributrice du journal d’extrême droite sioniste JSSNews.

Les chroniques signées « Nina » sont sans équivoque possible. Elle est anti-communiste, anti-russe, anti-palestinienne, et bien sûr anti-arabe. En conséquence de quoi, les diatribes de sont empreintes de suspicion et de paranoïa. Malgré ce lourd CV, elle a trouvé sur le forum de Monsieur Reichstadt un défouloir supplémentaire lui permettant de vociférer sur des gens qu’elle n’aime pas. Pourtant avec cette « Nina », le moraliste Rudy Reichstadt n’a jamais usé de la moindre rétorsion, à tel point que celle-ci écrira en conclusion d’un billet publié par JSSNews : « A mettre sous toutes les mains, l’excellent blog de Rudy Reichstadt« .

Thomas Huchon chez Paul Amar

Face au journaliste Paul Amar, Thomas Huchon déclare : « tous les terroristes sont passés par la case théorie de la conspiration sur internet« . Malgré ce ton décisif et sûr de lui, Thomas Huchon ne donnera pas le moindre exemple factuel. Oubli regrettable, quand on sait qu’il y un cas qui aurait pu lui permettre d’appuyer son assertion, en l’occurrence celui du terroriste norvégien d’extrême droite Anders Behring Breivik, qui lui est directement parti de la case « théorie de la conspiration » pour perpétrer les attentats de 2011 en Norvège. Breivik l’adepte de la théorie conspirationniste Eurabia y assassina 77 personnes. Via google, nous n’avons pas trouvé le moindre article reliant Thomas Huchon à des travaux sur Eurabia ou Anders Breivik.

Ne croyez pas qu’Eurabia soit une thèse marginale qui ne concerne que très peu de gens. Rappelons que Philippe de Villiers, fortement inspiré par Eurabia, a signé la meilleure vente d’un livre politique en 2015. Quant à Eric Zemmour, qui dans la roue de Philippe de Villiers vient de publier un brûlot islamophobe, il enchaîne sans embûche la tournée des plateaux TV. Alors bien sûr, les lecteurs de Zemmour et De Villiers ne sont pas forcément au courant de la source première de ces personnalités médiatiques, néanmoins les effets de la rhétorique arabophobe et islamophobe que produit Eurabia sur les consciences y sont totalement palpables. Souvenons-nous qu’en 2015, plus de 400 actes anti-musulmans ont été officiellement recensés en France, soit + 223 % par rapport aux 133 comptabilisés en 2014, comme le révèle la Délégation interministérielle à la Lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Dilcra). Et selon le rapport sur la lutte contre le racisme de l’année 2015, cette montée du nombre d’actes et menaces anti-musulmans se poursuit malgré l’accalmie de 2014 (+30 % en 2011, +28 % en 2012, +11,3 % en 2013, -41 % en 2014, +223 % en 2015). Le rapport précise que « Les faits répertoriés semblent indiquer une progression dans l’échelle de violence : tirs à balles réelles, jets de grenade, agressions, incendies ou tentatives d’incendies« .

Il semble donc difficile de penser qu’en occultant la théorie d’Eurabia, Thomas Huchon n’a pas volontairement fait le choix d’un parti-pris, car après tout des personnages publics comme Gilles-William Goldnadel et Pierre-André Taguieff, le maître-à-penser de Rudy Reichstadt, furent des contributeurs réguliers du site drzz.info / Dreuz.info, et donc par voie de conséquence les promoteurs de la théorie d’Eurabia.

En négligeant le chapitre « Eurabia » alors qu’il s’autoproclame expert en dépistage de faux complots, Thomas Huchon perd toute crédibilité. Effectivement, dans des articles antérieurs nous avons pu voir que cette thèse est « la » théorie du complot par excellence, selon les critères de l’historien américain Richard Hofstadter. Car tous ses ingrédients y sont présents : 1/ La conspiration dure depuis plusieurs décennies. 2/ Il y a allégeance à une puissance étrangère (le monde arabe). 3/ La France sacrifie ses valeurs. 4/ Les arabes imposent leur langue et l’islam. 5/ L’alliance France-monde arabe s’appuie sur une politique commune hostile à la chrétienté. 6/ Il y a complicité des instances dirigeantes françaises. 7/ Il y a complicité des médias. 8/ L’idéologie islamique imprègne les institutions scolaires et universitaires.

Concernant Pierre-André Taguieff, nous nous devons de rappeler qu’il est à l’origine de l’outil utilisé par l’ensemble de la galaxie néocon qui consiste à amalgamer les voix discordantes dans une matrice devenue en peu de temps le référentiel de tous les agents de diffusion de la propagande impérialiste et néo-libérale.

C’est cette méthode fallacieuse que Thomas Huchon a fait sienne. Elle lui permet de cibler une personne ou un groupe de personnes en la reliant à un univers sémantique qui gravite autour de notions volontairement disons « fantaisistes », en particulier les « Illuminatis » ou les « reptiliens », associées à des concepts bien réels tels que « CIA », « MOSSAD », que notre falsificateur amalgame alors avec des expressions elles-mêmes déjà connotées négativement comme « conspirationniste », « rouge-brun », sans oublier « antisémite », ou même « complice des terroristes ». 

Pierre-André Taguieff et Thomas Huchon sont-ils pour autant de ce point de vue identiques ? Sur le fond oui, sur la forme non. Pierre André Taguieff drague un public très à droite. Thomas Huchon lui se dit progressiste. Thomas Huchon prendra soin d’éviter d’égratigner les sensibilités de gauche, et Pierre André Taguieff, celles de droite. Pour le fond, il y a une donnée essentielle à retenir : Que nous a dit Thomas Huchon sur Ballast ? « J’ai rencontré Rudy Reichstadt et on a travaillé ensemble« . Or quelle est la référence première de Rudy Reichstadt ? Pierre André Taguieff, présent 91 fois sur le Site Conspiracy Watch qu’il anime.

Pour illustrer nos propos, revenons sur deux exemples : 1/ En novembre 2004, Pierre-André Taguieff écrivait, en substance, que les jeunesses communistes, la LCR, l’UOIF, le Hamas, l’Union du Peuple Russe, l’Union générale des Étudiants de Palestine en France et les Frères musulmans sont tous sous l’influence des « Protocoles des Sages de Sion ». A ceux-là s’ajoutent Tariq Ramadan, Jean-Marie Le Pen, Carlos, Ben Laden, José Bové, Roger Garaudy, Olivier Besancenot, Daniel Mermet… 2/ Et sur Ballast, Thomas Huchon nous dit « C’est la raison pour laquelle nous sommes forcés de prendre l’argent du Mossad, de la CIA et des Illuminati ! Tu sais combien ça coûte, un litre de sang d’enfant palestinien pour le petit-déj’ ? – Au moins 300 balles ! » Et il conclut « Bref, l’humour est très utile aussi dans ce genre de situation ». Au sens de l’humour de Thomas Huchon, opposons, au passage, de vrais chiffres : En 2014, le bilan de l’opération militaire israélienne à Gaza a dépassé celui de l’opération Plomb durci en 2009. Plus de 1500 Palestiniens ont trouvé la mort. Parmi les victimes figurent 550 enfants.

Thomas Huchon et sa croisade anti-russe

S’il y a bien une obsession récurrente dans le discours de Thomas Huchon, c’est celle de l‘influence des médias russes en Occident, en particulier des sites RT et Sputnik qui sont des « médias russes sous contrôle du Kremlin » nous dit-il. Bien entendu dans l’esprit de Thomas Huchon, seul le gouvernement russe et ses alliés sont capables de conspirationnisme et de propagande. Rien de tout cela dans les médias des pays OTAN, semble nous dire implicitement M. Huchon. Malgré tout, sur ce point, reconnaissons qu’il y a assurément une propagande russe. Cela étant, à propos des russes, Thomas Huchon ne fait que répéter ce que les médias dominants nous rabâchent à longueur de journée. Là encore, rien de neuf.

Ils orientent les journaux

Aussi, comme « charité bien ordonnée commence par soi-même », il nous semble pertinent de revenir cette fois-ci sur la propagande de la Maison-Blanche présente dans nos journaux. Nous avons vu dans notre article précédent, que la propagande peut être organisée par de puissantes ONG ou « cercles de réflexion » (think tanks) devenus lobbies au fil du temps. Pour Noam Chomsky et Edward Herman, ces organisations, sous couvert de caution scientifique, influencent radicalement le récit des différents médias. Elles constituent une société d’experts (agents du pouvoir US) à l’origine des sources primaires qui déterminent l’orientation des lignes éditoriales.

Nous avons extrait de la galaxie des « think tanks » néolibéraux ou encore « atlantistes », un petit échantillon afin d’attirer l’attention sur le poids politique de leurs membres, et sur leurs sources de financements qui viennent de six catégories de pourvoyeurs de fonds : l’industrie de l’armement, l’énergie, la finance, les médias et la communication, le Département d’Etat américain, et les gouvernements alliés des Etats-Unis.

L’Atlantic Council est l’officine de propagande quasi « officielle » de l’OTAN. Elle regroupe une multitude d’anciens Secrétaires d’Etat américains, par exemple Madeleine Albright, Secrétaire d’Etat sous Clinton, Colin Powell, Secrétaire d’Etat de l’administration Bush, Condoleezza Rice, qui fut aussi Secrétaire d’État sous les deux mandats de George W. Bush. James Baker, Secrétaire d’Etat de GH Bush. Robert Gates, directeur de la CIA, qui deviendra Secrétaire à la Défense des États-Unis sous la présidence de G. W. Bush et conservera son poste sous Obama. Ses financements proviennent entre autres de : ExxonMobil, Bank of America, US Army, US Air Force, US Marine Corp, Boeing, Rockefeller&co, Thales USA, etc. Dans nos médias : Le Monde – LibérationL’Express – L’Obs – Le Point – Le Figaro

Le Washington Institute est une organisation qui fut vivement critiquée pour avoir des liens étroits avec le groupe de lobbying pro-israélien AIPAC. Parmi les conseillers consultatifs nous retrouvons Henry Kissinger, ancien Secrétaire d’Etat, ou Richard Perle, ancien Secrétaire adjoint à la Défense. Nous retrouvons également Condoleezza Rice et R. James Woolsey, ancien directeur de la CIA. Son financement vient probablement de l’AIPAC. Dans nos médias : Libération – L’Express – Le Figaro

La Fondation Carnegie est représentée en Europe par Victoria Nuland, ex-ambassadrice adjointe à l’OTAN (2000-03), puis conseillère du vice-président Dick Cheney (2003-05) avant d’être employée par Hillary Clinton. Parmi ses financements nous notons entre autres : OpenSociety, Département US Defense, Fondation Ford, Chevron, United Arab Emirates, Morgan Stanley, Federal Republic of Germany, etc. Dans nos médias : Le Monde – L’Express – L’Obs – Le Figaro – Le Point

Le Center for a New American Security réuni des personnalités politiques telles que le général David Petraeus, ex directeur de la CIA (2011-2012), Hillary Clinton, ou encore Madeleine Albright. Ses financements proviennent entre autres de Boeing, Government of Japan, Morgan-Stanley, Open Society, Chevron, Pentagone, Bank of America, Lockheed Martin, US Navy, US Air Force, US Army, etc. Dans nos médias : Le Monde – Libération – L’Express– Le Figaro – L’Obs.

Le Center for Strategic and International Studies compte dans son conseil d’administration Henry Kissinger, Zbigniew Brzezinski, le géostratège qui a conseillé les présidents Jimmy Carter, George W. Bush et Barack Obama, et James Woolsey, qui dirigea la CIA de 1993 à 1995. Ses financements comprennent entre autres : Bank of America, Chevron, Lockheed Martin, Boeing, Raytheon, Thales, Électricité de France, U.S. Chamber of Commerce etc. Dans nos médias : Le Monde – Libération – L’Express – Le FigaroL’Obs – Le Point.

Le Council on Foreign Relations est très vraisemblablement la principale structure de rayonnement de la galaxie des think tanks atlantistes. Nous y retrouvons Henry Kissinger, Madeleine Albright, Colin Powell, Robert Gates et Gerald Ford, 38ème président des Etats Unis. Nous notons les financements suivants : Bank of America, Exxon Mobil, Goldman Sachs, JPMorgan, Morgan Stanley, Credit Suisse, Deutsche Bank, Lazard, Airbus Group, Raytheon, Total, U.S. Chamber of Commerce, etc. Dans nos médias  : Le MondeLibération – L’Express – Le FigaroL’Obs – Le Point

Comprenons-nous bien. Il ne s’agit pas pour nous d’affirmer ici que tous les journalistes sont soumis à des intérêts cachés, toutefois force est de constater que les rédactions de nos médias sont toutes « sous forte influence ». Et vous aurez noté que le spécialiste des « coups tordus » Henry Kissinger est présent dans tous ces « think tanks » depuis de très nombreuses années.

Le “Prix Françoise Giroud”, récompense ou bonnet d’âne ?

Début 2016, Thomas Huchon reçoit le prix Françoise Giroud « Nouvelle Vague », pour le documentaire de Spicee « Conspi Hunter ». Pour l’occasion Thomas Huchon répète une nouvelle fois « comment nous avons piégé les complotistes » et il ajoute « plus d’un an de travail acharné dans l’ombre de la cave de Spicee« . Une fois encore la tartufferie de Thomas Huchon se révèle dans ces quelques mots. Par ses excès de langage, comme la plupart des opportunistes, Thomas Huchon est sans cesse dans l’instrumentalisation de sa propre image.

Et il le fait au milieu d’un entregent « nettement contesté. Le prix Françoise Giroud fut remis à Thomas Huchon par Caroline Fourest, chroniqueuse dont la réputation sur le net est proche de zéro, voire moins, notamment suite à la diffusion sur France 5 le mardi 5 février 2013 à 20h35 du premier des 4 épisodes de sa série de reportages « Les réseaux de l’extrême » dédié aux “obsédés du complot”… Un sondage commandé par France 5 à la suite de cette diffusion détermina que 95,6% des internautes remettaient en cause la crédibilité de Caroline Fourest ! Ce désaveu fut conforté quelques temps plus tard par le CSA qui lui reprocha l’indigence de ses sources. Et dire qu’à chacune de ses interviews, Thomas Huchon réaffirme « Les conspirationnistes ne sont pas des journalistes, puisqu’ils ne vérifient pas leurs sources« …

De l’auto-glorification à l’auto-misérabilisme… Lors de la première phase de ses échanges, nous avons toujours affaire à un Thomas Huchon triomphaliste, élitiste et sûr de son fait, qui nous parle “du caniveau, du haut de son piédestal”. Le ton est professoral, ponctué de petites phrases à connotation égocentrique telles que « …comment j’ai réussi…« . Il laisse entendre que lui et son équipe sont vraiment “au top”. Puis vient la volte-face et la deuxième phase. Il ne peut alors s’empêcher de tomber dans la complainte téléphonée de l’incompris ou du débutant maudit : « J’ai été pigiste », « j’ai écrit un bouquin tout seul dans mon coin pendant dix ans », “Je suis payé au SMIC », « les conspirationnistes qui eux passent leur temps à dire que je suis un fils du système blindé de thune »… pour nous expliquer en conclusion – une constante – que son activité est née d’une motivation totalement désintéressée. Aussi, remettons nos mouchoirs dans la poche, oublions la cave de Spicee, et recentrons-nous sur des données factuelles et mesurables.

Qui sont les membres fondateurs de Spicee ?

J-B. Schmidt, A. Robin, M. Firmin et T. Huchon

Tout d’abord, Spicee est présidé par Antoine Robin, l’ex directeur général d’Havas Production, la branche audiovisuelle du groupe Havas où le groupe Bolloré est présent à hauteur de 60,01 %. Jean-Bernard Schmidt, le vice-président de Spicee, a été rédacteur en chef du magazine Capital sur M6. Le troisième homme, Bruno Vanryb, est présenté par Spicee comme “serial entrepreneur”, mais il fut surtout vice-président du Conseil National du Numérique, structure créée par Nicolas Sarkozy afin de travailler sur un fiasco appelé « loi Hadopi « , qui avait pour objectif de couper l’accès à internet en cas de téléchargements illégaux.

Thomas Huchon lui, contrairement à ce qu’il laisse entendre, n’a jamais “mangé de la vache enragée”. S’il y a une complosphère, il y a également une sphère des nantis dont Thomas Huchon est l’un des bénéficiaires, que cela lui plaise ou non. Rappelons ici, car hélas il le fallait tôt ou tard, que son père Jean-Paul Huchon fut le Président du conseil régional d’Île-de-France, condamné à six mois de prison avec sursis, 60 000 euros d’amende et un an d’inéligibilité pour « prise illégale d’intérêt ». Une « mésaventure » publiquement condamnée par son fils à plusieurs reprises selon ses dires.

Si comme dans les cercles que Thomas Huchon fréquente, nous étions des adeptes de la pensée par amalgames, nous pourrions entonner tous ensemble “Tel père tel fils”. Mais soyons justes. Le fils du « père Ubu » n’est pas responsable de la cupidité de ses parents. Reste que la courtoisie à des limites. En octobre 2005, il semble bien que la fiancée de Thomas Huchon ait ainsi décroché un stage rémunéré au Musée de Santiago du Chili grâce à l’influence de M. Huchon père et au travail opportun de M. Huchon fils sur Allende qui l’avait conduit à Santiago 6 mois plus tôt.

On est souvent injuste par omission disait Marc-Aurèle

Pour appréhender pleinement l’escroquerie en bande organisée à laquelle participe Thomas Huchon, il faut bien entendu lire et écouter ce qu’il dit. Et de façon égale percevoir ce qu’il ne dit pas, et pourquoi il ne le dit pas.

Nous avons donc constaté que chez M. Huchon et dans son réseau, la théorie d’Eurabia était épargnée de toute condamnation, il ne commente pas non plus la poignée de main entre Laurent Fabius et Oleg Tyahnybok, le leader de l’extrême droite néo-nazie ukrainienne. Rien de tout cela dans le catalogue très « politically correct » de Spicee non plus, pourtant dédié à de nombreux sujets de géopolitique, de société ou même d’éthique. 

De la même façon, Thomas Huchon prétend avoir pour leitmotiv la lutte contre l’antisémitisme, une spécialité courue par Spicee aussi. Cependant il n’a jamais dénoncé les milices néo-nazies ouvertement antisémites auxquelles le nouveau gouvernement ukrainien désormais pro-UE et pro-OTAN, devenu le parfait allié des pays occidentaux, fait appel pour les basses besognes. Milices évoquées dans la presse internationale en particulier pour leur rôle dans le massacre d’Odessa commis le 2 mai 2014. 

Enfin, Thomas Huchon affirme combattre les idées qui conduisent au terrorisme, néanmoins comme Spicee, il n’a pas réagi non plus quand la France décorait le prince héritier d’Arabie saoudite avec la Légion d’honneur, alors que tout le monde autour de lui est désormais conscient que l’Arabie Saoudite est le premier sponsor du salafisme wahhabite à l’origine de l’endoctrinement des jihadistes qui terrorisent la Libye, la Syrie, l’Irak et maintenant l’Europe. 

Conclusion

La liste de toutes les contradictions dans le discours que nous propose Thomas Huchon est presque sans fin. Pourquoi autant de paradoxes dans le système Huchon ? Tout simplement parce que ce « journaliste” est implicitement devenu le faire-valoir d’une politique et non le serviteur de valeurs démocratiques comme il aime à le faire croire. Comme nous venons de le voir, les tenants de la doctrine d’expansion et de domination que défend Thomas Huchon peuvent se rallier aux pires extrémistes. Par conséquent, difficile pour Thomas Huchon de garder un semblant de cohérence, surtout quand celui-ci appuie sa rhétorique avec des slogans droit-de-l’hommistes.

Alors même que nous sommes entrés dans une période de « socialisme zombie » où l’extrême droite du parti socialiste a pris le pouvoir en France, avec pour conséquence immédiate l’affaiblissement des liens économiques et sociaux, provoquant par effet rebond une véritable crise de sens, il n’y a rien d’étonnant de voir Thomas Huchon connaître son heure de gloire. Truqueur et bluffeur sans vergogne, Thomas Huchon possède toutes les caractéristiques de l’opportuniste inféodé à une géopolitique communément appelée « atlantisme ». Sa méthode de séduction s’appuie sur une dialectique fortement anglicisée (« Spicee », « ConspiHunter ») calculée pour attirer les plus jeunes. Par effet de loupe, sa manipulation consiste à sélectionner des faits et en faire oublier d’autres. Bref, du déjà-vu avec Rudy Reichstadt, du déjà-vu avec Caroline Fourest, et surtout du déjà-vu avec Pierre André Taguieff, un idéologue parvenu lui aussi à être cité et référencé par l’Education nationale (en page 9 du lien contextuel), alors que nous avons montré qu’il est lui même inspiré par le théoricien néoconservateur et totalement islamophobe Daniel Pipes. Si Thomas Huchon a un avenir, c’est probablement le même que celui de tous les autres « nouveaux chiens de garde » de sa profession, que plus personne n’écoute mais qui malgré tout continuent de gesticuler dans tous les médias complaisants.

ANTICONS — Observatoire du néo-conservatisme

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La face cachée de Reporters sans frontières - de la CIA aux faucons du Pentagone.
Maxime VIVAS
Des années de travail et d’investigations (menées ici et sur le continent américain) portant sur 5 ans de fonctionnement de RSF (2002 à novembre 2007) et le livre est là . Le 6 avril 2006, parce que j’avais, au détour d’une phrase, évoqué ses sources de financements US, RSF m’avait menacé dans le journal Métro : " Reporters sans frontières se réserve le droit de poursuivre Maxime Vivas en justice". Au nom de la liberté d’expression ? m’étonné-je. Quoi qu’il en soit, j’offre aujourd’hui (…)
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La pauvreté n’est pas naturelle, ce sont les hommes qui la créent et la tolèrent, et ce sont les hommes qui la vaincront. Vaincre la pauvreté n’est pas un acte de charité, c’est un acte de justice.

Nelson Mandela

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