Dit ainsi – après le nouvel attentat terroriste dimanche à Londres – cela choque, certes, mais ce sont là des faits. Les dernières décennies ont été marquées par une montée en puissance du terrorisme et l’élargissement de la sphère opérationnelle de ses groupes à l’Occident. Est-il encore temps de dire comment en est-on arrivé là ? La paternité occidentale dans l’apparition du terrorisme est avérée ! En effet, les services de renseignement occidentaux, à leur tête la CIA sont à l’origine du terrorisme dit « islamiste » apparu dans les années 1970-1980. C’est la CIA qui forma et arma les premiers « jihadistes » afghans qui essaimèrent ensuite dans des pays musulmans et arabes. Quand ce terrorisme avait sévi en Algérie, on parla de « guerre civile ». On dénia à l’Algérie de qualifier ces « terroristes » affublés du terme d’« opposition islamiste armée ». Depuis des années, les guerres meurtrières en Afghanistan, en Libye, en Irak, en Syrie, au Yémen – pays musulmans – sont regardées en Occident comme des spectacles, des divertissements, certes macabres, qui n’arrivent qu’aux autres avec ici et là des larmes de crocodile sur les victimes. Chaque jour, des attentats, des attaques revendiqués par les groupes jihadistes font des centaines de morts en Syrie, en Afghanistan et en Irak. Au mieux, cela finit en bilans « consolidés » des victimes de la barbarie. En Afghanistan et en Syrie, l’Occident arma et forma des phalanges jihadistes et rebelles financées, en outre, par l’Arabie saoudite et le Qatar. Or les terroristes qui ne sont pas des gens d’honneur n’ont pas hésité à cracher sur la main qui les a nourris. C’est en Occident – en Allemagne, en France, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis – que des chefs terroristes (notamment algériens) ont trouvé gîtes et asiles qui – à partir de Berlin, Paris, Londres, Washington – préparaient leurs plans d’attentats contre des innocents hier en Algérie, aujourd’hui en Afghanistan, en Syrie et...en Europe, dans les pays mêmes qui les hébergent ou les ont hébergés.
Longtemps, l’Occident avait employé cette norme – le terrorisme islamiste – à des fins stratégiques. Mais depuis l’attentat de Londres de juillet 2005, ce fléau s’est retourné contre son ancien « protecteur » pour ne pas dire son géniteur. Les derniers attentats en Europe (France, Allemagne, Royaume-Uni) ont induit des dizaines de morts de civils, victimes en fait des politiques laxistes et – pourquoi ne pas le dire – intéressées de gouvernements en mal de faire se conformer le monde à leur diktat.
Pourquoi ces gens de London Bridge, de Nice, de Berlin ou Paris sont morts ? Une question que les dirigeants occidentaux ne se posent pas, tant ils sont obnubilés par leur détermination à orienter le monde à leur mesure. Or, la violence que le binôme Al Qaïda/Daech (une création de l’Occident, réitérons-le) impose au monde musulman depuis plus de trois décennies a freiné le développement de cette région dont l’Afghanistan, la Libye, l’Irak, la Syrie, le Yémen, ont été ramenés un siècle en arrière. N’est-ce pas là la finalité de cette violence conduite par des groupes jihadistes, parrainés par les Etats-Unis, financés par l’Arabie saoudite : stopper leur évolution et morceler ces pays qui, peu ou prou, n’entrent pas dans le profil que les Etats-Unis veulent imposer à la région ? Or, cette déferlante terroriste, ne touche plus uniquement des pays musulmans et/ou arabes, mais aussi l’Occident. Ces actions terroristes, commises au nom de l’islam, ont induit l’amalgame entre la religion d’un milliard et demi de musulmans et un islamisme hérétique qui ne croit en rien, donnant aux ennemis de l’islam des raisons de poursuivre leur entreprise de saccage. Beaucoup de questionnements en fait sur un fléau dont l’Occident fait, à ses dépens, l’amère expérience. De 1970 à 1980, la CIA a distribué les « fameux » Stingers, des armes très meurtrières aux jihadistes afghans. Une invite claire aux meurtres et à la violence. Et ce sont encore les Musulmans qui en ont payé le plus lourd tribut. Bien sûr que nous compatissons avec les victimes, quelles qu’elles soient, prises dans l’engrenage de politiques de domination et de l’instrumentalisation du terrorisme à des fins stratégiques. Les attentats en Europe ne sont que l’une des retombées d’un fléau voulu et supervisé par l’Occident. Cet Occident ira-t-il jusqu’à faire son mea culpa et reconnaître sa part de responsabilité dans l’émergence et le développement de cette calamité qui menace le monde ? Est-il prêt à ce sursaut salutaire pour la sécurité de la Terre ? Nous en doutons fortement !
Karim MOHSEN
08 Juin 2017