RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Syrie : l’énigme arabe !

Alors que le Moyen-Orient se trouve au bord du précipice et que l’on s’inquiète des développements périlleux induits par la guerre en Syrie sur la sécurité dans le monde, les dirigeants arabes observent un mutisme déconcertant.

Il y a de quoi être perplexe face à cette indolence alors qu’un pays arabe brûle et que le péril est à leurs frontières. Néanmoins, cette apathie est-elle réellement étonnante, au final, si l’on excipe du fait que nombre d’entre eux, singulièrement l’Arabie saoudite et le Qatar, n’ont pas été pour peu dans l’allumage de la mèche de la discorde au pays du Cham ? Le fait est là : le monde entier a les yeux braqués sur la Syrie, sauf les Arabes qui regardent manifestement ailleurs.

Le plus curieux est que des monarchies du Golfe ne font pas moins partie de ladite « Coalition arabo-occidentale anti-EI » en Irak et en Syrie. Ce qui à l’évidence place Doha et Riyadh en position fâcheuse : sponsors et mentors des groupes jihadistes, notamment « Jabhat al-Nosra », qui se retrouvent, dans le même temps – par « coalition » interposée – bourreaux de jihadistes. En participant à la coalition internationale « anti-EI » les monarchies arabes (l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis, la Jordanie, le Maroc, le Qatar, sans le Koweït et Oman) savaient que c’est le peuple syrien qui en souffrirait en priorité. Les monarchies ont donc surtout accédé aux demandes étasunienne et française de donner une couleur « arabe » au combat [qu’elles mènent] contre des groupes jihadistes qu’elles ont elles-mêmes fomentés et financés.

Notons ce fait, à tout le moins paradoxal, qu’est la présence d’Israël [par le biais du Mossad (renseignement)] dans la coalition. Cette étrange coalition tout en disculpant l’Occident, justifie, in fine, les bombardements qui détruisent peu à peu la Syrie. L’expérience irakienne et syrienne a semblé donner des ailes aux monarchies, consignées toutefois aux seconds rôles dans ces deux pays, qui voulaient montrer leurs capacités militaires : la crise yéménite leur en a donné l’occasion. Depuis le 26 mars dernier, l’Arabie saoudite a sa propre « coalition » qu’elle dirige contre les rebelles chiites houthis, pour, assure Riyadh, « sauver » le Yémen de l’emprise de « l’Iran ». Ainsi, combattre avec de grands moyens militaires contre les chiites yéménites semble plus valorisant pour l’Arabie saoudite que de livrer bataille à Israël qui massacre au quotidien des dizaines de Palestiniens. Il est patent que l’Arabie saoudite n’est pas l’ennemi d’Israël. Le danger, c’est l’Iran, ce sont les Palestiniens et tous ceux qui ne partagent pas les visions que Riyadh se fait des relations inter-arabes et inter-musulmanes. Cependant, si les monarchies ont fait leur choix stratégique de s’aligner sur l’Occident en général, les Etats-Unis en particulier, qu’en est-il des Républiques arabes ? Ces dernières demeurent dans l’expectative (elles n’ont ni soutenu, ni condamné les frappes militaires de la coalition en Irak et singulièrement en Syrie, ni contribué d’une quelconque façon à la manière de mettre un terme au terrorisme de Daesh), observent les évènements tout en restant indécises sur le parti à prendre dans une guerre où, à l’évidence, les « républicains » arabes ne jouent aucun rôle. En est-il ainsi de l’irruption de la Russie dans le maelström syrien qui a pris de court les Arabes et laissé sans voix ledit Monde arabe et par effet la Ligue arabe ? De fait, à l’exception des réactions de trois pays arabes, les autres n’ont pas estimé devoir exprimer un avis sur cette nouvelle donne. Ainsi, sans surprise, le Qatar et l’Arabie saoudite ont cosigné le communiqué occidental exigeant de la Russie de cessez « immédiatement » ses bombardements contre « l’opposition » syrienne et de « concentrer » ses frappes contre « l’EI ». Dans ce silence arabe assourdissant, notons que l’Egypte, par la voix de son chef de la diplomatie, Sameh Choukri, a quand même soutenu l’action russe estimant qu’elle « aura un impact sur la lutte contre le terrorisme en Syrie et aidera à l’éliminer ».

Cela reste peu, très peu. Ces positions antinomiques, exprimées par des représentants arabes, ont toutefois le mérite de souligner le fossé ouvert dans les rangs arabes – la Ligue arabe n’ayant ni les capacités ni les dimensions intrinsèques pour le réduire – qui explicite leur absence sur la scène moyen-orientale et sur des dossiers qui concernent en priorité le Monde arabe, que sont les crises irakienne, syrienne, libyenne, yéménite et le contentieux palestinien en suspens depuis 68 ans. Cela explique aussi la déliquescence profonde où s’est enfoncé le Monde arabe dont les politiques de l’autruche l’ont écarté des affaires internationales et des siennes propres prises en charge par les étrangers. Au moment où le monde avance, la régression dudit « Monde arabe » ne semble pas devoir avoir de limites.

Karim MOHSEN

URL de cet article 29440
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Désobéir : le petit manuel, de Xavier Renou
"Celui qui n’essaie pas, et celui-là seul, a déjà perdu." On a tous déjà manifesté des dizaines de fois. On a tous signé des centaines de pétitions. Mais combien sommes-nous à nous être demandés, lucidement, sans faux-semblant, ce qu’il en était de l’efficacité, et donc, de la pertinence, de nos moyens d’actions traditionnels ? Combien sommes-nous à nous réfugier dans une espèce de pensée magique chaque fois que nous sommes en colère, en nous habituant à considérer nos modes de protestation non plus comme (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Chaque prétendant à l’Empire claironne à l’extérieur qu’il veut conquérir le monde pour y apporter la paix, la sécurité et la liberté, et qu’il sacrifie ses enfants dans un but éminemment noble et humanitaire. C’est un mensonge, et un vieux mensonge, et pourtant des générations se succèdent et y croient !

Si les Etats-Unis ont la prétention de devenir un Empire, comme c’est la cas pour la plupart des nations, alors les réformes internes seront abandonnées, les droits des états seront abolis - pour nous imposer un gouvernement centralisé afin de renier nos libertés et lancer des expéditions à l’étranger.

Alors le Rêve Américain mourra - sur des champs de batailles à travers le monde - et une nation conçue dans la liberté détruira la liberté des Américains et imposera la tyrannie pour assujettir les nations.

George S. Boutwell - (1818-1905), Secrétaire du Trésor sous le Président Ulysses S. Grant, Governeur du Massachusetts, Sénateur and Représentant du Massachusetts

Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.