Mercredi 15 juillet le gouvernement, qui brandissait le slogan “la gauche pour la première fois”, a fait voter au Parlement, avec le soutien des partis bourgeois ND, PASOK et POTAMI, l’accord conclu au sommet ainsi que la première vague de mesures du 3ème mémorandum qui charge le peuple avec de nouvelles mesures fiscales très dures et qui supprime des droits de retraite.
Le KKE a voter contre l’accord et a soumis une proposition de vote par appel nominal lors de laquelle 32 cadres du SYRIZA ont voté NON, 6 n’ont pas pris part au vote et un s’est abstenu, en disant que “nous votons contre le nouveau mémorandum, mais ... nous soutenons de tout notre cœur le gouvernement qui l’a conclu”.
L’expérience de ces 5 mois de vie du gouvernement SYRIZA démontre qu’il ne voulait et il ne pouvait pas préparer le peuple à une confrontation avec les memoranda et les monopoles, grecs et européens, exactement parce qu’il n’avait pas d’orientation de résistance et de confrontation. Au contraire, il a trompé le peuple en lui disant qu’il pouvait ouvrir la voie des changements dans son intérêt à l’intérieur de cette alliance des loups qu’est l’UE.
Les développements sont une éclatante manifestation de l’échec de la soi-disant « gauche de gouvernement » ou « gauche de renouveau » et de la théorie que l’UE pourrait changer son caractère monopoliste et antipopulaire.
La ligne de lutte du KKE et son attitude vigoureuse et conséquente, rejetant la participation à de tels « gouvernements de gauche », en réalité des gouvernements de gestion bourgeoise, sont réconfortés.
Sur la base de cette expérience spécifique et dépassant le “bombardement” des médias bourgeois, les travailleurs en Europe et dans tout le monde doivent tenter de détecter la vérité et d’utiliser les développements en Grèce pour tirer d’utiles conclusions.
On les appelle à examiner et à élaborer la ligne de lutte du KKE, traversant le mur de désinformation des forces bourgeoises et opportunistes qui vivent sur leur nuage, où ils sont occupés à gérer la barbarie capitaliste, et qui travaillent de façon systématique pour faire manipuler les travailleurs.
QUELLE EST LA VERITABLE SITUATION EN GRECE
QUEL EST LE VERITABLE ROLE DE SYRIZA – EN QUOI CONSISTE LA RESPONSABILITE DE SES APPLAUDISSEURS
Premièrement, lors de la crise capitaliste, dans des conditions créées par les conséquences douloureuses pour la classe ouvrière et les couches populaires, des conditions provoquées par la politique antipopulaire du parti libéral de la ND et du parti social-démocrate du PASOK, une large recomposition du système politique bourgeois a été lancée.
Les partis bourgeois traditionnels, très usés, ont été affaiblis, et SYRIZA et l’organisation criminelle nazi “Aube Dorée” ont été renforcés.
SYRIZA, un petit parti opportuniste au départ, a été propulsé à un score électoral élevé lors de l’élection de juin 2012, ensuite il est arrivé en première place en janvier 2015 et a formé un gouvernement avec le parti nationaliste et de droite de “ANEL”.
Pendant toute cette période, ce parti a enfermé des travailleurs dans le schéma trompeur de “mémorandum - anti-mémorandum”, dissimulant le fait que les memoranda font partie de la stratégie plus générale du capital. Ce parti a profité de problèmes aigus du peuple pour lui donner des fausses promesses qu’il le soulagerait et qu’il satisferait les revendications des travailleurs.
Dans ce cadre, il s’est engagé à faire augmenter immédiatement le SMIC, à rétabir les Conventions Collectives, à supprimer la taxe foncière, à augmenter le seuil d’imposition, à arrêter les privatisations etc.
Malgré les slogans qu’il a utilisé, en pratique SYRIZA a élaboré une stratégie social-démocrate et a fait clairement apparaître dès le départ qu’il allait gérer le capitalisme, servir la compétitivité et la rentabilité des groupes monopolistes et appliquer la stratégie de l’UE, qu’il a d’ailleurs appelée “notre maison européenne commune”.
Deuxièmement, après l’élection de 2015, le gouvernement SYRIZA-ANEL a poursuivi la politique anti-populaire de précédents gouvernements. Le 20 février, il a conclu un accord avec l’UE, la BCE et le FMI (la Troïka) et s’est engagé à reconnaître et à rembourser la dette que le peuple n’a pas créé, à s’abstenir d”action unilatérales”, à la non-implémentation de ses promesses pré-électorales et à l’implémentation des “réformes capitalistes”.
Dans les négociations qui ont suivi l’accord de Bruxelles, le gouvernement SYRIZA-ANEL a déposé des paquets de propositions avec des mesures très dures. En voici quelques unes :
Maintien des memoranda et de l’ensemble des décrets d’application votés par la ND et le PASOK, des taxes supplémentaires, suppression des droits de retraite, des privatisations et d’autres mesures contre le peuple , d’un coût total de 8 milliards d’euros. Cette proposition était similaire à celle de la Troïka dont le coût des mesures antipopulaires a été estimé à 8.5 milliards d’euros.
Les moments de tension lors des négociations et le départ à un moment du gouvernement SYRIZA-ANEL ne sont pas de la résistance pour la défense des intérêts populaires, comme cela est perçu de façon infondée par quelques partis à l’étranger.
Ce qui se trouvait sur la table étaient les intérêts des monopoles et sur cette base, des contradictions plus générales se sont exprimées à l’égard du “mélange” de gestion du capitalisme, du cours de la zone euro et de la position de la Grèce dedans (la possibilité du grexit inclus), des contradictions entre l’Allemagne et la France, entre les États-Unis et les pays de la zone euro, en particulier l’Allemagne, sur la place de leader en Europe.
Troisièmement, dans ces conditions, le gouvernement a soumis au parlement, le samedi 27 juin, une proposition de référendum tentant d’enfermer le peuple avec le OUI ou le NON au paquet des mesures antipopulaires de la Troïka et refusant de mettre au jugement du peuple sa propre proposition anti-populaire.
Le KKE (dans le parlement) a exigé que soient soumis au référendum :
a) la proposition de la Troïka, b) la proposition du gouvernement et c) la proposition du KKE pour “le désengagement de l’UE, la suppression des memoranda et des tous les décrets d’application anti-populaires”.
Le gouvernement a arbitrairement refusé de soumettre la proposition du KKE (sur les trois questions à poser au référendum) au vote, afin de faire un chantage au peuple et de présenter le vote populaire comme une approbation de sa proposition – nouveau mémorandum.
Le KKE a résisté, a dénoncé le chantage et a soumis au jugement du peuple son propre bulletin de vote qui écrivait :
“ NON à la proposition de UE-BCE-FMI
NON A LA PROPOSITION DU GOUVERNEMENT
DESENGAGEMENT DE L’UE AVEC LE PEUPLE AU POUVOIR”.
Ce bulletin de vote a été distribué dans les milieux de travail, dans les quartiers populaires, devant les bureaux de vote, tandis qu’en même temps, le KKE a appelé le peuple à résister de toute manière possible et à exprimer son opposition aux nouveaux memoranda.
Dans des conditions de faux dilemmes et de chantages, le KKE a dit au peuple que tant le OUI que le NON seront utilisés pour imposer de nouvelles mesures antipopulaires.
Cette décision est un grand atout pour notre peuple, pour continuer sa lutte avec ses intérêts comme critère.
Une part considérable de notre peuple a résisté. Il a mis dans les urnes le bulletin du KKE, il a vote blanc ou nul (plus de 350 000, 6%) et une autre part a choisi de s’abstenir.
Le KKE ne s’était pas fixé d’objectif chiffré pour le référendum. Son attitude était une attitude politique de principe. Elle visait à donner un message politique au peuple de ne pas se soumettre aux dilemmes de chantage, qu’ils venaient de la part de la Troïka ou de la part du gouvernement et des autres partis politiques bourgeois.
Quatrièmement, un jour après le référendum, le 6 juillet, les développements ont réconforté à la façon la plus patente les positions et la ligne de lutte du KKE et ont démasqué les partis qui célébraient ensemble avec SYRIZA à l’étranger ou envoyaient des messages de soutien au premier ministre grec.
Le lendemain du référendum, une réunion des chefs de file des partis politiques a été tenue, à l’initiative du premier ministre Tsipras et avec la participation du Président de la République. Une réunion qui a éclairé encore plus la situation.
SYRIZA, ANEL, ND, PASOK, POTAMI, c-a-d tous les partis bourgeois, ont signé un communiqué commun où l’on peut lire entre autres : “Le verdict récent du peuple grec ne constitue pas un verdict de rupture mais de poursuite et de renforcement de l’effort pour arriver à un accord socialement juste et économiquement viable ...”, ce qui démontre que l’ensemble des partis bourgeois sont prêts à signer un accord, un nouveau mémorandum avec la Troïka et contre le peuple.
Le secrétaire général du KKE, Dimitris Koutsoubas n’a pas signé le communiqué commun, il a exprimé sa position différente. Voici un extrait de ses déclarations à la sortie de la réunion : “nous avons exprimé de façon claire le point de vue du KKE, tant sur l’analyse du résultat du référendum que sur les immenses problèmes que le peuple grec rencontre dans cette alliance de loups qu’est l’UE, avec une politique qui multiplie les impasses pour le peuple, pour son revenu, pour le cours du pays et celui de notre peuple plus généralement.
Il est démontré encore une fois qu’il ne peut pas avoir de négociation dans l’intérêt du peuple et des ouvriers « à l’intérieur des murs » de l’UE, dans la voie de développement capitaliste, ... personne n’a autorisé qui que ce soit à signer de nouveaux memoranda, de nouvelles mesures douloureuses pour notre peuple”.
Cinquièmement, après le référendum le gouvernement SYRIZA-ANEL a envoyé au Mécanisme Européen de Stabilité (MES) une demande pour un programme d’aide financière (emprunt) sur 3 ans d’une hauteur d’environ 50 milliards d’euros, avec une nouvelle convention de prêt et un nouveau mémorandum.
Vendredi 10 juillet, le gouvernement a déposé à la Troïka (UE, BCE, FMI) un paquet provocateur de nouvelles mesures antipopulaires très dures, c-a-d un 3ème mémorandum de 12 milliards d’euros (!!!), à savoir de 4-5 milliards de plus que le paquet sur lequel il discutait avant le référendum.
Le même jour, dans un débat au Parlement, le gouvernement a demandé et a obtenu de la part des partis bourgeois, la ND, le PASOK et le POTAMI, leur soutien et leur autorisation pour conclure l’accord antipopulaire-3ème mémorandum.
Tandis que, aux petites heures du lundi 13 juillet, le premier ministre Tsipras s’est mis d’accord au sommet de la zone euro à un nouveau prêt de 83 milliards d’euros et un mémorandum antipopulaire très dangereux qui littéralement abat les droits ouvriers-populaires qui n’étaient pas encore supprimés.
En voici quelques exemples illustratifs :
Maintien de l’ENFIA, la taxe sur la propriété foncière, et d’autres mesures fiscales douloureuses votés auparavant par la ND et le PASOK qui ont conduit au désespoir de millions de familles populaires, augmentation supplémentaire de la TVA avec un transfert des produits alimentaires transformés et d’autres genres largement consommées par les couches populaires au coefficient supérieur de 23 %, suppression d’allégements d’impôts pour les agriculteurs, importante augmentation de la TVA dans les îles etc.
La propagande gouvernementale, selon laquelle le gouvernement augmenterait le taux d’imposition sur les grandes entreprises et les armateurs est infondée. Il s’agit d’une goutte dans l’océan. Les allègements d’impôts accordés aux armateurs et au grand capital sont maintenus.
Maintien de l’ensemble des mesures portant atteinte à la Sécurité Sociale : baisse des pensions de retraite, augmentation de l’âge de départ à la retraite, des allégements des cotisations pour la Sécu pour les patrons et en plus, de nouvelles mesures pour la suppression de régimes spéciaux (des départs précoces à la retraite), du moins ceux qui étaient encore en vigueur, et la fixation de fait de l’âge de départ à la retraite à 67 ans, suppression de l’allocation pour les retraités les plus démunis, augmentation des cotisations des travailleurs pour la Sécu, fusion des caisses de Sécu avec une normalisation des droits vers le bas et avec une perspective de nouvelles mesures dures au nom de la pérennité du système de la Sécurité Sociale.
Maintien des conditions de travail de « Moyen-Age » qui règnent aux milieux de travail, gel des Conventions Collectives, maintien des salaires abaissés, et en plus, de nouvelles mesures anti-ouvrières au nom de l’adaptation aux orientations de l’UE sur la progression des contrats de travail individuels entre un travailleur et son patron, sur la progression de l’emploi en temps partiel et en intérim ainsi que sur des relations de travail flexibles.
Mise en œuvre de la « boîte à outils » de l’OCDE (lequel le gouvernement considère comme un partenaire stratégique) qui prévoit la libéralisation des métiers, le travail du dimanche etc.
Maintien des privatisations déjà achevées et nouvelles privatisations des ports, de 14 aéroports de province, du rail, de la société de gestion du gaz naturel etc. Il est prévu aussi de créer un mécanisme de mise en hypothèque et de mise en vente de la propriété publique pour collecter 50 milliards d’euros afin de rembourser les prêts.
L’accord prévoit aussi des excédents budgétaires primaires de 1 % en 2015, de 2 % en 2016, de 3 % en 2017, de 3,5 % en 2018 et l’application d’un mécanisme des coupes automatiques dans les salaires, les pensions de retraite et les dépenses sociaux, dès qu’une déviation budgétaire est détectée.
Pour convaincre le peuple à accepter ces mesures, le gouvernement SYRIZA-ANEL a utilisé le même dilemme-chantage que la ND et le PASOK auparavant : Un nouveau mémorandum encore plus dur ou une faillite d’état à travers un grexit ?
Il a utilisé le même dilemme qu’au temps du premier et du deuxième mémorandum, le même qui était utilisé à chaque fois qu’une partie d’aide allait être déboursée. Le peuple devrait à chaque fois choisir le « moindre mal » , ce qui conduit finalement au mal le plus grave.
Même à ce moment, que la politique antipopulaire de SYRIZA est évidente, Tsipras tente de cultiver de fausses attentes en affirmant que l’accord prévoit un aménagement de la dette (qui s’accroît à cause du nouveau prêt) et les soi-disant « aides à la croissance », que le peuple a « financées » et qui seront d’ailleurs dirigées vers les grands groupes qui en profiteront.
Sixièmement, ce n’est pas tout, puisque la politique antipopulaire du gouvernement SYRIZA-ANEL est exprimée aussi dans le domaine de la politique internationale.
En cinq mois, le gouvernement grec a apporté un soutien fort à l’OTAN, aux États-Unis, à l’axe euro-atlantique.
Non seulement il a maintenu, mais il s’est engagé à renforcer les bases des États-Unis et de l’OTAN à Souda, qui est la base pour les interventions impérialistes et les guerres dans la région, à l’Aktion (radars mobiles), le quartier général à Thessalonique, à Larissa etc.
Il a annoncé que, en consultation avec les États-Unis, il va installer une nouvelle base de l’OTAN dans la mer Égée, sur l’île de Karpathos.
Il s’est engagé dans des positions officielles gouvernementales à disposer les forces armées et les bases militaires pour de nouvelles guerres impérialistes dans la région, au nom de faire face aux djihadistes et de la « protection des populations chrétiennes ».
Il participe à des exercices militaires avec les États-Unis et Israël et renforce ses relations militaires, politiques et économiques avec l’Israël qui continue l’occupation et attaque brutalement le peuple palestinien.
La soi-disant « politique multidimensionnelle » avec la Russie et la Chine, les BRICS, est une politique qui se positionne dans la promotion des intérêts des groupes monopolistes afin d’améliorer leur position sur l’échiquier du secteur de l’énergie, dans le cadre des concurrences impérialistes générales, embarquant le peuple grec dans de nouvelles aventures.
QUELQUES CONCLUSIONS
Ainsi, les travailleurs en Europe et dans le monde entier peuvent tirer des conclusions importantes sur les développements en Grèce, condamner les forces politiques qui défendent la voie capitaliste de développement et l’Union européenne, l’union impérialiste interétatique.
Les communistes, les travailleuses et les travailleurs doivent examiner les développements sur la base des faits réels ; apprécier l’attitude de dizaines de partis communistes qui ont essayé d’analyser sur la base des critères de classe les développements en Grèce, et en respectant le principe de l’internationalisme prolétarien, ils ont contribué au soutien de la lutte du KKE, ils ont accueilli ses bulletins d’information et des interviews relatives, ils ont écrit des articles et lutté contre les confusions semées par SYRIZA et le PGE.
Le KKE remercie les dizaines de partis communistes et les dizaines de Jeunesses communistes du monde entier qui ont exprimé de différentes manières leur solidarité et ont soutenu la lutte de notre parti et de la KNE.
Nous remercions les travailleuses et les travailleurs, les syndicats et d’autres organisations du mouvement populaire de l’étranger qui soutiennent la lutte du mouvement de classe en Grèce.
Notre parti va continuer les dures luttes, il va continuer à honorer leur confiance.
En fait, dans les conditions de la forte pression exercée par le mécanisme idéologique bourgeois et l’intervention des forces de l’opportunisme, la manifestation massive de la solidarité internationale est très importante. Elle est une contribution à notre lutte commune, une précieuse expérience qui portera ses fruits dans la prochaine période.
Simultanément, les communistes, les travailleuses et les travailleurs, doivent examiner attentivement et condamner les forces de l’opportunisme et l’ensemble des forces qui ont caché tout au long de cette période les positions du KKE et se sont rangées du coté de SYRIZA, embellissant l’essence antipopulaire de classe de sa politique, son caractère social-démocrate.
Le PGE (« Parti de la gauche européenne ») joue un rôle particulièrement dangereux quant à la manipulation des travailleurs ; dans les positions sociales-démocrates de SYRIZA il a vu sa propre stratégie mutante de gestion bourgeoise, ses propres positions au sujet de l’intégration dans l’UE.
C’était prévu.
Le grand problème est que certains PC se sont convertis en applaudisseurs de SYRIZA, l’ont présenté comme une force de résistance contre l’UE, en cachant que ce parti est un défenseur de l’alliance des loups européenne et de l’OTAN, un administrateur du système capitaliste barbare.
Ces forces ont salué le « non » du référendum, mais elles ont caché que derrière celui-ci il y avait le « oui » de SYRIZA à un nouveau mémorandum, à de nouvelles mesures qui continuent à saigner notre peuple.
Ces partis ont désinformé les travailleurs dans leurs pays. Ils ont relié l’attitude du gouvernement grec avec la défense de la « souveraineté populaire », mais la réalité montre que le peuple ne peut pas être dominant quand il est entouré par l’extorsion des forces du capital, quand il a faim, quand il est au chômage, victime du capitalisme et des capitalistes qui ont le pouvoir et la propriété des moyens de production, qui volent la richesse produite par les travailleurs.
L’attitude de ces partis était objectivement contre la lutte du KKE et les intérêts de la classe ouvrière et des couches populaires en Grèce et dans tous les pays, parce que le soutien de la nouvelle social-démocratie renforce l’ennemi des travailleurs en cultivant des illusions et des confusions.
Il n’y a aucune excuse. Les responsabilités sont grandes. Les partis qui ont caché les positions du KKE, ont organisé des manifestations de soutien de SYRIZA et ont salué la social-démocratie, ont été exposés.
En fait, les manifestations par exemple à Paris, à Rome, à Bruxelles, à Nicosie, à Lisbonne et dans d’autres villes ont été utilisées par SYRIZA comme un alibi « de gauche » pour renforcer sa position, apparaître comme un « Sauveur » et imposer aux travailleurs de nouvelles mesures antipopulaires dures.
Ce n’est pas la première fois qu’on parle de ces questions. Les conséquences de l’effet opportuniste sur les lignes du mouvement communiste, les conséquences de la contre-révolution persistent et sont douloureuses.
Comme il est connu, notre parti exprime toujours (depuis plusieurs années) sa solidarité internationaliste, même avec des PC qui aujourd’hui se sont rangés du coté de ses adversaires politiques. Le KKE a une position de principe et nous allons continuer ainsi.
Mais quant aux choix des PC qui se sont rangés du coté de la social-démocratie, le Mouvement communiste européen et international doit ouvrir un débat et en tirer des conclusions.
Celui qui perd l’orientation révolutionnaire de classe, se dirige vers l’abîme, même en gardant son nom communiste, même si il fait généralement référence au socialisme.
Ceci est confirmé par l’expérience historique et c’est le problème avec ces forces qui utilisent la calomnie sur le sectarisme pour incriminer la lutte révolutionnaire, pour cacher leur propre abandon des principes du marxisme-léninisme et leur choix de la gestion bourgeoise.
Les derniers développements ont évoqué de graves problèmes qu’on doit examiner davantage.
Les partis sociaux-démocrates, comme par exemple SYRIZA et PODEMOS, travaillent pour la manipulation de la classe ouvrière, afin d’assurer la gestion capitaliste avec des slogans pseudo-gauches.
En fait, l’exemple de SYRIZA a prouvé encore une fois que les soi-disant « gouvernements de gauche » sont une forme de gestion et de reproduction de l’exploitation capitaliste, ils cultivent des illusions, désarment les forces populaires et conduisent au renforcement des forces conservatrices, au retour des gouvernements de droite. Des exemples de « gouvernements de gauche » en France, en Italie, à Chypre, au Danemark, mais aussi dans des pays d’Amérique latine confirment cette position.
La position présentant le remplacement de l’euro par une monnaie nationale, par exemple par la drachme en Grèce, comme une solution en faveur du peuple, une position soutenue par de divers groupes gauchistes et des cadres de SYRIZA qui ont voté contre le troisième mémorandum au Parlement, constitue « de la poudre aux yeux » des travailleurs. La monnaie elle-même ne peut pas résoudre les problèmes en faveur du peuple. L’exploitation capitaliste va se poursuivre et ce qui détermine les développements est la classe sociale ayant le pouvoir et les moyens de production dans ses mains.
Essayer d’interpréter les développements avec des positions qui affirment que la Grèce est une « colonie », n’a aucun fondement objectif, puisqu’on supprime ainsi les objectifs et les intérêts de la bourgeoisie et on ne prend pas en compte le développement capitaliste inégal et l’inégalité des relations entre les États capitalistes.
Le choix prédominant de la bourgeoisie est la participation de la Grèce à l’OTAN et l’UE, et la cession de la souveraineté est un choix conscient visant à protéger le capitalisme et servir les intérêts des monopoles dans les alliances impérialistes.
La concentration de l’attention sur l’attitude de l’Allemagne, la tentative d’interpréter les développements du point de vue du « coup d’État de Schäuble » obscurcit l’essence de rivalités inter-impérialistes, les intérêts en conflit.
Le choix du gouvernement SYRIZA-ANEL de choisir des alliés, par exemple aux États-Unis et en France n’est pas lié aux intérêts du peuple, mais aux intérêts des groupes monopolistes, empêtrant notre peuple encore plus dans les antagonismes impérialistes.
Les récentes déclarations du cadre de SYRIZA et vice-premier ministre sont caractéristiques : « Nous devons remercier publiquement le gouvernement des États-Unis et le président Obama, parce que probablement sans sa contribution et sa persévérance que l’accord inclue des questions concernant la dette et le développement, peut-être on ne réussirait pas ».
LA LUTTE DU KKE
Le KKE a fait du progrès ayant enrichi sa stratégie sur la base des exigences contemporaines de la lutte de classe, surmontant les « étapes intermédiaires » de la gestion du système d’exploitation et les diverses variations de conservation de la démocratie bourgeoise, en défendant les lois de la révolution et de la construction socialiste.
Notre parti a suivi la ligne de lutte anticapitaliste - antimonopoliste, la ligne de concentration et de préparation des forces ouvrières - populaires pour le renversement du capitalisme, pour le pouvoir ouvrier-populaire, le socialisme, en rejetant la coopération avec le parti social-démocrate de SYRIZA, ainsi que toute participation à un gouvernement de gestion bourgeoise.
Il a donné une réponse décisive aux élections de 2012, en continuant dans des conditions difficiles la lutte politique et idéologique de masse indépendante sur la base des besoins contemporains des familles des couches ouvrières-populaires.
Le Parti s’est lancé dans la bataille des élections de 2015, a augmenté ses forces et utilise son groupe parlementaire de 15 membres pour illustrer les problèmes du peuple, en soumettant des propositions de loi importantes, comme celle pour l’abrogation des mémorandums et des lois d’application que le gouvernement refuse de discuter au Parlement depuis cinq mois.
Il utilise son groupe au Parlement européen en faveur des travailleurs, ayant conquis un niveau élevé en ce qui concerne ses interventions politiques après avoir quitté le groupe GUE/NGL, qui est devenu une annexe du PGE.
Dans la lignée droite de cette lutte politique se trouve la position fière du KKE dans le récent référendum où il a révélé la politique antipopulaire du gouvernement SYRIZA-ANEL, de la troïka et des partis bourgeois qui soutiennent la position « à tout prix dans l’UE », en présentant sa propre proposition au peuple.
Notre parti intervient de manière décisive aux développements politiques, il lutte contre les difficultés et les faiblesses et travaille sans relâche dans les lieux de travail, dans le mouvement ouvrier – populaire, il conduit les luttes de la classe ouvrière, de la paysannerie, des classes moyennes, des jeunes, il poursuit son action internationaliste, renforce ses relations avec des dizaines de PC partout dans le monde et tente de discuter de son expérience avec les communistes, avec l’avant-garde des forces ouvrières à l’étranger.
Les tâches sont très sérieuses. Le KKE met l’accent sur l’organisation de la résistance des travailleurs contre l’accord antipopulaire du gouvernement SYRIZA-ANEL, pour la montée des exigences et le développement d’un mouvement militant qui exige massivement la récupération des pertes, la satisfaction des besoins contemporains.
Le mouvement de classe, le PAME et les autres regroupements militants intensifient les protestations massives, font des efforts pour organiser un mouvement de solidarité afin de soutenir ceux qui souffrent du chômage et de la pauvreté, les retraités, les travailleurs qui se tiennent dans les files d’attente dans les banques pour obtenir une petite partie du salaire de retraite en raison des restrictions sur les transactions bancaires.
Avec des comités de lutte dans les entreprises, les usines, les hôpitaux, les supermarchés, les services, en mobilisant les « comités populaires » dans les quartiers.
Ce sont des outils précieux pour le renforcement de la lutte du peuple.
Dans cette voie nous continuons et nous appelons la classe ouvrière, les couches populaires à adopter massivement et décisivement la proposition politique du KKE pour la meilleure organisation possible des travailleurs, la réorganisation du mouvement syndical, le renforcement de l’alliance populaire entre la classe ouvrière, la paysannerie, les autres couches populaires pauvres, afin de renforcer la lutte pour des changements radicaux. Pour la socialisation des monopoles avec la planification centrale scientifique de l’économie, le désengagement de l’UE et de l’OTAN et le développement des relations mutuellement bénéfiques avec des autres États et peuples, l’annulation unilatérale de la dette, avec la classe ouvrière, notre peuple véritablement au pouvoir.
Yiorgos Marinos, membre du Bureau Politique du Comité Centrale du KKE