RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Soyons dignes face aux polémiques du voile

Dans ce pays, tous les ans avons-nous droit à une nouvelle affaire du voile. Apres l’affaire de la crèche Baby-Loup, celle du refus exprimé par certains aux mères voilées voulant accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires, les vœux exprimés par une ancienne ministre en exercice d’interdire le voile à l’université, les hallucinant arrêtés anti-burkini qui ont défrayé la chronique en aout 2017, et la polémique née du fait qu’une jeune femme voilée faisait partie des représentants élus d’un syndicat étudiant, voici qu’arrive l’heure du hijab sportif de Décathlon.

Ne nous voilons pas la face. Cette succession effrénée, égrenant la montée en puissance des logiques identitaires, indique clairement que nous avons, dans cette société, à faire face à un grave problème. Que ce problème est grandissant. Qu’il menace à terme la paix civile à force de pilonner nos esprits de constats prétendument alarmants par médias et réseaux sociaux interposés. Qu’il nous impose enfin de nous dire que, contrairement aux prédictions d’un Francis Fukuyama nous annonçant la Fin de l’Histoire, nous nous dirigeons tout droit vers des inédites tempêtes culturelles qui redessineront, malheureusement à l’aide du rouge vif du sang qui coule, la carte de notre pays.

Pour cette fois, au lieu de nous engouffrer de plain-pied dans la polémique, autorisons-nous un écart de dignité, en suivant la logique du salutaire appel lancé par l’humoriste Yassine Bellatar.

Il est en effet temps de nous ressaisir. De clamer haut et fort l’amour de la paix et du respect mutuel. De défendre coûte que coûte la sauvegarde de la vie de nos enfants et de nos proches.

Nous sommes toutefois cernés de toute part. Et ce combat se joue non pas principalement contre de dangereux groupements idéologiques qu’il faut bien sûr affronter, mais contre nous-mêmes et nos inclinaisons. Ne cédons pas à la tentation de nous avilir en succombant à la haine. Soyons au contraire les défenseurs de la vérité, même quand elle fait mal, car celle-ci paie, à la longue, de revenus autrement plus importants que des gains psychologiques immédiats et court-termistes. Le culte de celle-ci permettra de rehausser le niveau de notre débat collectif, puisqu’il n’est pas faux d’affirmer, avec Natasha Polony, que les frictions au sujet du voile ne font que lever le voile sur les choix de civilisation qui, progressivement, se dévoileront à l’avenir. 

Quoique puissent en dire tel ou tel intervenant sur la scène publique, nous sommes tous, sans distinction de race ou de religion, les enfants de la République française. Nous parlons, pensons et rêvons en français. Nous aimons et haïssons dans cette langue. Nous réfléchissons à l’aide de son vocabulaire et, en reprenant le titre d’un ouvrage de l’historien du temps long Fernand Braudel, nous teintons la civilisation française, à laquelle notre génération, d’où que nous soyons, fait indéniablement partie, d’une nuance grammaticale de plus. 

C’est donc principalement à ce titre que nous devons vivre et mourir. Débattre et agir. Affronter l’adversaire ou nous écharper nous-mêmes. Bref, développer dans nos esprits l’amour du pays qui nous a vu naitre et que nous changeons continuellement, sans forcément le vouloir, du simple fait de notre présence sur son sol. 

Avant de nous laisser aller à la facilité que constitue l’affrontement violent, rappelons-nous tous qu’un jour, nous avons été des enfants. Souvenons-nous que nous étions à cette époque innocemment statiques dans une sorte de présent-être perpétuel. Nous devions alors voir le monde comme une étoile de mer, posée sur le plancher marin qu’elle ne quitte jamais, perçoit l’océan : un immense univers, bien que mystérieux, insondable et sombre, n’ayant aucune prise sur notre développement futur qu’on supposait harmonieux.

Ne perdons pas ce lien avec cet innocent passé. Seul lui nous permettra de vivre heureux et de rompre le cycle nous menant à la rencontre de ces temps de malheur sur le point d’éclore.

Adel Taamalli

URL de cet article 34656
  

Même Thème
Roms de France, Roms en France - Jean-Pierre Dacheux, Bernard Delemotte
Population méconnue, la plus nombreuse des minorités culturelles, présente en Europe depuis des siècles, les Roms comptent plus de dix millions de personnes. Ils ont subi partout l’exclusion et les persécutions : l’esclavage en Roumanie du XIVe au XIXe siècle, l’extermination dans les camps nazis… Peuple à l’identité multiple, son unité se trouve dans son histoire, sa langue et son appartenance à une "nation sans territoire" . La loi Besson de juillet 2000 a reconnu les responsabilités de (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes.

Karl Marx

Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.