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SNCF : L’amertume des cheminots à l’égard des directions syndicales - Bernard Thibault : « Ton attitude nous rappelle celle de la CFDT », par L.O.













Lutte Ouvrière, 30 novembre 2007.


A la SNCF - L’amertume des cheminots à l’égard des directions syndicales.

A la SNCF, la reprise du travail a commencé à se faire dès le 21 novembre, quand des responsable de la CGT ont martelé que le nombre de grévistes diminuait partout, que les négociations allaient se poursuivre pendant un mois, et que de ce fait les cheminots ne pouvaient pas rester mobilisés tout ce temps, qu’il fallait garder ses forces pour repartir plus tard si la négociation n’aboutissait pas. Bref, ils n’ont pas lésiné sur les arguments pour inciter les cheminots à reprendre le travail.

Mais malgré les appels à « suspendre », bien des assemblées ont poursuivi la grève, certaines jusqu’au 23. Et le travail n’a vraiment repris que le 24, le 25, voire le 26 novembre.

Dans les dernières assemblées, les cheminots ont exprimé leur déception et leur écoeurement face à la politique des directions syndicales qui se sont moquées des avis exprimés et maintes fois votés en assemblée générale, au travers de motions multiples, demandant le retrait de la réforme contre les régimes spéciaux. Beaucoup de grévistes ont tenu à dire qu’ils ne s’étaient pas mis en grève pour obtenir un calendrier, celui des pompiers leur aurait coûté moins cher.

Parmi les grévistes mécontents, nombreux ont aussi été les militants syndicaux, en particulier ceux de la CGT, qui se sont senti trahis par l’acceptation du fameux calendrier proposé par le gouvernement et la SNCF, et accepté par tous les responsables syndicaux. Avec le calendrier, leurs dirigeants acceptaient que les négociations se fassent dans le cadre imposé par le gouvernement à savoir l’acceptation des 40 annuités, des décotes, de l’indexation des pensions sur les prix et non plus sur les salaires, etc. Et même si des mesures limitant quelque peu l’impact des décotes et du nouveau mode de calcul des pensions peuvent être discutées, celles-ci sanctionneront d’importants reculs qu’auront à subir les cheminots, en particulier les récents embauchés et ceux qui le seront dans l’avenir. Cela, bien des grévistes l’avaient par avance et largement dénoncé. Et parce que les dirigeants syndicaux n’en ont pas tenu compte, des adhérents et militants de la CGT se sentent aujourd’hui trahis.

Dans aucune assemblée, même si la reprise du travail s’est faite avec parfois une courte majorité et en traînant les pieds, les grévistes n’ont trouvé la force d’outrepasser le mur syndical auquel ils se heurtaient. Y avait-il avec cette grève la possibilité de faire vraiment reculer le gouvernement ? La question reste ouverte. Non pas à cause d’un manque de volonté et de combativité des grévistes mais parce que le mouvement n’a pas été au bout de ses possibilités, arrêté dans sa phase encore ascendante, au lendemain même de la manifestation où les grévistes des transports et de l’énergie avaient rejoint ceux de la fonction publique. Ce jour-là , le 20 novembre, les cheminots étaient encore presque partout installés dans la grève et avaient conscience que, tant qu’ils ne reprendraient pas le travail, ils pourraient encore faire reculer le gouvernement.

Tous constataient que Sarkozy, après sa prestation ratée aux ateliers du Landy, où il avait été interpellé par les cheminots, désertait curieusement les médias ; que le patronat commençait à s’inquiéter d’un possible blocage d’une partie de l’économie, que les commerçants des centres villes se plaignaient de plus en plus de la baisse des ventes. Et puis, contrairement à ce que martelaient les médias, les grévistes constataient que leur mouvement n’était pas incompris par l’opinion, malgré les gênes occasionnées. De leur côté, les travailleurs de la RATP tenaient eux aussi le coup et des liens se tissaient même entre grévistes à Paris.

C’est pour toutes ces raisons qu’il existe aujourd’hui une amertume certaine parmi les cheminots, mais pas de démoralisation ni de découragement. Pour beaucoup, il s’agissait de leur première grève et donc de leur première expérience de lutte ; une expérience qui, si elle est suivie d’une prise de conscience de la nécessité pour les grévistes de contrôler leur grève, pourra être positive pour un avenir qui peut être proche.

Correspondant LO




PCA Mulhouse - Le syndicat CGT à Bernard Thibault : « Ton attitude nous rappelle celle de la CFDT »

A la suite d’un article de France Soir intitulé « Qui veut la peau de Bernard Thibault », le bureau confédéral de la CGT, faisant mine de prendre ce titre pour une menace, s’est indigné. Dans une déclaration du 23 novembre, il « s’élève contre les attaques dont la CGT et son secrétaire général sont la cible depuis quelques jours » et rattache ces attaques à « l’action efficace de la CGT au service des intérêts des salariés du privé comme du public ».

Il est vrai que la CGT est souvent attaquée par des gens mal intentionnés qui, à travers elle, s’en prennent aux travailleurs qui veulent se défendre. Mais en ce qui concerne son « action efficace » « au service des intérêts des salariés » dans les récents mouvements, c’est de ses propres rangs, parmi ses propres militants, que se sont élevées des voix pour critiquer la politique défendue par Thibault. Ainsi, le 16 novembre, le syndicat CGT de l’usine d’automobiles PCA de Mulhouse adressait à Bernard Thibault la lettre suivante :


« Cher camarade,

Nous n’avons pas du tout apprécié ta proposition au gouvernement de négocier les retraites des régimes spéciaux, régime par régime ou entreprise par entreprise.

Quand on engage un combat comme toute la CGT l’a engagé pour la défense des régimes spéciaux de retraite et que ce combat a des conséquences pour la protection du régime général que Sarkozy veut remettre en cause en 2008, on se donne les moyens de le gagner et on ne divise pas les travailleurs en lutte dès la première minute comme tu l’as fait.

Quand la grève est massivement suivie comme à la SNCF, la RATP ou à l’EDF, on essaie d’abord de créer et de renforcer le rapport de forces et pas d’affaiblir ses propres troupes en les divisant avant de négocier sur le terrain de l’adversaire.

Ton attitude nous rappelle malheureusement celle de la CFDT en 1995. On sait ce qu’il en a résulté ! Nous peinons tous les jours à gagner la confiance des travailleurs dans le syndicalisme et la CGT. Tu viens de démolir, par ton intervention, des efforts de mois et d’années.

Nous essayons, bien souvent à contre-courant, de lutter contre les préjugés sur les fonctionnaires et de militer pour la solidarité et la convergence des luttes du privé et du public pour un retour à 37,5 annuités. Tu viens de saboter cet effort.

Nous espérons que les grévistes de la SNCF, de la RATP et de l’EDF, que les militants CGT de ces secteurs auront la force de continuer et de gagner malgré toi et nous leur envoyons toute notre solidarité dans leur combat.

Le syndicat CGT - PCA Mulhouse »


Oui, il faut espérer que les militants de la CGT et l’ensemble des travailleurs auront suffisamment confiance en eux-mêmes et en la force qu’ils représentent pour faire échec aux projets anti-ouvriers du gouvernement, malgré l’attitude déplorable du bureau confédéral de la CGT et de Bernard Thibault.


 Source : Lutte Ouvrière www.lutte-ouvriere.org




Aprés les régimes spéciaux ... Sarkozy continue : le dernier rapport du COR prépare pour 2008 l’offensive contre TOUTES les retraites, par J.J Chavigné et G. Filoche.



Régimes spéciaux de retraite : François Fillon veut capitaliser sur "un tournant historique", par Sophie Louet.



Grève SNCF : vous avez dit privilégiés ? Ou la nécessité de distinguer les privilèges bateaux des bateaux des privilégiés, par Jacques Gaillard.

Régimes spéciaux de retraite : Sarkozy a gagné une manche ... pour le moment, par Vincent Présumey.


Régimes spéciaux : une bataille décisive « c’est la plus difficile des réformes, puisqu’elle concerne ceux qui ont le pouvoir de blocage le plus fort. Si elle réussit, le reste suivra. », La Riposte.






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