L’ancien chroniqueur de Charlie Hebdo Siné a déposé une plainte contre X après avoir reçu des menaces de mort par le biais d’emails et de coups de téléphone anonymes. Contacté par Nouvelobs.com, Siné explique les raisons de son recours.
Mathieu Carbasse : Qu’est-ce qui vous a poussé à porter plainte ?
Siné : - Je suis allé au commissariat de Noisy-le-Sec pour porter plainte contre X pour "menaces de mort". Depuis quelques jours, je reçois des emails d’insultes d’un type qui se fait passer pour Mordechai Anielewicz, un tueur du ghetto de Varsovie, et qui veut me planter "20 cm d’inox dans le bide". Sur le site de la Ligue de défense juive, il me traite aussi de "fils de pute", de "vieux schnock"… Et puis je reçois aussi des coups de fils à 11 heures du soir et c’est ma femme qui doit raccrocher. Déposer une plainte, je n’y tenais pas trop mais ma femme commence sérieusement à avoir les boules. J’ai même acheté une bombe lacrymo. Parce que je n’ai pas droit au port d’arme.
Mathieu Carbasse : A quel genre d’accueil avez-vous eu droit au commissariat ?
Siné : - J’ai été reçu en triomphe, les flics me disaient de ne "pas laisser tomber" parce qu’"il y a des cons partout". J’ai vraiment été surpris par leur réaction, d’autant plus que, d’habitude, quand j’entre dans un commissariat, c’est parce que je les ai insultés ou pour faire un tour en cellule de dégrisement. Ils m’ont même proposé de mettre un flic devant ma porte, mais je m’en fous.
Mathieu Carbasse : Avez-vous une idée de qui se cache derrière ces menaces ?
Siné : - C’est sûrement un mec du Bétar, un groupuscule interdit par la police avec qui j’ai déjà eu des problèmes il y a plus de quarante ans. A l’époque [en 1967, ndlr], j’avais fait une expo contre Israël dans une boutique près du Palais Royal. La nuit après le vernissage, ils avaient tout cassé, vitrine y compris… Le pire, c’est qu’on ne sait même pas s’ils sont pro-juifs. Ils ne sont peut-être qu’une vingtaine mais, en tous cas, ce ne sont pas des rigolos, des gars qu’il faut prendre à la légère. Et puis, on commence à les connaître. Quand Tardi avait illustré "Voyage au bout de la nuit" de Céline, ils l’avaient fait chier pendant dix ans. D’ailleurs, depuis, il ne répond plus au téléphone. Moi, je ne veux pas en arriver là . C’est comme Goldnadel [président d’Avocats sans frontières, ndlr], ça ne m’étonnerait pas que ce provocateur soit là -dessous. J’ai aussi entendu dire que Philippe Val ou Claude Askolovitch allaient dorénavant condamner la moindre critique contre les juifs. Au vu de la croisade qu’ils mènent, ça ne m’étonnerait pas.
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