Après le décès du Président Hugo Chavez et l’élection en 2013 de Nicolás Maduro à la présidence du Venezuela, dans un contexte de chute mondiale des prix du pétrole, les Etats-Unis ont cru l’heure venue d’anéantir la révolution bolivarienne et d’effacer son influence en Amérique Latine. S’est ouverte une ère de déstabilisation violente sans précédent dont l’objectif reste le changement de “régime” à travers l’assassinat du gouvernement élu et de ses sympathisants, dans un scénario de terreur à la colombienne. On se rappelle comment les insurrections d’extrême droite ont été transformées par les médias internationaux en “révoltes populaires” et la réaction des forces de sécurité en “répression par la dictature”. De nombreux courants et militants de gauche sont tombés dans le piège de cette propagande. C’est l’époque où est apparu le slogan “ni Trump, ni Maduro”.
Cacher les causes, les remplacer par les effets : pour discréditer une expérience de gauche participative et souveraine, avec record d’élections et processus communaux, les grands médias occidentaux font porter au gouvernement bolivarien la responsabilité essentielle de la guerre économique décrétée par Barack Obama et renforcée par Donald Trump. La complicité médiatique consiste à occulter les conséquences des plus de 300 “sanctions” états-uniennes – mesures de coercition unilatérales, violant le Droit International – telles les menaces sur les banques du monde entier pour qu’elles gèlent 30 milliards de dollars que le pays ne peut plus utiliser pour acheter des aliments ou du matériel médical. Mais aussi à occulter, mettre en doute ou se moquer des nombreuses agressions – sabotages des infrastructures, attentats terroristes et incursions armées, le tout financé à hauteur de centaines de millions de dollars depuis les Etats-Unis et depuis le territoire de leur principal fournisseur de drogue, la Colombie paramilitaire.
Voici par ordre chronologique les nombreux épisodes de cette guerre de basse intensité visant à renverser un gouvernement de gauche, légitimement élu (Jimmy Carter, le Conseil des Juristes Latino-américains, Rodriguez Zapatero, Lula, ou Rafael Correa, parmi tant d’observateurs internationaux et de médiateurs entre gouvernement et opposition démocratique, ont insisté sur la transparence, sur la légitimité, et sur le nombre record d’élections).
10 juin 2013
Neuf paramilitaires ont été capturés à Coloncito (Táchira) et Guanare (Portuguesa), membres de Los Rastrojos, liés au chef paramilitaire colombien José María Barrera, alias « Chepe Barrera », armés de fusils d’assaut, de grenades et de pistolets. Les autorités ont trouvé une boîte noire prête à être utilisée pour un faux positif dans un accident d’avion. Les paramilitaires capturés auraient dit qu’un troisième groupe se trouvait déjà dans la capitale avec des armes de sniper. Ils avaient prévu de se rendre dans la capitale de l’État, où ils se verraient confier une mission à accomplir à Caracas : assassiner le président Maduro.
25 mars 2014
Un groupe de généraux de l’aviation militaire a été capturé, qui possédaient des liens directs avec les secteurs de la droite. Ils ont eux-mêmes déclaré que « cette semaine était décisive ». Ils préparaient un plan de soulèvement militaire, dénoncé par des officiers de rang inférieur. Il s’agissait du général de brigade (Av) José Daniel Machillanda Díaz, du général de division (AV) Oswaldo Hernández Sánchez et du général de brigade Carlos Alberto Millán Yaguaracuto. Le capitaine (r) Juan Carlos Nieto Quintero (qui réapparaît avec Jordan Goudreau dans une vidéo le dimanche 5/3/2020, lors de l’ »Opération Gédeon »), de la Garde Nationale Bolivarienne, a été capturé début avril.
12 février 2015
Les autorités vénézuéliennes démantèlent une tentative de coup d’État, baptisée « Coup d’Etat bleu » ou « Opération Jéricho ». Le plan consistait à doter d’artillerie un avion Tucano et à attaquer le palais de Miraflores, ou tout autre lieu où le président participerait aux « Journées de la jeunesse ». Ce projet avait été planifié par un groupe de responsables vénézuéliens de l’aviation militaire et du gouvernement états-unien.
12 et 13 février 2016
Un plan a été démantelé dans lequel cinq militaires et trois civils étaient impliqués opérationnellement : José Gregorio Delgado, Ruperto Chiquinquirá Sánchez, Juan Carlos Nieto Quintero, César Orta Santamaría, Víctor José Ascanio, Nery Adolfo Córdoba, Andrés Thompson Martínez, Laided Salazar et José Acacio Moreno, respectivement. L’idée était d’attaquer les points stratégiques des institutions de l’État par voie aérienne ; cela comprenait aussi des opérations contre les civils. Une tentative de coup d’Etat militaire basé sur la doctrine du choc. La capture d’Antonio Ledezma a été dérivée de ce plan, grâce au suivi des renseignements militaires.
Premier trimestre 2017
L’opération « Epée de Dieu » avait pour principaux membres Angel Vivas et Raul Baduel, respectivement ancien général de brigade et ancien général des Forces Armées Bolivariennes, qui avaient recruté des officiers subalternes afin de perpétrer un assassinat contre le président Maduro. L’État a réussi à capturer différents membres appartenant à cette opération, tous accusés de subversion ; cependant, à la fin de cette année-là, certains d’entre eux se sont échappés de la prison de Ramo Verde (Miranda). Le suivi réalisé par un agent infiltré a été la clé du démantèlement du plan.
Avril 2017
Opération Bouclier de Zamora. Eduardo Ventacourt et Johan Peña, anciens responsables de la DISIP (renseignements), ainsi que le colonel (r) Zomacal Hernández, devaient exécuter « l’opération Bouclier de Zamora« . Ce dernier s’est vu confisquer 32 kilogrammes d’explosifs C4 et d’autres armes qui seraient utilisés dans un plan de coup d’État. Parmi les planificateurs figuraient les hommes politiques Roberto Enriquez, Oswaldo Alvarez Paz (tous deux de COPEI, démocratie chrétienne) et Julio Borges (Primero Justicia, extrême-droite), directement impliqués dans l’insurrection de certains responsables des Forces Armées.
27 juin 2017
L’ancien policier Oscar Perez – du Corps scientifique d’enquêtes criminelles et pénalistes (CICPC) – a détourné un hélicoptère, survolé plusieurs sites à Caracas, mitraillé et tenté d’attaquer différentes institutions de l’État vénézuélien, dont le bâtiment de la Cour Suprême de Justice. Ce fanatique de l’Ordre Nouveau, se déclarant « envoyé de Dieu », a tenté d’attenter à la vie des personnes se trouvant dans les bâtiments des institutions sur lesquelles il a tiré, y compris des enfants, avant de prendre la fuite.
6 août 2017
Ce jour-là, une escarmouche militaire a eu lieu au Fort Paramacay (Carabobo) : la soi-disant « Opération David », dans laquelle il y a eu un vol d’armes et des appels à l’insurrection avec d’autres opérateurs non militaires, dirigée par Juan Caguaripano de la 41e Brigade blindée de Valence. Il a été neutralisé par les Forces Armées qui a capturé la plupart des membres. Les quelques personnes impliquées dans la tentative et qui ont réussi à s’échapper ont emporté les armes suivantes : 500 fusils AK-103 et 500 chargeurs de ce type de fusil ; 50 lance-grenades multiples de 40 mm ; 140 grenades de 40 mm ; 80 baïonnettes, 60 pistolets. Ce matériel de guerre a été placé dans un véhicule Toyota portant des plaques militaires et volé dans l’installation militaire correspondante.
18 décembre 2017
Pendant l’opération « Genesis », un groupe de mercenaires, de paramilitaires et d’anciens fonctionnaires de la sécurité de l’État, dirigé par Oscar Perez, a attaqué un poste de la Garde Nationale Bolivarienne à Laguneta de la Montaña (Miranda), où ils ont volé 26 fusils d’assaut et des munitions. Dans une vidéo, Perez apparaît lors de l’opération au cours de laquelle une poignée de sujets habillés en contre-espionnage militaire (DGCIM) ont attaqué le poste de la GNB. Lors de l’opération, les faux agents de la DGCIM ont également dérobé 26 fusils AK-103 de marque Kalachnikov ; 3 pistolets de 9 mm ; 108 chargeurs AK-103 ; 3 chargeurs de pistolets ; 3 240 munitions de fusil AK-103 et 67 munitions de 9 mm, selon les rapports de presse.
15 janvier 2018
La DGCIM (renseignements) a retracé la localisation de la cellule terroriste d’Oscar Pérez à El Junquito (Caracas). Après le travail du corps de sécurité et de renseignement, avec le déploiement de plusieurs brigades et de fonctionnaires du CONAS, du SEBIN, de la DGCIM, de la GNB, de la FAES de la PNB et de Policaracas, l’« Opération Gedeon » a été mise en œuvre, du nom des institutions policières-militaires, où plusieurs membres de l’ »Opération Genesis » ont été tués, parmi lesquels le très médiatisé « héros » Oscar Perez.
Mars 2018
Depuis le début de ce mois, un plan de coup d’État a été détecté au sein des FANB, appelé « Mouvement de transition vers la dignité du peuple« , dans lequel l’ancien général Miguel Rodríguez Torres était impliqué. Parmi ses membres figuraient le lieutenant colonel Iver Marín Chaparro, le lieutenant colonel Henry Medina Gutiérrez, le lieutenant colonel Deivis Mota Marrero, le lieutenant colonel Eric Peña Romero, le lieutenant colonel Victoriano Soto Méndez, le lieutenant colonel Juan Carlos Peña Palmatieri, le premier lieutenant Yeiber Ariza, le sergent Julio Carlos Gutiérrez et le sergent Yuleima Medina. Au milieu du mois, il a été démantelé par la DGCIM (renseignements).
Avril 2018
L’opération « Gédeon II » des autorités de l’État, rapportée par le ministre Néstor Reverol le 18 avril, a réussi à démanteler une cellule terroriste impliquée dans des actes déstabilisateurs destinés à provoquer l’anxiété de la population et à empêcher les élections du 20 mai. L’opération était la continuation d’une enquête exhaustive qui a conduit au démantèlement de la cellule terroriste d’Oscar Pérez. Dix personnes ont été arrêtés, dont Alonso José Mora, Erick Anderson Villaba et Stephanie Madelein, membres actifs d’un groupe d’affrontement armé qui a participé aux insurrections de l’extrême droite de 2017. Dans la cellule se trouvait également Carlos Miguel Aristimuño, qui appartenait au DISIP et était pilote d’hélicoptère, engagé pour la formation des instructeurs.
Mai 2018
Nouvelle tentative de coup d’État menée par le général (r) Oswaldo Garcia Palomo de Colombie, dans le cadre des élections présidentielles, appelé « Opération Constitution« . Les services de renseignement et de contre-espionnage de l’État ont mis ce plan en échec et démantelé le groupe. Garcia Palomo a également été impliqué dans un autre plan de coup d’État au début de 2019. Il a été appréhendé fin janvier 2019 par les autorités vénézuéliennes.
Mai 2018
En même temps que l’ »Opération Constitution », l’ »Opération Armageddon » était menée par du personnel militaire et civil et dirigée par le capitaine Luis Humberto de la Sotta Quiroga. Neuf membres de l’armée ont été accusés de trahison envers le pays, d’incitation à la rébellion militaire, d’instigation à la mutinerie. Cette fois, la tentative de coup d’État militaire visait à contrecarrer les élections présidentielles. L’opération était en cours depuis 2017 et consistait à reprendre la base aérienne de La Carlota (Caracas) et même d’assassiner le président Maduro. Le plan a été démantelé par la DGCIM (renseignements). L’enquête a montré que des militaires, Oswaldo Alvarez Paz (du parti COPEI) et des financements des États-Unis et de la Colombie étaient impliqués.
4 août 2018
Ce jour-là, une tentative d’assassinat a eu lieu contre le président (« Opération David contre Goliath« ), certains ministres et membres du haut commandement militaire à Caracas lors d’un événement marquant le 81e anniversaire de la GNB. Là, des explosifs ont été déclenchés, dirigés par des drones, pour assassiner le président Maduro. Le travail des civils, des militaires et des forces de police dans leur ensemble a fait échouer l’opération.
Les autorités ont arrêté Argenis Ruiz, le pilote du drone, et Juan Carlos Monasterio, coordinateur de l’attaque et ancien de la GNB. Plus tard, en janvier 2019, le général (r) Oswaldo García Palomo a admis que le lieutenant-colonel Ovidio Carrasco, qui faisait partie de la garde d’honneur présidentielle, avait été capté par Julio Borges en 2013 et avait participé à la planification de l’assassinat. Outre Julio Borges, d’autres hommes politiques vénézuéliens étaient également impliqués : Fernando Albán et le député d’extrême droite Juan Requesens.
30 avril 2019
La « phase finale » de l’« opération Liberté » a eu lieu avec Juan Guaidó, Leopoldo López, Cristopher Figuera et des militaires, dont Ilich Sánchez et Juvenal Sequea.
Le mouvement cherche à faire quitter le pouvoir au président Nicolas Maduro, en commençant par la prise de contrôle de la base aérienne de La Carlota, qui n’a jamais été prise. L’opération n’a duré que quelques heures le matin et a été démantelée par la DGCIM.
Juin 2019
Après 14 mois de contre-espionnage par la DGCIM, l’opération « Vuelvan caras » a été démantelée. Parmi ses membres figuraient le général à la retraite Ramón Lozada Saavedra, le général Miguel Sisco Mora, le colonel Miguel Castillo Cedeño, le major à la retraite Pedro Caraballo, le premier lieutenant Carlos Eduardo Lozada Saavedra et les commissaires José Valladares Mejías et Miguel Ibarreto.
C’est un coup d’État militaire qui visait à assassiner le président et à prendre le palais de Miraflores, la base aérienne de La Carlota et la Banque centrale du Venezuela, dans lesquels Josnars Adolfo Baduel, fils de Raúl Baduel, était également impliqué.
Août 2019
L’opération terroriste « Force et liberté » était une tentative d’attaque du siège de la FAES (police) à Propatria, du bloc 40 de la paroisse 23 de Enero et du Palais de Justice (Caracas). Il a été démantelé par la DGCIM (renseignements). Il s’agissait d’une action militaire pour tenter un coup d’Etat et un assassinat impliquant l’huissier du Palais de Justice, Ronnel Guevara, et Luis Ricardo Gómez Peñaranda, un citoyen colombo-vénézuélien qui a été arrêté alors qu’il transportait des explosifs.
A l’époque, le ministre Jorge Rodríguez avait dénoncé que Clíver Alcalá était en Colombie pour coordonner la formation de plus de 200 terroristes dans trois camps : à Maicao, Santa Marta et Riohacha.
Décembre 2019
Le matin du dimanche 29 décembre, une vidéo a été diffusée dans laquelle un groupe de militaires se soulevait, appelant à la rébellion, à un coup d’État et à un assassinat. Ils ont revendiqué le vol d’armes lors de l’attaque d’un détachement de la GNB le 22 décembre dernier dans la municipalité de Gran Sabana (Bolivar), dans le cadre de ce qu’ils ont appelé « l’opération Aurora ».
Il s’agit du lieutenant Josué Abraham Hidalgo Azuaje, du tireur d’élite José Angel Rodríguez Araña et du sergent-major Darwin Balaguera Rivas.
Directement impliqué dans l’ »Opération Aurora », Gilber Caro, arrêté lors de l’agression du 22 décembre, a bénéficié du soutien public de l’ex-policier Ivan Simonovis, un membre de l’équipe de Juan Guaidó des États-Unis et proche de Donald Trump (photos ci-dessous). En janvier 2020, le ministère public a inculpé 18 personnes qui ont participé à l’opération.
Photo : le policier spécialiste de la contre-insurrection, Ivan Simonovis, impliqué dans le coup d’Etat d’avril 2002 contre le président Chavez, fut vite adopté par les grands médias et des organisations de droits humains comme un “prisonnier politique, un homme très malade, à sortir d’urgence avant qu’il meure dans les geôles du Venezuela, etc…”. Dès sa libération, sa santé subitement retrouvée lui a permis de travailler étroitement avec la CIA et de remplacer aujourd’hui auprès de Donald Trump un certain Juan Guaido décrédibilisé par les affaires de corruption, pour poursuivre les opérations de déstabilisation du Venezuela.
Mai 2020
Une incursion de mercenaires armés (« Opération Gedeon« ) à Macuto (La Guaira) et dans d’autres régions de la côte vénézuélienne a été neutralisée par l‘union civile-militaire (« Opération Negro Primero ») depuis le dimanche 3 mai. La DGCIM a traité les données relatives à l’opération, notamment la localisation des camps en Colombie où se déroulait la formation et la coordination dirigée par Clíver Alcalá.
Juan Guaidó, J.J. Rendón, Sergio Vergara et l’avocat Manuel Retureta avaient signé un contrat avec la société mercenaire américaine Silvercorp, appartenant à Jordan Goudreau, pour effectuer une incursion armée, exécuter un plan de capture et d’assassinat du président Maduro, et à l’aide d’un armement très sophistiqué déclencher une intervention visant à éliminer les dirigeants chavistes, les sympathisants des bases populaires et abroger la Constitution de facto de la République Bolivarienne.
Comme on peut le lire dans le contrat mis en ligne par le Washington Post, la réalisation de « l’objectif premier » était de « capturer/détenir/éliminer Nicolás Maduro, éliminer le “régime” actuel et installer le président fantoche Juan Guaidó. Venait ensuite la participation de Silvercorp à une période de 450 jours -prolongée- de « rétablissement de la stabilité dans le pays ».
La « stabilisation du pays » signifiait que le contractant militaire participerait à l’attaque et à la persécution des « éléments non militaires du commandement et du contrôle du régime précédent », aux répressions, aux détentions, à l’application des couvre-feux, aux contrôles aux frontières, avec l’autorisation de « recourir à la force, jusqu’à et y compris la force mortelle, pour éliminer la menace ».
Tout est écrit dans une annexe de 41 pages avec des détails sur, par exemple, quand et comment utiliser les mines antipersonnel M18A1 claymore, les chaînes de commandement, les formes de paiement, où, en cas d’ »insolvabilité monétaire », Silvercorp facturerait « en barils de pétrole ».
Source : Mision Verdad, https://medium.com/@misionverdad2012/siete-a%C3%B1os-de-operaciones-mercenarias-contra-venezuela-un-registro-de-todos-los-planes-bb9eb97cc3c
Traduction : Thierry Deronne