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Dieudonné est devenu un militant politique d’extrême droite

Sacré Dieudo !

Autant j’ai trouvé ahurissantes et complètement disproportionnées les attaques que Dieudonné a subies lors de son passage à la télé avec sa caricature du "colon juif", autant ses sketchs m’ont fait rire à une époque où il se moquait de tout le monde, autant ses fréquentations et ses dérives incessantes ne me font plus rire du tout.

Dieudonné n’est plus un simple humoriste, il est devenu un militant politique d’extrême droite. Il se sert de l’humour et d’un vocabulaire pseudo-révolutionnaire, en se revendiquant antisystème, dans le style fasciste des années 30. Sous couvert d’un antisionisme de circonstance, on ne peut plus ignorer que ses propos sont ouvertement antisémites. Sa dérive complotiste, le complot du "pouvoir juif mondial", de la finance mondiale, de l’Empire ou des « illuminati » est historiquement dans la droite ligne de la propagande des groupuscules d’extrême droite et fait le jeux des élites politiques, économiques et financières. En détournant la colère et la frustration d’une partie de la jeunesse et des citoyens vers un "complot du nouvel ordre mondial" virtuel cela affaiblit le combat politique ou syndical réel. Pendant ce temps nos capitalistes nationaux et le grand patronat peuvent continuer à nous exploiter et à détruire nos protections sociales en toute tranquillité.

Comment le militant antiraciste marqué à gauche qu’était Dieudonné dans la seconde moitié des années 1990 en est-il arrivé là ? Au cours des années 2000, lors de son combat pour la reconnaissance et la mémoire de l’esclavage des Noirs, il se lance dans une logique de concurrence entre les victimes de l’esclavage et celles de la shoah. Progressivement, Dieudonné va se réapproprier tous les clichés et les thèmes traditionnels d’un antisémitisme qu’il masquera par un engagement « antisioniste », « les Juifs » deviennent les seuls boucs émissaires de la souffrance des Noirs, du « Dieu argent », et de la « pleurniche internationale ». Assez logiquement, Dieudonné en vient à fréquenter l’extrême droite qu’il avait autrefois combattue : le cap du symbolique est franchi lorsqu’il se rend la même année à la fête du Front National, où sa rencontre avec Le Pen est orchestrée sous l’œil des caméras…

Cette « reconversion » de Dieudonné aboutit au printemps 2009 à la constitution de la Liste Antisioniste, conglomérat de négationnistes, d’intégristes chiites, de complotistes, de catholiques traditionalistes, de « rouges-bruns », sous la houlette de Yahia Gouasmi et d’Alain Soral, alors fraîchement éconduit de la liste du FN dont il convoitait la première place. Se drapant sous la bannière de l’antisionisme, l’objectif est, en recyclant de vieilles thématiques d’extrême droite aux côtés de « représentants » de communautés minoritaires et discriminées (Dieudonné pour les Noirs, Gouasmi pour les musulmans), de les diffuser auprès de franges de la population à priori hostiles à l’extrême droite « traditionnelle », notamment dans certaines banlieues, et de semer une confusion dans des repères politiques qui n’en avaient déjà pas besoin.

A différentes occasions on a pu noter dans son entourage la présence de l’anglo-australienne Michelle Renouf, qui, est très active dans le soutien judiciaire aux négationnistes, ou de Peter Rushton, figure de l’extrême droite britannique la plus radicale, Charles Alban Scheppens (ancien cadre du Renouveau Français), ou Thomas Werlet, dirigeant du Parti Solidaire Français, l’ancienne « Droite socialiste » dont plusieurs membres furent impliqués dans une fusillade contre des habitants d’une cité de l’Essonne en Juin 2008. Parmi les désormais vieilles connaissances de Dieudonné on retrouve : Frédéric Chatillon, ancien chef du GUD (duquel sont issues Unité Radicale, groupuscule auquel appartenait Maxime Brunerie, puis les Identitaires), un des principaux diffuseurs d’écrits révisionnistes au Moyen-Orient…

Certains pensent encore que Dieudonné n’est qu’un provocateur et que ses rencontres avec la famille Le Pen, son amitié avec Soral et ses contacts avec des personnalités de l’extrême droite européenne ne sont que des mises en scène. Mais alors, quand il interviewe Serge Ayoub, alias Batskin, le chef de l’organisation d’extrême-droite JNR, « Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires », dissoutes après la mort de Clément Méric, et que la rencontre se conclut par une poignée de main entre ces deux hommes et cette déclaration « On représente la France d’en bas … on a le même ennemi, c’est une évidence », c’est quoi ? Une super blague ? Non, il est temps de prendre conscience de la réalité : Dieudonné est un militant d’extrême droite et œuvre pour attirer certaines catégories, particulièrement dans la jeunesse, que le Front national serait incapable de mobiliser.

Les provocations de Dieudonné permettent de détourner la colère légitime d’une certaine partie de la population, au profit de la classe capitaliste. " Antisystème " le nouveau nom que cette France réactionnaire veut s’approprier pour protéger les intérêts d’une classe parasitaire est dans la logique et la doctrine des chiens de garde du capitalisme. De tout temps lorsque le capitalisme a été mis en difficulté par les crises qu’il engendre, le fascisme a toujours été son meilleur allié pour lui permettre de retrouver ses marques. Alors quand certains prétendent qu’il défend les salariés et les sans grades, on mesure tout le désarroi politique des travailleurs qui subissent la mondialisation capitaliste et qui constatent que les gouvernements de droite et de pseudo-gauche qui se succèdent mènent des politiques identiques !

Dieudonné est indéfendable, et c’est marrant de voir à quelle vitesse ses partisans dégainent pour le défendre contre des critiques légitimes, ses « aficionados » à court d’arguments accusent la faiblesse de l’argumentation des articles qui critiquent Dieudonné, sans apporter aucun contre argument tangible et se contentent d’une réfutation stérile. C’est même particulièrement drôle de les voir reprocher à certains de rejoindre la presse « mainstream », comme un signe de soumission à une quelconque cabale "impérialiste-trotskyste-sioniste" ou autre idiotie soralienne.

Dans la confusion propre à notre époque, où la critique sociale se voit souvent réduite à un discours binaire anti-impérialiste contre l’oligarchie financière mondialiste, en taisant les luttes sociales en cours et en critiquant ceux qui luttent contre le système actuel qui vole et pille nos vies et celle de nos enfants, les ennemis du mouvement social avancent leurs pions et leurs idées nauséabondes. De façon incompréhensible, Dieudonné passe encore parfois chez certains pour un militant antiraciste, un justicier de la traite négrière, un défenseur de la cause palestinienne sous couvert d’un discours simplifié et dévoyé sous l’appellation d’« antisionisme ». Rappelons que les orgas et associations qui soutiennent la Palestine ne veulent pas du soutien de Dieudonné, car pour eux, cet imposteur raciste n’est pas l’ami du peuple Palestinien.

Quand il prétend défendre les Palestiniens en développant des thèses racistes et antisémites sous le couvert de l’antisionisme, il détourne ainsi au profit de l’extrême droite le juste sentiment d’exaspération face à l’amalgame fait par les soutiens de la politique israélienne entre antisionisme et antisémitisme. Il donne prise à tous ceux qui se complaisent dans une dénonciation sélective des diverses formes de racisme…, car comment ne pas relever que ceux qui dénoncent l’indéniable antisémitisme de Dieudonné sont ceux-là mêmes qui laissent Israël faire le blocus et le siège d’une minuscule bande de terre appelée Gaza, depuis sept ans dans une totale impunité. Comment oublier que le soutien sans faille de nos dirigeants à la politique d’apartheid d’Israël apporte de l’eau au moulin de l’antisémitisme et permet à des individus comme Dieudonné de jouer leur rôle de comique maudit, assez lucratif par ailleurs ?

Notre pouvoir d’achat continue de se casser la gueule, la précarité progresse à grands pas, la TVA augmente, les actionnaires boivent du champagne pour se féliciter de leurs supers bonus et le clampin de base proteste énergiquement pour soutenir Dieudonné…entreprise médiatique magnifiquement orchestrée par Manuel Valls. En période de crise tout est bon afin de détourner la colère des individus vers des objectifs, moins dangereux pour le système ? D’ailleurs, la plus grosse « quenelle » c’est celle que l’on est en train de nous mettre, non ? Doit se marrer Dieudo, car grâce à toute cette pub il va pouvoir vendre un bon paquet de DVD de son spectacle "Le Mur"...sa petite entreprise ne connait pas la crise !

CONSCIENCE CITOYENNE RESPONSABLE

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RÉVOLUTIONNAIRES, RÉFUGIÉS & RÉSISTANTS - Témoignages des républicains espagnols en France (1939-1945)
Federica Montseny
Il y a près de 80 ans, ce sont des centaines de milliers d’Espagnols qui durent fuir à l’hiver 1939 l’avancée des troupes franquistes à travers les Pyrénées pour se réfugier en France. Cet événement, connu sous le nom de La Retirada, marquera la fin de la révolution sociale qui agita l’Espagne durant trois ans. Dans ce livre, on lit avec émotion et colère la brutalité et l’inhumanité avec lesquelles ils ont été accueillis et l’histoire de leur survie dans les camps d’internement. Issu (…)
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Croire que la révolution sociale soit concevable... sans explosions révolutionnaires d’une partie de la petite bourgeoisie avec tous ses préjugés, sans mouvement des masses prolétariennes et semi-prolétariennes politiquement inconscientes contre le joug seigneurial, clérical, monarchique, national, etc., c’est répudier la révolution sociale. C’est s’imaginer qu’une armée prendra position en un lieu donné et dira "Nous sommes pour le socialisme", et qu’une autre, en un autre lieu, dira "Nous sommes pour l’impérialisme", et que ce sera alors la révolution sociale !

Quiconque attend une révolution sociale “pure” ne vivra jamais assez longtemps pour la voir. Il n’est qu’un révolutionnaire en paroles qui ne comprend rien à ce qu’est une véritable révolution.

Lénine
dans "Bilan d’une discussion sur le droit des nations", 1916,
Oeuvres tome 22

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