Concernant les retraites l’exigence d’une autre réforme que celle prévue par le pouvoir socialiste est avancée.
Autre intervenant Eric Aubin, chargé du dossier à la CGT, indique avec justesse que les moyens financiers d’abonder les régimes existent largement afin de combler les 7 milliards soit-disant déficitaires d’ici 2020 :
● les 10 milliards se rapportant aux mesures d’égalisation des traitements hommes/femmes
● la récupération des 80 milliards de la fraude fiscale des plus riches
● les 30 milliards sans contre-partie d’exonérations patronales
MAIS, rien n’est dit sur le fait que les comptes ne sont donc au rouge que parce que les pouvoirs politiques, la commission de Bruxelles et l’Union européenne exigent des réformes qui ne touchent pas aux privilèges des castes privilégiées et au contraire s’attaquent directement aux droits et aux conquêtes des travailleurs !
La politique d’austérité n’est pas une simple erreur exigée par l’UE et mise en œuvre par le pouvoir socialiste dans la droite ligne de la politique et des contre-réformes sarkozienne !
C’est un choix de classe qui dicte durablement les attaques portées contre toutes les conquêtes de la Libération et le programme du Conseil National de la Résistance et qui ne laisse aucune espèce de place à la prise en compte concertée, par la négociation, par des conférences sociales aux revendications et aux droits du monde du travail !
Dans ces conditions, réclamer une autre réforme en faisant appel aux luttes des salariés pour simplement peser sur le pouvoir, l’emmener à une "vraie politique de gauche" c’est entretenir des illusions chez les travailleurs.
B. Ségol et la CES veulent en fait sauver l’Europe en construisant un syndicalisme qui soit un simple contre-pouvoir et une simple courroie d’enregistrement des décisions.
C’est ainsi qu’elle déclare : " Il ne peut y avoir d’Union européenne sans contre-pouvoir du syndicalisme " et elle ajoute : " Si les politiques menées aujourd’hui en Europe sont néfastes pour les travailleurs la CES s’oppose à un retour aux frontières"
Autrement dit derrière la dénonciation des politiques d’austérité il y a l’acceptation du libre échange, du dumping social et de la sacro sainte " concurrence libre et non faussée "
Ce à quoi rêvent les dirigeants de la CES et les dirigeants des confédérations c’est à un strapontin consenti par les classes dirigeantes. (toujours la lutte des places au lieu de la lutte de classe)
Avec des concessions à la marge valorisées par exemple par la CFDT à propos des retraites comme des avancées positives comme les mesures sur la pénibilité, (où commence la pénibilité ?) et les mesures correctives concernant les femmes (cela fait 30 ans que cela dure, sans résultats) afin de faire accepter aux travailleurs les contre-réformes !
L’intervention de la CES dans le débat s’inscrit dans l’effort déployé nationalement et au niveau de l’Europe pour que le syndicalisme français se coule définitivement dans le moule réformiste.
Nous ne pouvons donc approuver les propos de T. Lepaon dans le dernier numéro d’ " Ensemble" où il refuse de distinguer un pôle réformiste et un pôle radical et contestataire pour prôner un nouveau rapprochement avec les dirigeants de la CFDT malgré leurs renoncements manifestes et pas nouveaux d’ailleurs !
Il s’agit d’une resucée du "syndicalisme rassemblé" pourtant rejeté fortement par la grande majorité des délégués au dernier congrès de la CGT.
En tournant le dos à toute l’histoire du mouvement social dans notre pays et en oubliant que c’est dans les moments où le syndicalisme de classe a été dominant que les conquêtes et les acquis ont vu le jour comme en 36 ou à la Libération.
Seul un puissant mouvement social sur des bases de classe sans concessions ni ambiguïtés, un "TOUS ENSEMBLE" bloquant la contre-réforme et obligeant le pouvoir politique à revenir sur les contre-réformes précédentes entamées depuis 20 ans est à même de nous faire passer d’une attitude défensive, soumise au matraquage des chiens de garde du système à la contre-offensive et à la victoire.
Il en va d’une "autre" réforme des retraites comme de l’Europe sociale, d’une "autre" Europe, d’un "autre" rôle de la Banque Centrale Européenne … Des revendications vides de sens dans le contexte actuel, semeuses d’illusions et démobilisatrices.
Les contre-réformes imposées par le capitalisme en crise profonde ne laissent aucun espace à un syndicalisme d’accompagnement, à un "syndicalisme rassemblé" recherchant l’unité avec des directions syndicales comme la CFDT qui ont entériné et qui entérinent tous les reculs et tous les renoncements.
Et, comme l’affirmait Henri Krasucki :
"Le recul social ne se négocie pas, il se combat !"
Le Front Syndical de Classe
Lundi 16 septembre 2013