RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Répression préventive en Chiraquie.

M. Meyer Jean Claude
Professeur émérite de Philosophie
67200 Strasbourg

Strasbourg, le 1er octobre 2004

A Monsieur le Préfet de la Région Alsace
Monsieur le Procureur de la République,

Je tiens à porter à votre connaissance les faits suivants qui se sont déroulés ce jour, 1er octobre 2004, à l’occasion de la visite de M. Chirac, Président de la République et de M. Schröder, chancelier allemand.

Je me trouvais rue du Sanglier, vers 13h15, en face du restaurant « Chez Yvonne », où les deux Présidents devaient déjeuner. Il y avait des curieux, des badauds et beaucoup de policiers en civil et en uniforme.

Lorsqu’un responsable a demandé à la petite foule de reculer de quelques mètres, comme tout le monde j’ai reculé. Je me trouvais environ au cinquième rang des présents.
C’est alors que, quelques secondes avant que les deux visiteurs arrivent devant « Chez Yvonne », deux personnes en civil sont venues vers moi et m’ont demandé de quitter les lieux.

Comme je leur en demandai la raison, sans me répondre, et sans justifier par une quelconque carte de leur état de policier, deux autres se sont approchés, et à quatre, ils m’ont soulevé du sol en me tenant par les pieds et les mains et m’ont littéralement kidnappé, pour me déposer quelques mètres plus loin, au coin de la rue du Sanglier et des Hallebardes, non sans me menacer de me laisser tomber sur le sol.

Là , ils m’ont maintenu de force, sans me faire mal cependant, un bras tordu dans le dos, un pied devant mon pied gauche. L’un d’eux, un moustachu grossier que je reconnaîtrai sans peine, de même que son collègue, non moins moustachu, mais silencieux, n’a cessé de me tutoyer, de me traiter, malgré mes protestations, de « connard », de « coco », de « merde » m’a menacé de me mettre dans une poubelle, alors qu’un véhicule de la CUS passait à côté et me montrant une crotte de chien, désignait l’endroit où il souhaitait me voir. Je suis resté calme malgré ses insultes.

Puis quelques instants après, un car de police est arrivé au même carrefour, on m’a forcé à y monter, six policiers s’y trouvaient ; les deux sur la banquette arrière m’ont passé une menotte à la main gauche puis ont exigé que je mette ma main droite derrière mon dos ; je leur ai fait remarquer que j’avais une douleur au bras droit, pour laquelle j’avais consulté la veille au Centre Mutualiste de la MGEN ; peine perdue, j’ai été menotté bras en arrière comme un malfaiteur. C’était « pour ma sécurité », disaient-ils ! J’y suis resté un bon moment. Le car a avancé par petites étapes jusqu’au carrefour rue des Hallebardes place Gutenberg.

J’ai pu apprécier le machisme ordinaire de mes gardiens : l’un d’eux, voyant une vendeuse dans la vitrine de « Lacoste » dit aux autres « vous avez vu, un mannequin qui bouge », rires gras assurés ; puis une remarque du même tonneau à l’encontre d’une passante. Je me suis permis de leur faire remarquer qu’il y avait encore des progrès à faire vers la parité dans la police nationale, ce qui peut-être calmerait leur phallocratisme ordinaire. Comme je disais que les menottes me serraient trop, le même m’a dit » il y en a qui aiment ça, elles demandent à être menottées ». Il est inquiétant que l’ordre public soit délégué à des personnes qui expriment ouvertement leurs fantasmes pendant leur service. Si j’étais une femme, je ne serais pas rassuré.

Il me reste à dire l’objet principal de cette lettre. J’aimerais savoir au nom de quoi un citoyen pacifique qui se contente d’être présent là où le Président et son invité allemand avaient clamé urbi et orbi qu’ils se rendraient déjeuner, s’est vu ainsi kidnappé, menacé, tutoyé, pris en otage, près d’une heure jusqu’à sa libération rue des Hallebardes, après un contrôle d’identité sommaire : on ne m’a même pas demandé mes papiers ! Et pour cause, le Directeur de la Sécurité de la Ville m’avait salué de mon nom peu avant ; des policiers présents sur les lieux me connaissent parfaitement puisque j’ai été candidat à plusieurs élections, aux dernières cantonales en particulier, et M. Santos, présent aussi, et à qui je dois, paraît-il ma libération, m’avait téléphoné la veille au sujet d’un rassemblement pour le 2 octobre dont j’avais fait la déclaration en Préfecture.

J’en conclus que les mesures dont j’ai été victime ce jour, et qui m’avaient valu le même traitement lors de la venue de M. Sarkozy inaugurant la Foire européenne l’an dernier, sont dans leur illégalité une atteinte au droit et aux libertés. Je précise qu’à aucun moment rue du Sanglier je n’ai manifesté, sinon par ma présence silencieuse et tranquille. Et même si je l’avais fait, n’est-ce pas un droit démocratique ? J’avais vu, de loin place Broglie, les forces de, l’ordre intervenir brutalement, contre des antinucléaires qui se contentaient d’exhiber une banderolle. Quant à moi, c’est les mains dans les poches que j’ai été interpellé. N’étant pas juriste, j’ignore la qualification des délits dont se sont rendus coupables plusieurs policiers et leurs responsables, mais après m’en être informé auprès d’un avocat, je ne manquerai pas de déposer une plainte s’il y a lieu.

Comptant sur votre réponse, soyez assurés de mes sentiments républicains.

URL de cet article 1798
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Pourquoi les riches sont-ils de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ?
Monique Pinçon-Charlot - Michel Pinçon - Étienne Lécroart
Un ouvrage documentaire jeunesse engagé de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, illustré par Étienne Lécroart Parce qu’il n’est jamais trop tôt pour questionner la société et ses inégalités, les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot, passés maîtres dans l’art de décortiquer les mécanismes de la domination sociale, s’adressent pour la première fois aux enfants à partir de 10 ans. Avec clarté et pédagogie, ils leur expliquent les mécanismes et les enjeux du monde social dans lequel ils vont grandir et (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

La liberté commence où l’ignorance finit.

Victor Hugo

Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.