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Réforme des lycées professionnels : l’école au service du capital

C’est au cours de l’année 2023 qu’a été annoncée par le gouvernement la réforme des lycées professionnels (réforme Grandjean), qui devrait entrer en vigueur pour l’année scolaire 2024-2025. En réponse à cette annonce, une mobilisation a eu lieu le mardi 12 décembre, réunissant près de 11% des enseignants de lycée professionnel dans la grève, pour dénoncer cette énième attaque de l’Union européenne capitaliste et supranationale qui vise à ériger son grand marché du travail européen contre l’enseignement national et public.

Au programme, des épreuves avancées en mai et une augmentation de 50% des périodes de stage, dont 6 en fin d’année pour les terminales ne choisissant pas de rebondir sur d’autres études. Les stages seront rémunérés sous forme d’allocation (les entreprises bénéficieront d’une main d’œuvre gratuite aux frais du contribuable) entre 50 et 75€ la semaine, soit 2€ de l’heure, ce qui représente environ 5 fois moins que le SMIC. La SNUEP-FSE estime que la hausse des périodes de stage conduirait à la suppression d’environ 380 heures de cours sur les 3 années de bac pro et, par conséquent, à la suppression de 5000 postes d’enseignants.

Par ailleurs, l’avenir des professeurs des filières supprimées est aussi incertain et l’ancien ministre Pap Ndiaye laissait deviner qu’ils devront se débrouiller en déclarant « Ils peuvent se diriger vers le professorat des écoles ou vers les écoles [...] ils pourront aussi animer des choses dans les lycées pro, animer des formations en demi-groupe... ». Quelles sont ces choses ? Quels rapports avec leurs fonctions d’enseignants dans des filières précises ? La déclaration reste plutôt floue. Notons également que malgré l’offre alléchante aux entreprises, chaque année des élèves ne trouvent pas de stages, et comme le dénonce l’association « la courte échelle » (association aidant les étudiants à obtenir des stages) 95% des étudiants qui ne trouvent pas de stages ont des noms d’origine africaine ou maghrébine, ajoutant par conséquent un caractère raciste à la nature excluante de cette réforme.

Il a aussi été annoncé une refonte de la carte des formations en fonction du marché et des besoins locaux, dont 80 filières supprimées. Emmanuel Macron a déclaré « On ne peut pas garder une formation dont les taux d’accès à l’emploi ne sont pas bons. », l’objectif n’étant plus de former des élèves en fonction de leurs choix professionnels, mais uniquement de fournir de la main d’œuvre sur la demande des capitalistes. La réforme est issue d’une logique bourgeoise selon laquelle c’est en rapprochant l’école et l’entreprise qu’on facilitera l’accès à l’emploi (rappelons que la planification de l’économie dans le cadre du socialisme rend possible non pas la répartition des travailleurs en fonction du marché, mais la répartition du travail en fonction des travailleurs et des besoins de la nation, ce qui garantit à chacun un emploi et de facto débarrasse l’école du poids qu’est celui de l’accès au travail des futurs élèves, permettant de se concentrer sur l’éducation à la citoyenneté, la culture, l’épanouissement...). Ce n’est pas une énième attaque contre l’école qui arrangera la situation catastrophique de l’emploi. Rappelons aussi qu’il y a 13 fois plus de chômeurs que d’emplois vacants et qu’une délocalisation sur deux a lieu au sein de l’Union européenne. Le Macronat, la classe bourgeoise et son institution de domination politique (l’Union européenne), en organisant la mise en concurrence des travailleurs entre eux et en les répartissant en fonction du marché, est responsable de la privation d’emplois en France.

Cette même Union Européenne qui a imposé aux Etats membres, via la directive du 7 septembre 2005, une standardisation des formations des différents pays autour de « qualifications professionnelles » équivalentes entre les Etats, dont les conditions d’obtention seront « simplifiées » et dont la libre circulation doit être « encouragée » via notamment la création de cartes professionnelles valables dans toute l’Union. Le grand marché du travail européen, cela fait 20 ans qu’ils nous le préparent, et Franck Le Page nous alertait déjà sur la capacité qu’a le remplacement de la notion de métier par la notion de « compétences » à détruire toute conscience de classe et toute organisation syndicale.

En somme, les travailleurs formés uniquement à leurs tâches précises dépendantes du marché local et ne disposant pas d’une formation plus générale nécessaire à tout citoyen seront aisément bloqués dans leurs voies et condamnés par les fluctuations du marché à accepter les conditions proposées par le patronat, ce qui peut se traduire par accepter les bas salaires, errer de mission d’intérim en mission d’intérim et de petite formation en petite formation, à cela s’ajoute également le remplacement de pôle emploi par « France travail » (réforme réduisant l’accès aux allocations chômages). Les travailleurs se trouvent de plus en plus désarmés dans la lutte des classes, ce qui révèle encore une fois l’urgence de reconstruire un syndicalisme de classe et un parti communiste digne de ce nom.

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