Le présent Rapport couvre la période comprise entre avril 2019 et mars 2020, qui s’est caractérisée par un grave recul des relations avec les Etats-Unis (USA) et par un durcissement progressif de leur blocus économique, commercial et financier.
Durant cette période, l’administration étasunienne a durci ses nombreuses réglementations et dispositions contre Cuba à des degrés d’hostilité sans précédent, dont, en guise d’exemples les plus notables, l’autorisation de présenter des demandes légales devant des cours étasunienne en vertu du Titre III de la Loi Helms-Burton ; la traque accrue des transactions financières et commerciales de Cuba ; l’interdiction de vols entre les Etats-Unis et Cuba, hormis La Havane ; la persécution et l’intimidation visant des entreprises qui livrent du pétrole à Cuba et la campagne visant à discréditer les programmes de coopération médicale cubains.
Durant cette période, en violation ouverte des dispositions de la Résolution 74/7 de l’Assemblée générale des Nations Unies et de bien d’autres antérieures ainsi que de la liberté de commerce et de navigation internationaux, l’administration étasunienne a imposé à Cuba environ quatre-vingt-dix actions et mesures économiques coercitives qui constituent des ingérences dans nos affaires intérieures, dont environ la moitié constitue des actions de blocus concrètes : amendes ou autres types de sanctions infligées à des sociétés des USA ou d’autres pays ; inscription d’entreprises cubaines sur des listes noires unilatérales ; prorogation de lois et de proclamations sur le blocus ; annonces relatives à l’application des Titres III et IV de la Loi Helms-Burton ; modifications de réglementations, tandis que d’autres mesures constituent des applications extraterritoriales du blocus ou relèvent de décisions adoptées par le département d’État contre notre pays.
Particulièrement scandaleux sont les cinq trains de mesures adoptés en 2019 pour surveiller et punir les entreprises, navires et compagnes maritimes qui transportent du pétrole à Cuba, au point que vingt-sept sociétés, cinquante-quatre navires et trois personnes liés à ce secteur, mais aucun n’étant étasunien ou sujet à la juridiction des USA, se sont vus infliger des sanctions illégales, ces agressions constituant ainsi un saut qualitatif dans l’application et le durcissement par l’administration étasunienne de mesures de guerre non classique en temps de paix. Il s’agit là d’une nouvelle violation – déclarée et brutale – des normes et principes sous-tendant le système de relations internationales, dont les normes du commerce internationales. L’administration étasunienne s’est consacrée à menacer et à faire chanter les entreprises qui livrent des carburants à Cuba et à celles qui se chargent de leur transport international, sans en avoir la moindre autorité légale ni morale.
Introduction
Toutes ces mesures ayant de lourdes retombées sur nos activités économiques, notamment sur nos opérations de commerce extérieur et sur les investissements étrangers, Cuba a dû adopter des mesures conjoncturelles d’urgence en vue de promouvoir son économie et à atténuer les effets du blocus, dont plus d’une vingtaine de dispositions visant à renforcer l’entreprise publique socialiste, ce qui n’est possible que parce que nous sommes un pays organisé, que notre population est unie et solidaire et qu’elle est prête à se défendre des agressions étrangères et à préserver la justice sociale qu’elle a conquise.
Aucun citoyen cubain, aucun secteur de l’économie cubaine n’échappe aux dommages découlant du blocus qui entrave le développement auquel n’importe quel pays a le droit de se consacrer en toute souveraineté. Aussi cette politique unilatérale constitue-t-elle le principal obstacle à la mise en oeuvre du Plan national de développement économique et social de Cuba à l’horizon 2030 (PNDES), ainsi que du Programme des Nations Unies à l’horizon 2030 et de ses Objectifs de développement durable (ODD).
Les réglementations du blocus étasunien constituent aussi des obstacles quotidiens pour les Cubains vivant à l’étranger qui, parce que de nationalité cubaine, ne peuvent ouvrir des comptes en banque, utiliser différentes cartes de crédit ou faire des transactions normales.
Dans le cadre de son escalade d’agressions, l’administration étasunienne s’est aussi livrée à de fortes pressions, à des manoeuvres et à des chantages sur un groupe de pays, notamment d’Amérique latine et des Caraïbes, en vue de saboter leur appui au projet de résolution que Cuba a présentée devant l’Assemblée générale des Nations Unies les 6 et 7 novembre 2019, bien que le vote final ait prouvé une fois de plus que la communauté internationale appuie d’une manière absolument majoritaire la cause cubaine.
Le blocus constitue une violation massive, flagrante et systématique des droits humains des Cubaines et des Cubains. Compte tenu de ses visées déclarées et de l’échafaudage politique, légal et administratif qui l’étaie, il représente un acte génocidaire aux termes de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948).
D’avril 2019 à mars 2020, le blocus a causé à Cuba des pertes s’élevant à 5 570 300 000 dollars, soit environ 1 226 000 000 de dollars de plus par rapport à la période précédente. Pour la première fois, le montant total des préjudices infligés par le blocus en un an dépasse le seuil des cinq milliards de dollars, ce qui prouve à quel point l’administration étasunienne l’a durci ! Ce calcul n’inclut pas, parce que s’arrêtant à mars 2020, les actions entreprises par celle-ci durant la pandémie du Covid-19.
À prix courant, le total de préjudices causés par le blocus depuis presque soixante ans se chiffre à 144 413 400 000 dollars. Si l’on tient compte de la dépréciation du dollar face à l’or sur le marché international, les pertes s’élèvent à plus de 1 098 008 000 000 de dollars, soit une augmentation de 19 p. 100 par rapport à la période antérieure dans la mesure où la hausse de l’or a été de 18,3 p. 100.
Dans un tel contexte, une pandémie mondiale comme le Covid-19 a impliqué bien entendu de graves problèmes pour Cuba, d’autant que les efforts consentis par notre pays pour le combattre ont été sensiblement entravés par les réglementations du blocus étasunien dont l’administration étasunienne a, en pleine pandémie, durci le caractère génocidaire en privant délibérément le peuple cubain d’appareils de ventilation pulmonaire assistée, de masques, de jeux de diagnostic, de lunettes de protection, d’uniformes de protection, de gants, de réactifs et d’autres articles nécessaires au traitement de cette maladie parce qu’en disposer ou non peut faire la différence entre la vie et la mort aussi bien pour les contagieux que pour le personnel soignant.
Et pourtant ceci n’a pas semblé suffisant pour l’administration étasunienne qui s’est lancée dans une croisade, en pleine urgence sanitaire mondiale du fait du Covid-19, pour tenter de discréditer et d’entraver la coopération médicale internationale de Cuba en répandant des calomnies sur elle et en allant jusqu’à exiger que d’autres pays la rejettent ou s’abstiennent de la demander !
L’administration étasunienne n’est pourtant pas parvenue à ses fins : au 1er juillet 2020, plus de trois mille coopérants cubains, organisés en trente-huit brigades médicales, contribuent au combat contre la pandémie dans vingt-huit pays et trois territoires non autonomes ! Sans oublier les plus de vingt-huit mille personnels de santé cubain qui prêtaient déjà service dans cinquante-neuf pays avant le Covid-19.
À ces actions, il faut ajouter l’attaque terroriste perpétrée contre notre ambassade à Washington le 30 avril 2020. Le silence complice de l’administration étasunienne, qui ne l’a pas dénoncée et ne s’est même pas prononcée à ce sujet, prouve qu’elle est alignée sur ceux qui incitent à la violence et lancent des messages de haine contre Cuba et ses habitants et qu’elle stimule donc par sa conduite des actions de cette nature. Sa passivité de type politique devant une attaque au fusil d’assaut contre une ambassade dans la capitale du pays constitue une violation des obligations que lui impose la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques (1961).
Le 12 mai 2020, le département d’État a fait part au Congrès de sa décision d’inscrire Cuba sur la liste des pays qui, au titre de la section 40A (a) de la Loi sur le contrôle des exportations d’armes, « ne coopèrent pas à fond » avec les efforts antiterroristes des USA en 2019. L’administration étasunienne prétend ainsi camoufler le fait que le terrorisme d’État a été un instrument permanent de sa politique d’agression contre Cuba.
Dans la conjoncture actuelle, alors que l’humanité doit faire face à une crise économique et sociale qu’aggrave la pandémie du Covid-19 dont nul n’est capable de prédire l’ampleur avec certitude, la communauté internationale a plus de raisons que jamais d’exiger la levée du blocus appliqué à Cuba par les Etats-Unis d’Amérique, qui constitue le système de mesures coercitives unilatérales le plus complexe et le plus prolongé jamais imposé à aucun pays au monde.
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