Toutefois lorsqu’on l’a entendu prêchant dans un spot radiophonique conçu par la campagne du même candidat, le doute s’est envolé : en acceptant de s’exhiber aux côtés du cabecilla Roberto "Macho" Martàn Pérez, un des plus répugnants vestiges de la dictature de Fulgencio Batista, John McCain a fait cause commune (peut-être même sans qu’on l’en informe) avec le noyau dur des hystériques qui, un demi siècle après l’effondrement de ce régime de gangsters, s’obstine à dominer la ville de Miami par la terreur.
Au cours du show monté par les stratèges républicains titubants qui montrent ainsi leur pauvre compréhension de la communauté hispanique, Roberto Martàn Pérez est présenté comme un prisonnier politique inoffensif, injustement incarcéré durant des années par le « régime de Castro » tandis qu’il tentait de libérer l’île. La réalité est bien différente.
Roberto Martàn Pérez Rodràguez est né le 11 août 1934. Il est le fils d’un officier supérieur de la police de Batista dont le nom rappelle, pour la majorité des Cubains y compris ceux de Miami, des scènes de la plus sauvage répression de la Cuba des années cinquante : le lieutenant colonel Lutgardo Martàn Pérez, chef de la Brigade motorisée, dont la réputation atteint le niveau des assassins et tortionnaires les plus craints de l’époque, tels que les Pilar Garcàa, Esteban Ventura, Orlando Piedra, Mariano Faget, Manuel Ugalde Carrillo, Francisco Tabernilla et Rolando Masferrer, son mentor.
On disait du père du promoteur de la candidature de McCain, dans une édition de janvier 1959 de la revue Bohemia, dans une section intitulée Galerie d’assassins, au pied d’une photo du policier que : « Lutgardo Martàn Pérez a physiquement le genre tueur à gages. Et il l’a aussi au niveau des sentiments. Il a commencé sa carrière aux côtés d’un autre criminel de guerre, Rolando Masferrer. C’est ainsi qu’il s’est gagné les promotions, de sergent qu’il était jusqu’à exhiber les étoiles de lieutenant colonel qui, comme celles de Ventura, sont tachées du sang des innocents. Sans préparation ni culture, il ne connaissait d’autre langage que celui de la force ».
On dit que jusqu’aux derniers jours de sa vie, Esteban Ventura, monstre parmi les monstres, également exilé à Miami, a entretenu une étroite relation avec Lutgardo Martàn Pérez, une des rares personnes en qui il avait encore confiance.
Toute une référence pour ce personnage qui aujourd’hui se prétend défenseur des droits de l’homme aux côtés de McCain : on raconte qu’adolescent il allait aider son papa dans les caves d’un bunker de la police où il battait les prisonniers qui n’avaient pas succombé à leurs interrogatoires.
De fait, très jeune, "Macho" Martàn s’est joint à la police de Batista et, à force de mauvais traitements infligés aux prisonniers dans les derniers mois du régime sanguinaire, il a obtenu le rang de sergent.
SI BATISTIENS QU’ILS SONT PARTIS AVEC BATISTA
Le père et le fils étaient si près de Batista que, le premier janvier 1959, au lieu de fuir à Miami, ils ont suivi le dictateur dans son refuge de la République dominicaine.
Ils y ont été vite sélectionnés par des officiers du tyran Rafael Leónidas Trujillo pour organiser une tentative d’implanter à Cuba un premier foyer contrerévolutionnaire armé, à quelques mois de la victoire des troupes de Fidel.
Un avion bourré d’armes et de fanatiques de Batista, parmi lesquels "Macho", a atterri clandestinement le 13 août 1959, sur une piste isolée de l’aéroport de la ville de Trinidad.
Informés à l’avance de l’opération, les combattants de la Révolution, Fidel en tête, attendaient sous les manguiers ces "libérateurs’ qui ont fini devant les tribunaux.
"Macho" a reçu une sentence de trente ans, tant pour son passé de sbire comme pour sa participation à ce complot trujillista. Libéré le 29 mai 1987, il est immédiatement parti vers sa véritable patrie et il alors commencé, à Miami, à s’associer aux éléments anti-cubains les plus rétrogrades.
En 1989, il s’est joint à la Fondation nationale cubano-américaine créée par la CIA sous Ronald Reagan.
Il a ensuite dirigé le comité para-militaire formé par cette organisation qui a assuré le financement, entre autres, du groupe terroriste Alpha 66 et d’autres groupuscules extrémistes qui agissent contre Cuba.
CHARGÉ DES RàˆGLEMENTS DE COMPTES
On a reconnu là ses aptitudes (développées avec la police de Batista) et il a été chargé d’organiser parallèlement à ces tâches, tolérées par le FBI, un groupe assigné aux règlements de comptes pour résoudre les différends entre la FNCA (Fondation Nationale Cubano-Américaine) et la compétition.
"Macho" Martàn Pérez a participé à l’organisation de toute une série de tentatives ratées d’assassinat du président de Cuba, à différents sommets ibéro-américains.
En 1994, au momento de la participation de Fidel au IVe Sommet de Cartagena de Indias, Colombie, il a conspiré avec Alberto Hernández, Francisco "Pepe" Hernández, Luis Posada Carriles, Ramón Orozco Crespo, Gaspar Jiménez Escobedo, Félix Rodràguez Mendigutàa et Raúl Villaverde. A cette occasion, Luis Posada Carriles a acheté un fusil Barret calibre 50 et des explosifs qui ont été transportés en Colombie, depuis Miami... par avion !
On sait qu’il a préparé un complot en vue du Ve Sommet ibéroaméricain de 1995 avec Jiménez Escobedo et Eugenio Llameras. Cette année-là , il aréactivé ce même plan en fonction du Sommet du Mouvement des non-alignés qui a également eu lieu à Cartagena de Indias, Colombie.
En 1997, à Isla Margarita, Venezuela, pour le VIIe Sommet ibéroaméricain, Posada a monté une autre conspiration avec l’appui direct de Martàn Pérez, conjointement avec d’autres dirigeants de la FNCA, comme Arnaldo Monzón Plasencia, Francisco "Pepe" Hernández, Alberto Hernández, Roberto Antonio (Tony) Llamas, Feliciano Foyo et Roberto Well Pineta.
Cette même année, tandis que son employé Posada dirigeait sa campagne contre des installations touristiques cubaines, le "Macho" a été un signataire de la Déclaration d’appui au terrorisme contre Cuba qu’a publiée la Fondation, le 11 août.
Autant de complots ne peuvent être menés sans que quelqu’un ne se mette à parler :
Roberto Martàn Pérez, Feliciano Foyo y Horacio Garcàa sont les individus que Posada a désigné publiquement comme étant les "financiers" de ses activités terroristes dans son entrevue de 1997 avec le New York Times.
(Cela n’a pas empêché, bien sûr, que les trois mêmes délinquants aient été reçus par le sous-secrétaire Roger Noriega, le 2 mai 2003, au Département d’État de Bush.)
PARRAIN DE BOSCH ET POSADA
En novembre 1995, le lien entre la FNCA et le terroriste Orlando Bosch à vila, s’est réanimé publiquement lorsque "Macho" a parrainé à Miami une exposition de croutes de Bosch et Posada, les deux auteurs intellectuels du sabotage contre l’avion civil cubain survenu en 1976, dans lequel sont mortes 73 personnes.
En 1998, le grand défenseur du "prisonnier politique’ a réalisé un de ses plus sales exploits : avec d’autres cabecillas de la mafia de Miami, tels que Alberto Hernández (alors de la FNCA), Ileana Ros-Lehtinen, Domingo Otero (un autre "dur" de la FNCA), il a amené le nouveau chef du FBI, le très corruptible Hector Pesquera, à effectuer l’arrestation de cinq Cubains infiltrés dans les rangs des organisations terroristes.
Associé à plusieurs organisations conspiratrices liées au mécanisme terroriste entretenu à Miami par la CIA, telles que Comandos F-4 de Rodolfo Frómeta, et Hermanos al Rescate de José Basulto, il est un personnage qui inspire la terreur.
On connait bien son amitié indéfectible pour Guillermo Novo Sampoll, asassin du dirigeant chilien Orlando Letelier.
Qui se ressemble, s’assemble. Le nouvel ami de McCain s’est marié il y a des années avec Ninoska Lucrecia Pérez Castellón, la furibonde héritière de Francisco Pérez González, un autre lieutenant colonel de la police batistienne.
En 2001, à quelques jours des attentats du 11 septembre, "Macho" a quitté la FNCA pour se joindre au Cuban Liberty Council de Luis Zúñiga, qui rassemble aujourd’hui les Alberto Hernández, Horacio Garcàa et autres mafieux miamiens ayant une trajectoire bien documentée d’appui au terrorisme et, spécifiquement, à Posada et Bosch.
Plusieurs impairs de "Macho" poursuivront désormais McCain.
Le candidato républicain ignore peut-être que son protégé de 73 ans a été le premier à affirmer que le jour de la victoire dont il rêve contre la Révolution cubaine, il passera un bulldozer depuis le Cap San Antonio jusqu’à la Pointe de Maisà, pour éliminer la population actuelle de l’àŽle, coupable d’être liée d’une façon ou d’une autre au "régime’.
Rien de surprenant : à une autre occasion, interrogé sur le danger de tuer des innocents dans un attentat contre des dirigeants cubains, il a déclaré qu’il lui importait peu « que meure le pape ».
Tels sont les appuis que possède à Miami l’ultraconservateur McCain.