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Pourquoi nous nous abstiendrons le 7 mai |Tribune de jeunes manifestants antifascistes de 2002] #sansmoile7mai #pasunevoixpourlefn

En 2002, ils avaient entre 16 et 19 ans. Lycéens, étudiants, ils ont chacun dans leurs classes de lycées, dans leurs amphi de fac impulsé les manifestations anti Le Pen, alors que le FN venaient de faire pour la première fois irruption au second tour de la présidentielle. À l’époque déjà, le moteur du vote FN avait été la politique euro-austéritaire menée par un gouvernement élu pour faire une politique de gauche qui en réalité avait impulsé surtout des privatisations et des libéralisations tout azimut, enchaînant encore plus la France à la dictature des marchés à travers le renforcement de l’Union Européenne supranationale de Maastricht construite et dirigée par la classe capitaliste, le gouvernement de la gauche plus rien. www.initiative-communiste.fr leur a donné la parole. La chanson 1er mai de Damien Saez, lui qui avait écrit en 2002 fils de France, fait raisonner en musique les mêmes appels à la résistance, au refus de la dictature de la finance et de ses cohortes fascistes. Dans le même temps, France Inter, radio d’État censurait l’humoriste Pierre Emmanuel Barré. Né en 1984, c’est également un de ces jeunes de la génération du 21 avril 2002 et du CPE qui, dans sa chronique quotidienne, entendait défendre son refus de voter Macron et Le Pen.

Pourquoi je m’abstiendrai le 7 mai

Trop c’est trop ! Ras-le-bol de cette chasse aux abstentionnistes, cette chasse contre ceux qui refusent d’accepter ce non choix, qui, loin de se résigner, sont ceux qui sont prêts à affronter, à lutter, à résister, contre l’un ou l’autre valet du capital que nous propose ce second tour de la présidentielle.

Je veux ici tordre le cou aux arguments fallacieux serinés à longueur d’ondes et répétés à longueur de page pour stigmatiser et culpabiliser ceux qui n’acceptent pas ce jeu de dupe,duquel, quoi qu’il arrive, le peuple sortira grand perdant.

Pourquoi le précédent de 2002 n’est pas comparable

21 avril 2002, 20 heures. L’effroi gagne la France ; apparaissent à l’écran Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. Non, Lionel Jospin, premier ministre « socialiste » n’est pas qualifié pour le second tour à la stupeur générale. Déjà à l’époque on accuse les « petits candidats » et les abstentionnistes... Non, cela n’est pas dû au gouvernement de Lionel Jospin qui est dans l’histoire de notre pays celui qui a le plus privatisé [i] (avec l’aide de ministres soi-disant « communistes » mais gravement atteints par l’euro-mutation menée par l’actuel soutien de Macron : Robert Hue). Non cela ne peut pas être la conséquence de la mise en place via la loi Aubry de la flexibilité ou de déclaration d’un Premier ministre candidat pour lequel « l’État ne peut pas tout » lorsqu’il s’agit de le mettre au service des travailleurs menacés de chômage.

Cela dit, à l’époque le peuple décide de se dresser conte le fascisme, les manifestations anti-FN, à l’initiative des lycéens et étudiants, s’enchaînent pendant 15 jours et le 5 mai 2002 ce sont finalement 82,21 % des Français qui disent un grand NON au fascisme dans les urnes. Parmi les premiers, nous faisions partie de ces manifestants de cette mobilisation et nous ne regrettons pas notre choix, même si le gouvernement Chirac, toute honte bue s’attachera à détruire méthodiquement le « Pacte Républicain » qui l’avait massivement élu.

Cela commence en 2003, par le gouvernement Raffarin et de son « plan Fillon » qui casse le régime des retraites. Une grève massive et 3 millions de personnes dans les rues n’y feront rien. La réforme passera, bien aidée par la trahison de la CFDT, aujourd’hui soutien officiel d’Emmanuel Macron. Puis, ce gouvernement enverra le matin du 28 septembre 2005 le GIGN à l’assaut des marins syndicalistes de la SNCM en lutte [iii]. C’est ensuite en 2006, la lutte d’abord étudiante puis interprofessionnelle contre le CPE que Villepin et la commission européenne entendaient imposer pour casser le droit du travail et précariser cette jeunesse qui pourtant massivement s’étaient mobilisée pour le « Pacte Républicain ». Pour une fois uni le Peuple réussi cette fois-ci à stopper l’offensive réactionnaire, mais cela fut au prix de trois mois de grève et d’une répression massive voyant les facs investies par la police et des centaines de manifestants gravement molestés [iv].

Vient ensuite, en 2007, la présidence Sarkozy, après une campagne où il siphonne les voix du FN en reprenant ses thèmes, il crée le sinistre ministère de « lIimmigration et de l’identité nationale » ; organise en septembre 2009 un sommet sur l’immigration à Vichy [v] ; prône « la France tu l’aimes ou tu la quittes », slogan frontière, se fait conseiller par le tristement célèbre Patrick Buisson, boîte à idées de l’extrême- droite et bien sûr violera notre NON au référendum sur la constitution européenne en faisant adopter au parlement son clone avec la complicité des élus PS, Verts et MODEM...

2012, après une campagne marquée par une extrême droitisation du discours du candidat Sarkozy (on se souvient de sa « fête du vrai travail » organisée le 1er mai place du Trocadéro), c’est finalement François Hollande qui deviendra président, avec, encore une fois, un report des voix antifascistes sur sa candidature. Dès le début de son mandat, il revient sur sa promesse de campagne de renégocier le pacte budgétaire européen signé par son prédécesseur. Peu de temps après, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, déclare « les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie » [vi] ; le 26 octobre, Rémi Fraisse, militant écolo en lutte sur le barrage de Sivens, est tué par un gendarme après le jet d’une grenade ; le gouvernement Valls réprimera massivement et violemment tous les mouvements sociaux (loi El khomri ; Goodyear ; Air France) ; etc.

En réalité la dédiabolisation du FN doit moins à Marine à Le Pen qu’à la reprise et la banalisation de ses thèmes et positions xénophobes par Les Républicains et une partie du PS, Emmanuel Macron, pape de l’ubérisation et concepteur de la Loi Travail en tête, en passant par Sens Commun et la Manif pour Tous, ou plus récemment par le ralliement de Nicolas Dupond-Aignan à la candidate frontiste. Comment ne pas rappeler ici qu’Emmanuel Macron, il y a encore peu, s’affichait au coté de Philippe de Villiers ?

Et nous voilà aujourd’hui, dans un entre-deux-tours de cette présidentielle, où l’ensemble des « politiciens de gouvernement », du PCF-PGE de Pierre Laurent à la droite extrême de Christian Estrosi, après avoir tous ensemble et à divers degrés tapé sur la candidature Mélenchon, seule à apporter des réponses aux demandes du Peuple et à avoir su reprendre des voix au cartel lepéniste viennent nous expliquer, qu’à nouveau, « il faut barrer la route aux fascistes ». Oui mais après un tel bilan, la vraie question que tout démocrate et républicain doit se poser est : lesquels ? de quelle manière ?

Ni Le Pen, Ni Macron !

Non, bien sûr, hors de question de voter pour madame Le Pen

Digne héritière du Front national, parti créé, notamment, par les sombres Bousquet et Barthelemy, tous 2 membres du gouvernement de Vichy et organisateurs de la rafle du Vel d’hiv. Ce n’est en aucun cas une solution pour la classe ouvrière de notre pays. Au contraire, Marine Le Pen s’évertue à accuser l’immigré de l’origine de tous les maux du pays (chômage, insécurité, misère...) exonérant totalement le CAC 40, les actionnaires, la finance, le capital et détournant ainsi des milliers d’ouvriers du combat de classe pour mieux les exploiter une fois au pouvoir. Elle ne propose que des solutions trompeuses, dont sa soi-disant sortie de l’OTAN est particulièrement révélatrice : elle ne veut en réalité que sortir du commandement intégré de l’OTAN, mais pas de l’organisation, et jette déjà aux oubliettes la perspective d’une sortie de l’euro... Où comment faire semblant de sortir pour mieux y rester ! Tout est comme cela dans le programme du FN...

Bien au contraire, avec « la France en ordre », ce sont les travailleurs aux premiers rangs desquels les immigrés et les plus exploités, les syndicalistes qui seront visés par un pouvoir autoritaire au service du patronat. Non, répétons-le haut et fort Marine Le Pen n’est pas plus une solution pour notre peuple que Donald Trump n’est une solution pour le peuple étasunien. Comme lui, c’est une ennemie de classe et un danger pour la Liberté et la Paix et à ce titre nous l’avons combattue, nous la combattons, nous la combattrons.

Mais faudrait-il pour autant que je glisse un bulletin Macron dans l’urne ?

Sûrement pas ! Peut-on sérieusement croire que l’ex-banquier de chez Rothschild, ministre de l’Économie du gouvernement Valls, euro-béat féroce et ennemi déclaré de La France Insoumise qu’il insulte à longueur de discours, pur produit du système capitaliste serait un rempart contre le fascisme ? Comment croire que le jeune loup qui depuis le début appelle de toutes ses prières la présence de la Le Pen au second tour pour imposer au Peuple de France un saut fédéral européen et une politique d’ubérisation néo-libérale dont il veut puisse être un garant de la vitalité du débat démocratique dans notre pays ? Si l’appel à « faire barrage à Macron » lancé par la patronne du FN est ridicule, utiliser le bulletin Macron pour barrer la route aux fachos l’est tout autant : on ne demande pas aux pyromanes d’éteindre l’incendie qu’ils ont eux-mêmes allumé ! Ce personnage est le véritable chouchou des médias, de la finance et du grand capital (le CAC 40 prenait plus de 4 % après l’annonce de sa qualification au second tour [vii] !). Il est à l’origine des très nombreuses contres-réformes anti-sociales de Hollande : travail du dimanche ; uberisation, le très couteux CICE. Méprisant ouvertement les classes populaires, comme à Lunel dans l’Hérault en mai 2016, où il déclarait à deux grévistes qui l’interpellaient « Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler » [viii]. C’est aussi un eurobéat convaincu, justifiant le régime honteux des travailleurs détachés qui cassent le code du travail ici et alimentent la misère dans les autres pays. Il défend notamment l’idée d’un budget européen, il est celui qui finira de désintégrer la France dans l’Union Européenne. Il est également le soutien inconditionnel de toutes les guerres actuellement menées, inscrivant ses pas dans la continuité de l’OTAN et de l’impérialisme étasunien. C’est encore lui qui est à l’origine de l’utilisation du premier 49.3 par le gouvernement Valls, à l’époque de la loi sur le travail du dimanche et a d’ores et déjà annoncé vouloir légiférer par ordonnance une fois élu, notamment dès les premiers mois de son mandat en adoptant une nouvelle loi travail encore plus anti-sociale, anti-démocratique et anti-républicaine que la « loi El Khomri » [ix] ! Et il faudrait parce que nous ne voterons pas pour ce Thatcher « ultra-bright » qui se propose de détruire le Contrat Social de mon pays que nous soyions désignés coupables d’attenter au « front républicain » ?

Pour qu’il y en ait un « front républicain » lors de ce second tour, faudrait-il encore qu’il y ait au moins un candidat qui soit digne de la République !

Abstention citoyenne !

Non, aucun des deux n’aura notre voix !

Ces deux candidats sont les deux faces d’une même pièce : l’exploitation capitaliste ! Aucun des deux n’ira à l’encontre des intérêts du grand Capital, des banques, des multinationales. Aucun des deux n’hésitera à réprimer les mouvements sociaux et les banlieues. Si l’une veut la chasse aux immigrés, opposant une partie du Peuple à une autre, l’autre veut la mise concurrence de tous contre tous au service d’une exploitation accrue. Et on a vu comment Le Pen applaudissait la répression ultra-violente du mouvement social contre la Loi travail menée par le gouvernement auquel appartenait Emmanuel Macron, utilisant l’état urgence pour interdire des manifestations, et faisant condamner plus de 1000 manifestants et syndicalistes..

Alors je pourrais tout de même aller voter blanc ou nul. Mais je m’y refuse. Si le vote blanc était reconnu – une des propositions portée dans la campagne par les communistes du PRCF et le candidat Mélenchon – alors oui, la donne serait différente. Mais il ne l’est pas. À ce titre, au premier tour, le vote blanc et nul a été de 2,56 % des votants, soit 949 334 votes[x]. Il a pourtant été totalement ignoré notamment par la classe politique et les médias.

Alors, plus nous serons nombreux à ne pas nous déplacer, plus nous décrédibiliserons le « gagnant ». Gagner avec 80 % de participation ou gagner avec moins de 50 % ça n’est pas du tout la même chose ! Rappelons que ni Le Pen, ni Macron n’ont dépassé les 19% des électeurs inscrits au premier tour. Avec une abstention de 30 ou 40%, même avec 60% des voix, le vainqueur serait largement minoritaire.

L’abstention citoyenne permettra ainsi de délégitimer ce second tour de malheur ! de préparer la nécessaire résistance et la lutte dès le 8 mai.

Enfin, quand Macron aura sévi (car il est fort probable qu’il sera le nouveau président) et cassé notre si beau pays, nous aurons la fierté, l’honneur et surtout la crédibilité de clamer que « je n’ai pas été voté pour lui, ni pour l’autre », sans aucune ambiguïté possible.

Mon abstention est donc profondément politique, antifasciste, citoyenne, progressiste, républicaine, et démocrate !

La perspective ? La lutte, la résistance !

Beaucoup disent que l’on ne vote qu’une fois tous les cinq ans, et que l’on ne doit donc pas jouer au dangereux jeu de l’abstention ou du vote blanc. Quelle conception de la démocratie ! Quelle résignation ! Quelle vaste blague ! Non la démocratie ça n’est pas une fois tous les cinq ans, Messieurs Dames ! La démocratie c’est tous les jours, la démocratie c’est la lutte, la démocratie c’est le droit de grève, droit fondamental, inscrit dans notre constitution, le droit de manifester, d’ailleurs nombreux des nôtres sont tombés pour l’arracher aux puissants ! Plus que jamais, ce droit devient un devoir pour chaque citoyen réellement épris de liberté !

Alors, quoi qu’il arrive, qui que ce soit qui l’emporte, il nous faudra lutter et résister de toutes nos forces, tous ensemble et en même temps ! Et là, oui, nous les arrêterons, oui nous les empêcherons et oui nous leur imposerons notre volonté !

À ce titre, le score de Jean-Luc Mélenchon est un véritable tremplin pour nos luttes, sur lequel il faut nous appuyer, il ouvre la voie vers une perspective, vers des jours moins sombres pour notre peuple. Il ouvre la brèche pour la sortie de l’OTAN, de l’Euro, de l’Union Européenne et du capitalisme, indispensable à une France franchement insoumise, indépendante, progressiste, sociale et pacifique !

Alors, non, nous ne voterons pas ce 7 mai, nous nous refusons, à nous suicider avec l’un de ces 2 bulletins. Au contraire, nous appelons dès aujourd’hui à construire l’avenir, à préparer la lutte, à résister pour empêcher celui ou celle qui sera chargé d’en finir avec le reste de nos conquis sociaux.

ILS NE PASSERONT PAS !

NOUS VAINCRONS !

VIVE LA FRANCE !

VIVE LA REPUBLIQUE !

Par Tom, Luc, Salvador, Felix - www.initiative-communiste.fr

[i] http://www.francetvinfo.fr/economie/crise/crise-de-la-dette/privatisations-quel-premier-ministre-est-le-plus-gros-vendeur_713011.html

[ii] http://sites.ina.fr/mobilisations-en-corse/tempo/!/media/2933132001003

[iii] http://sites.ina.fr/mobilisations-en-corse/tempo/!/media/2933132001003

[iv] https://www.marianne.net/politique/sarkozy-t-il-laisse-eclater-une-emeute-lors-du-cpe-un-crs-valide-la-version-de-buisson

[v] http://www.20minutes.fr/france/269176-20081103-sommet-europeen-a-vichy-integration-immigres-fait-grincer-dents

[vi] http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/10/08/manuel-valls-et-les-roms-l-impossible-proces_4785623_3232.html

[vii] http://www.boursorama.com/actualites/la-bourse-voit-deja-macron-president-64df8688f1547002692ee456bf065a28

[viii] http://www.humanite.fr/dans-les-habits-demmanuel-macron-608214

[ix] http://www.humanite.fr/macron-lui-president-la-saignee-par-ordonnances-634512

[x] http://elections.interieur.gouv.fr/presidentielle-2017/FE.html

»» http://www.initiative-communiste.fr...
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Amnesty International, 1996

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