A Jung.
Je suis allé voir sur le site du NPA dont tu donnes le lien.
François Sabado pour le Bureau exécutif de la IVème Internationale y reproche à Chavez son
« soutien politique apporté à des régimes comme ceux du Parti communiste chinois ou de la République Islamique d’Iran… Le projet d’une Ve Internationale ne peut de près ou de loin être associé à ces régimes ».
Le choix des mots n’est jamais innocent.
Chavez l’a dit plusieurs fois, y compris dans son interview à CNN qui circule ces temps-ci sur la Toile, il ne « soutient » pas les « régimes » chinois et iranien. Pourquoi « régime » d’abord ? Quelqu’un qualifie-t-il le gouvernement colombien de « régime » ? En quoi la Colombie où des innocents sont massacrés par milliers par les militaires et les paramilitaires est-elle plus démocratique que la Chine ou l’Iran où de tels massacres n’ont pas lieu ? J’arrête-là sur les comparaisons avant qu’on me soupçonne de « soutenir » ces deux pays et qu’on ne trouve là un angle de diversion pour ne pas répondre à ce que j’essaie de démontrer.
Ce que dit Chavez, c’est qu’il y a une conjonction d’intérêts dans la politique internationale entre le Venezuela et les pays qui sont menacés par l’empire. S’agissant de leur politique intérieure, il dit clairement qu’il n’a pas à la soutenir. A aucun moment il ne la prend en exemple ou n’envisage de la copier. Pas plus qu’il n’envisage de s’inspirer du système économique ou politique cubain, ou brésilien, ou bolivien…
Il y a 190 pays membres de l’ONU. Aucun ne fonctionne avec un système qui agréerait aux Français. Mais la France n’en déduit pas qu’il faut condamner tous les autres. Quelqu’un ici veut une monarchie comme en Espagne ? Un bipartisme comme en Grande Bretagne ? Une médiacratie, comme en Italie ? Personne. Allons-nous refuser de parler avec ces pays tant qu’ils n’appliqueront pas notre Constitution ? Non. La « diplomatie », ça s’appelle. Nous faisons même l’Europe avec eux.
En fait, il n’est pas reproché à Chavez d’approuver les politiques intérieures chinoise ou iranienne, de les prendre comme exemple, de s’en inspirer pour le Venezuela, mais de ne pas rompre avec ces deux pays-là , lesquels s’abstiennent pareillement d’exiger du Venezuela qu’il les copie sous peine de rupture.
Il pourrait, comme le fait l’Europe, rencontrer les dirigeants de toutes les dictatures alliés des USA, cela ne lui serait pas reproché.
Le raisonnement qui consiste à exiger de Chavez une condamnation des pays dont il a besoin pour la survie de son pays tout en le dispensant de critiquer les dictatures chéries par les Etats-Unis est, au mieux, conditionné par la propagande, au pire, un prétexte, une revendication « bloquante » qui prépare un refus de se joindre au mouvement international qui va naître à Caracas.
Il est établi que toutes les informations diffusées par nos médias sur le Venezuela sont ou fausses, ou arrangées, ou partielles, ou à charge (on prend un fait réel, on en extrait ce qui arrange, on surfe autour en prenant des libertés en jouant sur les mots) sans qu’il soit une seule fois possible à ce pays, à son ambassade, à ses amis français, de rétablir la vérité dans sa plénitude.
Que, dans le bras de fer entre les USA et ses deux ennemis désignés par lui que sont la Chine et l’Iran, Chavez souhaite que les USA ne l’emportent pas, c’est une évidence. Nous sommes nombreux à être de cet avis.
Que Chavez aille puiser dans ces pays une inspiration pour la construction du « socialisme du XXIème siècle » ou la Vème internationale est une idée insoutenable.
J’espère que naîtra à Caracas en avril une organisation d’un type nouveau, non pyramidale, sans statuts paralysants, sans une tête pensant pour tous, sans obligation de se cloner pour cohabiter, une organisation réunissant les peuples du monde sur une idée (le socialisme, que tous ne verront pas sous les mêmes atours). J’espère que triomphera une volonté de ne pas exclure d’emblée un cinquième de l’humanité.
Je me réjouirais que mon argumentaire ne soit pas pris comme une mise en cause du NPA dont je ne connais pas la position sur ce projet, mais comme une réfutation courtoise d’une partie de l’article de François Sabado.
Mais j’en ai assez dit pour que commence l’étrillage.