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Piqûres de rappel : Pourquoi tant de personnes hésitent à se faire vacciner contre le COVID, et ce que nous pouvons faire pour y remédier (Tablet Mag) - 2/4

2) Le génie fondamental des vaccins

L’idée de base qui consiste à exposer une personne à une forme affaiblie d’un agent pathogène ou d’une toxine, connue sous le nom de "traitement similaire", a précédé de loin la médecine moderne et s’est imposée par étapes et par observation. Paracelse, qui aurait traité des personnes pendant une peste en 1534, a noté que "ce qui rend un homme malade le guérit aussi". Lors de l’ancienne peste d’Athènes (430-425 avant J.-C.), l’historien Thucydide a noté que ceux qui, comme lui, avaient contracté la peste puis s’étaient rétablis, ne l’avaient plus jamais eue. Les écrits chinois font allusion à l’inoculation au 10e siècle et, au 16e siècle, les hindous brahmanes inoculaient aux gens du pus séché provenant de pustules de variole. Des pratiques similaires, qui étaient courantes en Turquie dans les années 1700, ont été introduites en Angleterre par la remarquable Lady Montagu, épouse de l’ambassadeur anglais. Mais lorsque certaines personnes, comme le fils du roi George III, moururent après avoir été inoculées de la variole, beaucoup devinrent réticents à subir la procédure.

Une avancée majeure s’est produite lorsque les agriculteurs anglais ont remarqué, dans les années 1700, que les laitières qui trayaient les vaches attrapaient le "vaccine" (variole de la vache) sur leurs mains à cause des mamelles. La vaccine était une maladie très bénigne comparée à la variole, dont le taux de mortalité était de 30 % selon certaines estimations. On a observé que les vaches atteintes du vaccine étaient immunisées contre la redoutable variole. Un éleveur de bétail anglais du nom de Benjamin Jesty, qui avait lui-même contracté la variole et était donc immunisé contre celle-ci, décida - soi-disant sur un coup de tête - d’inoculer intentionnellement la variole à sa femme et à ses enfants. Ils sont restés immunisés contre la variole 15 ans plus tard.

Le médecin anglais Edward Jenner, apprenant cela, commença à exposer systématiquement des patients à la variole, dont un garçon de 8 ans nommé James Phipps. Il a exposé James à la vaccine et l’a ensuite exposé à la variole pour voir s’il la contracterait (une expérience menée de toute évidence sans consentement éclairé). Le garçon a survécu, et a été vacciné 20 fois sans mauvais effet, selon Jenner, qui a fait état des avantages de la procédure pour éloigner la variole dans une série de cas. Son idée fut d’abord ridiculisée, mais elle finit par s’imposer. Le phénomène fut bientôt appelé "vaccination", du latin vaccinia, qui désigne l’espèce de virus de la variole de la vache (vacca signifiant "vache").

Certains se sont même demandé si l’ancien symbole occidental des arts médicaux et de la guérison encore utilisé aujourd’hui, le bâton d’Asclépios, un serpent enroulé autour d’un bâton, ne serait pas lui-même une allusion à l’idée maîtresse selon laquelle quelque chose de dangereux peut aussi protéger ; selon le mythe grec, Asclépios aurait guéri des gens avec du venin de serpent, qui peut avoir certaines propriétés médicinales qui ont été décrites par Nicandre. Et, de manière intéressante, la même image apparaît dans la Torah, dans Nombres 21:8 : "L’Eternel dit à Moïse : Fais-toi un serpent brûlant, et place-le sur une perche ; quiconque aura été mordu, et le regardera, conservera la vie. Moïse fit un serpent d’airain, et le plaça sur une perche ; et quiconque avait été mordu par un serpent, et regardait le serpent d’airain, conservait la vie".

Tout cela pour dire que le paradoxe guérison-maladie est un archétype profond de la psyché humaine. Et il ne vient pas de Big Pharma, mais d’observations quotidiennes, souvent rurales - on pourrait même les appeler des observations de "première ligne" sur la façon dont la nature fonctionne et dont le système immunitaire se comporte.

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Parmi les grands triomphes de la vaccination figurent l’élimination aux États-Unis du fléau de la polio et l’éradication de la variole dans le monde entier. En effet, peut-être à cause de ces succès, beaucoup d’entre nous imaginent avec nostalgie que leur développement et leur acceptation par le public se sont faits facilement. Mais l’histoire réelle montre une situation plus complexe. Un certain nombre de vaccins contre la polio ont dû être testés. Les études initiales sur les vaccins étaient très peu surveillées, et les premiers vaccins ont laissé certains enfants paralysés. Le premier vaccin véritablement efficace, le Salk, a lui aussi connu des problèmes ; en 1955, un mauvais lot de plus de 120 000 doses provenant de la Cutter Pharmaceutical Company contenait le virus vivant de la polio, provoquant 40 000 cas de polio et tuant 10 personnes. "L’incident Cutter", comme on l’appelle aujourd’hui, a révélé la vulnérabilité des systèmes de production des vaccins, et reste l’une des sources du cauchemar qui hante tant les hésitants : attraper la maladie redoutée à partir du traitement. L’incident a été suivi d’efforts pour améliorer les systèmes de réglementation afin que des tragédies similaires ne se répètent pas.

Dans l’esprit du public, le plus grand triomphe de la vaccination a sans doute été l’éradication mondiale, au milieu du siècle dernier, de la variole, un effroyable fléau qui était mortel dans 30 % des cas. L’histoire telle qu’elle est souvent racontée attribue cette victoire aux seuls vaccins, mais comme l’a écrit le médecin britannique Richard Halvorsen, elle n’était pas simplement le produit d’un seul vaccin ou d’une seule campagne "à succès", comme on le décrit si souvent, mais plutôt d’un régime de multiples mesures de santé publique instituées parallèlement à la vaccination.

Les détails sont assez intéressants. À partir des 17e et 18e siècles, plusieurs campagnes massives d’inoculation de la variole, puis de vaccination avec la vaccine, ont conduit à un déclin de la variole au 19e siècle. En 1948, certains médecins anglais ont estimé que la maladie était suffisamment bien gérée pour que la vaccination massive des nourrissons, qui comportait certains risques, puisse être abandonnée. La vaccination de masse a donc été remplacée par une nouvelle stratégie, plus individuelle : Si un cas était signalé, les responsables de la santé publique isolaient la personne concernée et ses contacts, et ces derniers étaient vaccinés. C’est ce qu’on a appelé "la stratégie de surveillance et de confinement". Elle a fonctionné. Après l’arrêt de la vaccination en Angleterre, quelques cas sont apparus en 1973 et 1978, mais tous deux étaient dus à des accidents de laboratoire. Selon M. Halvorsen, l’Organisation Mondiale de la Santé est arrivée à la même conclusion et a également adopté l’approche de surveillance-contention ailleurs. En 1980, la maladie a été déclarée éradiquée.

Mais parallèlement à l’éradication triomphante de la polio et de la variole par le système de santé publique des années 1940 aux années 1970, il y a eu un chapitre horrifiant, avec des abus stupéfiants de la part des autorités médicales et de santé publique. L’expérience de Tuskegee, menée par le service de santé publique américain (PHS) de 1932 à 1972, a envoyé des représentants pour trouver des hommes afro-américains atteints de syphilis, auxquels on a dit qu’ils recevraient un traitement pour leur "mauvais sang". Aucun traitement n’a eu lieu. Les représentants ont donné à ces hommes un placebo au lieu de la pénicilline, qui les aurait sauvés. Cette mesure a été prise pour que les enquêteurs, en regardant les hommes mourir lentement, puissent étudier l’évolution naturelle de cette maladie dévastatrice.

Au cours de la même période, le système de santé publique américain a supervisé 70 000 stérilisations de personnes "déficientes mentales" ayant des problèmes d’apprentissage, d’aveugles et de pauvres, et a également procédé à l’ablation forcée de l’utérus de femmes afro-américaines et indigènes, le tout dans le cadre d’un mouvement eugénique international qui a balayé la santé publique. Des psychédéliques et d’autres drogues ont été administrés aux personnes placées dans des établissements psychiatriques sans qu’elles en soient informées, ce qui a souvent donné lieu à des trips cauchemardesques, et des campagnes dangereuses ont été entreprises sur la base de connaissances partielles, comme l’irradiation généralisée des thymus d’enfants en bonne santé (un élément clé du système immunitaire), qui a ensuite provoqué des cancers. Tous ces programmes reposaient sur un raisonnement abstrait "fondé sur la population", déshumanisant les gens pour en faire des numéros sur lesquels on pouvait jouer au nom de la science et du progrès.

Aucun des abus de santé publique de cette période n’impliquait le consentement éclairé du patient, et pourtant ils étaient parrainés par le gouvernement, loués et justifiés au nom du bien commun. Il a fallu la révélation des expériences médicales nazies sur les Juifs et d’autres personnes pour que naisse une nouvelle éthique du consentement des sujets de recherche. Le code d’éthique de Nuremberg de 1947, ainsi que la déclaration d’Helsinki de 1964 élaborée à l’origine par l’Association médicale mondiale, exigeaient des médecins et des scientifiques qu’ils obtiennent le consentement éclairé de tous les sujets de recherche. Cette avancée a conduit à la normalisation du consentement du patient, non seulement pour les sujets de recherche, mais aussi pour ceux qui subissent toutes les procédures médicales, et est devenue le fondement de ce que beaucoup d’entre nous dans le domaine médical considèrent aujourd’hui comme un code d’éthique inviolable.

Mais à la fin des années 1970 et dans les années 1980, de nouvelles controverses sont apparues. En 1976, une épidémie de grippe porcine s’est déclarée à Fort Dix, dans le New Jersey. Craignant que le pays ne soit à l’aube d’une pandémie, le gouvernement américain a approuvé un vaccin et a entrepris un déploiement agressif qui a concerné 48 millions de personnes. Mais deux événements imprévus se sont produits : Premièrement, l’épidémie a reculé d’elle-même, et plutôt rapidement. Deuxièmement, 450 personnes vaccinées ont été atteintes d’une maladie neurologique appelée syndrome de Guillain-Barré (en plus grand nombre que prévu à cette époque). Après avoir produit et distribué le vaccin si rapidement, le gouvernement a ensuite réagi avec prudence, mais l’idée qu’un vaccin puisse causer des dommages est restée dans l’esprit du public. "Cette campagne menée par le gouvernement a été largement considérée comme une débâcle et a porté un coup irréparable aux futures initiatives de santé publique", écrit Rebecca Kreston dans Discover, "et a influencé négativement la perception du public à la fois de la grippe et du vaccin contre la grippe dans ce pays."

Ce scepticisme a pu émerger de manière aussi nette parce que la "débâcle" de la grippe porcine a eu pour toile de fond un autre événement contemporain. Dans les années 1970, un certain nombre de parents ont commencé à affirmer que leurs enfants souffraient de graves problèmes cérébraux et de crises d’épilepsie après avoir reçu le vaccin contre la diphtérie, la coqueluche et le tétanos. De nombreux procès liés aux vaccins ont suivi, et les parents ont remporté de nombreuses victoires juridiques, coûtant des millions de dollars aux sociétés pharmaceutiques. La fabrication d’une dose de vaccin DTC coûtait 12 cents en 1982, mais en quelques années, le coût a été multiplié par 35 grâce aux indemnités versées dans le cadre des procès, et les entreprises ont commencé à abandonner le secteur des vaccins. Aujourd’hui encore, les avis divergent sur la cause première des problèmes cérébraux, certains parents insistant sur le fait que c’était le vaccin, tandis que les défenseurs du vaccin soutiennent que ces enfants souffraient en fait d’une maladie génétique appelée syndrome de Dravet, peut-être révélée par la vaccination, mais dont ils auraient souffert de toute façon.

Il n’y a guère de désaccord, cependant, sur ce qui s’est passé ensuite. En 1986, la dernière société pharmaceutique qui fabriquait encore le DTC, Lederle, a annoncé au gouvernement qu’elle arrêtait de produire le vaccin. Les sociétés fabriquant des vaccins pour d’autres maladies ont également été poursuivies en justice et ont également arrêté la production. Le gouvernement s’est montré très inquiet et, en 1986, le Congrès a adopté le National Childhood Vaccine Injury Act (NCVIA). Cette loi a établi un nouveau système pour les lésions ou les décès liés aux vaccins de l’enfance, dans lequel les entreprises étaient indemnisées en cas de poursuites pour des problèmes de fiabilité. ( Peu après, le programme a été élargi pour inclure les lésions liées à la vaccination des adultes.) Si quelqu’un pensait qu’un enfant ou une personne avait été blessé par un vaccin, il pouvait porter plainte devant un tribunal des vaccins nouvellement créé, géré par le gouvernement américain, et plaider sa cause. S’ils gagnaient, le gouvernement leur versait des dommages et intérêts à partir d’un fonds créé avec l’argent des contribuables.

Cela aurait pu sembler la meilleure solution possible : Le pays conservait un approvisionnement en vaccins et les citoyens avaient un recours en cas de préjudice. Mais comme les entreprises étaient indemnisées de tout dommage que leurs vaccins pouvaient causer, elles n’avaient plus d’incitation financière puissante pour corriger les problèmes de sécurité existants, ni même pour améliorer la sécurité au fil du temps. On peut même dire qu’elles étaient financièrement dissuadées de le faire. La solution consistait à transférer la responsabilité des coûts des problèmes de sécurité des fabricants vers les contribuables, dont font partie ceux qui ont été lésés.

Cette atmosphère de suspicion s’est répandue dans les années 1990, avec une intensité et une toxicité encore plus grandes, lors du débat sur l’autisme vaccinal. Le paysage du discours sur les vaccins aux États-Unis - jamais simple ou unidimensionnel au départ - devenait encore plus compliqué et hostile.

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Pour comprendre les réactions psychologiques polarisées que suscite aujourd’hui la vaccination, ainsi que les mesures à prendre, il est essentiel de démêler trois éléments :

Premièrement, il y a l’idée de base de la vaccination en tant que traitement, qui est sans doute l’une des plus grandes découvertes médicales de l’humanité.

Deuxièmement, il y a le processus par lequel un vaccin particulier est produit, testé pour sa sécurité et son efficacité, et réglementé - c’est-à-dire l’exécution de l’idée de base, qui, comme nous le savons, peut varier en succès d’un vaccin à l’autre, ou échouer complètement. (Nous n’avons pas encore réussi à fabriquer un vaccin contre le sida, par exemple).

Troisièmement, il y a la manière dont ceux qui produisent le vaccin, et les responsables de la santé publique chargés de le réglementer et de le diffuser, communiquent avec le public.

Seule une personne qui rejette cette première idée fondamentale pourrait raisonnablement être qualifiée d’"anti-vaxxer". De nombreuses personnes acceptent l’idée de base et ont été vaccinées à plusieurs reprises par le passé, mais en sont venues à douter de l’efficacité ou de la nécessité d’un vaccin particulier, et donc à douter des allégations faites au cours de sa diffusion. Ils deviennent hésitants à l’égard de ce vaccin particulier, et reportent ou évitent de le recevoir.

L’une des raisons pour lesquelles l’hésitation peut s’installer dans des sociétés où la confiance est relativement faible est que les réticents n’ont généralement pas de relation directe avec les personnes chargées de la vaccination, et donc aucune preuve personnelle que ces personnes sont dignes de confiance. Pour un médicament ordinaire, un médecin doit et peut convaincre un seul patient à la fois de prendre un médicament particulier. C’est pourquoi les entreprises pharmaceutiques disposent d’énormes budgets de marketing pour influencer les médecins et les patients. Dans le cas des vaccins, les entreprises ne doivent convaincre que quelques responsables et comités clés, qui achètent ensuite leur produit et le commercialisent pour eux auprès de toute une population. Pour les entreprises produisant des vaccins, le marketing de masse est remplacé presque entièrement par le lobbying politique.

Un certain nombre d’événements survenus dans les années 1990 ont suggéré que l’enchevêtrement croissant entre l’industrie pharmaceutique et les scientifiques impliqués dans la production et les décisions d’approbation des médicaments - ainsi que le rôle du profit dans tout cet arrangement - devenait un problème endémique. En 2005, l’Associated Press a rapporté que "deux des principaux chercheurs en maladies infectieuses du gouvernement américain perçoivent des royalties sur un traitement contre le sida qu’ils testent sur des patients avec l’argent des contribuables. Mais les patients n’étaient pas informés de ce lien financier sur leur formulaire de consentement". L’un d’eux participait à la mise au point d’un traitement à base d’interleukine-2, testé dans le monde entier. Le problème, comme le notent ces rapports, est que "des centaines, voire des milliers, de patients participant à des expériences des NIH ont pris la décision de participer à des expériences qui comportent souvent des risques sans être pleinement informés des intérêts financiers des chercheurs."

L’une des deux personnes qui dirigeaient ces expériences était un chercheur du nom de Dr Anthony Fauci, qui s’était fait connaître une décennie auparavant lors de la crise du sida. Non seulement l’affirmation concernant les rémunérations était vraie, mais elle était aussi parfaitement légale. Les rémunérations des scientifiques du service public ont été autorisées pour la première fois en vertu de la loi Bayh-Dole de 1980, qui avait tenté de remédier à deux problèmes connexes : le manque de remboursement des recherches financées par le gouvernement et la rétention des scientifiques de haut niveau attirés par le secteur privé. Cette loi et d’autres réglementations fédérales permettaient aux NIH, par exemple, de percevoir des revenus si leurs recherches rapportaient de l’argent au secteur privé, et autorisaient les scientifiques du gouvernement à percevoir jusqu’à 150 000 dollars par an en royalties sur les traitements qu’ils développaient.

À l’époque, M. Fauci a déclaré qu’il avait tenté d’informer les patients de ses royalties, mais que son agence l’avait rabroué, arguant que la loi l’en empêchait. La non-divulgation des intérêts du chercheur a été modifiée après le scandale, mais le mal était fait. Dans l’esprit de certains éléments du public, il y avait quelque chose de louche entre le gouvernement et l’industrie pharmaceutique - et cela avait quelque chose à voir avec l’argent et la volonté de négliger ou de diluer le consentement éclairé.

Ces soupçons se sont renforcés dans les années 2000, lorsque des médecins de premier plan ont commencé à révéler au public que Big Pharma avait été impliquée dans un certain nombre d’abus majeurs dans ses relations avec le gouvernement, les patients, les médecins et les revues. L’une des premières à révéler cette affaire est Marcia Angell, qui avait été rédactrice en chef du New England Journal of Medicine, sans doute la revue médicale la plus importante des États-Unis à l’époque. Dans son livre de 2004, "The Truth About the Drug Companies : How They Deceive Us and What to Do About It", elle affirme que les entreprises dépensent beaucoup plus en marketing, en administration, en relations publiques et en changement de marque qu’en recherche, et qu’elles découvrent en réalité très peu de nouveaux médicaments efficaces. Au lieu de cela, elles utilisaient "des appâts, des pots-de-vin et des dessous-de-table" pour faire adopter les médicaments par les médecins. Angell a montré comment ces entreprises pénétraient les écoles de médecine, les conventions et les organisations, faisant souvent passer le marketing pour de l’"éducation", qu’elles dispensaient gratuitement.

Plus précisément, Angell a fait valoir que les agences gouvernementales étaient hautement compromises. Elle a montré comment les conflits d’intérêts étaient omniprésents au sein de la Food and Drug Administration américaine, qui examinait et approuvait "rapidement" des médicaments ayant des effets secondaires importants comme les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux (tels que le Vioxx et le Celebrex), et d’autres n’ayant aucun avantage sérieux. Angell a également révélé que "de nombreux membres des comités consultatifs de la FDA étaient des consultants rémunérés par les entreprises pharmaceutiques. Bien qu’ils soient censés s’exonérer des décisions lorsqu’ils ont un lien financier avec la société qui fabrique le médicament en question, cette règle est régulièrement levée." Elle a documenté de multiples cas de membres de comités discutant de décisions sur des violations de la sécurité commises par les entreprises mêmes qui les payaient, et dont ils ne se sont pas récusés.

Le livre d’Angell, qui a été publié avec beaucoup de succès, était impossible à rejeter comme étant marginal. "Le dossier du Dr Angell est solide, convaincant et troublant", a affirmé le New York Times. Publisher’s Weekly a écrit : "Dans ce qui pourrait être le "Fast Food Nation" [Titre d’un livre d’Eric Schlosser sur l’impact local et mondial de l’industrie américaine de la restauration rapide - NdT] de l’industrie pharmaceutique, Angell ... dresse un réquisitoire virulent contre le "big pharma", corrompu et corrupteur". Au cours des années suivantes, les types d’abus qu’elle a documentés ont été portés devant les tribunaux. Au fur et à mesure que ces procès sont devenus publics, les Américains qui ont souffert d’effets secondaires graves causés par les médicaments concernés ont commencé à prêter attention.

En 2012, le médecin Ben Goldacre, de l’Université d’Oxford, a publié "Bad Pharma", dans lequel il a exploré les compensations pour fraude versées par les entreprises pharmaceutiques qui ont dissimulé des effets indésirables connus, y compris des effets mortels, et caché des informations, notamment sur la dangerosité. Le sous-titre du livre - "Comment les sociétés pharmaceutiques trompent les médecins et nuisent aux patients" - est explicite : Souvent, les médecins ne savaient pas qu’on leur cachait quelque chose, ni ce qu’on leur cachait. Mais lorsque les pratiques des grandes sociétés pharmaceutiques ont été examinées par les tribunaux et que des documents internes ont été étudiés, les activités illégales ont été révélées les unes après les autres. La liste de Goldacre fait frémir :

Pfizer fut condamnée à une amende de 2,3 milliards de dollars pour avoir fait la promotion de l’analgésique Bextra, retiré plus tard du marché pour des raisons de sécurité, à des doses dangereusement élevées (en le dénaturant avec "l’intention de frauder ou d’induire en erreur") ... la plus grosse amende pénale jamais imposée aux États-Unis, jusqu’à ce qu’elle soit battue par GSK [GlaxoSmithKline].

En juillet 2012, GSK s’est vue infliger une amende de 3 milliards de dollars pour fraude civile et criminelle, après avoir plaidé coupable à un vaste éventail d’accusations concernant la promotion illégale de médicaments sur ordonnance et le défaut de communication de données sur la toxicité.

Abbot fut condamnée à une amende de 1,5 milliard de dollars en mai 2012, pour la promotion illégale de Depakote.

Eli Lilly fut condamnée à une amende de 1,4 milliard de dollars en 2009.

AstraZeneca fut condamné à une amende de 520 millions de dollars en 2010. Merck a été condamnée à une amende de 1 milliard de dollars en 2011.

Après la publication du livre de Goldacre, les amendes ont continué à tomber. Johnson &Johnson a dû payer 2,2 milliards de dollars en 2013, ce qui comprenait, selon le ministère de la Justice, des "amendes pénales" pour avoir "mis en danger la santé et la sécurité des patients et porté atteinte à la confiance du public" ; en 2019, la société a été condamnée à une autre amende de 572 millions de dollars pour son rôle dans l’épidémie d’opioïdes, puis à une énorme amende de 8 milliards de dollars par un jury dans une autre affaire - un montant qui sera sans doute réduit, mais qui révèle l’indignation du public face aux violations.

Ces amendes énormes, année après année, concernent des médicaments populaires pris par des dizaines de millions de patients, avec des effets négatifs - y compris la mort. Les histoires de dévastation sont devenues des traditions dans de nombreuses familles et communautés. Le cercle des préoccupations est encore plus large si l’on inclut ceux qui n’ont pas été personnellement touchés, mais qui sont au courant de cette histoire juridique problématique. Lorsque vous prenez personnellement un médicament, vous avez tendance à remarquer les nouvelles le concernant, surtout les mauvaises. Que vous ayez ou non ressenti des effets négatifs, vous êtes naturellement attentif à leur existence. Chaque fois qu’une entreprise Big Pharma se retrouve devant les tribunaux et dans les médias à cause d’un problème quelconque, les graines du scepticisme sont plantées dans l’esprit de nombreux citoyens.

Et pas seulement le scepticisme à l’égard des entreprises elles-mêmes. Les transgressions mentionnées ci-dessus n’ont été possibles à une telle échelle qu’en raison d’un cas d’école de capture réglementaire, consistant en un mélange d’incitations et de priorités perverses, une tolérance pour la non-transparence et, dans certains cas, une culture apparente de collusion. La FDA [Food & Drug Administration : administration US des denrées alimentaires et des médicaments. Cet organisme a, entre autres, le mandat d’autoriser la commercialisation des médicaments sur le territoire des États-Unis. - NdT] - facture 800 millions de dollars par an à Big Pharma, ce qui permet de payer les salaires de la FDA. De plus, les régulateurs obtiennent souvent des emplois dans l’industrie pharmaceutique peu de temps après avoir quitté la FDA ou des organismes similaires ; il y a une énorme incitation à impressionner, et certainement pas à contrarier, un futur employeur potentiel.

Il est utile de voir comment cela fonctionne en examinant un cas qui est devenu célèbre comme une histoire de cupidité et de corruption épique, et dans lequel les patients et les médecins ont été induits en erreur et trompés, seulement après que les patients, les familles, les militants, et même des communautés entières se soient mis à hurler à ce sujet pendant des années.

En 1995, la FDA a approuvé l’Oxycontin pour les douleurs graves de courte durée, comme les douleurs en phase terminale d’un cancer ou les douleurs postopératoires. Cette approbation était basée sur des études scientifiques légitimes liées à ces expériences restreintes. La FDA l’a ensuite rendu disponible pour les douleurs mineures, avec une utilisation quotidienne 24 heures sur 24, en 2001. Cette approbation (pour une utilisation à long terme) n’était fondée sur aucune étude. Selon un reportage de 60 Minutes en 2019 : "Tout aussi suspect mais légal [était] le grand nombre de régulateurs clés de la FDA qui sont passés par la porte tournante pour trouver des emplois auprès des fabricants de médicaments."

L’épidémie d’opioïdes a, à ce jour, a fait un demi-million de morts parmi les Américains. Ce même système réglementaire compromis permet à Big Pharma de payer, et de jouer un rôle clé dans la réalisation, des études mêmes qui conduisent à l’autorisation de ses propres produits. Pendant des décennies, il n’était pas seulement courant que les auteurs d’études reçoivent des paiements de la part des entreprises qui fabriquent les médicaments testés, mais cela était aussi systématiquement caché. Les entreprises pharmaceutiques rédigeaient secrètement des études sur leurs propres médicaments ; Goldacre montre comment elles enrôlaient des universitaires pour faire croire qu’ils en étaient les auteurs. Les articles étaient ensuite soumis à des revues grand public, dont l’imprimatur donnait de la crédibilité aux études, permettant à ces médicaments de devenir la "norme de pratique".

Seize des 20 articles rendant compte des essais cliniques menés sur le Vioxx - l’anti-inflammatoire et antidouleur qui a été approuvé par la FDA en 1999, puis retiré du marché en 2004 pour avoir provoqué des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux - ont été rédigés par des employés de Merck, puis signés par des scientifiques respectés. Merck a finalement accepté de verser 4,9 milliards de dollars dans le cadre des poursuites intentées contre le Vioxx. Les universitaires qui ont prêté leur nom à ces études pouvaient ensuite étoffer leur CV avec ces articles, recevoir des promotions et des salaires plus élevés dans le milieu universitaire, et finalement obtenir davantage d’honoraires de consultation de la part des entreprises pharmaceutiques, après quoi ils sont considérés comme des "experts" par un public confiant.

Dans l’environnement réglementaire actuel, les entreprises dirigent les études de leurs propres produits. Une étude danoise a révélé que 75 % des auto-études évaluées par les entreprises pharmaceutiques étaient rédigées par des fantômes. Un éminent rédacteur américain d’une revue spécialisée a estimé que 33 % des articles soumis à sa revue étaient écrits par des sociétés pharmaceutiques. Ces impostures ne font pas l’objet d’enquêtes adéquates de la part du Congrès parce que les industries pharmaceutiques et de la santé sont aujourd’hui le lobby le plus lucratif du pays, ayant distribué au moins 4,5 milliards de dollars au cours des deux dernières décennies aux politiciens des deux partis. "Le PAC [système de dons aux partis politiques US - NdT] de Pfizer a été le plus actif", écrit Lev Facher, journaliste à STAT, "envoyant 548 chèques à divers législateurs et autres groupes industriels - plus de chèques que le nombre réel d’élus à la Chambre [Assemblée Nationale - NdT] et au Sénat."

Si le livre de Goldacre montre les nombreuses façons dont les études sur les médicaments ont été truquées pour obtenir certains résultats, il n’est pas toujours nécessaire de truquer une étude pour obtenir le même résultat. L’une des techniques les plus courantes consiste à retarder la déclaration des effets secondaires d’un médicament jusqu’à ce que le brevet soit épuisé, puis à utiliser la mauvaise publicité pour vendre un nouveau médicament de remplacement, toujours breveté.

Les sondages montrent régulièrement que la principale préoccupation des personnes qui hésitent à se faire vacciner concerne les effets secondaires, ou du moins les effets qui ne se manifestent pas immédiatement. La dernière édition du manuel de référence dans ce domaine, Plotkin’s Vaccines, comporte un excellent chapitre sur la sécurité des vaccins, dans lequel on peut lire ce qui suit : "Parce que les réactions qui sont rares, retardées ou qui ne se produisent que dans certaines sous-populations peuvent ne pas être détectées avant l’homologation des vaccins, l’évaluation post-homologation de la sécurité des vaccins est essentielle." La post-homologation nécessite d’abord l’approbation de la FDA, donc pour la plupart des vaccins, cela signifie plus de suivi après le processus d’approbation typique de deux ans - au moins plusieurs années.

En 2018, la journaliste scientifique pro-vaccins du New York Times, Melinda Wenner Moyer, a noté avec stupeur qu’elle avait appris qu’il n’était pas rare que les chercheurs en vaccins adoptent l’attitude selon laquelle la censure des mauvaises nouvelles sur leurs recherches était nécessaire, et que certains qui ne le faisaient pas étaient ostracisés par leurs pairs :

En tant que journaliste scientifique, j’ai écrit plusieurs articles pour calmer l’angoisse liée aux vaccins et encourager l’immunisation. Mais dernièrement, j’ai remarqué que le climat de peur qui entoure les vaccins a un autre effet néfaste : il érode l’intégrité de la science des vaccins. En février, j’ai reçu une bourse de la fondation non partisane Alicia Patterson pour faire un reportage sur les vaccins. Peu après, je me suis retrouvé face à un mur. Lorsque j’essayais de rendre compte d’aspects inattendus ou controversés de l’efficacité ou de la sécurité des vaccins, les scientifiques ne voulaient souvent pas me parler. Lorsque je parvenais à les joindre au téléphone, un thème inquiétant émergeait : Les scientifiques sont tellement terrifiés par l’hésitation du public à l’égard des vaccins qu’ils s’autocensurent, minimisent les résultats indésirables et évitent peut-être même d’entreprendre des études qui pourraient révéler des effets indésirables. Ceux qui enfreignent ces règles non écrites sont critiqués.

Moyer poursuit en citant des autorités qui affirment que les petites études, et même celles qui ne sont pas concluantes, nous donnent souvent le premier aperçu d’une idée ou d’un problème. Et ceci sans parler de la question plus large : Si les scientifiques minimisent leurs résultats indésirables dans des médicaments potentiellement obligatoires, comme M. Moyer a constaté qu’ils le faisaient, ils ne manquent pas seulement des occasions de faire de la bonne science ; ils peuvent aussi générer de la désinformation anti-scientifique. "Les chercheurs en vaccins gagneront beaucoup plus la confiance du public et surmonteront beaucoup plus de craintes infondées s’ils choisissent la transparence plutôt que la censure", écrit-elle.

Lorsque Moyer a publié son article en 2018, de nombreux Américains avaient déjà depuis longtemps pris l’habitude de remettre en question certains éléments de leur santé publique, en partie à cause de ce nid de guêpes de la corruption et de la capture réglementaire. Mais cette habitude pourrait aussi s’expliquer en partie par la tendance générale de la médecine des deux dernières décennies à reconnaître la supériorité des interventions sur mesure, ou médecine personnalisée, qui reconnaît que des personnes différentes ont des facteurs de risque, une génétique, des antécédents médicaux et des réactions différentes aux produits médicaux. Il est désormais courant que les gens assument la responsabilité de leur propre santé parce que c’est précisément ce que nous leur avons dit de faire - en les encourageant à apprendre à connaître leurs propres facteurs de risque de maladie, en fonction de leur histoire et de leur génétique.

Les vaccins, en revanche, sont une intervention à taille unique, administrée en masse par des personnes qui ne connaissent rien de précis sur les personnes vaccinées ou leurs enfants. Lorsque les autorités politiques et médicales changent de politique d’un jour à l’autre, et que les recommandations de santé publique d’une juridiction ou d’un pays diffèrent de celles des autres, des questions seront posées. Le public a reçu l’assurance que nous, les professionnels de la santé, reconnaissons que l’ère de l’autoritarisme médical, et les vilaines pratiques qui nous ont conduits à exiger le consentement éclairé, sont derrière nous. Cela signifie que chaque fois qu’un traitement est proposé, la charge de la preuve de son innocuité et de son efficacité incombe à ceux qui le proposent. Cela signifie que nous ne devons jamais étouffer les questions, ni faire honte aux gens parce qu’ils sont anxieux.

Je suis psychiatre et psychanalyste, et je m’occupe des angoisses des gens - et aussi de leur paranoïa. Beaucoup de gens pensent que les "anxieux" sont nécessairement faibles (un collègue médecin qualifie de "mauviettes" les personnes qui hésitent à se faire vacciner). Mais c’est une façon superficielle de comprendre l’anxiété, si elle n’est pas totalement fausse. L’anxiété est un signal. Elle a évolué pour nous amener à prêter attention à quelque chose - parfois une menace extérieure, parfois une menace intérieure, comme un sentiment ignoré ou une pensée interdite menaçant d’émerger de l’intérieur. L’anxiété peut être névrotique. Elle peut même être psychotique. Elle peut aussi vous sauver la vie, car les dangers existent. Lorsque les gens ne ressentent pas assez d’anxiété, on dit qu’ils sont "dans le déni".

Ainsi, dans certaines situations, la capacité à ressentir de l’anxiété peut être un avantage, ce qui explique probablement pourquoi elle est préservée dans l’évolution chez tant d’animaux. Aristote a compris ce point il y a longtemps ; comme il l’a noté, la personne courageuse, par exemple un soldat, peut et doit ressentir de l’anxiété - elle fait face à un danger, après tout, et sa sagesse lui dit qu’il y a un risque. Ce qui distingue la personne courageuse du lâche, ce n’est pas qu’elle ne s’inquiète pas ou n’a pas peur, mais qu’elle parvient tout de même à avancer dans la situation dangereuse qu’elle ne peut éviter d’affronter. Tout cela pour dire que la présence de l’anxiété ne permet pas à elle seule de déterminer si une personne est saine d’esprit ou folle : Elle ne permet pas de savoir si l’anxiété est fondée ou non. Il en va de même pour la méfiance. Parfois, la méfiance est de la paranoïa, parfois elle est un scepticisme sain.

Selon un sondage Gallup de septembre 2019, quelques mois seulement avant la pandémie de COVID-19, Big Pharma était le moins digne de confiance des 25 principaux secteurs industriels américains, soit le n° 25 sur 25. Aux yeux des Américains ordinaires, elle avait à la fois les plus grands négatifs et les plus faibles positifs de toutes les industries. Au 24e rang, on trouve le gouvernement fédéral, et au 23e rang, le secteur des soins de santé.

Ces trois industries forment une troïka bien ordonnée (bien qu’en position 22 se trouve l’industrie de la publicité et des relations publiques, qui facilite le travail des trois autres). Les membres de la troïka qualifient souvent les hésitants à la vaccination de marginaux et de paranoïaques. Mais il y a beaucoup d’industries et de secteurs auxquels les Américains font confiance. Sur les 25 principaux secteurs industriels américains, 21 bénéficient d’une opinion nette positive de la part des électeurs américains. Seuls l’industrie pharmaceutique, le gouvernement, les soins de santé et les relations publiques sont perçus comme négatifs : ce sont précisément les secteurs impliqués dans le déploiement des vaccins COVID. Cette situation a créé une "combinaison parfaite", en quelque sorte, de conditions défavorables.

Norman Doidge

à suivre...

Traduction "si la qualité d’une société se mesure à la qualité des échanges d’idées, on est mal barrés..." par Viktor Dedaj avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

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Dominique Fernandez : Ramon
Bernard GENSANE
(Paris, Grasset, 2008) La lecture des livres de Dominique Fernandez (romans, livres de voyage, photographies) m’a toujours procuré un très grand plaisir. Avec, cependant, deux petits bémols. Pour se rassurer, j’imagine, Fernandez éprouve le besoin d’en faire des kilos, d’écrire jusqu’à plus soif. Dans son très beau livre sur Tchaikovski, par exemple, s’il ne nous décrit pas trois cents rues et artères russes, il n’en décrit aucune. Dans son Ramon, il nous inflige, par le menu (c’est le cas (…)
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L’athéisme est une négation de Dieu, et par cette négation, il pose l’existence de l’homme.

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