Le 10 décembre 1948 était formulée en effet la déclaration universelle des droits de l’homme qui devint journée internationale. C’est ce jour donc qui fut choisi pour montrer que les Etats-Unis et leur satellite outre-Atlantique s’assoient sur le droit international et s’échangent, comme on se refile un cageot de pomme, un prisonnier venu de l’autre bout du monde, dont le seul crime est d’avoir dénoncé et révélé dans toute leur cruauté, les guerres que, eux, ont menées. Ces guerres qu’ils nous présentent comme chirurgicales, fraîches et la fleur au fusil depuis tant d’années. C’est donc ce jour sacré qui fut choisi afin de bafouer le droit international, afin que la persécution d’un homme devînt ainsi l’humiliation de l’humanité tout entière.
Comment ont-ils pu ne pas tenir compte de cette date symbole ? Il paraît qu’à la C.I.A., d’après son ancien directeur, l’instruction se borne à mentir, tricher, voler. Je gage qu’ils savent aussi réfléchir à comment humilier et avilir et qu’en choisissant la journée symbole des droits de l’homme, ils lançaient sciemment un signal au pays qui les a vus naître, j’ai nommé la France. Ils attaquaient jusqu’à cette idée, confuse encore, qu’il y a en France des forces, venues du fond des âges, qui pourraient s’y opposer. Cette idée, chez nous, est claire et distincte et c’est elle qui nous fait tous converger ici : la France, la Grande Nation, ce n’est pas cela. La France ne peut pas, ne doit pas tolérer cela.
L’histoire retiendra aussi, sans doute, que nous avons été là, guère plus d’une semaine après, près du parvis des droits de l’homme, pour nous rappeler que nous, Français, et j’entends sous ce terme tous les amis de la France d’où qu’ils viennent, nous n’admettons pas cela. Jamais les Français ne seront un peuple d’esclaves. Jamais la France ne sera la putain des Etats-Unis.
Nous appuyons donc tout ce qui va dans le sens d’une libération de Julian Assange. Asile politique en France ? Asile politique en Suisse, puisque le grand canton de Genève l’a voté. Tout doit être tenté, pourvu que rien ne se contredise. De l’initiative parlementaire jusqu’à la prise de pouvoir par la rue. Et de toute part, je vois monter une grande colère dans le pays, une clameur qui sort des tréfonds de la patrie humiliée : A bas l’O.T.A.N. Pas un soldat, pas un sou pour cette alliance de mort.
Refusons les guerres de l’Empire, refusons l’adhésion de l’Ukraine à l’O.T.A.N. que l’Allemagne revanchiste prône et nous prépare, sur les lieux mêmes de ses précédents massacres. Le saviez-vous que notre état-major, en la personne de son nouveau chef tout frais nommé Thierry Burckhardt, juge désormais opportun de préparer la France à un conflit de « haute intensité » ? Contre qui cette « haute intensité », si ce n’est la Chine et la Russie, deux pays qui n’ont chacun qu’une base militaire à l’étranger et sont encerclés par plusieurs centaines de bases américaines. Avons-nous voté pour cela ? Avons-nous accès à cette information ? Et à tant d’autres qui nous permettraient de déjouer tant de pièges. O Julian, tu nous manques.
La guerre mondiale, ce sera sans nous. La crucifixion d’un homme sur l’autel du complexe militaro-industriel américain, ce sera sans nous. La livre de chair prélevée pour le culte de la destinée dite manifeste qui donnerait aux Etats-Unis, le droit – rocambolesque – de dominer le reste du monde, et dont Bill Clinton s’était encore récemment targué, ce sera aussi sans nous.
Et par notre refus total, nous enverrons ainsi ce nouveau signal au monde. Le visage d’Assange se répandra, de clocher en clocher, comme jadis l’aigle vengeur, comme naguère celui de Che Guevara de drapeau en drapeau, celui d’un homme qui s’est opposé à tout un Empire de mort. Le visage même de l’homme contre la machine à broyer les peuples.
Aymeric MONVILLE
18 décembre 2021