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ONU - Genève : La France et l’Europe ne doivent pas voter avec les USA contre Cuba.


LA FRANCE ET L’EUROPE NE DOIVENT PAS S’ASSOCIER AUX MENÉES ANTI-CUBAINES A L’ONU


Tous les ans, en mars et en avril, depuis une dizaine d’années, la
Commission des droits de l’homme de l’ONU tient à Genève une session de six semaines au cours de laquelle elle adopte une centaine de résolutions. Cuba fera encore une fois l’objet d’une résolution, toujours à l’ instigation des
États-Unis. Cette résolution sous couvert de juger de la situation des
droits de l’homme à Cuba, vise en réalité à isoler d’avantage ce pays et ne
pourra qu’augmenter la souffrance de son peuple.

Il y a plus de 40 ans, les États-Unis ont imposé un embargo contre Cuba dans le but d’asphyxier la révolution qu’ils ne pouvaient tolérer, avant même
qu’elle ne tisse des liens avec l’Union soviétique. Ils ont incité leurs
alliés à les imiter afin d’isoler l’île. Ils ont multiplié les actions
hostiles (tentatives d’assassinat des dirigeants, sabotages de l’économie,
soutien à toutes les catégories d’opposants, hébergement de criminels et de
terroristes, incitation aux départs illégaux, etc.). L’obsession punitive
des Etats-Unis vis-à -vis de Cuba s’est même renforcée depuis 1990 avec la
disparition de l’URSS. Les lois Toricelli et Helms-Burton, punissent, en
violation du droit international, les entreprises du monde ayant des
relations commerciales avec Cuba. Plus dernièrement, les limitations
drastiques aux déplacements des immigrés cubains résidant aux Etats-Unis
vers Cuba et aux transferts d’argent de ces personnes vers leur famille
restée dans la grande île des caraïbes poursuivent le même objectif
d’étouffement de l’économie cubaine et accroissent les souffrances de la
population cubaine. La récente tentative de coup d’Etat au Vénézuela,
soutenue par les Etats-Unis, la guerre déclanchée contre l’Irak et les
menaces répétées du gouvernement des Etats-Unis contre plusieurs Etats
souverains, comme l’Iran, la Syrie et la Corée du nord n’ont fait
qu’accroître la crainte d’une intervention militaire directe des Etats-Unis
à Cuba.

Cette hostilité entraîne sa riposte : une mentalité de siège règne à Cuba.,
imposant le secret en haut, la prudence en bas. Cuba se pense et se vit sur
le modèle de la citadelle. La consigne est de ne pas fournir de munitions à 
l’ennemi. Dans une société assiégée, il s’avère difficile de concilier la
liberté individuelle et les objectifs collectifs. Dans ces conditions, la
critique peut être vue comme faisant le jeu de l’ennemi et être qualifiée de
trahison. Cet argument dont usent les autorités n’est pas qu’un prétexte
facile. Les opposants et les États-Unis forment un couple de fait.
Washington cherche par tous les moyens à faire naître et à organiser une
opposition qui deviendrait son instrument pour une reconfiguration du
pouvoir et de la société en vue de la reconquête d’une position perdue en
1959. Rares sont les opposants qui savent garder leurs distances vis-à -vis
de Washington qui leur offre argent et reconnaissance. Dans ce contexte,
cependant, Cuba ne condamne pas ses citoyens pour leurs opinions. Les
personnes jugées en 2003 par des tribunaux cubains, ont été condamnées pour atteinte à la sécurité du pays et intélligence avec un Etat étranger, sur la
base de preuves juridiquement établies, répondant aux pratiques
internationales du droit pénal.

J’appelle, en conséquence, tous ceux qui doivent se prononcer sur la
résolution anti-cubaine à la Commission des droits de l’homme de l’ONU à 
tenir compte de manière objective du fait que les Cubains jouissent, non
seulement de droits économiques, sociaux et culturels, mais encore des
droits civiques et politiques. Je demande, en particulier, au gouvernement
français et aux instances européennes à de pas soutenir la résolution
anti-cubaine présentée, cette année, devant la Commission des droits de
l’homme de l’ONU.

Sthepan Gatignon, maire de Sevran et Conseiller General de Seine
Saint-Denis, Francois Asuisi, maire et député de Trembay en France, Jean Claude Lefort, député du Val de Marne, Patricio Arena, dirigeant du Parti Communiste Chilien en France, Miguel Iriarte, secrétaire général Association France Cuba d’Ivry sur Seine, Hernando Calvo Ospina, intellectuel colombien résident en France, Danielle Bleitrach, universitaire, écrivain, Viktor Dedaj, journaliste écrivain.

Signatures : cubadh@yahoo.es. et cubahr@hotmail.co.uk.



STOPPONS UNE NOUVELLE MANOEUVRE CONTRE CUBA


D’importants intellectuels du monde entier dont quatre Prix Nobel, réclament que la commission des Droits de l’Homme ne soit pas utilisée par les Etats-Unis.

Cuba récupère l’ appui de José Saramago et d’ Eduardo Galeano


Rebelión, 15 mars 2005


Entre le 14 mars et le 22 avril 2005 aura lieu à Genève la 61° session de la commission des Droits de l’Homme à l’ONU durant laquelle, une fois de plus, le gouvernement des Etats-Unis, faisant pression sur les pays membres, essaiera de faire approuver une résolution contre Cuba. C’est une tentative de manipulation sélective du thème pour justifier l’intensification de la politique de blocus et d’agression que, violant le droit international, la plus grande super puissance de la planète exerce contre un petit pays. La commission doit représenter tous les peuples des Nations Unies et veiller au respect des droits de tous les hommes et de toutes les femmes du monde. Il est significatif, cependant, qu’au sein de la commission, pendant la session de l’année passée, il n’ait pas été possible d’évaluer ni même de débattre sur les atroces violations des droits humains qui se produisent dans les prisons étasuniennes d’Abou Ghraib et de Guantanamo.

Le gouvernement des Etats-Unis n’a pas l’autorité morale pour s’ériger en juge des droits humains à Cuba où il n’y a pas eu un seul cas de disparition, de torture ou d’exécution extrajudiciaire et où, malgré le blocus, ont été atteints des indices de santé, éducation et culture reconnus internationalement.

Nous demandons aux gouvernements des pays représentés à la commission de ne pas permettre que cette commission soit utilisée pour légitimer l’agressivité anti-cubaine de l’administration Bush au moment où la politique belliciste de Washington rend prévisible une éventuelle escalade, aux très graves conséquences. Nous demandons en outre aux journalistes, écrivains, artistes, professeurs, maîtres et militants sociaux de s’adresser à ces gouvernements par toutes les voies possibles pour arrêter cette dangereuse manoeuvre.


Adolfo Pérez Esquivel, Argentina ; José Saramago, Portugal ; Nadine Gordimer, Sudáfrica ; Rigoberta Menchú, Guatemala ; Oscar Niemeyer, Brasil ; Augusto Roa Bastos, Paraguay ; Harry Belafonte, EEUU ; Mario Benedetti, Uruguay ; Danny Glover, EEUU ; Ernesto Cardenal, Nicaragua ; Pablo González Casanova, México ; Ignacio Ramonet, Francia ; Alice Walker, EEUU ; Danielle Miterrand, Francia ; Walter Salles, Brasil ; Jorge Enrique Adoum, Ecuador ; Eduardo Galeano, Uruguay ; Gianni Miná, Italia ; Belén Gopegui, España ; Adolfo Sánchez Vázquez, México ; Tariq Alà­, Pakistán ; Ramsey Clark, EEUU ; Luis Britto Garcà­a, Venezuela ; Leonardo Boff, Brasil ; Howard Zinn, EEUU ; Claudio Abbado, Italia ; Volodia Teitelboim, Chile ; David Viñas, Argentina ; Juan Bañuelos, México ; Julio Ortega, Perú ; Marà­a Rojo, México ; Atilio Borón, Argentina ; Emir Sader, Brasil ; Eric Toussaint, Bélgica ; Saul Landau, EEUU ; James Petras, EEUU ; Thiago de Mello, Brasil ; Frei Betto, Brasil ; Alfonso Sastre, España ; Fernando Pino Solanas, Argentina ; Joaquà­n Sabina, España ; Luis Eduardo Aute, España ; Claude Couffon, Francia ; Daniel Viglietti, Uruguay ; Sonia Silvestre, Rep. Dominicana ; Victor Victor, Rep. Dominicana ; Pilar del Rà­o, España ; Abelardo Castillo, Argentina ; Sylvia Iparraguirre, Argentina ; Luis Sepúlveda, Chile ; Mempo Giardinelli, Argentina ; Luciana Castellinna, Italia ; Keith Ellis, Canadá ; Heinz Dieterich, Alemania ; Theotonio dos Santos, Brasil ; James Cockcroft, EEUU ; Pascual Serrano, España ; Russell Banks, EEUU ; Danny Rivera, Puerto Rico ; Almudena Grandes, España ; Luis Garcà­a Montero, España ; Fernando Morais, Brasil ; Jorge Sanjinés, Bolivia ; Victor Heredia, Argentina ; James Early, EEUU ; Francisco Fernández Buey, España ; León Rozitchner, Argentina ; José Luis Sampedro, España ; Ramón Chao, España ; Manu Chao, Francia/España ; Itsván Mestzáros, Reino Unido ; Georges Labica, Francia ; Red Ronnie, Italia ; Piero Gleijeses, Italia ; Setsuko Ono, Japón ; Jorge Ruffinelli, Uruguay ; Jaime Labastida, México ; Ferreira Goulart, Brasil ; Jean Marie Binoche, Francia ; Santiago Garcà­a, Colombia ; Miguel Bonasso, Argentina ; Fernando Birri, Argentina ; Paulo Beni, Italia ; Gustavo Becerra-Schmidt, Chile ; Liliana Heker, Argentina ; Ann Sparanese, EEUU ; Roy Brown, Puerto Rico ; Paulo Lins, Brasil ; Tristán Bauer, Argentina ; Tato Pavlovsky, Argentina ; Alex Cox, Reino Unido ; Bill Fletcher, EEUU ; Eva Forest, España ; Constantino Bértolo, España ; Gilberto López y Rivas, México ; Manlio Argueta, El Salvador ; Anacristina Rossi, Costa Rica ; Ana de Skalon, Argentina ; Francesco Masselli, Italia ; Xavier Maqua, España ; Alessandra Riccio, Italia ; Marta Harnecker, Chile ; Carlo Frabetti, Italia/España ; Andrés Rivera, Argentina ; Michel Collon, Bélgica ; Vicente Battista, Argentina ; Andrés Sorel, España ; Alfonso Bauer ; Guatemala ; Margaret Randall, EEUU ; Hernando Calvo Ospina, Colombia ; Horacio A. López, Argentina ; René Vázquez Dà­az, Cuba/Suecia ; Gloria Berrocal, España ; Michael Lebowitz, Canadá ; José Steinsleger, Argentina/México ; Irene Amador, España ; Daniel Lorenzi, Italia ; Juan Madrid, España ; Paul Estrade, Francia ; Pedro Rivera, Panamá ; Isaac Rosa, España ; Manuel Fernández Cuesta, España ; Adolfo Colombres, Argentina ; Lola Canales, España ; Remy Herrera, Francia ; Marcos Roitman Rosenmann, España ; Raúl Pérez Torres, Ecuador ; Julio Rodrà­guez Puértolas, España ; Chiqui Vicioso, Rep. Dominicana ; Francisco Jarauta, España ; Juano Villafañe, Argentina ; Carlos Varea, España ; Patricia Dà­az Bialet, Argentina ; Miguel Hermoso, España ; Domenico Losurdo, Italia ; Jaime A. Shelley, México ; Alondra Badano, Panamá ; Sandra Mirna Soto Rodrà­guez, México ; Jorge Enrique Botero, Colombia ; Santiago Alba Rico, España ; Margarita Carrera Molina, Guatemala ; Luz Méndez de la Vega, Guatemala ; José Barnoya Garcà­a, Guatemala ; Arturo Fleitas, Uruguay ; Donatella Mestzáros, Reino Unido ; Fernando Butazzoni, Uruguay ; Yannick Bovy, Bélgica ; Higinio Polo, España ; Aram Aharonian, Uruguay/Venezuela ; Arturo Arias, Guatemala ; Miguel Rubio, Perú ; Carlos Fazio, México ; Hildebrando Pérez Grande, Perú ; Alberto Rodrà­guez Carucci, Venezuela ; Và­ctor Rà­os Vidal, España ; Manuel Cabieses, Chile ; Ana Marà­a Ramb, Argentina ; Sara Rosemberg, Argentina ; Fernando Garcà­a, Chile ; Lucà­a Ruà­z, Ecuador ; Iosu Perales Arretxe, Paà­s Vasco ; Jorge Boccanera, Argentina ; Alfonso Cervera, España ; Xesús Alonso Montero, España ; Alejandro Moreano, Ecuador ; Eduardo Belgrano Rawson, Argentina ; Marco Martos, Perú ; Lolo Rico, España ; Irene Vasco, Colombia ; Ana Esther Ceceña, México ; Iris M. Zavala, Puerto Rico ; Salim Lamrani, Francia ; Isidora Aguirre, Chile ; Raúl Vallejo, Ecuador ; Heloisa Buarque de Hollanda, Brasil ; Và­ctor Delfà­n, Perú ; Daniel Freidembarg, Argentina ; Jorge Riechmann, España ; Leopoldo Brizuela, Argentina ; Carlos Eduardo Satizábal, Colombia ; Néstor Kohan, Argentina ; Federico à lvarez, México ; Susana Cella, Argentina ; Patricia Ariza, Colombia ; Guillermo Saccomanno, Argentina ; Jane Franklin, EEUU ; Ricardo Capellano, Argentina ; Rodrigo Quesada Monge, Costa Rica ; Juan Carlos Martini, Argentina ; Isaà­as Peña, Colombia ; Graciela Araoz, Argentina ; à ngeles Maestro, España ; José Luis Mangieri, Argentina ; Jean-Pierre Page, Francia ; Eduardo Dalter, Alessandra Abbado, Italia ; Gabriela Garcà­a Cedro, Argentina ; Argentina ; Vito Giannoti, Italia ; Joan Tafalla, España ; Raúl Garcà­a Lima, Argentina ; Reinaldo Maia, Brasil ; Francisco José Pérez Esteban, España ; Luciano Alzaga, Argentina ; Tabajara Ruas, Brasil ; Raúl Garcà­a Luna, Argentina ; Ana Pizarro, Chile ; Cristina Xalma, España ; Juan Sasturain, Argentina ; Gabriel Bellomo, Argentina ; Arturo Taracena Arriola, Guatemala ; Mario Marino, Argentina ; Silvia Werthein, Argentina ; Juan Carlos Volnovich ; Argentina ; Coriún Aharonián, Uruguay ; José Antonio Rodriguez, República Dominicana ; Carlos Morales, Costa Rica ; Carlos Marà­a Alsina, Argentina ; Juan Carlos Junio, Argentina ; Diana Bellessi, Argentina.


Pays menbres de la 61° session de la commission des Droits de l’Homme à l’ONU :

EEUU, Alemania, Italia, Reino Unido, Paà­ses Bajos, Irlanda, Finlandia, Rumania, Rusia, Ucrania, Armenia, Hungrà­a, Argentina, Brasil, México, Paraguay, Ecuador, Costa Rica, Cuba, Guatemala, Perú, República Dominicana, Honduras, Canadá, Australia, China, Japón, Sri Lanka, Malasia, Pakistán, República de Corea, Arabia Saudita, India, Indonesia, Nepal, Bhután, Qatar, Sudáfrica, Swazilandia, Zimbabwe, Burkina Faso, Gabón, Guinea, Sudán, Togo, Kenya, Congo, Egipto, Eritrea, Etiopà­a, Nigeria, Mauritania

Signatures : cubadh@yahoo.es. et cubahr@hotmail.co.uk.

 Source : Rebellion http://rebelion.org/noticia.php?id=12405

 Traduction Gaston Lopez



ALLOCUTION PRONONCÉE PAR FELIPE PÉREZ ROQUE, MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES DE LA RÉPUBLIQUE DE CUBA, AU SEGMENT DE HAUT NIVEAU DE LA 61ème SESSION DE LA COMMISSION DES DROITS DE L’HOMME

Genève, le 16 Mars 2005

(Traduction de l’original en espagnol)


Excellences :

La Commission des droits de l’homme - malgré les efforts de ceux qui, comme
nous, croient honnêtement à son importance et se battent pour lui rendre l’
esprit de respect et de collaboration qui animait ses fondateurs - a perdu
toute légitimité. Elle n’est plus crédible. Elle permet l’impunité des
puissants. Elle est menottée. On y voit proliférer le mensonge, le deux
poids deux mesures, les discours creux de ceux qui, tout en jouissant de
leur opulence, tout en gaspillant et en polluant, regardent ailleurs et
feignent de ne pas voir comme on viole les droits de millions d’êtres
humains à la vie, leur droit à la paix, leur droit au développement, leur
droit à manger, à travailler, bref, leur droit de vivre dignement.

Nous savions tous que les travaux de la Commission des droits de l’homme
étaient manipulés politiquement, dans la mesure où le gouvernement des
Etats-Unis et ses alliés l’ont usée comme si c’était leur propriété privée,
l’ont convertie en une sorte d’Inquisition en vue de condamner les pays du
Sud, en particulier ceux qui s’opposent activement à leur stratégie de
domination néocoloniale.

Mais deux événements survenus l’an dernier ont modifié la nature du débat
que nous soutiendrons ces jours-ci.

Le premier a été le refus de l’Union européenne de parrainer et de voter
pour le projet de résolution qui proposait l’ouverture d’une enquête sur les
violations massives, flagrantes et systématiques des droits de l’homme - des
violations toujours actuelles - dont sont victimes les plus de cinq cents
prisonniers enfermés dans la base navale que les Etats-Unis occupent, contre
la volonté du peuple cubain, dans la baie de Guantánamo. L’Union européenne,
qui s’était opposée jusque-là aux motions de non-action, était même prête
cette fois-ci à en présenter une pour éviter que son allié ne fasse l’objet
d’une simple enquête. L’hypocrisie et la morale à double vitesse étaient à 
leur comble ! Que fera-t-elle cette année-ci après la divulgation des photos
de tortures horripilantes dans la prison d’Abou Ghraib ?

Le second a été la publication du rapport où le Groupe de personnalités de
haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, constitué à l’
initiative du Secrétaire général des Nations Unies, affirme catégoriquement
 : « La Commission ne peut pas être crédible si elle semble avoir deux poids,
deux mesures dans le traitement des questions touchant les droits de l’
homme. » Pouvons-nous dès lors espérer que les représentants des Etats-Unis
et leurs complices feront leur autocritique en séance plénière et s’
engageront à travailler avec nous - les pays du tiers monde - pour sauver la
Commission des droits de l’homme du discrédit et de la confrontation ?


Monsieur le Président,

Etre assuré de jouir des droits de l’homme de nos jours dépend de la sorte
de pays - développé ou pas développé - où l’on vit, ainsi que de la classe
sociale à laquelle on appartient. Voilà pourquoi il n’y aura pas de vraie
jouissance des droits de l’homme pour tous tant que nous ne conquerrons pas
la justice sociale dans les rapports entre les pays et au sein des pays
mêmes.

Un petit groupe de nations représentées ici - les Etats-Unis et d’autres
alliés développés - ont déjà conquis le droit à la paix. Elles seront
toujours les agresseurs, jamais les agressées. Leur paix repose sur leur
pouvoir militaire. Elles ont aussi conquis le développement économique,
fondé sur l’exploitation des richesses des autres pays pauvres, jadis
colonies, qui souffrent et se saignent à blanc pour qu’elles puissent
gaspiller. N’empêche que dans ces pays développés - et cela paraît
incroyable - les chômeurs, les émigrés, les pauvres ne jouissent pas des
mêmes droits que les riches.

Un pauvre peut-il être élu sénateur aux Etats-Unis ? Absolument pas. Une
campagne électorale coûte au bas mot huit millions de dollars. Les enfants
de riches vont-ils à la guerre injuste et illégale d’Iraq ? Pas du tout.
Aucun des mille cinq cents jeunes Nord-américains tombés dans cette guerre n
’était fils de millionnaire ou de ministre. Ce sont les pauvres qui meurent
là -bas, défendant les intérêts privilégiés d’une minorité.

Si vous vivez dans un pays sous-développé, alors votre situation est pire :
c’est que l’immense majorité de la population, parce que pauvre et démunie,
ne peut y exercer ses droits. Et le pays, comme pays, n’a pas non plus droit
à la paix. Il peut être attaqué sous l’accusation d’être « terroriste », ou
d’être « un réduit de la tyrannie », ou au prétexte qu’on va le « libérer ».
On le bombardera et on l’envahira pour le « libérer ».

Le tiers monde, soit plus de cent trente pays, n’a pas non plus droit au
développement. Aurait-il beau faire les plus grands efforts, le système
économique imposé au monde le lui en empêche. Il n’a pas accès aux marchés,
aux nouvelles techniques, il est menotté par une dette léonine qu’il a déjà 
payée plus d’une fois. Il n’a le droit qu’à la dépendance. On lui fait
croire que sa pauvreté est le fruit de ses erreurs. Et dans ce tiers monde,
les pauvres et les indigents, qui sont la majorité, n’ont même pas droit à 
la vie. Ce qui explique pourquoi onze millions d’enfants de moins de cinq
ans meurent tous les ans, alors qu’une partie pourrait se sauver rien que
par un simple vaccin ou par des sels réhydratants. Ce qui explique aussi
pourquoi six cent mille femmes pauvres meurent en couches. Les pauvres n’ont
pas le droit de lire et d’écrire. Ce serait trop dangereux pour les maîtres.
On les maintient ignorants pour les maintenir dociles. Voilà pourquoi l’
existence de presque un milliard d’analphabètes dans le monde devrait faire
rougir cette Commission. Ce qui explique pourquoi vingt millions de petits
Latino-américains travaillent tous les jours, victimes d’une cruelle
exploitation, au lieu d’aller à l’école.

Le peuple cubain croit avec ferveur à la liberté, à la démocratie et aux
droits de l’homme. Comme les atteindre lui a beaucoup coûté, il en connaît
le prix. Et puis, c’est un peuple au pouvoir. C’est là toute la différence.

Il ne peut y avoir de démocratie sans justice sociale. Il n’y a de liberté
possible que si elle repose sur le droit à l’éducation et à la culture. L’
ignorance est la lourde chaîne qui emprisonne les pauvres. Etre cultivé est
la seule manière d’être libre ! telle est la maxime sacrée que nous avons
appris, nous les Cubains, de celui qui nous a apporté l’indépendance.

Il ne saurait y avoir d’exercice réelle des droits de l’homme sans égalité
ni équité. Les pauvres et les riches n’auront jamais les mêmes droits dans
la vie réelle, ceux-ci auraient-ils beau être proclamés et reconnus noir sur
blanc !

C’est parce que nous l’avons compris depuis longtemps, nous les Cubains, que
nous édifions un pays différent. Et nous ne faisons que commencer. Et nous
le faisons malgré les agressions, le blocus, les attaques terroristes, les
mensonges et les plans visant à nous assassiner Fidel. Nous savons que tout
ceci irrite l’Empire. Nous sommes un exemple dangereux : nous sommes un
symbole du fait que seule une société juste et solidaire - autrement dit
socialiste - peut assurer l’exercice de tous les droits à tous les citoyens.

Voilà pourquoi le gouvernement des Etats-Unis tente de nous condamner ici à 
la Commission des droits de l’homme. Il craint notre exemple. Fort
militairement parlant, il est faible du point de vue moral. Et c’est la
morale, non les armes, qui est le bouclier des peuples.

Peut-être le président Bush dénichera-t-il cette année un gouvernement
latino-américain - même si les dociles se font de plus en plus rares - qui
présente la fameuse résolution contre Cuba. Ou alors devra-t-il se tourner
de nouveau vers un gouvernement d’Europe de l’Est, dans le style du
gouvernement tchèque qui jouit comme nul autre de sa condition de satellite
de Washington et de cheval de Troie dans l’Union européenne, ou alors sa
propre administration devra-t-elle s’en charger. En tout cas, pour l’
instant, elle fait du chantage, elle menace, elle compte les gouvernements
dont elle pourra disposer pour savoir si elle parviendra à condamner Cuba.

Tout le monde sait dans cette salle qu’il n’y a pas la moindre raison de
présenter une résolution contre Cuba à cette Commission. Cuba n’a jamais
connu en quarante-six ans de Révolution un seule exécution extrajudiciaire,
une seule disparition forcée. Pas une seule ! Que quelqu’un cite le nom d’
une seule mère cubaine cherchant encore les restes de son enfant assassiné !
Ou celui d’une grand-mère cherchant son petit-fils donné à une autre famille
après l’assassinat de ses parents ! Que quelqu’un cite ici le nom d’un seul
journaliste assassiné à Cuba (et j’ose rappeler que vingt l’ont été en
Amérique latine seulement l’an dernier) ! Que quelqu’un cite le nom d’une
personne torturée ! Un seul nom ! Que quelqu’un cite le nom d’un prisonnier
torturé par ses gardiens, d’un prisonnier à genoux et terrorisé devant un
chien entraîné à tuer !


Excellences

Le président Bush a un plan pour Cuba. Mais nous en avons un autre, nous les
Cubains. Nous connaissons parfaitement notre cap. Et personne ne nous en
fera dévier. Nous édifierons une société encore plus juste, encore plus
démocratique, encore plus libre, encore plus cultivée. Bref, encore plus
socialiste.

Et nous le ferons, le président Bush aurait-il beau nous menacer d’
agression, nous menacer de ramener Cuba à la condition de colonie, d’enlever
aux Cubains leurs maisons, leurs terres et leurs écoles pour les rendre aux
anciens propriétaires batistiens qui rentreraient des Etats-Unis. Nous le
ferons, malgré son plan de privatiser la santé et de convertir nos médecins
en chômeurs ; nous le ferons malgré le plan de Bush de privatiser l’
éducation et de ne la rendre accessible qu’aux élites, comme par le passé ;
nous le ferons malgré le plan de Bush de brader nos richesses et le
patrimoine de tout un peuple aux transnationales étasuniennes ; nous le
ferons, malgré le plan de Bush d’enlever leurs allocations à nos retraités
et à nos pensionnés pour les obliger à retourner au travail, selon le Plan d
’aide à Cuba libre qui prévoit tout ça.

Le peuple cubain a le droit de se défendre de l’agression et il le fera. Et
je dois le dire sans ambages : nous ne permettrons pas la formation à Cuba d
’organisations et de partis de mercenaires financés par le gouvernement des
Etats-Unis et à sa solde ! Nous ne permettrons pas des journaux et des
chaînes de télévision financés par le gouvernement des Etats-Unis en vue de
prôner parmi nous ses politiques de blocus et ses mensonges ! A Cuba, la
presse, la radio et la télévision sont propriété du peuple dont ils servent
et serviront les intérêts.

Nous ne coopérerons pas avec la représentante personnelle du
Haut-commissaire dont le mandat découle d’une résolution nulle et non
avenue. Pourquoi ne nomme-t-on une juriste si prestigieuse Représentante
spéciale du Haut-commissaire pour la base navale de Guantánamo ? Pourquoi ne
lui demande-t-on pas d’enquêter sur les violations flagrantes des droits des
cinq Cubains, courageux et désintéressés, incarcérés aux Etats-Unis et de
leurs familles ? Tout simplement parce que c’est impossible. Parce qu’il s’
agit de violations des droits de l’homme commises par les Etats-Unis et que
ces messieurs sont intouchables ! Sur la petite île de Cuba, on tire à 
boulets rouges ; face aux Etats-Unis, on se tait.

Mais Cuba ne se lassera pas de lutter, Excellences. Et elle ne se rendra
pas. Pas plus qu’elle ne fera de concessions ni ne trahira ses idéaux.

Et on verra bien si on peut vaincre un peuple libre, cultivé et uni ! On
verra bien si on peut renverser un gouvernement du peuple, dont les
dirigeants marchent sans crainte au milieu de la population, forts de l’
autorité morale que leur donnent leur absence totale de corruption et leur
dévouement total à leurs devoirs !

On verra si on peut berner tout le monde tout le temps !


Excellences,

La Commission des droits de l’homme qui nous convoque aujourd’hui reflète le
monde injuste et inégal où nous vivons. Il ne reste plus rien de l’esprit
fraternel et respectueux qui avait inspiré ses fondateurs après la victoire
sur le fascisme.

La délégation cubaine n’insistera donc pas sur la transformation de la
Commission. Ce qu’il nous faut transformer, c’est le monde. Ce qu’il faut, c
’est aller à la racine. Une Commission des droits de l’homme exempte de
sélectivité, de politisation, de deux poids deux mesures, de chantages et d’
hypocrisie ne sera possible que dans un monde différent.

Cuba ne voit pas là une chimère, mais une cause pour laquelle il vaut la
peine de se battre. C’est pour cela qu’elle se bat et continuera de se
battre.

Je vous remercie.

Felipe Perez Roque



PETITION EN LIGNE

De Danielle Mitterand à Manu Chao en passant par Ignacio Ramonet. De
Claudio Abbado à James Petras en passant par José Saramago. 200
intellectuels mondialement respectés viennent d’appeler à arrêter les
manoeuvres hypocrites des États-Unis à la Commission des Droits de l’Homme
qui forcent certains pays à condamner Cuba pour détourner l’attention de
leurs propres crimes, notamment la torture systématique de centaines de
"prisonniers" et du meurtre de plus de 100 000 irakiens. J’ai mis en place
une pétition en ligne que je vous invite tous à signer et à faire signer
rapidement (malheureusement l’interface n’est disponible qu’en anglais mais
la pétition est en français). A peine lancée, et malgré la censure des
agences de presse bien pensantes, cette pétition est en train de ramasser
des milliers de signatures à travers la planète. Joignez ce mouvement et
faites y participer vos amis. *PLR !

www.petitiononline.com/CDHCUBA/petition.html


 Transmis par : Cuba Solidarity Project

"Lorsque les Etats-Unis sont venus chercher Cuba,
nous n’avons rien dit, nous n’étions pas Cubains."

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Gore Vidal

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