Amazon veut recruter 2500 personnes pour la période de Noël. De quoi ravir le gouvernement en perdition face à un chômage galopant et des Français de plus en plus mécontents. Mais sur le papier seulement. Dans les entrepôts confidentiels du géant étasunien de la distribution en ligne, ces emplois sentent le soufre.
L’usage des technologies de l’information et de la communication (TIC) imprègne désormais le monde de l’entreprise. Les méthodes de travail ont été remodelées, les bonnes pratiques du management redéfinies. Les impacts sur les conditions de travail sont tangibles, et parfois pas pour le meilleur. À tel point que l’INRS a mis en place une démarche de veille dans le but d’évaluer le rôle potentiel des TIC en matière de santé au travail.
« Les utilisateurs sont globalement insuffisamment formés sur les matériels et logiciels qu’ils utilisent, et les évolutions du système d’information des entreprises ne prennent pas suffisamment en compte leurs contraintes et leurs besoins. Alors que le numérique va continuer à se diffuser dans les entreprises, il paraît essentiel aujourd’hui que toute l’importance du facteur humain soit prise en compte dans ce changement. Si ce n’est pas le cas, le numérique sera un facteur aggravant de risques psychosociaux et il n’aboutira pas aux gains de productivité espérés », prédit Daniel Ratier, Responsable des questions des technologies de l’information et de la communication au Ministère du Travail.
Les TIC contribuent en effet à intensifier le travail : accélération des cadences via l’instauration d’activités multitâche à laquelle s’ajoute la prééminence du court terme. En outre, ces technologies, via la possibilité de renforcer le contrôle numérique des salariés, de les tracer, renforcent le lien de subordination employeur/salarié. Des pratiques rendues possibles par le manque d’encadrement des TIC et de la manière de les utiliser et qui vont dans certains cas clairement à l’encontre du droit des salariés. Amazon en est l’édifiant exemple.
Chez Amazon, « le livret des intérimaires stipule bien qu’il est interdit de parler à sa propre famille de son travail. ». Et pour cause. Pour connaître la réalité de ce qui se passait dans les entrepôts gigantesques du géant étasunien de la distribution en ligne, il a fallu des témoignages de la part d’employés et l’infiltration d’un journaliste.
« Tout a une réalité physique doublée d’une existence informatique. Les managers qui sont derrière leur ordinateur savent en temps réel, grâce à ces outils, où se trouve un livre, sur quel chariot il a été enregistré, quel intérimaire pousse le chariot, où il se déplace dans l’entrepôt, à quelle heure il s’est mis au travail en scannant son code-barres personnel, quelle a été la durée exacte de sa pause, et combien d’articles il “picke” (collecte) par heure. Cette productivité personnalisée est évaluée en permanence, et des managers viennent trouver individuellement chaque pickeur pour lui donner sa performance et le conseiller si celle-ci n’est pas satisfaisante », raconte Amélie interrogée par Libération.
« Aux outils de surveillance, il faut ajouter des centaines de caméras, des agents de sécurité qui arpentent les allées toute la journée, et qui peuvent fouiller les salariés au détecteur de métal à la sortie de l’entrepôt. Enfin, plus diffus, la peur de la délation et le fantasme d’une surveillance sans limites comptent pour beaucoup dans la docilité générale », assène-t-elle.
En mai 2013, Jean-Baptiste Malet publiait En Amazonie : Infiltré dans le “meilleur des mondes" [Fayard, en vente sur Amazon … LGS]. Là aussi, après avoir postulé et réussi à intégrer la file des pickeurs, il rend compte du minutage du temps de travail et des courtes pauses, des fouilles, du calcul de son rendement à l’aide d’un système de gestion informatisé, mais aussi de la manière dont la culture d’entreprise diffuse son emprise bien au-delà de la sphère professionnelle.
Plus récemment, c’est Free, pourtant distingué par l’Institut Great Place to Work en mars 2013, qui tenterait d’étouffer les revendications qui émergent en son sein. Tout a commencé début avril 2012, quand une dizaine de salariés de Free distribution ont fait remonter de manière anonyme « des problèmes de gestion de personnel, de conditions de travail, de rémunération et de primes variables ».
Fin août, presque tous les conseillers du Free Center de Paris décidaient de mener une action en bonne et due forme afin de dénoncer « des conditions de travail déplorables avec non respect des préconisations de la médecine du travail », « un sous-effectif chronique dans de nombreuses boutiques de France » et un système de primes « qui ne prend pas en compte l’ensemble des tâches effectuées par les conseillers ».
Chez Amazon, le syndicalisme s’organise. Cinq syndicats, venus de 5 pays se sont concertés fin juin 2014 à Berlin pour coordonner leur action. Chez Free, si les premières contestations s’élèvent, elles restent localisées. Il y a fort à parier que la résistance se structure rapidement afin d’éviter l’avènement d’une forme nouvelle de stakhanovisme dans des cellules professionnelles hautement surveillées.
Viktor
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