L’annonce, hier samedi, de la Corée du nord qu’elle est pratiquement « en état de guerre » contre Séoul est un fait dangereux, un développement fort embarrassant de la situation dans la péninsule coréenne où les deux capitales restent assises depuis les années 1950 sur une guerre potentielle.
Techniquement, le Nord n’a pas entamé les préparatifs traditionnels pour entrer effectivement en guerre contre la Corée du Sud. Dans les faits, cela en a les grandes tendances. « A partir de maintenant, toutes les questions entre les deux Corée seront traitées selon un protocole de temps de guerre », selon un communiqué de la Corée du Nord. « La situation prévalant de longue date selon laquelle la péninsule coréenne n’est ni en guerre ni en paix est terminée », précise le même communiqué. Pour donner plus de poids à sa « déclaration de guerre », Pyongyang avait déjà coupé mercredi la ligne d’urgence avec le Sud, une ligne également appelée par les spécialistes de la guerre froide « téléphone rouge ».
La brusque détérioration du climat entre les deux Corée est intervenue en fait à la suite des sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord qui avait effectué des essais militaires nucléaires, qui lui ont été interdits par la communauté internationale. Un autre incident avec la Corée du Sud, qui a organisé des manoeuvres militaires conjointes avec les Etats-Unis a fini par indisposer les dirigeants nord-coréens, qui y ont perçu une volonté du Sud et de ses « alliés » occidentaux, dont les Etatsuniens, d’attenter à la sécurité et la dignité du peuple coréen. Suffisant donc pour provoquer une énième crise politique, doublée d’une menace, réelle ou tactique, de guerre contre le Sud. La rupture du téléphone rouge par Pyongyang n’est pas, cependant, interprétée comme un geste vraiment belliqueux de la Corée du Nord, puisqu’elle a à plusieurs reprises coupé toutes communications avec le Sud et le reste du monde, sauf avec les Etats-Unis.
Mais, cette « énième menace » du régime du Nord inquiète les Etats-Unis et mobilise la Russie qui a appelé au calme. Séoul minimise en fait la portée de cette menace d’un conflit armé imminent entre les deux Etats. En réalité, le Nord et le Sud de la péninsule coréenne sont toujours en guerre depuis....1953. Car le conflit qui les a opposés de 1950 à 1953 a été réglé seulement par un armistice et non par un traité de paix. « Ce n’est pas vraiment une nouvelle menace - seulement un élément dans une série de menaces et de provocations », estiment des dirigeants de la Corée du Sud, selon laquelle aucun mouvement de troupe particulier n’avait été observé près des frontières. Ce n’est pas l’avis, en tout cas, de Moscou qui a appelé les parties du conflit à « faire preuve d’une responsabilité et d’une retenue maximales ».
Moscou, proche de la Corée du Nord, tout comme la Chine qui est restée jusque là assez neutre dans ce conflit, est en tout cas alarmé par le nouveau ton employé par les dirigeants du Nord. La Russie a en effet indiqué samedi qu’elle s’attend à ce que « personne ne franchisse le point de non-retour ».