Ralliant certes toutes les forces néo-versaillaises, voire néo-vichystes de France par sa politique antisociale, antinationale et liberticide, mais honni par le monde du travail et par tous les citoyens qui gardent au cœur l’idéal républicain, Macron entreprend de se poser en chef de file continental des euro-fédéralistes ; c’est-à-dire en particulier de tous ceux qui, dans l’Hexagone et ailleurs, veulent enterrer l’idéal d’une République française sociale et indépendante pour mettre en place ce que Bruno Le Maire n’a pas honte d’appeler cyniquement l’ « empire » européen. Court-circuitant l’électorat français pour s’adresser directement aux élites européennes nanties que privilégie l’UE, Macron ne se contente plus dans sa récente encyclique européenne...
de prôner la « défense européenne », le « gouvernement de la zone euro », la « souveraineté européenne » (en violant la constitution qui parle de « souveraineté de la nation ») ;
ni de détruire la SNCF, l’EDF, le Code du travail, le lycée à la française, etc. en appliquant servilement les euro-directives ;
ni de s’apprêter à liquider le statut de la Fonction publique et les retraites par répartition hérités du CNR pour instituer des systèmes régressifs de type anglo-saxon,
ni de privilégier à toute occasion l’anglo-américain aux dépens de la langue française,
ni de substituer l’euro-régionalisation de la France aux communes et aux départements républicains ;
... se rêvant sans doute dans la peau du premier président de l’Empire européen fédéral, Macron prône directement un SMIG et une Sécu européens qui, dans le cadre de l’harmonisation par le bas qui a toujours caractérisé l’UE, n’apporterait que d’énormes régressions supplémentaires aux travailleurs de France.
Quant au projet macronien de « révision des traités européens », il est soit cosmétique (pas question bien entendu de toucher à la définition néolibérale totalitaire qui fait de l’UE « une économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée », ni au « partenariat stratégique UE/OTAN » qui pousse à l’augmentation exponentielle des dépenses militaires et à la confrontation suicidaire avec la Russie !), soit carrément fascisant puisque, sous couvert de combattre les fake news (ces gens ne savent plus dire « fausses nouvelles »), Macron voudrait instaurer une police européenne du « politiquement correct » bâillonnant toute contestation populaire sur l’internet.
Pour combattre ce personnage malfaisant et pré-totalitaire, on ne peut compter sur le parti lepéniste dont la politique xénophobe, fascisante et antisyndicale se double d’une capitulation totale sur le Frexit et la sortie de l’euro. On ne peut miser davantage sur les LR, plus réactionnaires, anti-chômeurs, anti-fonctionnaires, anti-syndicalistes, cléricaux, euro-atlantiques et pro-MEDEF que jamais derrière leur verbiage pseudo-patriotique. Ne parlons pas d’Europe-Ecologie, dont la tête de liste a depuis longtemps largué les amarres avec la gauche, fût-elle réformiste, et se comporte en adversaire avéré de la République une et indivisible en surenchérissant sur ce qui subsiste du PS maastrichtien. Tombée tête baissée, hélas, dans le piège institutionnel des européennes, et de ce fait plus soucieuse de courtiser les couches moyennes supérieures qu’attire le scrutin européen (plus pour des raisons d’image de soi illusoires que par intérêt bien compris...), la France insoumise tient sur l’UE un discours fade et inaudible aux classes populaires en proposant de « changer les traités européens » dans un sens progressiste alors qu’ils ne peuvent être modifiés qu’à l’unanimité des gouvernements européens plus ou moins fascisants (Autriche, Hongrie, Pologne, Italie, Etats baltes, etc.), hégémoniques (RFA) ou policiers (voir comment l’Espagne incarcère les élus catalans !). Plus on approche du 26 mai et plus la sympathique mais peu offensive tête de liste de la FI se tait sur l’idée (déjà bien insuffisante en elle-même) d’un « plan B », car la logique même de cette élection supranationale impose aux candidats de ménager la sacro-sainte « idée européenne »... Ne parlons pas de Ian Brossat dont – à supposer que la tête de liste du PCF-PGE ne fusionne pas chemin faisant avec la liste social-européiste de Hamon –, ne cesse de montrer patte rose en dénigrant le président Maduro (que Brossat contribue à délégitimer en appelant l’ONU à régler la question vénézuélienne !), à attaquer le Brexit et le Frexit progressiste... tout en gérant le futur « Grand Paris » dans les pas de la très maastrichtienne Anne Hidalgo...
Dans ces conditions, seule reste en lice la proposition franchement communiste et 100% anti-UE du PRCF : l’abstention militante et citoyenne aux européennes pour délégitimer radicalement l’assujettissement de notre pays à une UE qui strangule les acquis sociaux, les services publics, le « produire en France » et la souveraineté de notre pays. Qu’il est illogique comme le fait l’UPR, de délégitimer l’UE tout en cautionnant cette élection supranationale et en validant son « parlement » postiche (voter à une élection, c’est reconnaître son résultat, comme participer à un match c’est accepter son résultat) tout en se disant pro-Frexit ! De la sorte, ne candidate aux européennes, en France, aucune liste tant soit peu significative et représentative d’une véritable Gauche patriotique et populaire (1). Par conséquent, une majorité écrasante d’électeurs populaires fera bien d’émettre une GREVE DU VOTE MASSIVE et CONSCIENTE le 26 mai. Moins il y aura d’électeurs populaires le 26 mai, plus Macron sera délégitimé dans le pays, plus l’UE, cette prison des peuples, plus l’euro, cette austérité continentale faite monnaie, seront invalidés et politiquement fragilisés pour le plus grand bien des luttes sociales, démocratiques, pacifiques et écologistes à venir !
En réalité, les ouvriers, les employés, les agents du service public, les pensionnés, les travailleurs privés d’emploi, la jeunesse précarisée, les petits entrepreneurs, les petits et moyens agriculteurs, ont à leur disposition un outil politique de choc pour délégitimer Macron et exiger la démission de ce personnage méprisant. En émettant un refus de vote massif, les électeurs populaires, et notamment ceux du Non bafoué et violé de 2005 à la constitution européenne, feront d’une pierre deux coups comme les y invitent déjà des figures des Gilets jaunes : en agissant de la sorte, ils boycotteront et ridiculiseront du même coup le référendum bidon que Macron compte sans doute organiser le 26 mai sur la base des pseudo-questions qu’il a aura tirées d’avance à son « grand débat » bidon : ce moyen, c’est de MILITER franchement, POLITIQUEMENT, civiquement le 26 mai avec l’appui du PRCF. Car les élections ordinaires sont une occasion d’exprimer, de manière si déformée que ce soit dans un cadre bourgeois, l’intervention populaire ; alors que ces élections supranationales visent à destituer les peuples de leur souveraineté en validant le « saut fédéral européen » que promeuvent de concert Merkel et Macron pour forclore le retour aux souverainetés nationales et le danger qu’elles peuvent représenter pour le système capitaliste (comme disait Jaurès, « la souveraineté nationale est le socle de l’émancipation sociale »...).
Ne nous laissons pas enfumer par les euro-baratineurs de la vraie droite, du macronisme éborgneur et de la gauche euro-établie. Les combatifs Gilets jaunes et le syndicalisme de lutte qui crient « Macron démission ! » et qui s’ouvrent de plus en plus sensibles à l’idée du Frexit progressiste, nous indiquent le chemin : pas celui du « dialogue social » bidon avec Macron-MEDEF et le jaune sans gilet Laurent Berger, pas celui de la mensongère « Europe sociale » qu’interdisent et verrouillent les traités supranationaux, pas celui des places grassement rétribuées des euro-parlementaires faussement « critiques », mais celui du tous ensemble en même temps dans les luttes en France et, pourquoi pas, à l’échelle du continent.
Déclaration du secrétariat national du PRCF – 7 mars 2019
(1) Alors que c’est le cas dans quelques pays où existent de vrais partis communistes de masse, Portugal, Grèce, etc.
Georges Gastaud, Fadi Kassem, Antoine Manessis