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Non à l’Etat d’Urgence ! l’appel de Léon Landini, résistant FTP MOI, président du PRCF

Après la tragédie qui vient de se dérouler à Nice, le texte ci-dessous écrit il y a une vingtaine de jours, apparaît comme prémonitoire.

L’état d’urgence ne sert strictement à rien s’il s’agit de combattre les attentats, mais il ne sera utilisé que pour fliquer les manifestants de la CGT.

En effet, dans le texte ci-dessus j’indiquais que quelles que soient les précautions prises il était impossible d’empêcher des individus fermement décidés d’accomplir des attentats et d’effectuer leurs crimes. Toutefois, le carnage de Nice soulève, lui, beaucoup de problèmes qui ne paraissent pas être identiques aux attentats précédents.

Comment est-il possible qu’un gros poids lourd ait pu pénétrer sur la promenade des Anglais, alors que logiquement, tenant compte de la foule importante qui se trouvait à ce moment-là en ce lieu, tous les accès donnant sur cette promenade auraient dû être sérieusement fermés à tout véhicule ? Pourquoi a-t-on laissé passer ce camion ?

Comment est-il possible qu’un camion, non seulement ait pu pénétrer, mais qu’il ait pu rouler pendant deux kilomètres, en écrasant des centaines de personnes sans qu’il ne soit intercepté ? Où se trouvait alors la police ? Était-elle là ? Que faisait-elle ?

Pourtant, lorsqu’ont eu lieu dans nos villes des manifestations contre la loi travail, il y avait parfois presque autant de policiers que de manifestants, les rues étaient barrées, les stations de métros fermées, ceux qui se présentaient pour aller manifester étaient fouillés au corps, même le secrétaire général de la CGT a dû subir cette humiliation ! Ce qui est proprement scandaleux.

Là, la police ne manquait pas, il y en avait à foison, alors que l’on veuille bien nous expliquer comment cet épouvantable massacre a pu avoir lieu sans qu’il y ait eu dès le début une intervention immédiate de la police, car en aucun cas ce camion n’aurait jamais dû pouvoir pénétrer sur la promenade des Anglais.

A Nice, il n’est pas possible que toutes les dispositions indispensables ont été prises afin d’éviter un tel carnage.

Depuis des mois nos gouvernants nous rabâchent sur tous nos médias que nous sommes en état de guerre. Mais de quelle guerre veulent-ils parler ?

La peur diffusée à longueur de journée n’est-elle pas spécialement utilisée afin d’effrayer la population, permettant ainsi, comme je l’ai déjà écrit, de mettre en place des lois antidémocratiques que dans d’autres circonstances notre peuple n’aurait jamais accepté.

Pour confirmer mes dires, à peine ce massacre était-il connu, que l’on nous annonçait déjà que « l’état d’urgence » allait être prolongé. Est-ce qu’il avait déjà servi à quelque chose jusque-là ? Oui ! Mais pour poser beaucoup de problèmes à toutes celles et à tous ceux qui voulaient manifester contre la Loi Travail.

Par ailleurs, cette façon de relater cet évènement donne un sentiment de racisme écœurant en mettant sans cesse en évidence l’origine musulmane, de ce fou qui est français, mais d’origine nord-africaine et en laissant croire « que tous ces gens-là » ne sont pas comme nous.

Cela a déjà fait son effet, il n’y a qu’à écouter l’extrême-droite et les Le Pen crier au loup, comme si tous les arabes étaient des terroristes en puissance.

Mais les Français ne se laisseront pas prendre facilement à cette comédie, la preuve, aujourd’hui même Valls et Estrosi se sont fait huer à Nice par la foule venue se recueillir sur les lieux même de ce carnage, afin de manifester à ces « Messieurs » leur mécontentement.

Léon Landini, président du PRCF, résistant FTP MOI – Bagneux 18 juillet 2016

Non à l’Etat d’Urgence !

par Léon Landini

Essayer de faire croire au peuple français que la prolongation de la période d’état d’urgence est nécessaire et a pour but d’empêcher les attentats contre notre pays, relève de la tromperie et de la malhonnêteté.

Le but réel de l’Etat d’urgence n’est pas de protéger la population contre les attentats, car cela est pratiquement impossible comme je vais le démontrer ci-dessous.

L’état d’urgence permet surtout d’interdire certaines manifestations et de pouvoir poursuivre en toute légalité les responsables syndicaux ou autres personnes qui s’opposeraient à la politique de misère que notre gouvernement nous impose et qu’il désire encore plus durement nous imposer. (Il n’y a qu’à voir la situation en Grèce).

Vous trouverez ci-dessous les raisons pour lesquelles je suis totalement opposé à l’état d’urgence.

Pour avoir pendant de longs mois pratiqué avec les FTP-MOI de la région Rhône-Alpes, la guérilla urbaine, je peux vous assurer que les précautions prises par nos gouvernants pour empêcher des attentats, relèvent du ridicule, surtout si on les compare à celles que les nazis imposaient à notre pays pendant l’occupation.

La chasse forcenée menée contre la résistance par les Allemands a prouvé que rien ne peut empêcher des hommes bien décidés à effectuer des attaques lorsqu’ils les ont programmés.

Pendant l’occupation les soldats allemands qui n’avaient que leur peau à défendre, se moquaient éperdument que des civils soient en danger, leur seule préoccupation était de prendre toutes les mesures nécessaires afin de protéger la vie de leurs soldats.

Peu leur importait le nombre de civils tués, ils se chargeaient d’ailleurs eux même d’en abattre un grand nombre.

A Lyon, entre le 14 juillet et le 20 août 1944, 450 personnes ont été exécutées et ensevelies dans des fosses communes.

Uniquement le 20 août 1944, à la prison du Fort-Montluc à Lyon où j’étais interné, les S.S emportèrent 120 prisonniers pris au hasard, qu’ils massacrèrent à Saint-Genis-Laval.

Des arrestations étaient effectuées sans aucune raison valable. Par le seul fait qu’un malheureux, lors d’une rafle se soit trouvé au mauvais endroit et au mauvais moment, il était embarqué et il était rare qu’il s’en sorte indemne.

Les nazis pour se protéger des Résistants prenaient mille précautions. Rafles surprises dans les rues avec contrôles rigoureux de chaque passant. Contrôles à la sorties des gares ou des trams en vérifiant minutieusement les papiers de chaque voyageur en les fouillant de la tête aux pieds. Il n’était pas question de sortir une valise d’une gare, sans que celle-ci ne soit vidée par terre.

Ils organisaient à l’improviste le quadrillage et le contrôle de tout un quartier et je vous assure que les contrôles étaient très rigoureux, au moindre soupçon le suspect prenait la direction de la Gestapo, de laquelle coupable ou non il avait peu de chances de s’en sortir. Si un individu essayait de s’enfuir il était immédiatement abattu. 100.000 francs et l’anonymat (ce qui représentait la valeur d’un petit pavillon) étaient offerts à celui ou à celle qui dénoncerait et ferait arrêter un « terroriste ».

Malgré toutes les méthodes utilisées, toutes les précautions aussi draconiennes soient-elles étaient vaines, La preuve, nous les attaquions quasi quotidiennement.

Pour se protéger, ils installaient des barbelés et des sacs de sable, devant les bâtiments importants, même autour de leurs maisons closes, ce qui n’empêchait pas que nous arrivions à leur envoyer des grenades à l’intérieur de leur « bordel ».

Après avoir combattu sur le front soviétique la France devait être pour les soldats allemands une récompense, car ils étaient convaincus d’y trouver un lieu de réconfort et de repos. Mais avec surprise ils découvrirent qu’avec la Résistance, la France était pour eux un pays en guerre où il leur était difficile et dangereux de vivre et de se déplacer, surtout dans nos villes.

D’ailleurs, qu’ils se déplacent seuls ou en groupe, leur parcours en ville devenait chaque jour de plus en plus périlleux. Ils avaient beau prendre mille précautions avant de s’aventurer hors de leur caserne, nous les attaquions tout de même.

S’ils sortaient en colonne, pour se protéger ils prenaient la peine d’installer des avant-gardes et des arrière-gardes afin de prévoir toute attaque, cela ne changeait rien et nous leur avons porté de multiples coups très durs en pleine ville.

Des dizaines de milliers de soldats allemands, aidés dans leur tâche par des Gardes Mobiles, par la police française, par des miliciens et par des civils réquisitionnés pour surveiller les voies ferrées, ne nous empêchaient nullement d’effectuer des attaques ainsi que de nombreux déraillements.

« Avec ou sans plan d’urgence » nous nous attaquions aussi bien à l’armée qu’à tout ce qui pouvait servir à l’occupant.

Voici quelques exemples des opérations menées, qui démontrent que malgré les précautions prises, ils étaient incapables de nous empêcher d’agir.

Au cours des deux ans qu’a duré l’occupation de la Zone Sud, uniquement les FTP-MOI de la région Rhône-Alpes ont effectué environ 600 opérations militaires contre “les boches” dont quelques-unes étaient particulièrement importantes.

En voici quelques exemples :

A Lyon, le 3 novembre 1943, au Fort Montessuy, (à proximité du lieu où fut arrêté Jean Moulin que nous voulions venger), nous avons attaqué une colonne d’une soixantaine de soldats allemands qui revenaient de l’entrainement. Il y eu une grande quantité de tués et ceux qui n’étaient pas morts étaient tous très gravement atteints.
Le 31 janvier 1944, à Grenoble, attaque d’une colonne d’environ 150 Allemands qui défilaient. Peu, très peu s’en sont sortis indemnes. Cette opération a été si importante qu’après la Libération, le Ministre des Anciens Combattants est venu spécialement en hélicoptère de Paris, pour découvrir une plaque que nous avions fait apposer sur place afin de rappeler et de mémoriser cette action.Probablement une des plus importantes effectuées en France en plein centre-ville.
Le 13 juin 1944, attaque d’une colonne de camions pleins de parachutistes allemands qui se rendaient à l’aéroport de Bron pour s’entrainer. Chaque camion avait un fusil mitrailleur sur le toit et les soldats penchés aux ridelles avaient tous leurs armes à la main, cela ne nous a pas empêchés d’attaquer à la grenade le premier camion qui arrivait et nous avons fait une trentaine de morts ou de blessés graves.
Quasi quotidiennement, les militaires qui se déplaçaient à pied étaient abattus, au point que dans les derniers mois qui précédèrent la libération, certains se déplaçaient le révolver à la main.
En ce qui concerne les voies ferrées, nous avons effectué une centaine de déraillements officiellement homologués. En outre les attaques contre les dépôts de locomotives nous ont permis d’en détruire un grand nombre. Voici deux exemples :
Le 1er novembre 1943, dix locomotives détruites au dépôt de Vénissieux.
Le 22 novembre 1943, trente locomotives et un compresseur détruits au dépôt de Grigny.
99 usines travaillant pour les Allemands ont été partiellement ou entièrement détruites.
Le 11 mai 1943, L’usine Fibres et Mica, rue Frédéric Faye à Villeurbanne produisant du matériel pour l’aviation allemande a été entièrement détruite.
Le 27 janvier 1944 les usines Bronzavia produisant des moteurs d’avions pour les Allemands. 46 moteurs déjà emballés et prêts à partir, plus un prototype ont été entièrement détruits. Le bureau d’étude où travaillaient de concert des ingénieurs français et allemands fut incendié, l’usine resta à l’arrêt complet pendant plusieurs jours.
Le 30 avril 1944, Attaque de l’usine Coignet. La plus importante usine de produits chimiques de la région lyonnaise, elle aussi travaillait exclusivement pour les Allemands. Les incendies que nous avons provoqués, obligèrent l’usine à ne plus rien produire pendant 5 mois.
Nous avons attaqué plusieurs garages dans lesquels étaient parqués des véhicules allemands nous avons détruit des centaines de véhicules.
Le 30 mai 1944 garage Rachais, une trentaine de véhicules appartenant à l’armée allemande détruits.
Le 16 juin 1944 garage Eclair, 70 quai Perrache à Lyon plus de 32 gros poids lourds allemands détruits.
Le même jour : un autre groupe a détruit une trentaine de véhicules allemands au garage Veyet. 82, rue de la Part-Dieu à Lyon et je le répète ce ne sont là que quelques exemples sur les centaines d’attaques qui ont été effectuées par les FTP-MOI de la Région Rhône-Alpes.

Lorsqu’on compare les méthodes utilisées par les Allemands pour empêcher toute opération militaire contre eux et celles pratiquées actuellement par le plan d’urgence, combien peuvent paraitre ridicules ces méthodes, comme ces jeunes gars fouillant dans le sac des vieilles personnes se rendant au super marché, et je me demande également à quoi peuvent bien servir les quelques militaires qui se promènent dans l’aéroport ou dans les gares. Pourraient-il prévenir ou empêcher une attaque ?

Nos gouvernants qui ne peuvent pas ignorer cette page de l’histoire contemporaine de notre pays, ont en tête bien autre chose que le souci de protéger les Français.

A partir de ces explications le plan d’urgence n’apparaît plus, que comme un épouvantail, destiné à faire peur à la foule ce qui permet à nos gouvernants de mettre en place des méthodes antipopulaires, telles que je les ai définies au début de ce texte.

Toutefois s’il est vrai que dans le contexte présent, il faut prendre des précautions pour protéger notre population, il nous faut aussi comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là. Voici quelques très sommaires explications :

Pour comprendre les raisons pour lesquelles des hommes ayant perdu toutes notions d’humanité en sont arrivés à commettre des attentats et des crimes aussi odieux à notre encontre, il nous faut revenir quelques années en arrière lorsque les occidentaux ont commencé à semer la haine et la rage dans certaines régions.

Cela a commencé en Afghanistan en 2001 avec les Etats-Unis, qui après avoir entraîné et armé à outrance les Moudjahidines qui se battaient contre les soviétiques, décidèrent, avec la participation d’autres nations occidentales. (Le Royaume-Uni, la France, le Canada, l’Arabie saoudite .....) d’envahir ce pays afin disaient-ils, d’y apporter la paix et le bien-être. Voilà 26 ans que les combats, les attaques et les destructions continuent en Afghanistan et cela s’est même propagé au Pakistan, sans rien pour l’instant qui puisse laisser espérer la Paix et un mieux-être pour ces pauvres Afghans. (Il est utile de rappeler que des soldats français se trouvent toujours en Afghanistan et que cela nous coûte très cher !)

Ensuite, ce fut le tour de l’Irak « qui soi-disant » possédait des armes de destruction massive. Après avoir écrasé ce pays et fait des dizaines et des dizaines de milliers de morts, les belligérants durent reconnaître que l’Irak n’avait jamais possédé d’armes de destruction massive, mais après avoir allumé le feu celui –ci ne s’est pas éteint, des attentats et des crimes ont lieu chaque jour dans ce pays.

Après ce fut le tour de la Libye où la guerre et les attentats perdurent toujours. Ensuite la Syrie et puis le Mali et puis d’autres pays d’Afrique .... Et puis ...... dans presque tous ces pays il y a des soldats français. Comment voulez-vous que ces « fous de dieu » n’aient pas de la haine à l’encontre des pays qui sont allés semer la guerre et la destruction chez eux ?

Aujourd’hui une question se pose, qui arme et soutient ces criminels qui provoquent des attentats de toutes sortes y compris chez nous ? Poser la question et y répondre cela permettrait de comprendre pourquoi des attentats ont eu lieu chez nous et ce n’est pas avec un ridicule plan d’urgence que cela pourra cesser.

Non à l’état d’urgence !!!

Léon Landini. Président de l’Amicale des anciens FTP-MOI du bataillon Carmagnole-Liberté – Interné de la Résistance – Grand Mutilé de Guerre suite aux tortures endurées lors de mon arrestation – Officier de la Légion d’Honneur – Médaille de la Résistance.

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