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Ne rien dire c'est laisser faire

Il y a 31 ans, en mai 1981, un jeune républicain irlandais de 27 ans, décédait des suites d’une longue grève de la faim de 66 jours. 9 autres de ses camarades auront la même destinée.

Il s’appelait Bobby Sands et deviendra le symbole moderne de la résistance irlandaise à la politique menée par Margareth Thatcher, la dame de fer et de l’ultralibéralisme liberticide, alliée de Reagan et amie de Pinochet mais aussi amie de François Mitterrand (il faut quand même le rappeler).

Cette mort avait provoqué une montée de l’engagement dans l’IRA ainsi qu’un tollé mondial parmi les progressistes, ce jeune combattant anticolonialiste ayant donné sa vie en allant au bout de ses convictions pour les intérêts du peuple irlandais et des nombreux prisonniers politiques incarcérés sans les « blocks H ».

Thatcher, qui malheureusement vit encore mais qui est entrain de « crever », restera dans l’histoire comme « la bouchère » des irlandais après sa déclaration : « NO-NO-NO ! Nous ne sommes pas prêts à accorder un statut spécial catégoriel pour certains groupes de gens »

Pendant 66 jours le temps s’est écoulé malgré les soutiens et les nombreuses manifestations, pendant 66 jours la lente agonie fit son oeuvre de destruction sur les corps de grévistes qui avaient acceptés de perdre la vie pour sauver leurs vies et dénoncer l’enfer des prisons spéciales où les conditions sont inhumaines : cellules sales, humides et froides ; les vitres des fenêtres cassées et il pleut ou neige sur les prisonniers ; l’hiver, il fait tellement froid que les détenus ne peuvent pas dormir et doivent étaler des mouchoirs sur le sol pour « atténuer » la température glacée du sol ; la nourriture est avariée et insuffisante ; les prisonniers se font régulièrement tabasser par leurs gardiens…

Pourquoi ce rappel ? A Lille depuis 54 jours, des Sans-Papiers se sont mis en grève de la faim au péril de leur vie pour 147 sans-papiers soient régularisés : ils ont mis leur vie en danger pour vivre libérés du joug de la clandestinité.

Ils exigent 147 cartes de séjour, 147 régularisations… mais ils sont face à un mur, celui de l’intransigeance d’un préfet qui a dans les veines le même fluide glacial qu’en son temps Margareth Thatcher. Mais le Préfet est aux ordres, ceux du Ministre de l’Intérieur et ceux de la future 1er Ministre (actuellement Maire de Lille). Il agit comme Papon en son temps et respecte les consignes soient-elles contre la nature humaine, mais « les ordres sont les ordres » lui a-t-on appris, « tu obéis ou tu démissionnes » lui a-t-on fait comprendre.

Pour 83 d’entre eux, ils sont donc à 12 jours de ce que Bobby Sands et ses 9 camarades auront réussi à endurer et à tenir, à 12 jours des 66 jours. Des médecins venus de Belgique les ont auscultés, et ils viennent de tirer « la sonnette d’alarme » du danger grave et imminent. Car outre le fait que les grévistes de la faim ne s’alimentent plus, ils sont dehors sous des bâches, dans le froid et l’humidité… c’est une « prison H à ciel ouvert »… et personne n’ose plus désormais les accueillir dans un lieu chauffé et sec par peur de représailles… même l’Eglise qui vient de célébrer la nativité et de prôner la tolérance et la Paix…

Avons-nous à faire en direct à un « assassinat d’Etat ? Cette situation de blocage organisé par les hautes sphères de l’Etat à l’encontre des grévistes de la faim de Lille, répond sans détour et par l’affirmatif à cette question. Car un Etat qui reste sourd malgré les mobilisations, malgré les nombreuses prises de positions, malgré le rapport accablant des « Médecins du Monde » belges, à une telle grève de la faim, devient complice d’un assassinat. On ne peut rien dire d’autres d’un Etat au ralenti et d’un gouvernement en vacances, laissant des femmes et des hommes en quête de dignité, livrés à la pire des situations, un pire qui peut les conduire à la mort ou à des séquelles irréversibles.

Ne rien dire, c’est laisser faire ! Ne rien faire, c’est laisser les mains libres à cet Etat et à ce gouvernement qui n’en ont que faire des êtres humains au point de les laisser mourir.

NOUS APPELONS TOUS-TES LES PROGRESSISTES POLITIQUES, SYNDICAUX, ASSOCIATIFS, CITOYENS à MANIFESTER LEUR SOLIDARITÉ AUX SANS-PAPIERS ET AU CSP 59 :

LE SAMEDI 29 DÉCEMBRE A 15H00, PLACE DE LA RÉPUBLIQUE à LILLE.

2 HEURES POUR LA VIE,

2 HEURES POUR LA DIGNITÉ,

2 HEURES POUR LA SOLIDARITÉ !

Cellule Ouvrière du Bassin Minier Ouest du Pas-de-Calais
comibase@gmail.com

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Viktor Dedaj

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