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Moscovici, Le Pen : un piège diabolique et la voie pour en sortir !

Dans sa chasse éperdue à l’audience et au « buzz », France 2 a eu la brillante idée d’opposer dans un débat Marine Le Pen, chef de file du FN, et Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances : avec des tels « clients », avec un tel plateau, on allait battre des records d’écoute.

Mais plus sérieusement idéologiquement ce débat avait un autre sens : montrer à l’approche des « européennes » que :

1) l’idée européenne, l’euro, l’UE étaient défendus par la PS qui par ailleurs menait un combat acharné pour l’emploi avec le « Pacte de responsabilité », compromis historique proposé au MEDEF et aux Syndicats de salariés.

2) L’extrême-droite était porteuse, seule, de l’horrible discours anti-euro, anti-UE et donc être contre l’euro et l’UE c’est être d’extrême-droite.

Voilà le piège diabolique.

Et chacun tint son rôle : M.L.P., la châtelaine de Montretout, se faisant la pourfendeuse de la politique néo-libérale de Sarko et de Hollande et la protectrice du pauvre travailleur (du moins s’il peut prouver que son arrière grand-mère maternelle n’était pas métèque…) et Moscovici, avec arrogance et, notons-le, incompétence, défendant l’euro qui nous a sauvés (de quoi, grands dieux ?!) et prouvant que l’U.E. est notre unique avenir (de chômage, de précarité, de guerre économique en attendant mieux, de misère ?).

Mais, comme dans les dispositifs les mieux réglés, il y a toujours un grain de sable : ce fut le moment où Mme Le Pen s’étant référée à l’économiste progressiste Jacques Sapir, Moscovici se livra à un amalgame digne de Goebbels : « je ne sais plus », dit-il, « si Sapir est d’extrême-gauche ou d’extrême-droite », pour finalement choisir : « Sapir est vraiment d’extrême-droite ». Rires de Mme Le Pen qui l’interroge : « d’extrême-droite Sapir ? » ; et Moscovici a alors cette réponse magnifique : » Oui, puisqu’il est proche de vos idées ». On lui rappelle alors que Sapir est plutôt proche de Mélenchon ; alors Moscovici, avec un sourire méprisant, a un geste que l’on peut traduire sans le surinterpréter (vérifier sur internet !) : « Mélenchon aussi est quelque part entre extrême-droite et extrême gauche… ».

Voilà le but ultime de l’opération ; et l’inénarrable Jean-Marie Colombani, ci-devant ex-directeur du Monde, écrit dans le gratuit Direct Matin (grandeur et décadence de la grande presse bourgeoise…) : « Une France du rejet de l’autre – aussi bien l’immigré que l’Européen, l’Arabe ou le juif – est en train de s’affirmer. C’est la France du repli identitaire et du refus de l’euro. »(sic).

Or c’est précisément là que gîte le lièvre. A longueur d’année, si vous êtes pour la sortie de l’euro, de l’UE, vous serez stigmatisé comme fasciste et raciste, même si vous êtes un militant anti-fasciste et anti-raciste de la première heure, même si vous luttez depuis des années contre le FN, même si vous voulez une sortie de l’euro et de l’UE par la PORTE DE GAUCHE, une porte ouvrant la perspective du socialisme dans notre pays, vous serez amalgamé au FN et autres groupuscules d’extrême-droite soralien, dieudonniste ou conspirationniste, spécialistes ès-confusions, « anti-impérialistes » en peau de lapin, « anti-système » de carnaval.


Voilà le piège diabolique.

Et bien, ça ne marchera pas ! Ils ne nous terroriseront pas, ils ne nous ferons pas taire, nous militants du PRCF ; ils nous donnent au contraire encore plus envie de lutter, contre l’euro qui plombe toute possibilité de politique progressiste, contre l’UE du capital qui est, comme le disait Alain Madelin, l’ex-facho et éphémère ministre de l’économie de Chirac, »une assurance contre le socialisme ».

Nous nous battrons aux côtés des ouvriers, du monde du travail mais aussi de petits paysans, des fonctionnaires, des petits entrepreneurs, des artisans, des couches moyennes qui comprennent, tous les sondages le confirment, la nocivité mortelle de l’euro et de l’UE.

Non, Madame Le Pen, nous vous combattrons jusqu’au bout de nos forces car votre « anti-européisme » n’est qu’une posture mensongère et démagogique [1] : il suffit de visiter votre site pour constater qu’en fait de sortie de l’euro, vous proposez seulement une « sortie concertée » avec les pays de la zone euro, autrement dit que vous subordonnez cette sortie de l’euro au feu vert d’ Angela Merkel. Un peu comme si un restaurant annonçait qu’il va passer aux menus végétariens en concertation avec les actionnaires de l’abattoir du coin…

Et surtout, n’en déplaise à France 2, le tabou sur l’euro est en train de voler en éclats à gauche. Certes, au départ il n’y avait guère que le PRCF, héritier sur ce point de Duclos et de Georges Marchais, pour combattre frontalement DE GAUCHE la « construction européenne » du capital. Mais aujourd’hui des économistes de gauche comme Sapir, Lordon – sans parler de nos partenaires du M’PEP, avec Jacques Nikonoff – appellent à sortir de l’euro par la porte à gauche. Il en va de même des sociologues Aurélien Bernier et Pinçon-Charlot. Des émissions comme « Là-bas si j’y suis » défendent cette thèse en lien avec le Monde diplo, même si, hélas – et c’est une grave déficience dans le dispositif de la riposte euro-critique – ces journaux et médias refusent de s’ouvrir à la critique pionnière, mais incurablement marxiste-léniniste, du PRCF.

Non Monsieur Moscovici, défendre les intérêts du travail, la souveraineté du peuple et l’indépendance nationale ce n’est pas d’extrême-droite ! C’EST SIMPLEMENT PROGRESSISTE ET PATRIOTE, deux mots qui n’ont aucun sens pour l’exécutif européiste et capitaliste que vous représentez.

C’est en boycottant vos pseudo-élections européennes que notre peuple délégitimera le mieux votre UE de malheur et votre mascarade au seul service de l’oligarchie capitaliste.

Votre connivence avec le FN est apparue de façon limpide lors de ce débat puisqu’il conforte le mensonge que vous tentez de distiller dans les esprits. Mais là encore, comme lors du référendum de 2005, vous échouerez. Car au-delà de vos propagandes vicieuses et massives, il y a l’expérience concrète des Françaises et des Français, avec au premier rang la classe ouvrière.

Un dernier mot, Monsieur le ministre, vous au fait, qu’est-ce que vous êtes, avec vos amalgames ignobles ? Attendez, comment disait, déjà M. François Delapierre du Parti de Gauche ?….

ARIS 5 février 2014 à lire sur www.initiative-communiste.fr

NDLR [1] Rappelons que lorsqu’il en a eu l’occasion, le FN n’a pas voté contre l’UE. Par exemple ses dizaines de députés à l’assemblée Nationale n’ont pas rejeté l’Acte Unique en 1986. Et plus récemment, en 2008 au parlement européen, les Le Pen et Gollnish ont approuvé le lancement du Grand Marché transatlantique

 http://www.initiative-communiste.fr/billet-rouge-2/un-pige-diabolique-et-la-manire-den-sortir-par-aris/
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COMMENTAIRES  

09/02/2014 08:53 par résistant

Le FN ne propose nullement de sortir de l’Union Européenne.
D’ailleurs le FN de défend pas non plus les travailleurs, même blancs. C’est un parti ultra-libéral.
C’est juste un piège à ...

09/02/2014 13:50 par Disjecta

Ah, ça fait plaisir de voir le PRCF se rapprocher de JL Mélenchon. L’un et l’autre ont des choses à s’apporter.
Par contre, il me semble bien qu’en vérité, à la remarque de Calvi sur le fait que Sapir était plutôt proche de Mélenchon, on entend bien Moscovici dire : "il fut, il fut". Donc a priori, et quoique ce soit bien dans les méthodes du PS, pas d’insulte cette fois-ci contre JL Mélenchon.

09/02/2014 19:33 par piftontontatahercule

"Ah, ça fait plaisir de voir le PRCF se rapprocher de JL Mélenchon. L’un et l’autre ont des choses à s’apporter."

Techniquement, c’est plutot l’inverse. Les déclarations récentes de J Généreux au sujet de la stratégie à adopter sur la question européennes, déclarations non infirmées par Mélenchon, reprennent quasi mot pour mot la proposition qu’avait fait le PRCF avant la présidentielle. Proposition restée alors lettre morte à l’époque. Ce qui n’est plus le cas visiblement aujourd’hui. Je vous invite à en prendre connaissance

http://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/lettre-du-prcf-au-citoyen-jean-luc-melenchon-candidat-a-la-presidence-de-la-republique/

Cela dit, l’analyse du PRCF est qu’il faut construire un large front du peuple pour rétablir la souveraineté du peuple, défendre et étendre les conquis du CNR et se faisant avancer de façon concrète vers le socialisme. A ce titre, le PRCF a toujours agit de façon unitaire, privilégiant l’unité d’action par dela les divergences. Il s’est ainsi adressé à plusieurs reprises à l’ensemble de l’arc progressiste et républicain, y compris au FdG.

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