Jean-François Aquili : Ce qui se passe aujourd’hui en Syrie , quel regard, vous portez là -dessus ?
Jean-Luc Mélenchon : C’est affreusement dangereux , mais ce qui est affreusement insupportable, c’est le traitement que subit la population syrienne. Moi je pars d’une idée toute simple, hein, à partir du moment où un gouvernement fait tirer sur le peuple, c’est fini , sa légitimité est morte, parce que dans une société, il me semble que, quelque soit la dureté des affrontements , on doit pouvoir trouver un échappatoire par le haut et le seul que l’on connaisse, nous, c’est la démocratie , les bulletins de vote, c’est peut-être pas extraordinaire, mais c’est la façon de régler les différents les plus violents qui puissent exister entre nous.
Là , c’est à coups de bombes et à coups de mitraillettes , ce n’est pas acceptable. Par conséquent , je crois que , après avoir bien réfléchi je pense que les Russes et les Chinois se trompent. Je sais pourquoi ils agissent comme ça . Ils ont peur qu’on remette le doigt dans un engrenage du type de celui qui a conduit en Libye a ce que vous avez vu . Car au départ, on n’avait un vote de l’ONU et sur la base de ce vote l’OTAN s’est mis en mouvement, n’a rien demandé en personne, on s’est mis à bombarder, à débarquer des troupes et ainsi de suite, et ça a donné le résultat que vous connaissez qui est que lorsqu’une révolution se transforme en une guerre civile, inéluctablement dans toute l’histoire du monde depuis toujours, car c’est un vieux débat, ça se termine par le fait que c’est une fraction militarisée qui l’emporte sur les autres et ça n’a plus rien à voir avec une révolution, donc, l’intervention en Libye a totalement perverti ce qui s’y passait.
Le fait est après coup que l’on peut aussi se demander , moi j’étais pour qu’on interdise l’espace aérien car on ne pouvait pas laisser Monsieur Kadhafi décider comme ça qu’il allait bombarder les villes.
De la même manière, il me semble que c’est une erreur d’avoir en quelque sorte, par méfiance , à l’égard d’un processus que l’on craint , donner en quelque sorte une autorisation à Monsieur Bachar al Assad de continuer les exactions auxquels il se livre. Voilà , après , vous savez, c’est un des signaux des situations qui ont ... comment dire, qu’on a laissé pourrir , jusqu’au point où plus personne ne sait comment les traiter ?
La situation est très dangereuse dans cette partie du monde, très très dangereuse.
Marie-Eve Malouines : Et les menaces de frappe d’Israël , vous pensez que c’est sérieux ?
plus faible une voix de journaliste ajoute "sur l’Iran ?"
Jean-Luc Mélenchon : Je ne sais pas , je ne suis pas lié au service de renseignement israélien donc je ne peux pas vous dire ...
Marie-Eve Malouines : mais ça...
Jean-Luc Mélenchon : … mais oh, eh , ce n’est pas acceptable, mais d’un autre côté, il faut aussi entendre quelque chose . Ce qu’a dit Monsieur Ahmenidejad n’est pas acceptable. C’est la première fois qu’on voit un pays , pourtant y’en a des pays qui sont en tension entre eux et certains armés de l’arme nucléaire comme c’est le cas pour le Pakistan et l’Inde. Mais à aucun moment le Pakistan ou l’Inde ne se sont armés en disant : « J’ai l’intention de détruire mon voisin »
Là c’est la première fois que l’on voit un pays dire : « si on a une bombe, on ira taper sur Israël », ça personne ne peut accepter une chose pareille que sur le plan international quelqu’un décide qu’il va détruire et à coups de bombes atomiques son voisin.
Qui plus est comme nous sommes dans le sens du vent , ça ne serait pas une bonne nouvelle pour nous.
Donc le régime iranien pose une question importante à la civilisation humaine , moi j’ai pas peur de le dire, hein , un régime théocratique est toujours un danger pour le reste de l’humanité, partout où l’ on met des religieux au pouvoir il faut s’attendre à des abominations, eh bien voici que l’Iran confirme que c’est abominable de mettre des religieux au pouvoir, voyez pourquoi il faut se méfier de n’en jamais laisser arriver"
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