L’équipe de trois Européens déclare qu’un malentendu entre eux et un groupe de Sherpas a dégénéré en une scène horrible, [mais un témoin présent sur les lieux avance une toute autre version des faits...
Décidément après – après l’attentat du marathon de Boston – les faits de société & la politique s’invitent souvent ces temps-ci dans les événements du monde du sport ou tout au moins ce qu’il est convenu de nommer comme tel, car lorsqu’on nous présente des exploits d’alpinisme de quelques individus (occidentaux) on omet soigneusement de nous parler de la lourde infrastructure humaine (autochtone) sans laquelle ils ne seraient pas possibles…
Une chance toutefois qu’il n’y ait pas eu ici mort d’homme, mais compte tenu de la fin du papier on imagine que - pour des raisons bassement économiques – nous n’aurons probablement jamais le fin mot de l’histoire… (NdT)]
La police du Népal étudie une rixe survenue entre des Sherpas et trois alpinistes européens - dont un britannique – à plus de 7200 mètres sur le flanc de l’Everest. La lutte peut avoir éclaté sur une violation alléguée de l’étiquette de l’escalade.
L’équipe de trois Européens déclare qu’un malentendu entre eux et un groupe de Sherpas s’est envenimé en une scène horrible quand ils ont été encerclés par une centaine de Sherpas qui les ont attaqués et les ont frappés. L’équipe d’alpinistes a déclaré que le trio a ensuite été menacé et a été contraint de fuir vers le camp de base.
S’exprimant de Katmandou, Beni Hyoju de la société de trekking Cho Oyu qui a aidé à organiser l’expédition, a déclaré : “C’est arrivé ce samedi matin. Il y a eu une bagarre entre l’équipe d’alpinistes et les sherpas situés entre les camps deux et trois ”.
Sitaram Karki, l’agent Chef de district à Solukhumbu, la région où se trouve l’Everest, a déclaré que la police mène une enquête, mais il a dit qu’au moment qu’il est, il n’avait pas tous les détails. “Il y a des problèmes de communication en haut sur la montagne, mais nous avons reçu les rapports d’une rixe et déployé notre équipe pour enquêter sur l’incident”, a-t-il déclaré.
Le désaccord apparemment a éclaté à une altitude d’environ 7200 m sur la face Lhotse de l’Everest où les Européens tentaient de gravir un sommet sans l’aide d’oxygène en bouteille. Les trois Européens – l’alpiniste et photographe britannique Jonathan Griffith et les célèbres alpinistes Simone Moro d’Italie et Ueli Steck de Suisse - auraient été en contact avec une équipe de Sherpas qui mettaient en place des cordes fixes pour une autre expédition.
Selon un compte rendu de ce qui s’est passé sur le site Web de l’expédition des Européens, les Sherpas auraient demandé aux trois hommes de s’assurer qu’ils n’interfèrent pas avec les cordes fixes. Alors qu’ils ont fait leur chemin vers le camp trois où leurs tentes étaient situées, ils auraient enjambé les cordes, mais disent qu’ils ne les auraient pas touchées.
La déclaration prétend que le responsable des Sherpas aurait alors crié à l’adresse des trois hommes et les aurait accusés de déloger de la glace qui aurait frappé un Sherpa. Les trois Européens ont déclaré qu’ils s’offraient - pour essayer de faire amende honorable – d’aider les Sherpas à mettre en place les lignes fixes sur lesquelles ils travaillaient.
“Au moment où les grimpeurs descendaient au camp deux, quelques 100 Sherpas se seraient regroupés et auraient attaqué les trois alpinistes. Ils seraient devenus instantanément agressifs et non seulement auraient donné des coups de poing et de pied aux grimpeurs, mais auraient jeté de nombreuses pierres aussi bien”, prétend le site internet de l’expédition.
La déclaration prétend qu’un groupe d’autres grimpeurs serait intervenu et aurait tenté de calmer la situation, mais que les Sherpas seraient revenus et auraient menacé de nouveau les grimpeurs. Ils déclarent que les hommes leur ont dit que s’ils ne quittaient pas les lieux dans une heure, ils seraient tués.
Il n’y a pas encore eu de commentaires des Sherpas qui auraient été impliqués dans l’incident et il n’apparait pas clairement s’ils auront l’opportunité d’expliquer leur version des événements. Dipendra Poudel, un responsable du département d’alpinisme du Népal, a déclaré que les deux parties se sont accusées mutuellement d’avoir commencé l’altercation. Il a dit que les fonctionnaires du camp de base tentaient d’enquêter sur ce qui s’est effectivement passé.
Pendant ce temps, un témoin oculaire étasunien qui a vu ce qui s’est passé, mais qui ne veut pas être identifié, a déclaré que les Européens auraient grimpé au-dessus des Sherpas. "Les Sherpas ont dit à l’équipe de ne pas monter au-dessus d’eux pendant qu’ils fixaient les cordes, mais ils ont passé outre. Ensuite, de la glace est tombée et a frappé les Sherpas, ce qui les mis en colère", a déclaré l’Étasunien.
L’alpinisme fournit à l’économie népalaise des devises étrangères nécessaires et les autorités seront soucieuses de prévenir de tels incidents portant atteinte à la réputation du pays de convivialité et de cordialité. Ils seront particulièrement attentifs à ce que cet incident a eu lieu quelques semaines avant le 60e anniversaire de la première ascension confirmée de l’Everest par Edmund Hillary et Tenzing Norgay en 1953.
Pourtant, l’incident peut fournir la preuve de la sur-fréquentation qui est intervenue sur la plus haute montagne du monde au cours des dernières années. Depuis 1953, au moins 3000 personnes ont escaladé le pic qui enjambe le Népal et la Chine. Au printemps dernier, plus de 50 grimpeurs ont escaladé le sommet le même jour, tels les nombreux grimpeurs attachés aux expéditions “commerciales” guidées.
Bien que certains rapports aient suggéré qu’au moins un des trois Européens a été blessé et avait l’intention de quitter le Népal, M. Hyoju dit que tous trois avaient été convaincu de rester par les autorités. Il a déclaré : “Ils sont tous au camp de base. Les autorités les ont persuadés de ne pas partir.”
Andrew Buncombe,
Lundi 29 Avril 2013.
